
Les loyers de 142 logements sont corsetés à long terme à Lausanne
L'immeuble de l'avenue de France 71-73 a été revendu à la Société coopérative d'habitation Lausanne pour un montant de 14 millions de francs, avec un droit de superficie de nonante ans. ©Florian Cella / Tamedia
Florian Cella / Tamedia
En bref:
La politique du logement de Lausanne franchit une étape importante. Sur les quinze immeubles acquis par la Municipalité par son droit de préemption, sept, totalisant 142 logements, seront revendus à des sociétés coopératives. Le parlement communal doit encore valider l'opération. Depuis 2020, la Ville a fait usage de ce droit, qui permet d'acquérir un immeuble en se substituant à l'acheteur privé. Elle a déboursé un total de 142 millions pour les quinze immeubles .
Ils ne se sont pas vendus comme des petits pains. En février 2023 , la Ville a lancé des appels d'offres pour revendre les onze premiers immeubles acquis grâce au droit de préemption. Quatre n'ont pas trouvé preneur. «Chaque coopérative est libre de postuler et elle fait son choix en fonction de l'intérêt qu'elle a pour l'immeuble, de son état, de ses capacités financières», constate le syndic Grégoire Junod. Un second préavis municipal devrait arriver cet automne avec de nouvelles propositions de vente.
Les sept immeubles en passe d'être revendus ont été achetés par la Ville entre 2020 et 2022: «Si cette opération a pris plus de temps que prévu, c'est parce qu'entre les moments des achats et aujourd'hui, les taux d'intérêt ont beaucoup varié, explique Grégoire Junod. Les taux étaient très bas lors des achats, avant d'augmenter fortement, puis de baisser progressivement jusqu'au niveau initial.»
Pour l'heure, sur les sept immeubles dont la revente est sur les rails, quatre iront dans l'escarcelle de la Société coopérative d'habitation Lausanne (SCHL) pour un total de 47 millions. Cela fait de la SCHL le plus gros acquéreur. Son parc actuel compte 101 immeubles en Suisse romande, principalement à Lausanne et dans son agglomération.
Trois autres acteurs sont plus modestes. La Codha, coopérative genevoise avec 20 immeubles , Les Communs, jeune coopérative réalisant son premier achat, et Bâtir ABC S.A. (225 logements à loyers modérés), majoritairement en mains de la Ville. Lausanne propriétaire des terrains
Dans cette opération, la commune de Lausanne reste propriétaire des terrains (valant en moyenne près de 16% du prix d'achat initial) et vend les immeubles en droit de superficie pour nonante ans. Le syndic rappelle la philosophie: «Les immeubles sont cédés à des coopératives, mais avec des conditions importantes: le contrôle des loyers dure vingt-cinq ans, selon la loi vaudoise. Grâce au droit de superficie qui liera les coopératives, ce contrôle des loyers s'étend à toute sa durée, c'est-à-dire nonante ans, renouvelables. Les plafonds fixés par l'État ne peuvent évoluer qu'en cas d'inflation importante ou de modification du taux de référence.»
Les coopératives propriétaires ont une autre obligation majeure: assainir les logements dans les cinq ans, tout en maintenant les locataires actuels. En contrepartie, elles sont exonérées de payer la rente de 3% à la Ville pendant les dix premières années. Par ailleurs, une moitié des nouveaux locataires devra être choisie en dehors des membres des coopératives. Un postulat du PLR Matthieu Carrel avait proposé cette ouverture.
Le cash que verseront les coopératives pour les immeubles s'élève à un total de 57 millions. Une moitié de cette somme reviendra dans le fonds d'acquisition immobilier de la Ville, aujourd'hui quasi épuisé. L'autre moitié financera les rénovations énergétiques des bâtiments communaux, pour respecter son plan climat. Avec la perception des rentes dès la 11e année, l'opération présente un léger bénéfice, souligne aussi le syndic. Pour Grégoire Junod, un modèle «vertueux»
«Notre modèle est assez vertueux pour les finances publiques, la pérennisation des logements à loyers abordables, la protection des locataires et de l'assainissement des bâtiments», se félicite Grégoire Junod.
Le socialiste en campagne pour sa réélection n'oublie pas les critiques de la droite et des milieux immobiliers. «Ce qui les inquiète, c'est que ces opérations immobilières peuvent se reproduire à plus grande échelle parce qu'elles sont rentables, avance Grégoire Junod. Mais c'est tant mieux. En jouant un rôle important sur le marché immobilier, la Ville permet de maintenir une offre de logements accessible à tout le monde.»
