
Éditorial: On crie au chien, nom d'un loup!
Une étude choc menée en Australie montre que les chiens provoquent des dégâts considérables dans la nature. Mais le sujet reste tabou, contrairement à celui des impacts des loups. Éditorial Publié aujourd'hui à 08h25
En bref:
Notre monde se divise en deux. Il y a les chouchous et les souffre-douleurs. Autrement dit, les chiens et les loups. Au chien, tout est pardonné. Il peut mordre des enfants et envoyer 13'000 personnes chez le médecin chaque année en Suisse. Ce n'est pas grave. Les chiens sont gentils, ils ne grondent que de méchants humains. C'est ce qu'on vous répond au tea-room, quand un yorkshire vous aboie dessus, et que vous avez l'audace de dire à sa maîtresse que son petit compagnon est mal socialisé.
Même quand on se trouve face à un cas clairement problématique, certains propriétaires défendront leur cabot envers et contre tout. Cette année, par exemple, il a fallu un jugement du Tribunal cantonal vaudois pour pouvoir anesthésier un molosse qui avait attaqué un voisin dans la cage d'escalier, croqué le bras d'un père de famille qui se promenait avec sa fille de 7 mois, et mordu la main d'un adolescent de 14 ans en plein jogging.
Quand tout ou presque est permis aux toutous, rien n'est pardonné aux loups. Les mesures pour cadrer le prédateur vont crescendo. On parle désormais d'armer les paysans et les bergers qui surveillent des troupeaux, et certains élus demandent à pouvoir tirer les loups problématiques toute l'année.
Entre chien et loup, cette nouvelle déclinaison du célèbre «deux poids, deux mesures» interpelle forcément quelque part. Comment justifier un tel silence sur les chiens qui dérapent, quand on n'arrête pas de crier au loup? Une vie de chien?
Le premier élément de réponse, c'est que le chien a changé de statut. De vieilles expressions populaires comme «une vie de chien», «un air de chien battu» ou encore «traiter quelqu'un comme un chien» n'ont plus aucun sens aujourd'hui.
Il n'y a plus de niche devant les maisons, parce que Milou est devenu un membre de la famille. Celui qui reste un prédateur mange avec nous et dort parfois sur nos lits et nos divans. Il s'est souvent imposé comme le mâle alpha de la maisonnée, et c'est lui qui promène son maître quand il va faire pipi. Totem d'immunité
En prenant du galon, le chien a acquis un totem d'immunité. Ses comportements dysfonctionnels sont minimisés. Très peu de chercheurs vérifient qui, des chiens ou des loups, dérange le plus la faune sauvage comme domestique. Et les études sur les chiens mordeurs sont exceptionnelles. En Suisse, par exemple, la référence est une thèse qui date de 2001!
L'autre élément à prendre en compte, c'est que nous ne comprenons plus rien aux chiens. «Nous perdons le contact avec eux», assure le biologiste et spécialiste des grands canidés Jean-Marc Landry. Problème urbain
C'est une piste à étudier sérieusement. Notamment en ville, où notre rapport aux chiens s'inscrit dans une problématique plus large: les urbains comprennent de moins en moins bien la nature. Il faut acter cette déconnexion et travailler dessus.
Il y a quelques années, la Suisse avait fait un pas dans la bonne direction en introduisant des cours obligatoires pour tout nouveau propriétaire de chien. Cette mesure a, hélas, été largement détricotée depuis.
Rappelons-le pour tuer toute polémique, les chiens ont de très nombreux atouts. Mais ça n'excuse pas tous leurs dérapages. Surtout ceux provoqués par les comportements laxistes ou mal informés de leurs maîtres. Un sujet que l'on doit pouvoir aborder sans tabou, nom d'un chien.
