logo
Lutte contre les féminicides – Un homme violent n'a pas à avoir d'arme

Lutte contre les féminicides – Un homme violent n'a pas à avoir d'arme

24 Heures4 days ago
Accueil | Opinion | Éditorial | Opinion
Confisquer l'arme d'une personne agressive est une évidence. Ça devrait être automatique lors de séparations conflictuelles. Éditorial Publié aujourd'hui à 06h31
Une arme, c'est conçu pour tuer. Et c'est ce qu'elle fait. On peut ergoter sur son utilité pour se défendre. Mais l'objectif final est toujours le même. Neutraliser la personne à l'autre bout du canon. Dans un conflit, où l'objectif est d'éliminer le plus d'adversaires possible, on peut encore saisir l'intérêt de l'objet. Mais a-t-il sa place dans un foyer?
Les partenaires d'un couple ne sont pas en guerre. Leur but n'est pas d'abattre l'autre. Ils n'ont pas besoin d'avoir une arme sous la main. Et pourtant… Les Suisses sont encore nombreux à avoir un pistolet dans le tiroir de leur table de nuit ou dissimulé derrière un livre sur une étagère. Voire plusieurs. La loi l'autorise. Ne la remettons pas en cause.
Là où l'on peut questionner ce droit, c'est quand on a affaire à des hommes violents. Priver d'armes à feu ces hommes, qui insultent, harcèlent ou frappent les femmes, est même un devoir et une obligation. Car le résultat final est toujours le même. Un meurtre. Et plus précisément un féminicide. Rappelez-vous: une arme, c'est fait pour tuer.
La mesure n'empêchera peut-être pas tous les féminicides par armes à feu. Mais elle les rendra beaucoup plus compliqués. L'auteur devra s'organiser. Il devra aller emprunter un pistolet à un voisin ou dérober le fusil de son père. Un contretemps qui pourrait bien en stopper plus d'un. Ce type de féminicides ont souvent lieu impulsivement. Et puis, l'entourage pourrait aussi refuser, étant au courant du conflit conjugal.
L'actu sur les féminicides
Delphine Gasche est correspondante parlementaire à Berne depuis mai 2023. Spécialisée en politique, elle couvre avant tout l'actualité fédérale. Auparavant, elle a travaillé pendant sept ans pour l'agence de presse nationale (Keystone-ATS) au sein des rubriques internationale, nationale et politique. Plus d'infos
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

Éditorial: Zelensky, colère et embarras
Éditorial: Zelensky, colère et embarras

24 Heures

time2 hours ago

  • 24 Heures

Éditorial: Zelensky, colère et embarras

Accueil | Opinion | Éditorial | Opinion Le président ukrainien s'embourbe dans sa réforme des instances anticorruption. Sa crédibilité en prend un coup. Éditorial Publié aujourd'hui à 07h30 Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Kiev, le 24 juillet 2025. AFP/UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE Il a eu beau reculer sur sa réforme, le mal est fait. En voulant priver les agences de lutte contre la corruption de leur indépendance, Volodymyr Zelensky a réveillé un vieux démon de l'Ukraine, devenu presque tabou depuis l'invasion russe. Même si le pouvoir du président n'est pas (encore) remis en cause, il vacille sous la colère des Ukrainiens qui l'avaient élu sur la promesse d'éradiquer ce fléau. Et qui lui reprochent aujourd'hui de protéger son cercle rapproché, en cherchant à s'arroger le droit de stopper des enquêtes inconfortables. Pire, cette corruption systémique, dénoncée depuis des années dans les rankings des ONG, mais pudiquement occultée en raison du conflit, s'est rappelée brutalement à ses alliés européens et américains. Il met dans l'embarras ceux qui financent l'effort de guerre et qui doivent justifier ces dépenses à neuf chiffres auprès de leurs populations. Quelle entreprise britannique, française ou suisse voudrait investir demain dans la reconstruction d'un pays corrompu? Qui soutiendrait encore son adhésion, même lointaine, à l'UE? Sur ce point, Zelensky a peut-être pensé naïvement n'avoir de compte à rendre qu'à son peuple. Il n'en est évidemment rien. En raison d'une décision hâtive, basée sur des arguments bancals, le chef de guerre admiré a porté un sérieux coup à la crédibilité de l'homme politique. Il devra ces prochains jours redoubler d'efforts de communication, avec ses concitoyens et ses alliés, pour prouver sa bonne foi. Guerre en Ukraine Virginie Lenk est journaliste à la rubrique internationale depuis 2019, spécialiste de l'environnement. Elle a travaillé auparavant à la RTS. Elle est depuis 2025 rédactrice en chef adjointe de 24Heures. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

