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Chinakhov demande une transaction après une mésentente avec Evason

Chinakhov demande une transaction après une mésentente avec Evason

La Presse17-07-2025
(Columbus) L'ailier droit des Blue Jackets de Columbus Yegor Chinakhov, sélectionné au 21e rang du repêchage de la Ligue nationale de hockey (LNH) en 2020, a demandé une transaction.
Associated Press
L'agent de Chinakhov, Shumi Babaev, a publié une déclaration du joueur sur la plateforme X, jeudi.
« J'ai eu quelques malentendus avec l'entraîneur pendant la saison, peut-on lire. Maintenant, je serais ravi d'être échangé, a déclaré Chinakhov dans son message. J'aimerais déménager ailleurs. Retournerai-je en Russie ? Tant que je pourrai jouer dans la LNH, je poursuivrai ma progression ici. »
Dean Evason a complété sa première année comme entraîneur-chef des Blue Jackets la saison dernière. La formation de l'Ohio a montré une fiche de 40-33-9, terminant à deux points d'une place en séries éliminatoires.
Babaev a ensuite publié qu'il avait parlé au département des opérations hockey des Blue Jackets à propos de cette demande. Il a ajouté qu'il estimait que « le désir d'être changé de Yegor ne venait pas de nulle part ».
Les blessures ont marqué les quatre saisons du Russe dans la LNH. Il a notamment raté 40 matchs au cours de la dernière saison en raison d'une blessure au dos. Il a inscrit sept buts et 15 points en 30 matchs. Il lui reste une saison à son contrat.
Sa meilleure saison a été 2023-24, lorsqu'il a amassé 16 buts et 29 points en 53 rencontres.
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Un contrat de deux saisons pour Jayden Struble
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Un contrat de deux saisons pour Jayden Struble

Depuis ses débuts dans la LNH en 2023-2024, Struble a inscrit cinq buts et récolté 18 mentions d'aide en 112 matchs avec le Canadien. Il a aussi purgé 109 minutes de pénalité. (Brossard) Le Canadien de Montréal a octroyé un contrat de deux saisons d'une valeur totale de 2,8250 millions US au défenseur Jayden Struble, a annoncé le directeur général Kent Hughes lundi matin. La Presse Canadienne Struble a marqué deux buts et ajouté 11 mentions d'aide à sa fiche en 56 matchs la saison dernière avec le Bleu-blanc-rouge. Le défenseur natif de Cumberland, au Rhode Island, a également présenté un différentiel de plus-2, purgé 52 minutes de punition et distribué 124 mises en échec, se classant au cinquième rang de l'équipe à ce chapitre, à égalité avec Jake Evans. Le défenseur âgé de 23 ans a aussi disputé deux rencontres éliminatoires face aux Capitals de Washington. Depuis ses débuts dans la LNH en 2023-2024, Struble a inscrit cinq buts et récolté 18 mentions d'aide en 112 matchs avec le Canadien. Il a aussi purgé 109 minutes de pénalité. Struble a été sélectionné au deuxième tour, 46e au total, par le Tricolore lors du repêchage de la LNH en 2019.