À lire aussi
Jocelyn Rochat a travaillé pour le Nouveau Quotidien, le Journal de Genève, L'Hebdo et Télétop Matin. Il écrit désormais dans Le Matin Dimanche, la Tribune de Genève et 24 Heures. Plus d'infos
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Santé: Les Genevois ont bu trop d'alcool durant la canicule
Les secours ont dû intervenir chaque jour pour éviter des noyades dues à l'alcoolisation. Une personne est décédée. Du jamais-vu selon le 144. Publié aujourd'hui à 14h08 Durant la vague de chaleur qui vient de se terminer, les secours ont été sollicités chaque jour pour éviter au moins une noyade due à une suralcoolisation. TDG La vague de forte chaleur passée, un premier constat s'impose: la surconsommation d'alcool a fortement perturbé les services de santé à Genève. «Si les personnes vulnérables ont plutôt bien traversé la canicule, le 144 et les Urgences ont dû faire face à un nombre élevé de malaises graves provoqués par l'alcool, surtout chez les 30-35 ans. C'est même ce qui les a occupés le plus, avec une ou deux interventions par jour pour éviter une noyade due à l'alcoolisation», alerte Alessandro Cassini, médecin cantonal genevois. Médecin responsable du 144, Robert Larribau confirme «une recrudescence inquiétante des interventions pour alcoolisation aiguë depuis une semaine. Cela a commencé très sérieusement le 24 juin. En une semaine, du mercredi 25 juin au mercredi 2 juillet, nous avons eu 68 évaluations de patients dont le motif principal était «intoxication éthylique» et 45 interventions ambulancières uniquement pour ce motif.» C'est la première fois, relève le médecin, que l'alcool apparaît «dans le top 5 des motifs les plus fréquents des interventions, parmi la centaine de motifs que peuvent choisir les ambulanciers sur le terrain. C'est clairement du jamais-vu.» Et de préciser que sur ces 45 interventions, 13 urgences ont été qualifiées de graves par les ambulanciers. Ce nombre ne serait en outre que la pointe de l'iceberg; le secouriste estime qu'il a dû y avoir environ 200 situations dues à l'alcoolisation. Risque de déshydratation Le contexte l'explique, reprend le médecin cantonal. «Il fait beau et chaud, on se réunit et on ouvre une bouteille. Cela se veut festif, mais les gens ne comprennent pas que les effets de l'alcool sont doublés, voire triplés, lorsqu'il fait très chaud.» Lorsque le mercure grimpe, le corps lutte déjà pour maintenir sa température stable. L'alcool vient tout compliquer: il accentue la déshydratation, fait chuter la tension, augmente les risques d'évanouissement ou de coup de chaleur, tout en dissimulant les signes de malaise. Ce cocktail détonant a donc provoqué des drames. Avis pour la prochaine vague de chaleur: celles et ceux qui continueront malgré tout de boire durant les prochaines soirées d'été sont invités à mesurer leur consommation d'alcool. Ne pas oublier de manger. Et bien sûr, boire de l'eau (au moins un verre d'eau entre chaque verre d'alcool). Ne pas surcharger les Urgences L'autre message que le médecin cantonal souhaite transmettre s'adresse à la population dans son ensemble. «Beaucoup de médecins partent en vacances quand de nombreux Genevois restent ici. Chaque été, la fréquentation des Urgences augmente, alors qu'un tiers des cas pourraient être pris en charge dans un cabinet médical ou dans un autre centre de soins.» Comment ne pas surcharger l'Hôpital? Avant même de consulter, il peut être utile de demander conseil à un pharmacien ou de recourir à l'application Infomed, qui aide à évaluer ses symptômes et à savoir si une consultation aux Urgences est nécessaire. Si l'on pense avoir besoin d'un médecin et que le sien est parti, que faire? L 'Association des médecins (AMGe) invite ses membres à indiquer leurs horaires d'ouverture et la marche à suivre en leur absence. «Par ailleurs, l'application de l'AMGe s'améliore, souligne Alessandro Cassini. En renseignant votre zone d'habitation et la date souhaitée pour un rendez-vous, vous trouvez les cabinets médicaux disponibles alentour. Il existe