
Des avions en attente de moteurs, mais un rebond du bénéfice net au premier semestre
Des avions en attente de moteurs, mais un rebond du bénéfice net au premier semestre
(Paris) L'avionneur européen Airbus peine à livrer ses avions commerciaux en raison de la pénurie de moteurs, même s'il a publié mercredi d'excellentes performances financières grâce aux « progrès de la transformation » de sa branche défense et espace.
Olga NEDBAEVA
Agence France-Presse
Le bénéfice net du groupe a rebondi de 85 %, à 1,5 milliard d'euros (près de 2,4 milliards de dollars canadiens), au premier semestre par rapport à la même période de l'année dernière, marquée par une crise dans la branche spatiale.
Le chiffre d'affaires a progressé de 3 %, à 29,6 milliards d'euros (46,8 milliards de dollars canadiens), mais celui généré par les activités d'avions commerciaux d'Airbus a diminué de 2 %, à 20,8 milliards d'euros (32,8 milliards de dollars canadiens), en raison du nombre inférieur de livraisons réalisées, a souligné l'avionneur.
Confronté à des « problèmes persistants d'approvisionnement en moteurs sur le programme A320 », Airbus a livré entre janvier et juin 306 avions, contre 323 livrés pendant la même période de 2024.
Fin juin, 60 « planeurs » – des avions sans moteur – attendaient toujours leurs moteurs de CFM, coentreprise des groupes Safran et GE, mais aussi les moteurs de Pratt & Whitney, a ironisé le patron d'Airbus, Guillaume Faury, lors d'une conférence de presse téléphonique.
Sans moteurs ni toilettes
« En termes de production et de disponibilité des avions, à l'exception des moteurs pour ces avions, nous sommes en réalité bien plus avancés que les 306 avions au stade actuel », a-t-il signalé.
M. Faury s'est dit confiant quant au respect des prévisions de livraisons pour l'année, estimées à 820.
« Nous avons un plan crédible pour le second semestre », a-t-il assuré, en rappelant qu'en 2018, Airbus n'avait livré que 303 avions au premier semestre, mais 800 sur toute l'année.
Le directeur des avions commerciaux chez Airbus, Christian Scherer, avait indiqué en juin, que d'autres avions, en particulier les gros porteurs A350, étaient en attente d'être livrés à cause de la pénurie de sanitaires.
« On ne peut pas vraiment construire un avion sans toilettes ? », avait-il ironisé au cours d'une rencontre avec la presse à Toulouse, avant le Salon de l'aéronautique et de l'espace du Bourget, illustrant la fragilité chronique de la chaîne d'approvisionnement du secteur où le moindre goulot d'étranglement peut compromettre les ambitieux programmes commerciaux.
Il y a un an, le bénéfice net semestriel d'Airbus avait fondu de 46 % en raison d'importantes charges liées aux activités spatiales.
Face à une baisse de la demande de satellites de télécommunications, qui lestait ses performances financières, Airbus avait annoncé en octobre 2500 suppressions d'emplois dans sa division défense et espace, un chiffre revu en baisse en décembre à 2043 suppressions.
Être « meilleur » que Boeing
Les prévisions sur l'année 2025 restent à ce stade inchangées, malgré le contexte « complexe et évolutif », a relevé le groupe. L'avionneur envisage de livrer 820 avions commerciaux cette année, contre 766 l'an dernier, et vise un résultat opérationnel ajusté « d'environ 7 milliards d'euros ».
Airbus a déjà senti « l'impact » des droits de douane de 10 % en vigueur depuis avril et se dit « rassuré, mais prudent » après l'accord annoncé dimanche entre les États-Unis et l'Union européenne rétablissant un régime tarifaire nul pour l'aéronautique.
Interrogé pour savoir si le soutien du président Donald Trump au groupe américain Boeing, son principal concurrent, pourrait désavantager Airbus, M. Faury a répondu : « En sachant que Boeing bénéficie de ce soutien politique extrêmement puissant, cela nous oblige à être encore meilleurs. »
Après des crises à succession, le géant américain « en phase de stabilisation », selon son patron Kelly Ortberg. L'avionneur a publié mardi des résultats meilleurs qu'attendu.
Airbus a par ailleurs annoncé mercredi qu'il proposerait à sa prochaine assemblée générale la nomination d'Oliver Zipse, actuel patron de BMW, comme membre non exécutif de son conseil d'administration.