Acquittement : le raisonnement de la juge
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Acquittement : le raisonnement de la juge

Des manifestants se sont rassemblés au palais de justice de London jeudi, brandissant des pancartes de soutien à la plaignante. La juge Maria Carroccia était rendue à la lecture du neuvième paragraphe de sa décision dans la saga des cinq joueurs de hockey accusés d'avoir agressé sexuellement une jeune femme, en 2018, à London, quand elle a affiché ses couleurs : « Je considère que la preuve déposée par la plaignante E. M. n'est ni crédible ni fiable. » Ce fut, instantanément, le déclenchement d'un tsunami de réactions outrées, d'un océan à l'autre. C'était jeudi dernier. La juge avait encore 694 paragraphes de sa décision à détailler. Au Québec, ailleurs au pays, des milliers de femmes – mais pas seulement – ont dit leur colère pendant et après la lecture de la décision de la juge ontarienne. Variation sur un même thème, en anglais et en français : « Encore une fois, le système ne croit pas les victimes. » Ayant suivi de loin l'affaire, j'en connaissais les grandes lignes, les controverses originelles : la genèse qui fut une crise politique quand TSN a révélé en 2022 que Hockey Canada avait payé une jeune femme pour régler sa poursuite civile contre des joueurs d'Équipe Canada Junior 2018. Le PM Trudeau qui s'est indigné de ce paiement confidentiel1 à même un fonds prévu spécialement pour le règlement d'affaires d'inconduites sexuelles, la suspension des fonds publics. L'éjection des dirigeants de Hockey Canada. La réouverture de l'enquête policière qui n'avait pas débouché sur des accusations en 2018. Le procès de Carter Hart, Alex Formenton, Cal Foote, Dillon Dubé et Michael McLeod en contenait un autre, celui d'une culture machiste dans le hockey d'élite canadien, ébranlé par plusieurs histoires sordides d'agressions sexuelles ces dernières années. L'histoire du règlement confidentiel entre E. M. et Hockey Canada est sortie dans un contexte où beaucoup de questions se posaient – et se posent encore – sur le rapport de joueurs de hockey d'élite face aux femmes : d'autres joueurs de niveau junior ont été reconnus coupables2 ces dernières années3 de faits similaires4, sans oublier la violence – notamment sexuelle – entre joueurs juniors5. Mais avant d'écrire sur cette décision de la juge Carroccia, j'ai voulu la lire. À plus de 700 paragraphes sur 90 pages, c'est une lecture costaude. Ce qui y est décrit montre des comportements douteux et immoraux de la part de jeunes hommes qui trouvent normal de se faire inviter dans une chambre d'hôtel pour y participer à un trip à trois avec une inconnue, tout cela en mangeant des ailes de poulet et de la pizza. Choquant, dégueulasse. En effet. Mais est-ce que ces comportements, le 19 juin 2018, étaient criminels ? Pour la juge Carroccia, la réponse est limpide : non. D'où le tsunami de colère, jeudi dernier. E. M. a 20 ans en 2018. Elle dit avoir été agressée sexuellement dans la chambre 209 par des athlètes destinés à la LNH, après une relation sexuelle consentie avec un de ces joueurs, Michael McLeod, rencontré dans un bar de London. Mais elle dit qu'elle n'a pas consenti à ce que McLeod envoie un message à tous ses coéquipiers pour leur demander qui voudrait participer à un trip à trois, elle dit ne pas avoir consenti à ce qu'ils lui réclament des gestes à caractère sexuel. PHOTO NICOLE OSBORNE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Alex Formenton, Callan Foote, Michael McLeod, Dillon Dubé et Carter Hart Si elle s'est exécutée, si elle a fait des fellations, si elle a accepté des pénétrations, dira-t-elle au tribunal, c'était par autoprotection, pour ne pas être violentée. Dans sa décision, la juge Carroccia commence par décortiquer ce qui s'est passé dans ce bar de London, le Jack's, rue Dundas, l'endroit où E. M. a rencontré Michael McLeod. Ce n'est pas un détail