aussi le site OneDoc qui permet de prendre rendez-vous en ligne en indiquant les places disponibles chez les médecins en temps réel.» Si c'est son enfant qui a besoin de soins? Prendre rendez-vous en ligne pour son enfant est possible via la Société genevoise de pédiatrie, qui assure un service de garde dans trois centres du canton (La Tour, garde pédiatrique du Petit-Lancy, centre médical des Eaux-Vives) de 18 h à 22 h en semaine et de 8 h à 22 h les week-ends et les jours fériés. On peut la joindre également par téléphone: 0844 022 022. Les personnes âgées, elles, peuvent recourir à l'IMAD , joignable en tout temps au 022 420 20 20. Un flyer résume toutes ces informations. Ne pas minimiser les effets de l'alcool Newsletter «La semaine genevoise» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton de Genève, chaque semaine dans votre boîte mail. Autres newsletters Sophie Davaris est rédactrice en chef de la Tribune de Genève. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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Pourquoi le meilleur ami de l'homme est aussi l'un des pires ennemis de la nature
On connaissait le bilan écologique désastreux des chats. On découvre celui des chiens, tout aussi problématique. Publié aujourd'hui à 08h21 Après les bovins dangereux pour la couche d'ozone, une étude met en avant l'impact environnemental des chiens. Getty Images/iStockphoto En bref: «L'impact environnemental des chiens est bien plus important, plus insidieux et plus préoccupant qu'on ne le reconnaît généralement.» Ce constat est de Bill Bateman, professeur à l'Université Curtin, en Australie. Le biologiste a publié récemment une étude sur ce sujet, très rarement étudié, dans la revue «Pacific Conservation Biology». Sa conclusion, c'est que le meilleur ami de l'homme est aussi l'un des pires ennemis de la nature. Contrairement aux chats, dont l'impact considérable a été dénoncé dans de nombreuses études, le bilan écologique des chiens passe largement sous les radars. «C'est encore un sujet très tabou», confirme le biologiste suisse et spécialiste des grands canidés Jean-Marc Landry (lire ci-dessous) . Et pourtant, les effets des chiens sur l'environnement sont «étendus et multiples», assure l'étude australienne, qui a identifié trois grandes catégories de dommages. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Ils attaquent les autres animaux Les chiens sont d'abord responsables de la mortalité d'une importante faune sauvage. Logiquement, cette étude australienne a privilégié des exemples locaux. Elle rapporte que des chiens domestiques sont responsables de l'effondrement d'une colonie de manchots en Tasmanie. Plus largement, les attaques de chiens sont la deuxième cause d'admission à l'hôpital pour animaux sauvages du zoo d'Australie, après les accidents de voiture. On l'imagine, ce genre de cas ne se limitent pas à l'Australie. La base de données mondiale sur les espèces envahissantes (dont le chien et le chat font partie, avec le frelon asiatique et le moustique tigre) indique en effet que les chiens domestiques menacent actuellement près de 200 espèces figurant sur les listes rouges. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) précise que les populations de chiens domestiques et sauvages ont déjà contribué à l'extinction d'une douzaine d'espèces d'oiseaux et d'animaux sauvages. Les chiens sont ainsi devenus le troisième prédateur le plus dangereux introduit par l'homme, après les chats et les rats. L'étude australienne évoque encore les dégâts causés par les chiens sur les oiseaux nicheurs, dont ils perturbent les couvées. La Suisse, évidemment, n'échappe pas à ce problème, comme le savent les cygnes et les canards qui tentent d'élever une famille au bord de nos lacs. Mais ici, l'impact des chiens sur la faune est volontiers considéré comme anecdotique. À tort, puisque Jean-Marc Landry, spécialiste des loups et des chiens de protection des troupeaux, a de nombreux exemples à donner. «Une des rares études menées sur le sujet, dans le Luberon, non