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Le temps s'est arrêté au refuge de Taveyanne

Le temps s'est arrêté au refuge de Taveyanne

24 Heuresa day ago
Le hameau historique des hauts de Gryon accueille les visiteurs dans un authentique décor du XIXe siècle. La cuisine de son auberge est elle aussi digne de Ballenberg. Publié aujourd'hui à 12h02
Sarah de Siebenthal et Jean-Rodolphe Henchoz régalent les randonneurs avec leurs tartes aux fruits de saison.
CHANTAL DERVEY
Que l'on y grimpe en voiture ou à la force des mollets, atteindre le refuge de Taveyanne est sans doute la partie la plus facile de l'excursion. C'est en repartir qui est compliqué, tant le petit hameau – perché à 1650 mètres d'altitude, au cœur d'un vaste pâturage au-dessus de Gryon – plonge ses visiteurs dans la douce nostalgie d'une Suisse gelée au XIXe siècle.
Dans ce mini Ballenberg coupé des tracas du monde moderne, mais aussi de l'électricité, on s'en remet discrètement à quelques génératrices et aux panneaux solaires bien dissimulés pour s'assurer le minimum vital. Le hameau et sa réserve sont classés depuis 1970. Bien sûr, il y a les fameux toits de bardeau – comme dans la chanson l'abbé Bovet – et le panorama pour émouvoir les randonneurs qui viennent depuis l'arrivée de la télécabine des Chaux (2,5 km) ou à flanc de coteau depuis Bretaye (8 km). Mais il y a surtout la cuisine de Sarah de Siebenthal.
La remuante patronne a pris les rênes de l'auberge familiale en 2001, à l'entrée de ce petit cocon montagnard d'une trentaine de chalets. Elle n'a jamais cessé de servir les charbonnades, fondues et desserts que ses parents ont mis à la carte il y a plus de quarante ans. «L'autre jour, une dame était en larmes de retrouver la même assiette de meringues que lors de son dernier passage dans les années 80. À une époque où tout bouge tellement vite, c'est important de préserver certains repères.»
Depuis son adolescence, presque rien n'a changé: les plafonds à poutres basses, les lampes à gaz, la cheminée d'époque où l'on chauffe le charbon pour la charbonnade… Même l'énergie de sa maman résiste au temps. À 78 ans, Marianne voltige toujours de table en table pour servir les clients.
Le chaudron au plafond à poutres basses, difficile de faire plus typique à l'intérieur du refuge. Presque tous les objets ont leur place au Musée de Ballenberg.
CHANTAL DERVEY Dur casting des saisonniers
Depuis quelques années, Sarah peut compter sur le précieux soutien de son compagnon Jean-Rodolphe Henchoz, lui aussi originaire du Pays-d'Enhaut. Le solide gaillard, qui doit se baisser à chaque fois qu'il franchit la porte du refuge pour ne pas se cogner la tête, n'a découvert que très récemment le milieu de la restauration. Quand il ne manie pas les lourds caquelons de fondue préparée par sa conjointe, il vit du dépannage de machines agricoles ou de la location de ses fermes à d'autres agriculteurs.
«Je l'ai embauché il y a trois ans comme jardinier, car il y a sans arrêt des travaux d'entretiens à faire au refuge. Mais il a très vite dépassé sa fonction», sourit Sarah. Le plus éprouvant dans cette reconversion? L'interaction permanente avec la clientèle: «En tant qu'agriculteur, on travaille parfois de longues heures sans dire un mot! Inconcevable dans un restaurant. Après le service, je suis complètement éteint», rigole Jean-Rodolphe. En ce service de midi, il lui reste visiblement une bonne dose d'énergie sociale à revendre.
Le couple nous parle du difficile casting de saisonniers. «On est ici comme sur un navire, il n'y a pas d'échappatoire. Il faut se supporter 7 j/7.» Une réalité trop pénible pour certains. «Il est déjà arrivé que des employés s'éclipsent en pleine nuit», soupire Sarah, forcée de raccourcir la saison cette année, faute de main-d'œuvre. «On avait l'habitude de pousser jusqu'en octobre, mais cette année nous nous arrêterons à la fin du mois d'août.»
Le hameau de Taveyanne est perché à 1650 mètres d'altitude, au cœur d'un vaste pâturage au-dessus de Gryon.