chronologique : d'immenses pans de ce que E. M. a raconté sur ce qui s'est passé dans cet établissement ont été contredits par de la preuve vidéo et numérique. E. M. dira que les joueurs l'ont soûlée en lui payant des verres à répétition. Les images de caméra de surveillance présentées au procès montrent que c'est faux : E. M. a payé elle-même ses consommations, sauf une. Aucune image ne montre un joueur lui payant un verre, sauf McLeod, qui lui refile une bière. E. M. dira aussi que, sur la piste de danse, McLeod lui a pris la main et l'a posée sur son entrejambe, ce qui l'a rendue inconfortable. La vidéo montrera que c'est le contraire : c'est la plaignante qui a mis sa main sur l'entrejambe de McLeod, sans l'aide de l'homme. Elle dira au tribunal que McLeod ne la lâchait pas dans le bar. Qu'elle sentait une pression pour être avec lui. Que les joueurs l'ont isolée de son groupe d'amis. Ce fut aussi contredit par les caméras de surveillance. Dans le bar, un ami, V. H., lui écrit : « Veux-tu que je t'aide à larguer le gars (get u from the guy) ? » E. M. répond : « Je suis ok pour l'instant. » PHOTO GEOFF ROBINS, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Michael McLeod arrivant au palais de justice de London, en mai dernier Dans le bar, cet ami l'appellera ensuite une fois et lui écrira six fois. Les images de surveillance montrent E. M. qui voit les communications, sans répondre : « Elle est restée avec M. McLeod, écrit la juge Carroccia. Cette preuve est incompatible avec sa prétention qu'elle s'est fait 'séparer' de ses amis. » La juge écrit que la plaignante a nié avoir « texté » avec son ami V. H., tout en notant que ce fut pourtant capté sur vidéo. Explication de E. M. au tribunal : Je ne textais pas, je communiquais par Facebook Messenger. La juge note aussi que E. M., tout en disant avoir voulu « échapper » à McLeod, le suit vers le taxi qui les attend, après leur sortie du bar. Il est devant elle et E. M. « court presque » pour le rattraper, pour qu'ils prennent ce taxi vers l'hôtel Delta. Bien sûr, le fait que le récit de la soirée de E. M. au bar Jack's ait été largement contredit par des images de caméras de surveillance ne signifie pas qu'elle n'a pas subi, à l'hôtel, des gestes sexuels non consentis. Mais la juge cite plusieurs décisions de la Cour suprême balisant l'évaluation de la crédibilité d'une plaignante, comme les arrêts R. c. Kruk et surtout Ewanchuk (paragraphes 29 et 30) où « la prétention de non-consentement est un enjeu de crédibilité qui doit être apprécié à la lumière de toute la preuve, incluant les mots et les gestes du plaignant avant et pendant l'incident, incluant toute conduite ambiguë ou contradictoire ». Ce qui s'est réellement passé au bar Jack's avant les évènements de la chambre 209 contredit la version de la plaignante, quant à la genèse de sa rencontre avec McLeod et ses coéquipiers. La juge le souligne. Évidemment, une plaignante peut avoir des souvenirs complètement erronés d'une soirée où elle rencontre des hommes dans un bar… Et être quand même agressée par ces mêmes hommes, plus tard, dans une chambre d'hôtel. Mais la juge a entièrement rejeté la version des évènements de E. M. quant à ce qui s'est passé dans la chambre 209. Elle a jugé crédibles, à peu de choses près, les témoignages des joueurs présents, dont deux étaient des témoins de la Couronne (Brett Howden et Tyler Steenbergen). Et ces joueurs – même les témoins de la Couronne – ont tous raconté la même chose, en des mots différents, à des moments différents (à l'enquêteur de la police de London en 2018, au procès en 2025) : c'est E. M. qui était sexuellement entreprenante avec les joueurs qui étaient présents dans la chambre de McLeod, après qu'elle a eu une relation sexuelle consentie avec ce dernier. Tous les joueurs ont affirmé que E. M. les incitait à « venir la f**** » (come fuck me), ajoutant qu'ils étaient des « moumounes » (pussies) parce qu'ils ne répondaient pas. Cela, E. M. ne le nie pas. Elle ne dira jamais : Je n'ai jamais dit ça, je ne les ai pas invités. La juge s'étonne des réponses de la plaignante, à propos de ce que les joueurs décrivent comme des invitations de la femme : « E. M. a souvent répondu que ça ne ressemblait pas à quelque chose qu'elle aurait dit. Elle n'a pas nié avoir dit ces choses. Elle a aussi dit ne pas se souvenir de grand-chose qu'elle aurait pu dire dans la chambre 209, et à certains points a concédé qu'elle a pu les dire. » Pour la juge, c'est clair : « Sur la base de toute la preuve, je considère comme un fait que la plaignante a exprimé qu'elle voulait s'engager dans des actes sexuels avec ces hommes, en disant 'Est-ce que quelqu'un va me f**** ?' et en se masturbant devant eux. » E. M. dira au tribunal que si elle s'est livrée à des actes sexuels avec certains joueurs, c'est qu'elle avait peur qu'on la violente. Elle ne peut citer aucune menace, aucun geste menaçant de la part des hommes dans la chambre de McLeod. Après s'être rhabillée à la toilette, elle aurait pu quitter la chambre dont la porte était voisine de celle de la toilette. Pourquoi ne l'a-t-elle pas fait, pourquoi est-elle revenue vers le centre de la chambre, avec les hommes ? « Je n'ai pas pensé à ça », dira-t-elle à la Cour. E. M. dit au tribunal avoir eu peur, avoir été terrorisée pendant ces heures dans la chambre 209. Pourtant, dans ses trois déclarations à la police en 2018, jamais elle ne mentionne avoir eu peur. Elle dit avoir été embarrassée, irritée. E. M. ne parlera de sa peur qu'en 2022, dans sa poursuite civile contre Hockey Canada. Avant ? Elle n'en a jamais parlé à qui que ce soit, note la juge Carroccia. En 2018, elle dira à l'enquêteur de police qu'elle ne pensait pas que les hommes l'auraient physiquement empêchée de quitter la chambre 209. Elle a dit à la Cour, au procès, que personne n'a tenté de l'empêcher de partir. Quand elle appelle une amie, en pleurs, en sortant de l'hôtel Delta, E. M. lui parle de sa « honte », de son « embarras » face à ce qui venait de se passer. À son amie, elle ne dit pas avoir été agressée, forcée : elle dit à son amie que McLeod était gentil, au bar, mais que finalement, c'était un « abruti » (jerk). À la Cour, elle dira avoir été bouleversée en fin de soirée parce que McLeod lui a demandé si elle avait des infections transmissibles sexuellement (ITS) et qu'il lui a demandé : « Penses-tu que tu t'en vas bientôt ? » E. M. dira aussi qu'elle s'attendait à dormir dans la chambre de McLeod après sa première relation sexuelle avec lui. E. M. dira au tribunal qu'à l'époque, elle avait un ami de cœur et qu'elle se sentait coupable de l'avoir trompé avec McLeod. Elle dira en 2022 dans son recours civil que les évènements de la chambre 209 ont eu un impact sur sa relation avec son conjoint. Elle dira au procès que la considérant comme victime, son chum la traitait avec sympathie. Là où E. M. affirme que son consentement était impossible à cause de son ivresse, la juge souligne au paragraphe 625 que E. M. a pourtant admis avoir consenti à la première relation sexuelle avec McLeod. Elle n'a pas bu par la suite. Comment pouvait-elle consentir malgré l'alcool et ne pas consentir, ensuite, à cause de l'alcool ? La juge doute aussi du témoignage de E. M. quant à son niveau d'ivresse. La plaignante dit avoir eu de la difficulté, dans le bar, à se tenir debout tellement elle avait bu. Mais la juge souligne que la preuve vidéo la contredit : « Pour moi, la plaignante a exagéré sa consommation d'alcool. » PHOTO NICOLE OSBORNE, LA PRESSE CANADIENNE Cal Foote quittant le palais de justice de London, jeudi Autre incohérence, selon la juge : E. M. jure qu'un des joueurs, Cal Foote, a fait le grand écart au-dessus de son visage, nu, touchant de ses parties génitales le visage de E. M… Mais en 2018, souligne la juge, elle n'a pas mentionné que Foote était