
Les droits de douane passent de 25 % à 35 %
Contrairement au Mexique, le Canada n'a pas été en mesure d'obtenir un nouveau sursis auprès de l'administration Trump pour éviter le tour de vis qui entrera en vigueur ce vendredi. Le prix de consolation pour les entreprises canadiennes : la plupart d'entre elles pourront continuer de s'y soustraire.
Malgré des négociations entre Ottawa et Washington dans la capitale américaine, les droits de douane sur les exportations canadiennes passeront de 25 % à 35 % dès vendredi, a confirmé la Maison-Blanche, jeudi en soirée.
Plutôt que de préciser ce qui achoppait dans les négociations entre les deux pays, le décret présidentiel pointe plutôt l'échec du Canada à enrayer « l'afflux continu de fentanyl et d'autres drogues illicites » en territoire américain, sans toutefois fournir d'exemples à l'appui de cette affirmation. Il évoque aussi les contre-mesures canadiennes aux droits américains.
Pas de grande surprise
La tournure des évènements n'est guère surprenante. En fin d'après-midi, jeudi, le 47e locataire de la Maison-Blanche paraissait peu enthousiaste à l'idée de conclure une entente commerciale. Le plus récent motif d'irritation émanant du Canada était l'intention du premier ministre Mark Carney de reconnaître l'État palestinien en septembre prochain – à l'instar de la France et du Royaume-Uni.
PHOTO PATRICK DOYLE, REUTERS
Le premier ministre du Canada, Mark Carney
Le président Trump avait envoyé une lettre au premier ministre le 10 juillet dernier dans laquelle il menaçait de faire passer à 35 % les droits de douane sur les exportations canadiennes, faute d'un accord commercial avant la date butoir du 1er août.
Le ministre responsable du Commerce Canada–États-Unis, Dominic LeBlanc, et le chef de cabinet de Mark Carney, Marc-André Blanchard, sont toujours à Washington pour tenter de négocier une entente. Ils sont accompagnés de l'ambassadrice et négociatrice en chef Kirsten Hillman. « Personne ne rentre au pays à la suite de cette annonce », a lancé une source gouvernementale qui a requis l'anonymat parce qu'elle n'était pas autorisée à parler publiquement.
Le bureau du premier ministre a pour sa part évité de répondre aux questions des médias au sujet des négociations
Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a quant à lui qualifié de « préoccupante » l'augmentation des droits de douane.
PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE
Doug Ford, premier ministre de l'Ontario
Le Canada ne doit pas se contenter de moins que le juste accord. Ce n'est pas le moment de se défiler. Nous devons rester sur nos positions.
Doug Ford, premier ministre de l'Ontario, sur son compte X
Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a dénoncé sur X des droits de douane « injustifiés » et a réitéré son désir d'un accord « mettant fin à tous les [droits de douane] américains » envers le Canada.
Jusqu'ici, la Maison-Blanche a annoncé des accords avec le Royaume-Uni, l'Union européenne, les Philippines, l'Indonésie, le Viêtnam, le Japon et, in extremis dans la nuit de mercredi à jeudi, la Corée du Sud.
Les produits coréens, japonais et européens seront ainsi désormais taxés à hauteur de 15 %. Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a aussi affirmé, jeudi, que des accords avaient aussi été trouvés avec le Cambodge et la Thaïlande, sans donner plus de précisions.
Un bouclier
Malgré cette nouvelle salve tarifaire de Washington, les exportateurs canadiens devraient pouvoir encaisser le coup.
La raison ? Les produits conformes à l'Accord de libre-échange Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) demeurent exemptés de droits de douane, confirme le décret présidentiel.
Même si des secteurs comme l'aluminium et l'acier, le bois d'œuvre ainsi que l'automobile font l'objet de droits de douane sectoriels, la plupart des exportations canadiennes ont échappé, jusqu'à présent, aux mesures tarifaires.
Selon une étude publiée en juillet par la Banque Royale, qui citait des données du Bureau du recensement des États-Unis, 91 % des exportations canadiennes à destination des États-Unis avaient franchi la frontière sans droit de douane.
Le directeur général chez Courtage BGL, Nicolas Dolbec, l'a remarqué.
« On pourrait dire que le dernier mois a été l'un des moins occupés en ce qui a trait aux demandes de nos clients sur la question des droits de douane, illustre-t-il. La notion [des exemptions prévues à l'ACEUM] semble avoir été bien assimilée. »
Être conforme à l'ACEUM, qu'est-ce que ça veut dire ?