loin d'Avignon, a montré que les chiens domestiques font également beaucoup de dégâts sur le bétail.» Le problème se pose à l'identique dans les Alpes. «Ici, des chiens mangent des marmottes, dérangent les couvées de tétras-lyres et coursent les chevreuils, mais on ne parle que des dégâts causés par le loup. Or, dans les zones où le loup n'est pas encore arrivé, les éleveurs se plaignent surtout des dégâts causés par les chiens qui attaquent le bétail.» Les problèmes causés par les chiens domestiques sont un peu mieux connus en hiver. Il y a parfois des avertissements le long des pistes, et certains cantons suisses ont pris des mesures pour s'assurer que les chiens ne poursuivent pas le gibier durant la saison froide. Quand c'est le cas, les chevreuils meurent souvent d'épuisement quelques jours plus tard. Pourtant, l'ampleur de ce problème reste difficile à cerner, «parce que l'arrivée du loup change la donne et que tout le monde manipule les chiffres, précise Jean-Marc Landry. Les proloups assurent que les chiens font plus de dégâts que leur cousin sauvage, et les antiloups préfèrent charger le grand prédateur.» Finalement, l'impact le mieux documenté est encore celui des morsures de chiens sur les humains. Dans une étude de 2010, la Suva avait estimé que près de 10'000 personnes doivent consulter chaque année après une morsure de chien en Suisse (soit 26 cas par jour), ce qui coûte 3,3 millions par année aux assureurs. Là encore, on peut parler d'un problème plus important qu'on l'imaginait. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Ce sont de gros pollueurs chimiques «En plus de leur comportement de prédateurs, les chiens laissent des odeurs, de l'urine et des excréments qui peuvent perturber le comportement de la faune sauvage longtemps après leur départ», précise Bill Bateman. Le chercheur australien s'est aussi intéressé aux effets des insecticides antipuces et antitiques et des produits qui servent à vermifuger ces animaux quand ils sont rejetés dans l'environnement. «Les déjections contribuent à la pollution des cours d'eau et inhibent la croissance des plantes comme des insectes. Et puis, les résidus de traitements chimiques utilisés pour nettoyer et protéger les chiens des parasites finissent souvent dans les environnements aquatiques», précise le chercheur australien. Là aussi, le problème est plus important qu'on l'imagine. Selon une étude pionnière de 2020, menée à l'Université de Berlin, «un chien moyen produit environ 0,2 kilo de matière fécale et 0,4 litre d'urine par jour. Sur une vie de treize ans, cela représente au final 1 tonne de matières fécales et 2000 litres d'urine.» Cette étude allemande évoque encore les effets de l'urine sur la flore urbaine, «parce qu'elle rend les arbres plus vulnérables aux maladies. Ce phénomène est souvent visible dans les grandes villes, où la densité de population et d'animaux de compagnie est élevée et où les espaces [verts] sont limités», note Kim Maya Yavor, la chercheuse qui a piloté cette recherche. Selon l'étude australienne, les répercussions sur l'environnement des produits antitiques et antipuces comme des médicaments dans les crottes de chien sont bien réelles. Quand un animal entre dans l'eau pour se rafraîchir, il y dépose notamment du fipronil, un insecticide qui se révèle aussi efficace dans la nature que sur le chien, même à faible concentration. Une étude récente a notamment mesuré ses conséquences sur les mésanges bleues qui ont mangé des insectes contaminés par ces substances. À ce stade, il n'y a pas eu de recherches similaires en Suisse, précise la spécialiste Nathalie Chèvre. «À ma connaissance, c'est la première étude sur le sujet.» L'écotoxicologue n'est toutefois pas surprise par ces résultats. Elle a aussi alerté sur son blog sur les dangers potentiels de la perméthrine et du fipronil. Ce dernier «est également utilisé dans l'agriculture, et a été mis en cause dans la disparition des abeilles, à côté des néonicotinoïdes». Elle conseille la prudence avec ces pesticides dans une