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a day ago
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« Toute une tenue pour un lundi matin ! »
Une de mes subalternes s'habille de manière provocante... Karla Miller The Washington Post Question Je ne suis pas une inconditionnelle du petit tailleur gris, mais nous travaillons dans un environnement professionnel formel. En fait, plusieurs collègues se plaignent de ses tenues légères, jugées gênantes et non professionnelles. Récemment, elle est arrivée en petite robe en dentelle au décolleté profond. J'ai dit : « Eh bien, toute une tenue pour un lundi matin ! » Elle m'a répondu qu'elle avait un rendez-vous galant ce soir-là. J'ai contacté les ressources humaines. On m'a dit que c'était mon problème. L'apparence physique et le décorum, c'est un sujet délicat. À l'aide ! Réponse Oui, tellement délicat, apparemment, que même vos RH n'osent pas y toucher, même avec un talon haut de quatre pouces. On aurait pu espérer qu'un lieu de travail « professionnel » soit administré comme tel, avec un code vestimentaire clair et des équipes RH capables de gérer les sujets délicats avec tact. C'est justement quand on abandonne les gestionnaires avec ces enjeux que les entreprises se retrouvent avec des crises au bureau et parfois des griefs ou des poursuites. Je comprends que la tenue de votre employée vous ait surpris, mais elle a peut-être pris votre euphémisme pour un compliment. Non, elle n'était pas « habillée pour un lundi », elle était tout simplement habillée pour autre chose que le travail : elle aurait aussi bien pu arriver en leggings de gym ou en tenue d'équitation avec des bottes à éperons, sa tenue claironne que son attention est ailleurs que sur son travail. Conclusion : son personnage était costumé pour une autre scène. (Croyez-le ou non, j'ai naguère arrondi mes fins de mois en dansant le baladi. Or, je savais qu'il valait mieux garder la ceinture à paillettes et les bracelets pour après le travail.) Si votre entreprise n'a pas de code vestimentaire écrit, ou si ce code comprend des termes vagues et subjectifs comme « professionnel » et « approprié », la direction n'a qu'elle même à blâmer si les employés l'interprètent à leur façon. Les codes vestimentaires doivent être précis sur les détails, tant sur ce qui est préférable (chemises à col, épaules et clavicules couvertes, pantalons longs) que sur ce qui est interdit, comme les sous-vêtements visibles, les vêtements déchirés, le jean ou les sandales de plage. Si votre code n'est pas aussi clair, il est peut-être temps de demander aux RH de le rendre explicite. Réchauffement climatique et code vestimentaire Par chance, ces jours-ci, les entreprises ont un prétexte parfait pour mettre les points sur les i par courriel : « L'été amène des températures record, voici quelques conseils pour rester au frais tout en conservant la tenue professionnelle attendue dans notre entreprise. » Elle s'habille souvent de manière provocante, dites-vous ? C'est subjectif, mais c'est vous la patronne. Ça peut être intentionnel ou inconscient. Ou c'est encore la faute des designers de mode féminine, qui brouillent sans cesse la frontière entre tenue de travail et tenue de soirée et avec des coupes qui ne font pas à toutes les morphologies. Quoi qu'il en soit, un courriel à tous de la direction risque de ne pas avoir le même effet qu'une conversation en tête-à-tête. Il faut éviter de lui donner l'impression que ses goûts la rendent incompatible avec la culture de l'entreprise, ce qui est souvent un euphémisme pour dire qu'elle est trop différente de ses patrons plus âgés. Le but est de l'amener à s'habiller de manière plus conservatrice sans qu'elle se sente jugée. L'ironie, c'est qu'elle est déjà jugée, et qu'elle en est probablement consciente. Donc, attention. Tout est dans la manière et dans le choix des mots. Relancez les RH et exigez leur aide pour rédiger et transmettre une demande brève et directe à votre subordonnée. Vous pouvez leur rappeler que plus elles vous fourniront de conseils, moins vous risquerez de laisser échapper un mot qui finirait par leur donner bien plus de travail. Cet article est d'abord paru dans le Washington Post. Lisez cet article dans sa version originale (en anglais ; abonnement requis)


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2 days ago
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Faut-il être parrainé pour progresser au travail ?