Il s'agit d'un produit qui respecte un ensemble complexe de critères qui décrivent le niveau de production qui doit être réalisé en Amérique du Nord pour qu'il soit admissible à un traitement préférentiel. Toutes les règles relatives à l'origine des produits se trouvent dans un volumineux document de 245 pages. Affaires mondiales Canada donne l'exemple d'une bicyclette. Si elle contient 63 % de pièces nord-américaines, elle satisfait aux règles d'origine – le seuil minimal de production en Amérique du Nord. Pour d'autres produits, un processus spécifique doit se faire au pays. Une chemise doit par exemple être « coupée et cousue » sur le continent nord-américain, illustre le gouvernement fédéral.
N'empêche, l'incertitude qui découle des tensions commerciales laisse des traces, selon la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ).
Selon l'organisation, les investissements ont par exemple fléchi de 318 millions dans le créneau manufacturier parce que les entreprises préféraient demeurer sur les lignes de côté dans le contexte actuel. À cela s'ajoutent une diminution des exportations au sud de la frontière et une baisse du niveau d'emploi dans plusieurs secteurs.
Et jeudi, le Canada n'avait toujours pas été en mesure d'imiter le Mexique, qui, in extremis, a été en mesure d'obtenir un sursis de 90 jours avec Washington pour poursuivre les négociations.
M. Trump avait préalablement menacé le Mexique de rehausser à 30 % les droits de douane sur les exportations en provenance de ce pays. Malgré le report, les droits sectoriels sur l'acier et l'aluminium, le cuivre et le secteur automobile restent en place.
« En outre, le Mexique a accepté de mettre fin immédiatement à ses barrières commerciales non tarifaires, qui étaient nombreuses, a souligné le président américain, sur sa plateforme Thruth Social. Nous nous entretiendrons avec le Mexique au cours des 90 prochains jours dans le but de signer un accord commercial au cours de cette période, ou plus tard. »
Par ailleurs, dans un autre décret, le président américain a relevé les droits de douane visant plusieurs dizaines de pays, mais ceux-ci entreront en vigueur le 7 août plus que ce vendredi, comme prévu initialement. Les nouveaux droits s'échelonnent entre 10 % et 41 %. La diffusion de ces informations a aussitôt fait fléchir les places boursières asiatiques comme la Bourse de Tokyo ainsi que la Bourse de Séoul.
Légitimes, les droits de douane ?
À quelques heures de l'entrée de ce qui avait les allures d'une suite au « Jour de la libération » du 2 avril dernier, alors que des droits de douane frappant 180 pays avaient été annoncés, une cour d'appel fédérale américaine commençait à examiner un recours visant à déterminer si le président a le pouvoir d'imposer ces barrières tarifaires.
L'administration Trump conteste une décision rendue en mai dernier par un tribunal commercial américain, qui avait tranché que le président américain ne pouvait imposer des droits de douane quand bon lui semble.
Ce jugement bloquait une des principales stratégies de la Maison-Blanche, qui s'appuie sur une loi de 1977 (International Emergency Economic Powers Act) qui permet au président d'imposer les sanctions économiques nécessaires en cas d'urgence.
Jusqu'au retour de Donald Trump dans le bureau Ovale, cette loi n'avait jamais été utilisée par un président pour imposer des droits de douane. Aucune décision n'avait été rendue, jeudi. Cela pourrait prendre plusieurs semaines, voire des mois.