nu, à la police. Réponse de E. M. au tribunal, sur cette contradiction entre ses versions de 2018 et 2025 : « C'était difficile pour moi de dire ça », en 2018. Réaction de la juge : « La raison pour laquelle E. M. parlait avec le détective Newton [en 2018] était pourtant de décrire des agressions sexuelles alléguées, et elle avait déjà décrit d'autres hommes exposant leur pénis. Cette explication n'a aucun sens. » Ce ne sont là que quelques-unes des incohérences soulevées par la juge à l'égard du témoignage de E. M. La juge rappelle qu'une incohérence n'est pas fatale en soi pour la crédibilité d'un témoin, que ses souvenirs n'ont pas à être parfaits. Elle cite une décision de la Cour d'appel de l'Ontario sur la crédibilité de témoins : « Certaines incohérences sont mineures, d'autres pas. Certaines incohérences concernent parfois des éléments centraux, parfois périphériques. Là où une incohérence touche un élément central à propos duquel il est peu probable qu'un témoin honnête se trompe, l'incohérence peut démontrer une négligence face à la vérité qui devrait préoccuper le juge. » Clairement, la juge a trouvé que E. M. a eu trop d'incohérences, de trous de mémoire et de contradictions, sur trop d'éléments centraux de ses affirmations, pour en faire abstraction : « À cause de tous les problèmes de crédibilité et de fiabilité de la preuve de la plaignante, je conclus que je ne peux pas m'y fier. » Je souligne ici que la juge a choisi de croire, pour l'essentiel, les versions des hommes présents dans la chambre 209. Deux joueurs non accusés (Brett Howden, Tyler Steenbergen) ont témoigné pour la Couronne, un joueur accusé (Carter Hart) a témoigné et les déclarations d'autres accusés à la police en 2018 ont été présentées en preuve, de même que des textos échangés entre les joueurs dans les heures ayant suivi la nuit du 18 au 19 juin 2018. La Couronne a affirmé que les joueurs avaient synchronisé leurs versions, sans pouvoir fournir de preuve qui aurait ébranlé la juge Carroccia à cet égard. Elle a rejeté cette prétention. ILLUSTRATION ALEXANDRA NEWBOULD, LA PRESSE CANADIENNE Croquis d'audience de la juge Maria Carroccia rendant sa décision, jeudi La juge a estimé que, dans le groupe texto, les joueurs – dont McLeod – ont pour l'essentiel rappelé l'importance de dire la vérité, de ne rien inventer. Un témoin non accusé, Brett Howden, a eu des trous de mémoire suspects, dans son témoignage6. Il n'a pas répété en Cour ce qu'il avait dit précédemment et la juge a exclu des textos envoyés par Howden à propos de Dillon Dubé giflant les fesses de la plaignante, tranchant que c'était du ouï-dire, donc inadmissible en preuve. Cela n'a pas affecté la vision globale de la juge : les joueurs de la chambre 209 – accusés et témoins –, dans l'ensemble, avec les limites des années qui ont passé et de l'alcool ingéré, ont offert des témoignages crédibles, selon Maria Carroccia. Plus que ceux de la plaignante, E. M. D'où ce quintuple acquittement. À partir d'aujourd'hui, la Couronne a 26 jours pour porter la décision de la juge Maria Carroccia en appel. On verra pour la suite. Notons que ce fut un procès controversé, deux jurys ont reçu leur congé. Le procès s'est terminé devant la juge seule7. Je reviens sur le choc et la stupeur qui ont accueilli la décision de la juge Carroccia, dès la lecture de son neuvième paragraphe, quand elle décrit la preuve soumise par E. M. comme n'étant « ni crédible ni fiable ». Un, Hockey Canada a commis une bourde de calibre olympique en créant un fonds secret pour dédommager discrètement des plaignants ou plaignantes dans des affaires d'inconduite sexuelle impliquant des hockeyeurs d'élite. Partant de là, collectivement, quand les cinq accusés revenaient dans les manchettes, un mot apparaissait dans la tête de milliers de Canadiens : « Coupables ». Coupables de mauvais jugement, de machisme, de stupidité, de misogynie ? Il y a beaucoup de