Pour plusieurs, l'idée d'avoir un parrain au travail évoque une injustice sous la forme d'un favoritisme qui se perpétue dans le temps. Les groupes sous-représentés, dont les femmes, ont historiquement été désavantagés dans l'accès aux postes de direction. Une des principales raisons avancées pour expliquer ce plafond de verre est qu'elles bénéficient moins que les hommes d'un parrain qui leur ouvre le chemin. Comment briser ce cercle vicieux ? Quels sont vos sentiments à l'idée d'avoir un parrain au travail ? Pour plusieurs, cela évoque une injustice sous la forme d'un favoritisme qui se perpétue dans le temps. C'est ainsi que se crée le plafond de verre. Certains accèdent aux promotions grâce à leurs relations, pas nécessairement sur la base de leur mérite. Mais soyons honnêtes : personne ne gravit les échelons seul. Sans appui, les talents issus de groupes sous-représentés ont peu de chances de franchir les barrières invisibles qui freinent l'accès aux postes de direction. Si vous ne voulez pas rester un talent caché, il vous faut envisager le parrainage non pas comme un passe-droit, mais comme une stratégie légitime. Trouver une personne crédible prête à miser sur vous et à parler de vous dans les bons cercles peut certainement faciliter la progression de votre carrière. Le parrainage demeure mal compris Il est souvent confondu avec le mentorat, une pratique de développement largement acceptée. On a longtemps cru que les hommes accédaient à plus de promotions que leurs collègues féminines parce qu'ils étaient davantage mentorés. Or, les données montrent que les femmes font autant appel au mentorat que les hommes, contrairement aux idées reçues. Le problème n'est pas l'accès, mais la nature du soutien procuré. En y regardant de plus près, on constate que les hommes reçoivent plus souvent un soutien actif de la part de leur mentor pour les aider à migrer vers la prochaine étape. Quant aux femmes, elles se disent bien accompagnées sur le plan du développement, mais déplorent souvent l'absence d'un appui concret pour franchir les étapes clés de l'avancement. En somme, elles sont bien mentorées, mais sous-parrainées. C'est aussi une réalité qui touche les personnes racisées et d'autres groupes sous-représentés qui éprouvent également des difficultés d'accès aux rôles de leadership. Le parrain : bien plus qu'un mentor Le mentorat et le parrainage sont deux rôles à la fois distincts et complémentaires. Un mentor parle avec vous, un parrain parle de vous. La nuance est de taille. Ils peuvent être exercés par la même personne, mais ce n'est pas souvent le cas. Le mentor est un modèle qui peut se situer à tous les niveaux de l'organisation, pas seulement parmi les cadres supérieurs. Son rôle consiste à accompagner le développement de ceux qui souhaitent progresser dans leur carrière. Il fait partager son expérience, écoute, conseille et guide dans une relation privée basée sur la confiance mutuelle. Parfois, le mentor peut s'aventurer plus loin en divulguant des informations privilégiées sur les occasions d'avancement et les façons d'y accéder. Pour sa part, le parrain joue un rôle plus stratégique. Il facilite et accélère la progression de carrière. Généralement plus haut dans la hiérarchie, il a l'influence nécessaire pour ouvrir les portes des cercles décisionnels. Il va encore plus loin que le mentor en s'engageant personnellement et publiquement à soutenir l'avancement d'un protégé. Il peut, par exemple, le recommander pour diriger un projet d'envergure, l'inviter à des rencontres stratégiques ou l'introduire dans des réseaux influents. Dans ce cas, la relation dépasse le cadre privé du mentorat. Elle devient plus visible et engageante, donc plus risquée, puisque la crédibilité et la réputation du parrain sont mises en jeu. Cela explique pourquoi le parrainage est plus rare et sélectif. Formaliser le parrainage Sans encadrement, le parrainage informel reste vulnérable aux biais de similarité, qui favorisent les affinités personnelles au détriment du mérite et de l'équité. Les recherches montrent que plus de 70 % des parrains choisissent des protégés qui leur ressemblent – même genre, mêmes origines. Ce réflexe, souvent inconscient, perpétue les inégalités d'accès aux postes de direction. Il devient donc essentiel de structurer le parrainage pour en faire un levier à la fois crédible, équitable et efficace pour fissurer les plafonds de verre. En conséquence, plusieurs organisations intègrent une discussion sur le parrainage à leurs programmes de mentorat. Cela aide protégés et parrains à en comprendre les apports et les limites. Mais on ne peut miser uniquement sur la bonne volonté des mentors pour accepter spontanément ce rôle plus risqué. Il est souvent plus efficace d'identifier des parrains influents, prêts à s'engager pleinement et de manière intentionnelle principalement auprès de talents issus de groupes sous-représentés. Bien sûr, il faut aussi les rendre responsables quant à cet engagement. Cela dit, la majorité des gens n'ont pas accès à un programme structuré. Ils doivent donc tracer leur propre voie : repérer un mentor reconnu pour son engagement envers la relève, commencer une relation structurée en amorçant la conversation et en fixant l'ordre du jour des discussions et, avec le temps et la confiance, faire évoluer ce lien vers un parrainage actif. Il serait contre-productif de mettre de la pression pour obtenir une promotion. Ce serait une erreur stratégique. Un bon protégé sait gérer ses attentes, respecter le positionnement de son parrain et contribuer à la relation, notamment en valorisant ses qualités de développeur de talents.