CHANTAL DERVEY Frites trop dangereuses
Sans électricité en cuisine, Sarah carbure au gaz et au bois. À Taveyanne, il faut «faire avec». Depuis que le serpentin du fourneau a lâché il y a deux semaines, par exemple, c'est douche à l'eau froide! Pas de quoi ôter le sourire à Sarah, modèle de résilience. Qu'importent les défis logistiques . Ce qui compte, c'est «faire plaisir aux gens». Salades, fruits et légumes frais sont stockés dans la petite cave. Le seul frigo est utilisé pour conserver quelques kilos de viande. «On nous réclame souvent des frites, mais ce serait beaucoup trop dangereux d'utiliser une friteuse dans une si petite cuisine sans ventilation», explique la patronne. «Ici, si un chalet brûle, c'est tout le village qui part en fumée.»
Comment regretter les frites quand la fondue est aussi onctueuse! La variante à la tomate (28 fr. par personne) est un délice. Pour le dessert, demandez une part de tarte aux abricots de Riddes (10 fr. 60), avec sa pâte fine et beurrée «made in Taveyanne». Sarah est la nouvelle gardienne de cette recette, petit trésor familial. Les jours de pâtisserie, les bonnes odeurs de fruit embaument le refuge dès 7 h du matin. La taille du four ne permet pas de production industrielle; la cuisinière ne peut enfourner que «trois tartes à la fois». Pour ne pas vous retrouver pomme avec le bour, n'hésitez pas à réserver votre part le plus tôt possible! Et d'ailleurs, pensez à prendre du cash. Là-haut, pas de paiement par carte.
Sans le savoir, la patronne cochait déjà presque toutes les cases du label Fait Maison. «On m'a conseillé de rejoindre ce réseau pour gagner en visibilité. Je n'y avais jamais pensé tellement c'est évident pour moi de travailler avec des petits producteurs du coin.» En plaine, de nombreux chefs parlent désormais de carte «évolutive» ou de «slow food» pour vanter les vertus de la saisonnalité. Des termes bien coquets que vous n'entendrez pas sortir de la bouche de Sarah. «Que voulez-vous, je suis nulle en marketing! D'ailleurs, je n'ai plus le droit de toucher à la page Instagram du refuge. C'est ma fille qui s'en occupe.»
À Taveyanne, chassez le pittoresque et il revient au galop. À l'image de ces vaches qui trottinent autour du hameau, heureuses d'offrir leur petite symphonie de cloches aux derniers traînards de la terrasse. «À force, on n'entend même plus cette bande-son, glisse Jean-Rodolphe en débarrassant une table. Mais quand elles partent, ça laisse un gros vide!»
Refuge de Taveyanne, 1882 Gryon. Ouvert de 9 h à 17 h les lundis, mercredis, jeudis et dimanches. Ouvert jusqu'à 23 h les vendredis et samedis (sur réservation au 024 498 19 47). Fermé mardi. Parking dans le hameau. Did you say Taveyanne?
Le refuge de Taveyanne était bien connu des backpackers américains dans les années 1990. Et pour cause: l'auberge figurait dans le guide du célèbre Rick Steves en 1986. L'écrivain californien, grand spécialiste des voyages, avait passé la nuit dans le petit dortoir de cinq places à l'étage, aujourd'hui inexploité. «Il était venu incognito», se rappelle Marianne de Siebenthal en feuilletant le vieux manuel jauni où son auberge est indiquée. «Cela nous a ramené pas mal de jeunes Américains qui faisaient le tour de l'Europe. Ils allaient se baigner à la cascade en contrebas, dans la rivière de la Gryonne.»
Taveyanne est aussi célèbre pour sa traditionnelle Fête de la Mi-été . Elle se déroule ces 2 et 3 août , organisée par la Jeunesse de Gryon. Farandoles, chants et concerts résonneront à travers tout le pâturage. Cette ancienne célébration pastorale doit sa renommée au poète Juste Olivier , qui lui consacra une chanson célèbre en 1869. L'une des dernières occasions de danser le Picoulet en Suisse romande.