tout ça dans ce qui a été décrit au tribunal, à London. Mais coupables sous le prisme du Code criminel ? C'est un autre cas où il faut rappeler la présomption d'innocence. PHOTO CARLOS OSORIO, REUTERS Une manifestante brandissant une pancarte de soutien à la plaignante, jeudi Deux, les injustices du système de justice dans son traitement des affaires d'agression sexuelle ont créé un ressac qui sacralise désormais la parole des victimes. La phrase « Je te crois » est devenue un article de foi : on ne peut pas douter, jamais, de la parole de quelqu'un qui se plaint d'une agression sexuelle. Il est vrai que les « fausses » accusations sont rares. Mais ça existe. Et en Cour, comme le rappelle la juge Carroccia, « Je te crois » est contraire au droit, où l'accusé est présumé innocent. Un juge qui « croirait » d'emblée un plaignant ou une plaignante renverserait le fardeau de la preuve. Mais il y a des personnes qui exagèrent, qui omettent. Qui ne disent pas la vérité. Parmi ces personnes, oui, des fois : des plaignants et plaignantes dans des causes d'agression sexuelle. Et c'est le travail du système de creuser pour voir s'il y a des preuves qu'une personne (ou deux, ou cinq) a commis un crime, au-delà du doute raisonnable. Et des fois, le système dit : après examen des faits, ce que raconte le plaignant, la plaignante ne résiste pas à l'analyse. C'est ce qu'a décrété la juge Maria Carroccia. Des fois, un accusé est acquitté avec un immense bémol… Comme Rozon8. Et à l'ère de « Je te crois », cette décision de la juge Carroccia est évidemment accueillie comme une gifle. Et c'est dénoncé comme tel par des milliers de gens, dont beaucoup de femmes qui ont eu de mauvaises expériences avec le système judiciaire. Je dis simplement ceci : quand j'ai lu la décision de la juge Carroccia, il m'a été difficile de ne pas douter de la crédibilité de la plaignante et de la fiabilité de son témoignage. Trop d'incohérences, de contradictions, d'omissions, sur des points essentiels. Je sais que cette chronique sera accueillie avec une brique et un fanal. Elle sera critiquée, justement parce qu'elle ne se range pas entièrement du côté de la plaignante, contre le système. Je n'ai qu'une réponse : lisez la décision de la juge. 1. Lisez « Crise à Hockey Canada : Trudeau hausse le ton, d'autres partenaires coupent les ponts » 2. Lisez « D'anciens joueurs des Voltigeurs accusés d'agression sexuelle » 3. Lisez « Deux ans et demi de prison pour les ex-joueurs des Tigres de Victoriaville » 4. Lisez « Gabriel Gagné coupable sur toute la ligne pour une agression sexuelle » 5. Lisez « De nouvelles atrocités émergent dans la poursuite contre la LHJMQ » 6. Lisez « Judge rules Howden text message inadmissible at London hockey trial » (en anglais) 7. Lisez « Le procès des hockeyeurs se poursuivra devant juge seule » 8. Lisez « Gilbert Rozon acquitté des accusations de viol et d'attentat à la pudeur »

Il y a plus d'une forme de justice
Il y a plus d'une forme de justice

La Presse

time2 days ago

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Il y a plus d'une forme de justice

Jeudi, cinq hockeyeurs professionnels, Michael McLeod, Carter Hart, Alex Formenton, Cal Foote et Dillon Dubé, ont été acquittés des accusations criminelles d'agression sexuelle qui pesaient sur eux, au terme de l'un des procès les plus médiatisés de la décennie au Canada. La juge de la Cour supérieure de l'Ontario a conclu que le témoignage de la plaignante n'était « ni crédible ni fiable », qu'il y a eu de la part de la plaignante « un consentement réel non vicié par la peur » et que la Couronne n'a prouvé aucune des accusations hors de tout doute raisonnable. Les cinq hockeyeurs d'Équipe Canada Junior 2018, qui étaient passibles de 10 ans de prison, sont donc libres. Ils ne retrouveront pas pour autant leur vie d'il y a 18 mois, avant le dépôt des accusations en janvier 2024. ILLUSTRATION ALEXANDRA