À Kharkiv, la génération Z descend dans la rue pour dénoncer le gouvernement
À Kharkiv, la génération Z descend dans la rue pour dénoncer le gouvernement

24 Heures

time2 hours ago

  • 24 Heures

À Kharkiv, la génération Z descend dans la rue pour dénoncer le gouvernement

Malgré la promesse d'un nouveau vote, la loi anticorruption décidée par Volodymyr Zelensky provoque la colère des jeunes. Reportage à Kharkiv où les manifestations se succèdent. Joseph Roche - Envoyé spécial à Kharkiv Publié aujourd'hui à 07h31 À Kharkiv, des centaines de jeunes manifestants ont fustigé ces derniers jours l'adoption de la loi par le parlement. Louis Lemaire-Sicre / Hans Lucas En bref: « Hainbá! Hainbá! » (Honte! Honte!), hurle la foule. Accrochés aux immenses statues de bronze qui trônent devant le conservatoire de danse de Kharkiv , de jeunes activistes, enroulés dans des drapeaux ukrainiens agitent de larges pancartes bariolées de slogans. Sur l'une, on peut lire: «Faites l'amour, mais pas de loi de corruption.» Sur une autre: «À bas la loi 12414», en référence à un texte voté cette semaine par le parlement ukrainien, sous l'impulsion du président Zelensky. Il renforce les pouvoirs du procureur général dans les enquêtes menées par le Bureau national de lutte contre la corruption (NABU), ainsi que dans les dossiers suivis par le Parquet spécialisé anticorruption (SAPO). Cette réforme entre en contradiction avec l'héritage de la Révolution de Maïdan de 2014 , qui avait placé la lutte contre la corruption et la séparation des pouvoirs au cœur du renouveau démocratique ukrainien. En subordonnant de fait les deux principales agences anticorruption au procureur général, lui-même nommé par le président, la loi replace ces institutions sous le contrôle direct de l'exécutif, c'est-à-dire du président ukrainien. Recul inquiétant dans la lutte contre la corruption Une décision perçue par nombre d'observateurs comme un recul inquiétant dans la lutte contre la corruption, et un tournant dangereux pour la gouvernance du pays. Si l'Union européenne a aussitôt exprimé ses préoccupations face à cette évolution, c'est surtout la société civile ukrainienne qui, dans toutes les villes du pays, et pour la première fois depuis le début de la guerre, est descendue dans la rue pour s'opposer à son propre président. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Pour l'heure, après avoir ratifié la loi, Volodymyr Zelensky a tenté d'apaiser la grogne populaire en promettant jeudi le vote d'un nouveau texte pour garantir l'indépendance des deux organes. «L'essentiel, ce sont des instruments efficaces, aucune connexion avec la Russie et l'indépendance du NABU et du SAPO. Le projet de loi sera présenté à la Verkhovna Rada (ndlr: le parlement ukrainien) », a déclaré l'homme fort du pays. Cette annonce, loin de calmer la foule, n'a fait que la conforter dans sa détermination à poursuivre son action. La peur de voir son pays sombrer Lena et Albina Kamishovskiy, respectivement âgées de 15 et 17 ans, protestent depuis maintenant deux jours. Elles se sont rencontrées le premier jour de la mobilisation. Armées de pancartes, le poing levé vers le ciel, elles ont descendu l'avenue Chevtchenko jusqu'à l'Opéra. En chœur, elles scandent sans relâche chants, slogans et hymnes ukrainiens. Au départ, les deux adolescentes avaient hésité. À Kharkiv, à seulement 30 kilomètres de la ligne de front, les frappes russes, qu'il s'agisse de missiles balistiques ou de bombes planantes, sont devenues quotidiennes. Mais face à la décision du président Zelensky, ni Lena ni Albina n'ont pu se résoudre à rester chez elles. Lena et Albina lors de la manifestation. Sur leurs pancartes, on peut lire «#12414, va te faire f…» et «nouvelle politique, mais de vieux procureurs» Iryna Matviyishyn «Je ne l'ai pas dit à ma mère», confie Albina dans un sourire. Les cheveux courts, ébouriffés, vêtue d'un t-shirt du groupe de rock Queen et les bras couverts de bracelets, elle poursuit: «Mais j'ai compris que si je n'y allais pas, quelque chose de bien plus grave qu'une simple frappe allait nous arriver. Alors je suis là pour ne pas laisser ce pays sombrer. Parce que je veux le voir prospérer, et non pas s'autodétruire.» Sa nouvelle amie a, elle aussi, bravé les risques pour venir protester. Trop jeunes pour avoir vécu la Révolution de Maïdan de 2014, les deux adolescentes se sentent pourtant les héritières de ce mouvement fondateur. «Moi, je rêve d'enseigner l'histoire de