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Thibault Nieuwe Weme a rejoint la rubrique vaudoise en octobre 2022. Après un Bachelor en science politique, il a obtenu son Master à l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de l'Université de Neuchâtel. Il est également passé par la rédaction du Temps. Depuis juin 2025, il couvre l'actualité fribourgeoise. Plus d'infos
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time7 hours ago

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Et un peu plus si on le fait lors d'une rénovation. Comme l'eau du réseau ne coûte pas grand-chose dans la plupart des communes, beaucoup de gens se disent que cela n'en vaut pas la peine.» Pour encourager les propriétaires à franchir le pas, des communes offrent des subventions pour l'achat d'un collecteur d'eau de pluie. C'est le cas depuis 2021 de Leytron, en Valais. Avec un succès modeste jusqu'ici, puisque huit ménages en ont bénéficié jusqu'ici. Mais tous sont ravis de leur installation, se félicite Laila Cheseaux Baudat, la présidente de la commune. Elle prévoit donc de relancer l'appel fait à ses administrés. «Notre eau provient de sources, souligne-t-elle. Chaque année, nous devons prendre des mesures de restriction de la consommation, à cause de la turbidité de l'eau due aux orages. 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Deux filtres à nettoyer L'entretien nécessaire? Minimal, à en croire ce propriétaire convaincu. Dans le jardin, il suffit de soulever deux plaques circulaires pour accéder aux deux filtres du réservoir et les nettoyer. «Je le fais de temps en temps», dit le Neuchâtelois. L'un de ces filtres, en forme de panier, permet de recueillir les feuilles mortes et autres déchets qui arrivent dans la citerne avec l'écoulement des eaux de la toiture, puis sortent avec le trop-plein protégeant le puits perdu. Michel Vesco les jette dans le bac à compost, à quelques mètres de là, et le tour est joué. Zéro additif, pas le moindre produit adoucissant. Une fois filtrées, les eaux pluviales sont directement distribuées, via une pompe alimentée à l'électricité, dans toute la maison. Dans le local technique, à côté du boiler d'eau sanitaire, un boîtier fixé au mur permet de contrôler le niveau de remplissage de la cuve enterrée et le bon fonctionnement du système. Dans le local technique de la maison, ce dispositif permet de contrôler le niveau de remplissage de la citerne et le fonctionnement de la pompe qui assure la distribution de l'eau. «Non potable», précise l'étiquette verte en haut de l'image. Yvain Genevay / Tamedia À l'aide d'une vanne, on peut aussi actionner manuellement le passage à l'eau du réseau en cas de souci technique. «Ça n'arrive presque jamais, assure Michel Vesco. L'eau de pluie a parfois juste une odeur de fleur.» Quand la citerne est vide, il profite d'y descendre au moyen d'une échelle pour aspirer les particules fines, le sable et les pollens, puis nettoyer les parois et le dôme. Christian von Gunten renchérit en parlant d'un risque de panne très faible. «Je dois parfois aller remplacer une pièce chez un client, ou régler un petit bug électronique.» De retour dans la cuisine, Michel Vesco nous montre de petites traces de calcaire sous le robinet d'eau potable. «C'est le seul endroit où vous en verrez», sourit-il. Au loin, les eaux bleues du lac de Neuchâtel scintillent sous le soleil. Pas de pluie à l'horizon, mais au sous-sol, la jauge de la citerne indique 59%. De quoi être tranquille, quoi qu'il arrive, durant plusieurs semaines. Consommation globale en recul En Suisse, environ 80% de l'eau potable provient des eaux souterraines, dont près de la moitié sont des eaux de sources, relève l'Office fédéral de la statistique (OFS). Le reste est prélevé dans les lacs et les rivières. La consommation d'eau potable a reculé de 20% depuis 1990: elle s'élevait à 925 millions de mètres cubes en 2023, soit 282 litres par jour et par habitant. En 1990, avec une population plus faible qu'aujourd'hui, cette moyenne se situait à 468 litres par habitant et par jour. Ces chiffres concernent la consommation d'eau des ménages et du petit artisanat (55,4%), mais aussi de l'industrie et de l'artisanat (25,7%), des services publics, des fontaines, ainsi que les pertes liées à l'état du réseau public. En revanche, précise l'OFS, ils ne comprennent pas l'eau des captages effectués directement par l'artisanat, l'industrie et l'agriculture. Environnement et consommation d'eau Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Patrick Monay est rédacteur en chef du Matin Dimanche et membre de la rédaction en chef romande de Tamedia. Il a dirigé la rubrique Suisse de 2018 à 2023, après avoir couvert l'actualité des cantons romands dès 2012. Plus d'infos @PatrickMonay Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Benjamin Roduit: «L'eau est un bien essentiel, la Confédération doit donner le ton»