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2 days ago
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Trump n'aime pas les chiffres
Quand le deuxième recensement des citoyens de l'URSS a été terminé, en 1937, Joseph Staline était furieux. Au lieu des 170 millions, voire 172 millions d'âmes prévues, les statisticiens en avaient dénombré seulement 162 millions. Un « déficit » de population inacceptable pour le régime, qui se vantait des hauts taux de natalité du peuple, tandis que les régimes capitalistes déploraient une baisse constante. Dans les discours officiels, Staline prétendait que l'espérance de vie dans le régime communiste augmentait sans arrêt et la mortalité infantile diminuait de manière spectaculaire, pendant que la pauvreté et la malnutrition affligeaient les régimes européens et nord-américains. Il était donc inconcevable que les données indiquent pire qu'une absence de croissance : une baisse nette de la population soviétique de six millions de personnes depuis le recensement de 1934. On a fait des procès aux dirigeants de la statistique, forcés d'avouer avoir délibérément commis des erreurs de méthode, voire truqué les chiffres pour dénigrer le régime. Au fil des ans, certains statisticiens ont été envoyés dans des camps en Sibérie, d'autres ont été exécutés. (Cinquante ans plus tard, on a démontré que leurs données étaient exactes.) Staline avait compris deux choses : les données de population et de production économique sont indispensables pour la gestion d'un État moderne – en particulier d'une économie planifiée – et, deuxièmement, les chiffres sont un outil de propagande extraordinairement puissant et dangereux. Les chiffres peuvent couler ou faire triompher un gouvernement. Donald Trump aussi a compris cela. Vendredi, après avoir vu la publication de données très désagréables sur l'emploi, il a congédié la commissaire aux statistiques du travail, Erika McEntarfer. Il l'a accusée d'avoir manipulé les données de l'emploi pour faire mal paraître son administration. Il est vrai que les 73 000 emplois créés aux États-Unis en juillet sont décevants. Mais pire encore : les données de mai et de juin ont été révisées à la baisse. Au lieu des très bons résultats annoncés précédemment, les données révisées indiquent une croissance anémique. Loin d'indiquer de la malhonnêteté, ces révisions, fréquentes, montrent que les chiffres sont toujours révisés. Pas grave, le messager doit être puni ! Mme McEntarfer, une économiste qui détient un doctorat de Virginia Tech, a été nommée par le président Biden. Si un pays prend au sérieux l'intégrité des données économiques, c'est bien les États-Unis. On ne niaise pas avec ça. Les investissements, les prédictions économiques, les budgets… Tout est lié à l'honnêteté des données du gouvernement. C'est pourquoi une nomination à ce poste de haut fonctionnaire doit être approuvée par le Sénat : il faut éviter d'injecter le favoritisme politique dans la collecte et la publication des chiffres économiques. La Dre McEntarfer, comme on l'appelle, a d'ailleurs été confirmée par un vote de 86 à 8 au Sénat. Qu'importe : Donald Trump n'aime pas les chiffres ? Il congédie la cheffe des chiffres. PHOTO DU BUREAU OF LABOR STATISTICS, FOURNIE PAR ARCHIVES REUTERS Erika McEntarfer, commissaire aux statistiques du travail ayant été congédiée Le 27 juin 1930, dans son rapport au XVIe Congrès du Parti communiste, Joseph Staline avait de bonnes nouvelles à annoncer. « Il n'est pas étonnant que nos ouvriers et nos paysans vivent bien en moyenne chez nous : depuis la Révolution, la mortalité générale a baissé de 36 % et la mortalité infantile de 42,5 %, et l'accroissement naturel de la population est chaque année de plus de 3 