
«Théories antisémites»: les produits de beauté Huda Beauty vont-ils bientôt être retirés des magasins Sephora?
Une vidéo publiée début août par Huda Kattan, fondatrice de la marque de cosmétiques Huda Beauty, a déclenché une tempête dans le monde de la beauté. Fin juillet, l'influenceuse irako-américaine, suivie par plus de 11 millions de personnes sur TikTok,a publié une vidéo affirmant qu'il existait «beaucoup de preuves» selon lesquelles «Israël était derrière la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale, le 11 septembre, le 7 octobre» et qu'«ils avaient permis que tout cela arrive». La vidéo, qui mêle anachronisme (l'État d'Israël n'a été créé qu'en 1948) et théories du complot, a depuis disparu de la plateforme : TikTok affirme l'avoir supprimée pour violation de ses règles communautaires, qui interdisent «toute désinformation susceptible de causer un préjudice significatif». Huda Kattan assure, elle, l'avoir retiré de son propre gré.
Quoi qu'il en soit, les propos tenus ont immédiatement provoqué un tollé outre-Atlantique, mettant sous pression le groupe français Sephora, qui possède plus de 700 magasins aux États-Unis et commercialise des produits Huda Beauty. Plusieurs associations juives américaines ont appelé la chaîne de magasins de cosmétique à rompre ses liens avec la marque : «Si Sephora souhaite réellement créer un espace sûr et inclusif pour toutes les communautés, elle doit immédiatement se séparer de Huda Beauty», a affirmé l'association StopAntisemitism dans une lettre adressée à Séphora et rapportée le 7 août par Fox News. Jonathan Greenblatt, directeur général de l'Anti-Defamation League, a de son côté dénoncé «des théories antisémites qui ne sont rien d'autre que de la haine» et rappelé que «répandre de vils mythes sur les Juifs à des millions de personnes n'est pas seulement irresponsable, c'est dangereux». L'American Jewish Committee a quant à lui accusé l'influenceuse d'user de sa «plateforme massive pour diffuser des théories antisémites ignobles».
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Sous pression, Sephora, propriété du groupe LVMH, a confirmé «examiner activement» le dossier : «Promouvoir la haine, le harcèlement ou la désinformation ne correspond pas à nos valeurs ni à notre code de conduite», a déclaré un porte-parole du groupe interrogé par la CNN. Lancé en 2013, Huda Beauty s'est rapidement imposé sur le marché de la beauté, étant valorisé en 2017 à 1,2 milliard de dollars, avec quelque 200 millions de dollars de ventes annuelles.
Des propos «mal interprétés»
Ce n'est pas la première fois que Huda Kattan, suscite la controverse. Quelques jours après l'attaque terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, elle avait répondu, sur Instagram, à un internaute israélien menaçant de boycotter ses produits : «Je ne veux pas d'argent taché de sang.» Une pétition avait alors réuni plus de 30.000 signatures pour exiger le bannissement des produits Huda Beauty des magasins Sephora.
Face à la vague d'indignation, la cheffe d'entreprise, connue pour son soutien aux Palestiniens, a depuis tenté de se défendre en relativisant ses propos. Dans une vidéo publiée la semaine dernière sur Instagram elle a notamment soutenu qu'elle « ne cautionnerait jamais la haine, quelle qu'elle soit. Cela inclut bien sûr la haine envers les Juifs.» Assurant que sa vidéo exprimait «des opinions critiques sur Israël» sans rien dire des personnes de confession juive, Huda Kattan soutient que ses propos ont été «mal interprétés et utilisés à mauvais escient». «Je suis contre la haine et la discrimination», a-t-elle insisté.
Il n'est pas certains que de telles explications suffisent toutefois à réhabiliter la femme d'affaires irako-américaine aux yeux de Sephora et ses millions de clients. «Les distributeurs ont un choix», tranche Ari Hoffnung, directeur du réseau juif américain JLens, cité par la CNN : «continuer à donner une tribune à une marque dont la fondatrice promeut des théories conspirationnistes haineuses, ou prendre position contre l'antisémitisme.»
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