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Récupération des eaux de pluie – «L'eau est un bien essentiel, la Confédération doit donner le ton» Benjamin Roduit (Le Centre/VS) demande au Conseil fédéral de soutenir les particuliers et les communes qui veulent installer des systèmes de collecte. Patrick Monay Benjamin Roduit, conseiller national (Le Centre/VS): «Il n'est plus admissible d'utiliser de l'eau potable pour arroser son jardin et les cultures.» OLIVIER MAIRE Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Les coûts élevés découragent les privés d'installer des systèmes de récupération d'eau pluviale. Une motion demande l'intervention du Conseil fédéral pour soutenir ces installations écologiques. Les subventions pourraient intégrer le Programme Bâtiments menacé par l'austérité. La gestion de l'eau concerne aussi la Confédération, au-delà des communes. «Le Conseil fédéral est chargé de prendre des mesures pour inciter les privés et les communes à installer des équipements permettant la récupération d'eaux pluviales.» La requête exprimée par Benjamin Roduit dans la motion qu'il a déposée fin juin à Berne est simple et directe. Six conseillers nationaux de gauche ont cosigné le texte du centriste valaisan. Interview. C'est votre deuxième tentative visant à encourager la récupération des eaux de pluie, après une première motion avortée en 2022. Pourquoi revenir à la charge? Ma première motion a été classée, car elle n'a pas pu être traitée au parlement dans le délai des deux ans. Comme elle avait suscité de l'intérêt auprès d'élus issus de plusieurs partis, je veux remettre l'ouvrage sur le métier. Dans l'intervalle, les problèmes de sécheresse et d'approvisionnement en eau se sont accentués. Qu'est-ce qui vous amène à aborder ce thème? Il n'est plus admissible d'utiliser de l'eau potable pour arroser son jardin et les cultures. Certains étés, des communes doivent restreindre l'usage de l'eau potable alors que d'autres, parfois voisines, la gaspillent. Avez-vous des connaissances qui se sont lancées dans un projet de collecte de l'eau de pluie ou qui y ont renoncé à cause des coûts importants que cela implique? Oui, souvent des privés. Ce qui coûte cher, c'est l'installation et les travaux civils dus à la nécessité, bien souvent, d'enterrer le réservoir. Un père de famille me disait récemment y avoir renoncé lors de la rénovation de son habitation en raison de l'investissement estimé bien au-delà de 10'000 francs. Et vous, avez-vous installé un tel système à votre domicile? Non, mais malgré le coût dissuasif, j'envisage de le faire lors de prochains travaux. La Confédération est en train de réduire ses subsides, notamment ceux du Programme Bâtiments, dans le cadre de son plan d'austérité. Qu'est-ce qui pourrait la pousser à encourager financièrement la récupération des eaux de pluie? La réduction, voire la suppression du Programme Bâtiments est un non-sens et sera vivement combattue au parlement cet automne. De plus, il serait intelligent d'y intégrer des mesures et des aides pour inciter les collectivités et les privés à récupérer leurs eaux pluviales. Quelles pourraient être ces mesures de soutien, selon vous? Cela peut prendre la forme d'un soutien à l'innovation pour conseiller les meilleurs systèmes à des prix accessibles, de subventions attribuées sur des critères très précis et limitées dans le temps ou encore d'une défiscalisation de l'investissement consenti. Le soutien n'est-il pas plutôt l'affaire des cantons ou des communes, comme l'ont fait Leytron, en Valais, ou Lausanne? Il est clair que les communes sont en première ligne, ainsi que les cantons, dans la gestion de l'eau. C'est cependant le rôle de la Confédération de donner le ton lorsqu'il s'agit d'assurer l'approvisionnement de biens essentiels partout dans le pays. Et l'eau, qu'il s'agit ici de récupérer, en fait partie. Cet article vous a plu? Découvrez davantage de contenus dans l'édition actuelle de l'e-paper «Le Matin Dimanche» et dans nos archives. Chaque dimanche matin, retrouvez également votre journal en caissettes près de chez vous. Vous pouvez aussi vous inscrire à notre newsletter. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Se connecter Patrick Monay est rédacteur en chef du Matin Dimanche et membre de la rédaction en chef romande de Tamedia. Il a dirigé la rubrique Suisse de 2018 à 2023, après avoir couvert l'actualité des cantons romands dès 2012. Plus d'infos @PatrickMonay Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Les merveilles de l'abbaye, une tradition joyeuse qui se perpétue sur le genou
Les merveilles de l'abbaye, une tradition joyeuse qui se perpétue sur le genou

24 Heures

time8 hours ago

  • 24 Heures

Les merveilles de l'abbaye, une tradition joyeuse qui se perpétue sur le genou

Tous les trois ans, Pierrette ressort le vieux cassoton à merveilles à la veille de l'abbaye de Suchy, comme sa maman Yvonne avant elle. Sur deux jours, ces délices frites et sucrées se façonnent en famille. Publié aujourd'hui à 11h44 Pierrette (à dr.) au sucre et Sylvaine au cassoton finalisent les merveilles de la famille Collet. Florian Cella / Tamedia Jusque-là, l'autrice de ces lignes avait toujours engouffré les merveilles de sa grand-maman Yvonne sans trop penser à leur fabrication. Leur goût sucré et gras était associé à des fleurs en papier crépon pendues à des sapins poussés soudainement dans les rues du village de Suchy, à une grande tente sous laquelle elle allait apprendre à danser la valse avec son père Jacques, à un cortège étonnant où les jeunes filles en robes blanches tenaient le bras de types un brin moins frais, mais qualifiés de «rois». Les merveilles de l'abbaye de Suchy Pourtant, depuis «toujours», ces délices frites et sucrées se façonnent en famille tous les trois ans à la veille de l' abbaye de tir de Suchy. C'était la première fois qu'on s'y collait (sans mauvais jeu de mots). Et cette année, quatre générations de Collet se pressaient dans la cuisine du Pontet, autour de Pierrette, doyenne de famille assignée au rouleau à pâte et à la direction des opérations. Pierrette tient le vieux calepin dans lequel sa maman Yvonne a collé la recette attribuée à sa belle-sœur Marguerite. Florian Cella / Tamedia La veille, une partie de l'équipe avait préparé la pâte à base d'œufs (22!), de sucre, de farine, de crème, d'un «morceau de beurre», de kirsch et… d'huile de coude. «Il faut taper la pâte cent fois pour qu'elle fasse des bulles, explique Sylvaine, fille de Pierrette. C'est physique!» Cette recette, recopiée à la main par grand-maman Yvonne, est sans doute celle de sa belle-sœur Marguerite. «Parce que les Pittet ont la même, avec le kirsch», conjecture Sylvaine. Quand la tradition était vive, chaque famille du village y allait de sa petite spécialité. Et il semblerait qu'on se mesurait les merveilles. «Surtout les hommes», glisse une observatrice avisée. La pâte est départagée en boudins puis coupée en petites portions qu'on étale d'abord au rouleau, puis sur le genou. Florian Cella / Tamedia Ces gourmandises faisaient partie des victuailles qu'on offrait au cortège le lundi, lorsqu'il passait par les quartiers. «Avant, on disposait tout ça sur des chars, aujourd'hui on sort tout ce qui permet d'y déposer des napperons», témoigne Nathalie, sœur de Sylvaine. Comme les chars, la société de chant et les airs qu'on entonnait à cette occasion ont disparu. Une tradition encore vive Mais l'abbaye reste vivante à Suchy. Pendant que nous nous activons aux merveilles, les hommes du village pendent les bannières et les oriflammes aux couleurs de la commune et du canton aux réverbères et préparent la cantine. «Et les jeunes sont partis aux sapins, avec leurs glacières remplies de chasselas!» sourit Nathalie. La jeunesse y accrochera les fleurs (désormais en PET sprayé) dès que les arbres seront fixés aux clôtures des jardins. Pierrette au rouleau à pâte, Nathalie (à g.), Sylvaine et Cécile au «genou». Et tout le monde à la discussion. Florian Cella / Tamedia Tout cela est raconté durant la matinée de fabrication des merveilles, bien nommées «chiacchiere», bavardage, en Italie, où on les prépare pour le carnaval. «C'est vrai que ce sont des moments suspendus, où on cause en famille», dit Sylvaine. «Et puis, on conserve les traditions», se réjouit Nathalie. «Avant, on en faisait