Avec la collaboration de Joël-Denis Bellavance et Fannie Arcand, La Presse et avec La Presse Canadienne et l'Agence France-Presse
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5 hours ago
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Le Brésil et l'Inde dans le collimateur des États-Unis
Le Brésil et l'Inde dans le collimateur des États-Unis (Washington) Le Brésil sur le point de voir ses exportations davantage taxées, l'Inde menacée d'une surtaxe accrue, notamment pour ses relations commerciales avec la Russie : les principaux pays émergents sont dans le viseur des droits de douane de Donald Trump, avant que le reste du monde ne soit frappé à son tour. Erwan LUCAS Agence France-Presse Interviewé sur la chaîne CNBC, Donald Trump a menacé mardi d'aller plus loin que la surtaxe de 25 % prévue sur les produits indiens à compter du 7 août, critiquant à la fois le manque d'ouverture de l'économie du géant d'Asie du Sud et les achats de pétrole russe par New Delhi. « L'Inde n'a pas été un bon partenaire commercial, car elle fait beaucoup d'affaires avec nous, mais nous n'en faisons pas avec elle. Donc nous nous sommes mis d'accord sur 25 %, mais je pense que je vais augmenter ce chiffre de manière significative dans les prochaines 24 heures, car ils achètent du pétrole russe », a-t-il insisté. Dans l'immédiat, le Brésil va être le premier pays concerné par les hausses de droits de douane annoncées par la Maison-Blanche la semaine dernière. Les produits brésiliens seront en effet visés par une surtaxe de 50 % à partir de 0 h 01 mercredi (0 h 01 heure de l'Est), soit en théorie le plus important taux imposé à des produits importés aux États-Unis. Pour Washington, il s'agit d'afficher son soutien à l'ex-président Jair Bolsonaro, accusé par la justice brésilienne d'une tentative de coup d'État après sa défaite lors de l'élection présidentielle de 2022, des poursuites qualifiées de « chasse aux sorcières » par son allié Donald Trump. La réalité devrait être cependant plus nuancée pour l'économie brésilienne, dans la mesure où plusieurs centaines de produits, des noix à l'énergie en passant par l'industrie aéronautique ou le jus d'orange, sont exemptées. Au total, selon Brasilia, 36 % des exportations du pays vers les États-Unis seront concernées par ces taxes. Une situation qui n'est pas sans rappeler celle des produits canadiens, théoriquement visés par 35 % de droits de douane depuis le 1er août. Plus de 85 % des exportations canadiennes vers les États-Unis sont toutefois épargnées, selon le premier ministre canadien Mark Carney. La pharmacie dans le viseur En parallèle de ses menaces sur l'Inde, Donald Trump a maintenu la pression sur l'industrie pharmaceutique mondiale, en annonçant qu'il envisageait d'aller plus loin que les 200 % de surtaxes brandis début juillet. Sa volonté est de voir la production rapidement transférée sur le sol américain. Dans ce but, il envisage de mettre en place dans un premier temps « un droit de douane bas » sur ces produits, mais « dans un an, un an et demi maximum, cela sera 150 % et ensuite 250 %, parce que l'on veut des médicaments fabriqués dans notre pays ». L'annonce devrait intervenir, comme pour ceux prévus sur les semiconducteurs, « dans le courant de la semaine prochaine », a-t-il précisé. Le président américain souhaite par ailleurs abaisser les prix des médicaments, plus chers aux États-Unis que dans la grande majorité des autres pays industrialisés. Dans des courriers adressés la semaine dernière à 17 entreprises du secteur, il leur avait demandé d'abaisser les prix de leurs produits sous peine de représailles. Les droits de douane sur l'industrie pharmaceutique devraient être au menu des discussions entre la Suisse et les États-Unis, alors que la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, et son ministre de l'Économie, Guy Parmelin, devaient atterrir mardi à Washington. Ils espèrent parvenir à réduire la surtaxe de 39 % sur les produits suisses prévue pour le 7 août, un niveau bien supérieur à celui appliqué à ceux provenant de l'Union européenne (15 %). Reste à voir si Donald Trump se montrera réceptif, alors qu'il a jugé les échanges précédents infructueux. « La dame (Mme Keller-Sutter) est très gentille, mais elle ne voulait pas écouter. Ils ne payaient quasiment pas de droits de douane jusqu'ici. Nous avons 41 milliards de dollars de déficit et ils veulent payer 1 % », a-t-il insisté sur l'antenne de CNBC. Les signes de détente apparaissent cependant avec certains partenaires commerciaux. L'UE a ainsi annoncé suspendre ses mesures de représailles, après l'accord annoncé avec Washington limitant à 15 % la majorité des droits de douane sur les produits européens.