l'Ukraine, explique l'une. Et je me suis demandé: quel historien digne de ce nom, qui aime vraiment son pays, resterait silencieux?» Une crise qui affaiblit Volodymyr Zelensky Les deux jeunes filles, descendues pour la première fois de leur vie dans la rue pour manifester, ne cachent pas leur déception à l'égard de Volodymyr Zelensky. «On a beaucoup de respect pour ce qu'il a fait au début de la guerre en restant à Kiev, et on apprécie sa politique étrangère. Mais cela ne fait pas de lui un dieu vivant», explique Lena. Selon Sébastien Gobert, spécialiste de l'Ukraine et auteur du livre: « L'Ukraine, la République des oligarques », l'épisode marque un tournant politique. «Zelensky en ressort affaibli. Les raisons profondes du passage en force de la loi demeurent floues, mais le défoulement de cette séquence est parfaitement clair. L'administration Zelensky a voulu imposer sa volonté, mais elle a subi un retour de bâton, venu aussi bien de la société civile que des partenaires européens de l'Ukraine.» Le président ukrainien, longtemps perçu comme l'incarnation de la résistance démocratique face à l'agression russe, fait désormais face à une contestation frontale, tant sur le plan intérieur qu'international. Sa crédibilité s'en trouve ébranlée, alors même que sa popularité, en recul depuis plusieurs mois, avait connu un rebond notable après l'incident diplomatique autour du Bureau ovale en février 2025. La dynamique de mobilisation intérieure pourrait s'en trouver transformée. D'autres manifestations pourraient éclater, sur de nouveaux sujets. «Le Rubicon a été franchi. La population a vu que la contestation pouvait porter ses fruits», observe encore Sébastien Gobert. En arrière-plan se dessine un possible rééquilibrage des centres de pouvoir à Kiev, notamment autour d'Andriy Yermak, le tout-puissant conseiller du président, dont le rôle pourrait désormais être remis en cause. Mais la question fondamentale demeure: Volodymyr Zelensky entendra-t-il les mises en garde de ses partenaires européens et de la société civile, ou choisira-t-il au contraire de contourner l'opposition pour faire passer sa réforme sous une autre forme, plus discrète? Une tradition ukrainienne de révolte et de manifestations Les derniers rayons du soleil accompagnent les manifestants. Au loin, un ciel couleur de sang se mêle à la fumée opaque d'une bombe planante tombée dans les environs de la ville. Arsenii, jeune graphiste de Kharkiv, avec ses amis lors de la manifestation devant l'Opéra de Kharkiv. Iryna Matviyishyn Arseniy Novikov, 19 ans, avance d'un pas calme aux côtés d'un groupe d'amis. En résidence artistique près de Kramatorsk, à une centaine de kilomètres de Kharkiv, il a fait le déplacement avec son collectif pour soutenir l'initiative populaire dans sa ville natale. «On est fatigués de voir l'histoire se répéter», confie le jeune homme. «Mais les Ukrainiens ne ménagent pas leurs efforts. Ils savent que le pouvoir doit être surveillé. Ceux qui nous gouvernent, eux, ne semblent pas l'avoir encore compris. Alors, on est là pour leur montrer que leurs intérêts privés ne triompheront pas.» Selon lui, en Ukraine, la politique n'est pas encore structurée pour servir les citoyens; la construction d'un véritable système démocratique reste inachevée. Albina Kamishovskiy, elle, voit dans cette manifestation, portée principalement par sa génération, un signe encourageant pour l'Ukraine de demain. «Même si nous sommes très jeunes, il est impossible de ne pas nous intéresser à la politique. Elle nous affecte trop. On ne peut pas fermer les yeux, rester sourds.» Lena, son amie, renchérit. Pour elle, ce sont toujours la jeunesse et les étudiants – en Ukraine comme ailleurs dans le monde – qui ont été le fer de lance du progrès et des mouvements populaires. Et cette réalité, affirme-t-elle, est encore plus palpable ici. Mais surtout, pour ces deux adolescentes, aucun retour en arrière n'est envisageable. À Kharkiv, constamment sous la menace des frappes russes, elles s'interrogent: qu'est-ce qui, aujourd'hui, met le plus en péril l'Ukraine? L'avancée des chars ennemis ou l'érosion silencieuse des libertés? «Et si on se tait, on sera détruits. Détruits. Détruits», souffle Albina. Guerre en Ukraine et Volodymyr Zelensky Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Découvrez les bénévoles qui sauvent en moyenne trois personnes par jour sur le Léman
Découvrez les bénévoles qui sauvent en moyenne trois personnes par jour sur le Léman