NEWBOULD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Croquis d'audience des cinq anciens membres de l'équipe canadienne de hockey junior regardant la juge Maria Carroccia rendre sa décision dans leur procès pour agression sexuelle Il faut comprendre que l'objectif du droit criminel est d'interdire « les gestes qui vont contre les valeurs fondamentales de notre société1 ». C'est la Couronne qui poursuit, au nom de la société. Si les balises du droit criminel sont extrêmement strictes, si les Canadiens ont droit à la présomption d'innocence et à une défense pleine et entière aussi vigoureuse, c'est parce que la société peut vous enlever votre liberté. Nous vivons dans un État de droit. C'est extraordinairement précieux. Mais le droit et la justice ne se résument plus seulement à la justice criminelle. Il y a aussi la justice civile, où une personne peut poursuivre ceux qui l'ont lésée. Le plus souvent, elle obtient une indemnisation financière pour les dommages subis. Dans le dossier des hockeyeurs d'Équipe Canada Junior 2018, la victime alléguée a poursuivi Hockey Canada et huit joueurs anonymes pour 3,5 millions de dollars. Ce litige a rapidement été réglé à l'amiable (les joueurs impliqués n'ont pas été consultés dans la décision de Hockey Canada de régler, et les détails de ce règlement sont confidentiels). Il y a finalement la justice disciplinaire et le droit du travail. Un employé peut être sanctionné ou perdre son emploi pour un geste répréhensible qui n'est pas de nature criminelle. Dans leur contrat, les joueurs de la LNH ont une clause générale de bonne conduite sur la patinoire et hors de la patinoire. Selon leur contrat, ils doivent « suivre les normes les plus élevées d'honnêteté, de moralité » et « s'abstenir de tout comportement préjudiciable aux intérêts2 » de la LNH. C'est beaucoup plus exigeant que de simplement respecter le Code criminel, et avec raison. Aussitôt que ce règlement à l'amiable a été révélé au grand public par le journaliste de TSN Rick Westhead, en mai 2022, la LNH a lancé une enquête disciplinaire pour savoir si les joueurs en question avaient enfreint la clause de bonne conduite de leur contrat. (Les joueurs étaient sous contrat avec une équipe de la LNH au moment des faits allégués, à l'été 2018.) L'enquête de la LNH est terminée depuis longtemps. Avec sagesse, la ligue a choisi d'attendre la fin du processus criminel avant d'en dévoiler les conclusions. La LNH a toutefois donné un indice jeudi, déclarant que « les allégations formulées dans cette affaire, même si elles n'ont pas été jugées criminelles, étaient très troublantes et le comportement en question était inacceptable3 ». Pendant qu'elle étudie le jugement de la Cour supérieure de l'Ontario, les joueurs restent inadmissibles à jouer dans la LNH. On en saura sans doute plus à la fin août, après le délai d'appel de la Couronne. Les conclusions de l'enquête disciplinaire de la LNH pourraient être différentes de celle du tribunal criminel pour trois raisons : 1. On ne juge pas la même chose. En droit criminel, la juge tranche si une infraction d'agression sexuelle a été commise. En matière de discipline, la LNH tranche si les joueurs ont eu « les normes les plus élevées d'honnêteté, de moralité » ou un « comportement préjudiciable aux intérêts » de la LNH. La barre est beaucoup plus basse dans la cour de justice du commissaire de la LNH, Gary Bettman. 2. Le fardeau de preuve n'est pas le même. En droit criminel, il faut prouver une accusation hors de tout doute raisonnable. En droit disciplinaire, c'est la règle de la prépondérance de la preuve (la preuve 50 % + 1) qui permet de trancher. On choisit la version la plus probable entre celles des deux parties. 