
Le marché de l'emploi se ferme aux jeunes
Malgré le contexte commercial difficile, les entreprises ne font pas de licenciements massifs, mais elles n'embauchent pas non plus. Les jeunes sont ceux qui en souffrent le plus, eux dont le taux de chômage a atteint près de 15 % en juillet, le niveau le plus élevé depuis 2010.
L'économie canadienne a perdu 41 000 emplois en juillet, dont 34 000 dans la catégorie des 15 à 24 ans. Le taux de chômage au pays est resté inchangé, à 6,9 %, malgré la baisse des heures travaillées et l'allongement de la durée du chômage qui indiquent une dégradation du marché de l'emploi.
Le Québec a perdu 15 000 emplois en juillet, après en avoir ajouté 23 000 en juin. Le taux de chômage a baissé de 0,8 %, à 5,5 %, en raison d'une forte baisse du nombre de personnes à la recherche d'un emploi.
Il n'y pas de vague de licenciements, mais les employeurs restent sur leurs gardes, a commenté l'économiste de Desjardins, Sonny Scarfone. « Marqués par les pénuries de main-d'œuvre des dernières années, ils hésitent à réduire leurs effectifs. Ce climat de prudence freine surtout l'entrée des jeunes sur le marché du travail », a-t-il expliqué.
Dans une étude publiée la semaine dernière, Sonny Scarfone pointait le fait que le marché de l'emploi est particulièrement difficile pour les jeunes 20 à 24 ans à la recherche d'un premier emploi. Et ce n'est pas le cas seulement au Canada, a-t-il observé.
« Aux États-Unis, le taux de chômage des diplômés universitaires de 22 à 27 ans, une cohorte encore jeune, mais déjà dotée d'une certaine expérience, dépasse maintenant celui de l'ensemble des travailleurs ».
Les développements technologiques récents, comme les applications d'intelligence artificielle, pourraient avoir un rôle à jouer dans le resserrement du marché de l'emploi pour les jeunes diplômés, avance l'économiste, mais il serait prématuré d'en faire la principale explication.
La baisse des postes vacants, l'inflation et les tensions commerciales ralentissent les embauches et restent, selon lui, la principale cause du chômage élevé chez les jeunes.
Un marché qui se détériore
Après la création inattendue de 83 000 emplois en juin, le marché de l'emploi continue de déjouer les pronostics des économistes. Une hausse de quelque 10 000 à 15 000 emplois était attendue, plutôt qu'une perte de 41 000.
Les pertes d'emplois du mois de juillet se concentrent dans le secteur de l'information et de la culture, de la construction et des services aux entreprises.
Statistique Canada souligne que malgré la guerre tarifaire et l'incertitude qui en découle, le taux de mise à pied reste inchangé par rapport à ce qu'il était un mois plus tôt. De façon surprenante, l'emploi a augmenté dans le transport et de l'entreposage, un secteur visé par les droits de douane. La hausse de juillet dans ce secteur est la première depuis janvier, précise Statistique Canada.
Au Québec, l'augmentation de 23 000 emplois en juin a été suivie d'une perte de 15 000 emplois en juillet, mais les pertes sont concentrées dans le secteur manufacturier qui est au cœur de la guerre commerciale.
À 5,5 %, le taux de chômage dans la province reste un des plus bas au pays. Il a augmenté de 0,1 % en Ontario, à 7,9 %.
Toronto affiche le taux de chômage le plus élevé parmi les principales villes canadiennes, à 9,2 %, comparativement à 6,3 % à Montréal et à 6,1 % à Vancouver.
Au-delà des données mensuelles, le portrait du marché canadien de l'emploi reste morose, selon les économistes de la Banque Nationale. « Si vous cherchez des raisons d'être optimiste quant à l'avenir de l'emploi, vous n'en trouverez pas beaucoup », ont commenté Taylor Schleich et Ethan Currie.
Depuis le début de l'année, la croissance de l'emploi n'a pas été aussi lente depuis 2016, soulignent-ils. « Les chômeurs canadiens sont de plus en plus nombreux à se battre pour des emplois de moins en moins nombreux », constatent-ils.
La Banque du Canada prendra acte de la morosité grandissante sur le marché de l'emploi, mais d'ici sa prochaine décision sur les taux, le 17 septembre, d'autres données pourraient l'influencer, dont deux rapports sur l'inflation.
La banque centrale vient de décider de laisser son taux directeur inchangé à 2,75 % pour la troisième fois consécutive. Le taux global d'inflation est actuellement de 1,9 %, mais les mesures de l'inflation de base sont supérieures à la cible de 2 %.
La dégradation du marché du travail pourrait inciter la Banque du Canada à réduire les taux d'intérêt dès septembre, une possibilité qui divise les économistes.
« Il faudra tout de même que l'inflation ralentisse sensiblement au cours des deux prochains mois pour qu'une baisse en septembre soit très probable », croit Doug Porter, l'économiste en chef de BMO.
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Il avait pour but à l'époque d'empêcher les grands acteurs de l'industrie de vendre l'essence à un prix trop bas, ce qui aurait pu éliminer des concurrents. En décidant de mettre fin à la fixation des prix, Québec dit vouloir « protéger les intérêts des consommateurs, dans toutes les régions du Québec, en favorisant un marché plus compétitif des prix de l'essence ». Par ailleurs, les réglementations qui touchent le lait et la bière sont maintenues en place pour préserver la survie des plus petits commerces. L'idée est d'éviter que les grandes surfaces ne leur livrent une concurrence féroce en vendant la bière et le lait à des prix dérisoires, parfois à perte, afin d'attirer les consommateurs dans le magasin (technique du prix d'appel, ou loss leader pricing en anglais). Une bataille que le petit dépanneur ou épicier du coin peut difficilement remporter. 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