aussi pour les mariages, plus aujourd'hui», rapporte Pierrette. Mère et filles sont le noyau dur de cette entreprise éphémère. Mais l'équipe s'est enrichie de Walti, mari de Pierrette, Caroline, leur cadette, mais aussi Estelle, fille de Sylvaine, et son bébé Colyn. Sans oublier l'équipe du reportage au complet, Cécile, nièce de Pierrette, et Florian, le photographe, ne résistant pas à enfiler un tablier pour tester la célèbre technique du genou. La tactique du genou La tac tac tactique du genou. Florian Cella / Tamedia C'est un coup de main à prendre. Car le but est d'obtenir le disque le plus fin possible, en étalant petit à petit la pâte sur l'arrondi du genou, sans la déchirer. «C'est assez merveilleux que des paysans, avec leurs grosses mains, puissent faire des choses aussi délicates que ça», poétise Walti, alors qu'on s'interroge sur l'origine du nom. «Moi je pense surtout que c'est parce que c'est merveilleusement bon!» avance Estelle. «Mais non, c'est fait avec amour par des gens merveilleux», conclut Nathalie. Le Dictionnaire Suisse romand ne sera pas plus précis. On y apprend que la première mention de merveilles en France date de 1607, alors qu'en Suisse romande il faut attendre 1761 et «La nouvelle Héloïse» de Jean-Jacques Rousseau: «Merveilles, pâtisserie genevoise, rubans de pâte cuits dans le beurre.» «Faire des merveilles» Après leur façonnage, les fragiles galettes – on doit pouvoir lire à travers – sont mises à sécher sur toutes les surfaces planes disponibles, recouvertes de vieux draps: lit, commode, et même les tables de l'institut esthétique de Nathalie se parent de taches jaunes évoquant les montres molles de Dalì. Toutes les surfaces planes de la maison servent de support pour sécher les merveilles avant de les frire. Florian Cella / Tamedia Le bavardage se poursuit durant le repas de midi, qui donne le temps aux merveilles de durcir un peu. Puis on reprend, à la chaîne: l'une va chercher les merveilles, leur donne trois coups de roulette à pâtisserie; la deuxième plonge la galette dans le cassoton où frémit de la graisse de coco puis la dépose sur une grille, où la troisième la saupoudre d'un mélange sucre-cannelle. Un grand panier tapissé de papier absorbant recueille le produit fini. Lorsqu'on croque enfin, tous les souvenirs se bousculent à nouveau. On a vraiment fait des merveilles. La merveille fait des bulles lorsqu'elle est immergée dans la graisse de coco. Florian Cella / Tamedia Voici donc la recette des Collet-Pittet de Suchy, pour environ 150 merveilles. Attention, la pâte se prépare la veille. 22 œufs 2650 g de farine 375 g de sucre 8 dl de crème 1 morceau de beurre 1 petite poignée de sel 1 verre de kirsch un peu de sucre et une pincée de cannelle pour le finissage À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Mélanger le sucre, les œufs et le sel. Mixer pour faire mousser. Ajouter petit à petit la farine puis la crème et enfin le kirsch. Malaxer jusqu'à l'obtention d'une pâte. Taper la pâte 100 fois, en la jetant fort au fond d'une bassine. Laisser reposer une nuit recouvert d'un linge. Sur une planche farinée, rouler des morceaux de pâte en boudins. Découper des petits morceaux, les étaler un peu au rouleau. Puis former les merveilles sur le genou, en les étalant jusqu'à ce qu'elles deviennent translucides. Déposer les merveilles sur une grande surface plane (un lit, un grand meuble…) et laisser sécher une ou deux heures. Faire fondre de la graisse de coco dans une grande poêle. Frire les merveilles l'une après l'autre, après les avoir entaillées avec une roulette (pour favoriser la découpe pour les manger). Déposer sur une grille le temps de saupoudrer de sucre à la cannelle. Déposer dans une corbeille recouverte de papier absorbant. D'autres recettes familiales Newsletter «Gastronomie & Terroirs» «24 heures» suit depuis toujours l'actualité gastronomique et culinaire. Recevez, chaque vendredi, une sélection d'articles sur la restauration, la cuisine, les produits du terroir et le vin. Autres newsletters Cécile Collet est journaliste à la rubrique vaudoise depuis 2010, et au pôle Vibrations des journaux de Tamedia depuis janvier 2025. Diplômée en sommellerie et régulièrement membre de jurys de concours, elle couvre en particulier l'actualité viticole et gastronomique. Plus d'infos @CcileCol Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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