La Presse
5 hours ago
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Les exportations canadiennes en chute libre
Selon Statistique Canada, les exportations vers les États-Unis ont augmenté de 3,1 % en juin, mais elles étaient tout de même en baisse de 12,5 % sur un an. Conséquence directe et prévisible de la guerre commerciale déclenchée par les États-Unis, les exportations totales de biens canadiens sont en baisse de 12,8 % au deuxième trimestre de 2025 par rapport au trimestre précédent. Les voitures et les pièces de véhicules automobiles, de même que les biens de consommation, qui sont au centre des hostilités commerciales, sont les produits qui ont contribué le plus à la baisse des exportations au deuxième trimestre, selon Statistique Canada. Au premier trimestre, les exportations avaient été gonflées par les achats devancés avant l'imposition des droits de douane. Les chiffres du commerce extérieur pour le seul mois de juin, publiés mardi, indiquent une légère hausse de 0,9 % des exportations totales par rapport à mai et une augmentation plus importante des importations, de 1,4 %, ce qui a fait passer le déficit commercial du Canada avec le monde de 5,4 milliards en mai à 5,9 milliards en juin. Les exportations vers les États-Unis ont augmenté de 3,1 % de mai à juin, mais elles restent inférieures de 12,5 % à ce qu'elles étaient en juin 2024. Malgré le rebond des exportations vers les États-Unis en juin, les effets de la guerre commerciale sont clairement visibles, estime l'économiste de la Banque Nationale Jocelyn Paquet. « Les exportations de véhicules automobiles, qui ont été visées par des mesures protectionnistes, ont chuté à leur plus bas niveau en 31 mois », pointe-t-il. L'industrie automobile canadienne est parmi celles qui souffrent le plus des tensions commerciales. Selon Statistique Canada, les exportations de voitures et de camions légers sont en baisse pour le troisième mois consécutif en juin, et la valeur de ces exportations est passée sous la barre des 4 milliards de dollars pour la première fois depuis novembre 2022. Les exportations d'aluminium, de fer et d'acier, qui sont taxées à hauteur de 50 %, sont aussi en forte baisse. Depuis le début de l'année, les exportations de ces trois produits ont reculé de plus de 30 %, souligne l'économiste de la Banque Nationale. Une économie paralysée De juin 2024 à juin 2025, les exportations totales du Canada vers ses 10 principaux partenaires commerciaux ont baissé de 5,9 %. Celles vers les États-Unis ont reculé de 12,5 %. En volume, le recul de 12,8 % des exportations totales au deuxième trimestre se traduit par une baisse de plus de 33 % en rythme annualisé. Un tel déclin du commerce extérieur contribuera à affaiblir davantage la croissance attendue au deuxième trimestre, souligne l'économiste de la TD Marc Ercolao. « Ce déclin devrait se poursuivre en raison de l'absence d'entente entre le Canada et les États-Unis qui doit entraîner d'autres droits de douane de 35 % », analyse-t-il. Ces éventuels droits supplémentaires ne s'appliqueront toutefois pas aux produits conformes à l'Accord Canada–États-Unis–Mexique, qui constituent la plus grande part des exportations canadiennes aux États-Unis. En juin, 92 % des exportations canadiennes vers les États-Unis étaient exemptées de droits de douane en juin, selon le U.S. Census Bureau. Cette proportion était de 91 % en mai et de 89 % en avril. Chez Desjardins, les économistes prévoient que le commerce extérieur réduira la croissance de 7,1 % au deuxième trimestre, ce qui paralyserait pratiquement l'économie canadienne. « Nous estimons que la croissance du produit intérieur brut se situera entre -0,5 % et 0,0 % au cours du trimestre, ce qui est supérieur aux prévisions du Rapport sur la politique monétaire de juillet de la Banque du Canada », écrit l'économiste LJ Valencia dans son commentaire sur les dernières données du commerce extérieur. Statistique Canada publiera les chiffres du produit intérieur brut pour le deuxième trimestre le 29 août. La banque centrale, qui vient de maintenir son taux directeur inchangé à 2,75 % pour la troisième décision consécutive, garde la porte ouverte à une baisse des taux d'intérêt si l'économie canadienne continue de s'affaiblir. « Si l'affaiblissement de l'économie fait peser des pressions à la baisse supplémentaires sur l'inflation et que les pressions à la hausse sur les prix dues aux perturbations commerciales sont contenues, une réduction du taux directeur pourrait être nécessaire », a signalé le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, lors de la dernière annonce sur les taux. La prochaine décision de la banque centrale est prévue le 17 septembre.