Lausanne, le 4 juillet 2025, l'immeuble sis à l'avenue de France 71-73. ©Florian Cella / Tamedia
Florian Cella / Tamedia
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Jérôme Cachin est journaliste à la rubrique vaudoise depuis 2019, spécialisé en politique. Plus d'infos
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27 minutes ago
- Le Figaro
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Selon l'armée israélienne, ces attaques visent des combattants du Hamas qu'elle accuse de se cacher parmi les civils en se servant de ces derniers comme «boucliers humains». La Défense civile locale vient de déclarer que 32 Palestiniens ont été tués ce samedi dans la bande de Gaza, où Israël a étendu son offensive près de 21 mois après le début de la guerre contre le Hamas. Selon Mahmoud Bassal, porte-parole de l'organisation de premiers secours de Gaza, cinq personnes ont notamment été tuées dans un raid aérien sur une école de Gaza-ville (nord), servant de refuge à des déplacés. Une frappe nocturne à proximité d'une autre école de la ville, a coûté la vie à trois Palestiniens et fait une dizaine de blessés parmi lesquels des enfants dixit la même source. Depuis le début de la guerre déclenchée par une attaque inédite du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, de nombreux Gazaouis déplacés par la guerre trouvent refuge dans des bâtiments scolaires, mais ceux-ci ont été à plusieurs reprises la cible d'attaques israéliennes. Ces attaques, selon l'armée israélienne, visent des combattants du Hamas qu'elle accuse de se cacher parmi les civils. Mahmoud Bassal a également fait état de huit Palestiniens tués par des tirs de l'armée israélienne à proximité d'un centre de distribution d'aide humanitaire dans le sud du territoire assiégé par Israël. Publicité Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a déclaré ne pas être en mesure de faire de commentaires sur des frappes en particulier en l'absence de coordonnées géographiques précises. Compte tenu des restrictions imposées par Israël aux médias et des difficultés d'accès sur le terrain à Gaza, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les affirmations de la Défense civile. Le Hamas a affirmé vendredi soir être prêt à engager «immédiatement» des négociations sur la mise en œuvre d'une proposition de cessez-le-feu parrainée par les États-Unis. Un responsable gouvernemental israélien a indiqué à l'AFP qu'aucune décision n'avait été «prise à ce stade sur la question».

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Vigneron-négociant à Tain-l'Hermitage (Drôme), Michel Chapoutier, 61 ans, est à la tête d'un groupe viticole international commercialisant 9 millions de bouteilles (dont 70 % de rouges, 25 % de blancs et 5 % de rosés) pour un chiffre d'affaires de 70 millions d'euros. Connue, entre autres, pour ses grands hermitages, cette figure des côtes-du-rhône a récemment lancé, en vin de France, Rouge clair, titrant 11,5 degrés, à déguster, conseille-t-il, entre 8 et 10 degrés. « Nous vivons plus une crise de sous-consommation de rouge que de surproduction. Nous avons fait l'erreur historique de mettre ces vins dans un carcan de snobisme avec des critères de qualité trop souvent déterminés par un haut degré d'alcool et une forte concentration. Au point d'avoir presque besoin d'un couteau et d'une fourchette pour les déguster, alors que, dans le même temps, apparaissait une génération de jeunes consommateurs élevés aux boissons sortant du frigo. Les appellations n'ont longtemps fonctionné que sur le principe du marketing de l'offre, où l'on expliquait le vin pour le faire comprendre et aimer. Cela a pu fonctionner pour les grands crus, mais c'est plus problématique pour des appellations régionales dont les productions, aux volumes énormes, auraient dû s'adapter au désir du consommateur, y compris dans la communication. « Plus de liberté » Il y a cinq ou six ans, j'ai voulu lancer un côtes-du-rhône clair, persuadé que les rosés allaient s'essouffler et que des rouges légers prendraient leur place. La réponse du syndicat des vignerons de côtes-du-rhône était d'augmenter le degré d'alcool d'un degré et d'un point l'intensité colorante dans le cahier des charges de l'appellation. Le contraire de ce que je proposais. Je viens finalement de produire ce Rouge clair en dénomination vin de France, qui offre plus de liberté. Je le produis avec des viticulteurs de la montagne Noire, dans la plaine de Carcassonne, une région sinistrée, où les vignerons sont motivés pour tenter de nouvelles expériences. Nous le faisons dans leur cave coopérative, cela permet de garder un prix compétitif [autour de 9 euros] pour de jeunes consommateurs. Le danger serait de produire des vins légers, mais trop techniques et uniformisés, sur le simple critère du fruit et du faible niveau d'alcool. Il faut arriver à conserver les particularismes des terroirs. Ces vins faciles peuvent être une bonne porte d'entrée pour découvrir ensuite des vins plus complexes. Pour l'instant, c'est comme si nous faisions du disco, avant de nous mettre à l'opérette, puis au lyrique. »