3. Il y aura davantage d'éléments de preuve dans l'enquête disciplinaire. Pour protéger les droits constitutionnels des accusés, le tribunal criminel a exclu certains éléments de preuve. Comme un texto troublant d'un témoin (Brett Howden, l'un de leurs coéquipiers) entré brièvement dans la chambre. M. Howden a aussi dit à l'enquêtrice de Hockey Canada avoir vu la plaignante pleurer pendant l'un des actes sexuels4. Au procès, M. Howden a dit ne pas s'en souvenir. Si l'enquête de la LNH conclut que certains des hockeyeurs ont agi de façon déplacée et ont enfreint leur contrat, la LNH pourra leur imposer des sanctions, par exemple une suspension. Le cas échéant, il faut espérer qu'elle impose une sanction sévère et proportionnelle à la gravité des gestes posés. Et que la sanction commence après le verdict, et non lors du dépôt des accusations en janvier 2024. (Toute sanction imposée par la LNH pourra être contestée devant un arbitre en vertu de la convention collective.) Ça enverrait un puissant message à toutes les sphères de la société que de tels comportements sont choquants et inacceptables. Jouer dans la LNH n'est pas un métier normal. Elle fait de vous un modèle pour les jeunes, avec des responsabilités sociales, vous gagnez des millions de dollars. Les joueurs sont tenus à un standard plus élevé que le simple respect du Code criminel. D'autres ligues de sport professionnel ont suspendu des athlètes pour des inconduites sexuelles, même si ceux-ci n'ont pas été condamnés au criminel. Au baseball majeur, le lanceur vedette des Dodgers Trevor Bauer a été suspendu sans solde un peu plus d'une saison (184 matchs) en 2022 pour des allégations d'agression sexuelle et de violence conjugale. Il avait enfreint la clause de bonne conduite de son contrat. Après sa suspension, les Dodgers ont libéré cet ancien gagnant du trophée Cy Young. Il n'a plus jamais joué dans le baseball majeur et a poursuivi sa carrière au Japon et au Mexique. Au football, le quart de la NFL Deshaun Watson a été suspendu 11 matchs (deux tiers d'une saison) et a payé 5 millions de dollars d'amende pour des inconduites sexuelles. Watson a réglé à l'amiable avec 23 des 24 femmes ayant intenté des poursuites civiles contre lui. Il est revenu au jeu pour Cleveland en 2023 après sa suspension. Dans les cas de Bauer et Watson, la poursuite n'avait pas déposé d'accusations criminelles, après avoir étudié les dossiers. Si un joueur de la LNH commet des inconduites sexuelles qui enfreignent son contrat, une suspension sévère (d'au moins une saison) serait appropriée. Elle faciliterait même la réhabilitation de la personne visée dans la société. Si un geste répréhensible est sanctionné adéquatement, la plupart des citoyens estiment que la personne a payé sa dette morale et qu'elle peut continuer sa vie. Évidemment, aucune équipe de hockey n'est obligée de l'engager. Aucun des cinq hockeyeurs acquittés n'est sous contrat avec une équipe de la LNH actuellement. Au moment du dépôt des accusations, quatre des cinq hockeyeurs acquittés étaient soit des joueurs de soutien dans la LNH, soit des joueurs qui faisaient la navette entre la LNH et la Ligue américaine. Ne soyez pas étonnés s'ils ont disputé leur dernier match dans la LNH et qu'ils terminent leur carrière en Russie ou en Europe. Le procès criminel des cinq hockeyeurs d'Équipe Canada Junior 2018 a suscité une discussion nationale sur le consentement en matière de rapports sexuels. Une discussion nécessaire et qui sera bénéfique à toute la société. Il faut toutefois espérer que ce verdict ne décourage pas les victimes d'agression sexuelle de porter plainte. À moins que la Couronne ne fasse appel du verdict, ce procès criminel est clos. Mais l'histoire n'est pas terminée. Elle se transporte dans le bureau de Gary Bettman. 1. Consultez l'article « Le droit criminel, c'est quoi ? » sur le site d'Éducaloi 2. Lisez l'article du Globe and Mail (en anglais ; abonnement requis) 3. Lisez la déclaration de la LNH (en anglais) 4. Lisez la chronique « Les trous de mémoire du témoin Howden » sur le site de Radio-Canada

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