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5 hours ago
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Carney annonce des mesures de soutien à l'industrie forestière
Le gouvernement Carney a annoncé mardi des mesures de soutien à l'industrie forestière. (Ottawa) Devant les derniers assauts protectionnistes des États-Unis, le gouvernement Carney annonce qu'il met à la disposition des entreprises forestières quelque 700 millions de dollars en garanties de prêt afin de les soutenir en cette période de turbulence économique. Ce qu'il faut savoir Les États-Unis ont annoncé vendredi l'imposition de droits « antidumping » de 20,56 % sur le bois d'œuvre canadien ; Le premier ministre Mark Carney a proposé mardi un bouquet de mesures pour soutenir les entreprises forestières au pays ; Entre autres choses, Ottawa offre des garanties de prêt de 700 millions de dollars. De passage à Kelowna, en Colombie-Britannique, où il a visité l'entreprise Gorman Brothers qui emploie des centaines de travailleurs de l'industrie forestière, M. Carney a indiqué que cette aide financière sera accessible aux entreprises de toutes les tailles du pays. Le premier ministre a aussi indiqué qu'une somme additionnelle de 500 millions de dollars sera offerte à l'industrie du bois d'œuvre sous forme de subventions et de contributions pour développer de nouveaux produits et dénicher de nouveaux marchés d'exportation. En outre, le gouvernement fédéral s'apprête à augmenter la cadence pour favoriser la construction de nouveaux logements et il s'engage à utiliser uniquement le bois d'œuvre canadien. L'objectif est ambitieux : doubler la construction de logements pour atteindre 500 000 logements par année au cours de la prochaine décennie. « À lui seul, ce chiffre pourrait doubler l'utilisation de bois d'œuvre résineux canadien dans la construction résidentielle neuve », a avancé le premier ministre. Également mardi, M. Carney a annoncé qu'Ottawa investira 50 millions de dollars afin d'appuyer le perfectionnement et l'obtention de nouvelles compétences à quelque 6000 travailleurs qui pourraient être touchés dans l'industrie du bois d'œuvre. L'annonce de ces mesures survient quelques jours après que le département du Commerce des États-Unis a décidé d'augmenter les droits « antidumping » sur le bois d'œuvre canadien à 20,56 %. Elle survient aussi après que la Scierie St-Michel, le plus important employeur de Saint-Michel-des-Saints, dans Lanaudière, a annoncé vendredi qu'elle suspendait ses activités jusqu'au 13 octobre dans la foulée de la nouvelle salve protectionniste de Washington. L'entreprise emploie 250 travailleurs. Le Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ) a salué les mesures annoncées par le premier ministre. « Le CIFQ salue donc la volonté gouvernementale de proposer des solutions visant à offrir des liquidités aux entreprises en attente du remboursement des taxes payées injustement au cours des premières années du conflit, mais également dans l'attente d'un règlement de ce conflit », a indiqué le CIFQ dans un communiqué. L'Association des produits forestiers du Canada (APFC) a également exprimé sa satisfaction. « Alors que les discussions se poursuivent, les mesures annoncées […] aideront à stabiliser le secteur au cours des mois à venir et permettront d'atteindre nos objectifs communs, soit construire plus de logements, améliorer la compétitivité, augmenter la production et les investissements dans les opérations canadiennes et développer de nouveaux marchés à long terme », a affirmé le président et chef de la direction de l'APFC, Derek Nighbor. À Kelowna, le premier ministre a souligné l'importance de l'industrie forestière pour l'ensemble de l'économie canadienne. PHOTO DARRYL DYCK, LA PRESSE CANADIENNE Mark Carney rencontrant des travailleurs de l'industrie forestière à Kelowna « Aujourd'hui, le Canada est le deuxième producteur mondial de bois d'œuvre. Nous fournissons 85 % des importations américaines et représentons environ un quart du marché américain. Et ce, malgré des décennies de menaces commerciales provenant de l'autre côté de la frontière », a-t-il souligné. M. Carney a rejeté les prétentions de l'administration Trump selon lesquelles le Canada inonde le marché américain de bois d'œuvre. « Le Canada ne pratique pas le dumping de bois d'œuvre aux États-Unis, et nous continuerons de faire valoir que ces droits actuels et proposés sont injustifiés », a-t-il martelé. Mais face au vent protectionniste qui souffle en provenance des États-Unis, le gouvernement fédéral ne peut rester les bras croisés. « Il existe d'énormes opportunités pour l'industrie du bois d'œuvre, et les investissements que nous faisons aujourd'hui aideront ce secteur à les saisir de toutes les façons possibles », a affirmé M. Carney. Au fur et à mesure que nous bâtirons ce pays, nous changerons le processus d'approvisionnement du gouvernement fédéral afin d'exiger que les entreprises qui ont des contrats avec le gouvernement fédéral utilisent le bois d'œuvre canadien Mark Carney, premier ministre du Canada Pas d'entretien avec Trump En conférence de presse, Mark Carney a indiqué ne pas avoir eu d'entretien avec le président des États-Unis Donald Trump depuis qu'il a mis à exécution, vendredi dernier, sa menace de faire passer les droits de douane de 25 % à 35 % sur les exportations canadiennes qui ne sont pas conformes à l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM). Dans une entrevue accordée au réseau CBS dans le cadre de l'émission Face the Nation, dimanche, le ministre responsable du Commerce Canada – États-Unis, Dominic LeBlanc, avant laissé entendre qu'un tel entretien entre les deux leaders aurait lieu cette semaine. « Je n'ai pas parlé au président ces derniers jours. Nous nous parlerons quand cela aura du sens », a laissé tomber le premier ministre en réponse à une question d'un journaliste.