millions. » Il ne faisait qu'exagérer. Le 3 août 2025, devant les journalistes, Donald Trump a déclaré que le prix des médicaments, grâce à ses politiques, avait diminué de « 1200, 1300, 1400, 1500 %. Je ne veux pas dire 50 %. Je veux dire 1400, 1500 % ». C'est du délire mathématique. Si le prix d'un médicament de 100 $ diminuait de 1500 %, il faudrait que le pharmacien rende 1400 $ au patient chaque fois qu'il en achète. On peut s'amuser de l'incompétence mathématique du président, et il y a de quoi rire en masse. Le plus grave, c'est qu'il ne s'en trouve pas tant pour le corriger. Il dit littéralement n'importe quoi. Invente des données. Ment à tour de bras. Et la personne payée par l'État pour livrer un portrait honnête, impartial des chiffres de l'économie est congédiée sans aucun motif valable. Et la vie continue, à part quelques protestations d'experts… Il faut avouer qu'il y a tant à déplorer qu'on ne sait plus par quelle arnaque commencer. En six mois de pouvoir, Donald Trump a posé les bases d'une présidence autoritaire et malhonnête comme les États-Unis modernes n'en ont jamais connu. Sur le plan personnel, il utilise sa fonction pour promouvoir ses entreprises sans la moindre inquiétude – comme en inaugurant un terrain de golf en Écosse tout en négociant des droits de douane, ce qui n'est rien à côté de ses lancements de cryptomonnaies, société de téléphonie, projets immobiliers au Moyen-Orient, don d'avion du Qatar, etc. Sur le plan institutionnel, il installe ses sbires à tous les postes-clés et leur donne des mandats politiques. Résultat : le FBI a déclenché des enquêtes sur les anciens directeurs du FBI et de la CIA, James Comey et John Brennan, qui ont osé ne pas lui obéir pendant son premier mandat. Une enquête est aussi lancée, pour « ingérence dans la campagne de 2024 », contre Jack Smith, le procureur indépendant (mais républicain à la base) ayant déposé des accusations contre Trump. La fille de Comey, procureure fédérale de haut niveau, a été congédiée sans motif. C'est elle qui a fait condamner Ghislaine Maxwell, compagne du pédophile Jeffrey Epstein. Dans ce dossier, il ne faut pas s'attendre à ce qu'on trouve une preuve contre Trump, outre le fait qu'il fréquentait ce sale type et savait probablement ce qu'il faisait. On l'aurait su. Le problème n'est pas non plus qu'on ne publie pas une enquête criminelle. Il y a des secrets nécessaires et des allégations non prouvées ou fausses, comme dans tous les dossiers. Le pire n'est pas là. Le scandale sur lequel on n'insiste pas assez est que le numéro deux de la Justice, Todd Blanche, est allé lui-même interroger Maxwell en prison pendant deux jours. Blanche est l'ex-avocat criminaliste personnel de Trump. Pourquoi ce soudain intérêt pour cette condamnée ? Ce n'est pas dans le cadre d'une enquête normale. C'est une commande politique directe du président, embarrassé par le scandale. Et comme par hasard, voici Maxwell transférée dans un pénitencier à sécurité minimum. Voilà ce qu'est un gouvernement autoritaire : toute l'action de l'État est « personnelle », car l'État se confond avec la personne du président. Il n'aime pas le sort réservé à l'ancien président brésilien ? Il augmente les droits de douane du Brésil. Il n'aime pas une déclaration de la comédienne Rosie O'Donnell ? Il menace de lui retirer sa citoyenneté. Que dit la loi ? On s'en fout. On veut savoir ce que dit Donald Trump. Il veut gérer les universités, les musées, le Kennedy Center, etc. L'État fédéral a perdu son indépendance et est maintenant entre les mains de Trump. C'était prévu, annoncé, promis dans la campagne, écrit dans le Projet 2025. La toute-puissance du président. Le châtiment pour les « ennemis ». Après six mois, il a tenu parole.