maison où cohabitent un chien ou un chat et de jeunes enfants. Les croquettes polluent autant que les jets privés Le dernier impact des chiens sur l'environnement est lié à leur nourriture. Le bilan carbone de la production de croquettes serait équivalent à celui du Royaume-Uni. Patrick Hansen, PDG de Luxaviation, une entreprise d'aviation de luxe, en a profité pour affirmer dans le «Financial Times» que les animaux de compagnie polluent autant que les jets privés . Il s'appuie sur les chiffres du spécialiste Mike Berners-Lee, qui a calculé qu'un labrador a une empreinte carbone d'environ 770 kg de CO 2 par année, et que celle d'un dogue allemand peut aller jusqu'à 2500 kg. Sachant qu'un client de Luxaviation produit environ 2,1 tonnes de CO 2 par année, Patrick Hansen a estimé qu'un humain qui embarque dans l'un de ses avions a le même bilan carbone que trois chiens. Dans le même registre, mais en moins provocant, un professeur de géographie de l'Université de Californie a constaté que les chiens et les chats étaient responsables de 30% de l'impact environnemental lié à la consommation de viande aux États-Unis. De fait, le bilan écologique problématique de la nourriture pour chien et chat n'est pas un secret, puisque des start-up naissent pour proposer de la nourriture avec un meilleur bilan carbone. C'est le cas chez Crokeo, à Lausanne, où le directeur des opérations, Pierre Bigel, n'est pas choqué par les révélations venues d'Australie. «Au contraire, ce type d'étude est précieux. Il met en lumière les enjeux liés à l'alimentation animale et soutient indirectement notre démarche, qui vise à proposer une alimentation plus saine, plus locale et avec une traçabilité des ingrédients.» Lui aussi souligne l'importance de ce marché. «En Suisse, près de 43% des ménages possèdent un animal de compagnie, principalement des chiens. Cela représente environ 55'000 tonnes de nourriture vendue chaque année. La majorité est conditionnée dans des sacs en plastique non recyclables, et certaines méthodes de production posent question.» Le problème, c'est que cette nourriture pour chien plus saine, plus locale et plus respectueuse de l'environnement coûte aussi beaucoup plus cher que celle qui est proposée dans les supermarchés (compter entre 100 et 200 francs par mois pour un petit ou moyen chien et entre 300 et 500 francs pour un grand animal, si vous n'achetez que cela). La firme, qui est spécialisée dans le haut de gamme, est consciente du problème. «C'est pourquoi nous venons notamment de lancer un abonnement mix, qui combine des croquettes locales et saines avec notre nourriture fraîche cuisinée localement, un format plus abordable», précise Pierre Bigel. Les immenses bienfaits des chiens Au terme de son étude, Bill Bateman n'a pas oublié de rappeler «les immenses bienfaits» des chiens, notamment sur la santé mentale et physique de leurs maîtres. «Ils sont importants pour nous, non seulement comme chiens de travail, mais comme compagnons.» Le problème, c'est la combinaison de leur nombre, en augmentation depuis le Covid, et des «comportements laxistes ou mal informés de leurs maîtres, ce qui entraîne des problèmes environnementaux que nous ne pouvons plus ignorer». L'étude rappelle que nous pouvons grandement améliorer l'impact de nos compagnons sur la nature. Un premier moyen très efficace, c'est de les tenir en laisse dans les zones où des restrictions s'appliquent et de maintenir une zone tampon avec la faune sauvage quand on se promène dans la nature, en gardant les chiens sous contrôle. Il est aussi possible d'acheter de la nourriture durable. Enfin, il y a un geste de base, totalement gratuit et très efficace. «Si vous ne faites rien d'autre, recommande Bill Bateman, n'oubliez pas de ramasser les crottes de votre animal.» Leurs répercussions sont plus importantes, plus insidieuses et plus préoccupantes qu'on l'imagine. À lire aussi sur les chiens Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Jocelyn Rochat a travaillé pour le Nouveau Quotidien, le Journal de Genève, L'Hebdo et Télétop Matin. Il écrit désormais dans Le Matin Dimanche, la Tribune de Genève et 24 Heures. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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Accueil | Opinion | Éditorial | Opinion Une étude choc menée en Australie montre que les chiens provoquent des dégâts considérables dans la nature. Mais le sujet reste tabou, contrairement à celui des impacts des loups. Éditorial Publié aujourd'hui à 08h25 En bref: Notre monde se divise en deux. Il y a les chouchous et les souffre-douleurs. Autrement dit, les chiens et les loups. Au chien, tout est pardonné. Il peut mordre des enfants et envoyer 13'000 personnes chez le médecin chaque année en Suisse. Ce n'est pas grave. Les chiens sont gentils, ils ne grondent que de méchants humains. C'est ce qu'on vous répond au tea-room, quand un yorkshire vous aboie dessus, et que vous avez l'audace de dire à sa maîtresse que son petit compagnon est mal socialisé. Même quand on se trouve face à un cas clairement problématique, certains propriétaires défendront leur cabot envers et contre tout. Cette année, par exemple, il a fallu un jugement du Tribunal cantonal vaudois pour pouvoir anesthésier un molosse qui avait attaqué un voisin dans la cage d'escalier, croqué le bras d'un père de famille qui se promenait avec sa fille de 7 mois, et mordu la main d'un adolescent de 14 ans en plein jogging. Quand tout ou presque est permis aux toutous, rien n'est pardonné aux loups. Les mesures pour cadrer le prédateur vont crescendo. On parle désormais d'armer les paysans et les bergers qui surveillent des troupeaux, et certains élus demandent à pouvoir tirer les loups problématiques toute l'année. Entre chien et loup, cette nouvelle déclinaison du célèbre «deux poids, deux mesures» interpelle forcément quelque part. Comment justifier un tel silence sur les chiens qui dérapent, quand on n'arrête pas de crier au loup? Une vie de chien? Le premier élément de réponse, c'est que le chien a changé de statut. De vieilles expressions populaires comme «une vie de chien», «un air de chien battu» ou encore «traiter quelqu'un comme un chien» n'ont plus aucun sens aujourd'hui. Il n'y a plus de niche devant les maisons, parce que Milou est devenu un membre de la famille. Celui qui reste un prédateur mange avec nous et dort parfois sur nos lits et nos divans. Il s'est souvent imposé comme le mâle alpha de la maisonnée, et c'est lui qui promène son maître quand il va faire pipi. Totem d'immunité En prenant du galon, le chien a acquis un totem d'immunité. Ses comportements dysfonctionnels sont minimisés. Très peu de chercheurs vérifient qui, des chiens ou des loups, dérange le plus la faune sauvage comme domestique. Et les études sur les chiens mordeurs sont exceptionnelles. En Suisse, par exemple, la référence est une thèse qui date de 2001! L'autre élément à prendre en compte, c'est que nous ne comprenons plus rien aux chiens. «Nous perdons le contact avec eux», assure le biologiste et spécialiste des grands canidés Jean-Marc Landry. Problème urbain C'est une piste à étudier sérieusement. Notamment en ville, où notre rapport aux chiens s'inscrit dans une problématique plus large: les urbains comprennent de moins en moins bien la nature. Il faut acter cette déconnexion et travailler dessus. Il y a quelques années, la Suisse avait fait un pas dans la bonne direction en introduisant des cours obligatoires pour tout nouveau propriétaire de chien. Cette mesure a, hélas, été largement détricotée depuis. Rappelons-le pour tuer toute polémique, les chiens ont de très nombreux atouts. Mais ça n'excuse pas tous leurs dérapages. Surtout ceux provoqués par les comportements laxistes ou mal informés de leurs maîtres. Un sujet que l'on doit pouvoir aborder sans tabou, nom d'un chien. À lire aussi Jocelyn Rochat a travaillé pour le Nouveau Quotidien, le Journal de Genève, L'Hebdo et Télétop Matin. Il écrit désormais dans Le Matin Dimanche, la Tribune de Genève et 24 Heures. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.