24 Heures

time3 hours ago

  • 24 Heures

Découvrez les bénévoles qui sauvent en moyenne trois personnes par jour sur le Léman

Depuis 140 ans, la Société internationale de sauvetage du Léman (SISL) secourt les usagers du lac. Une action fondée sur le volontariat et les dons. Sarah Rempe Publié aujourd'hui à 07h00 Sur le Léman, la Société de Sauvetage de Morges fait partie des 34 sociétés de la SISL. Yvain Genevay / Tamedia En bref: En 2024, 1353 personnes et 687 embarcations ont été secourues sur les eaux du Léman. Autrement dit, plus de trois personnes par jour. Qui réalise cette performance à l'enjeu souvent vital? Peu de gens le savent, mais nous la devons à des bénévoles, qui font des miracles dans l'ombre. Ces volontaires, ce sont les sauveteurs et sauveteuses du Léman, réunis sous la bannière de la Société internationale de sauvetage du Léman (SISL) et de ses 34 sections tout autour du lac. Leur mission est la même depuis cent quarante ans: porter le plus rapidement possible secours ou assistance aux navigateurs en difficulté et, dans la mesure de leurs moyens, ramener à bon port les embarcations endommagées ou qui ne peuvent plus naviguer de façon autonome. Morges, le 3 juin 2025. Reportage avec la Société de Sauvetage de Morges qui fêtera ses 140 ans en août. Yvain Genevay / Tamedia On pourrait penser que cet investissement de sauveteurs mobilisables 24 h/24 est financé par les autorités. Il n'en est pourtant rien. «On vit grâce aux cotisations de nos membres, aux dons, au soutien d'entités comme la Loterie Romande et aux revenus des manifestations», expose Lionel Rochat, actuel président du Sauvetage de Morges. Sa société peut par exemple compter sur les revenus du stand qu'elle tient au Paléo Festival. Mais maintenir son budget à l'équilibre est un travail de chaque instant. «C'est presque 90% du temps du président d'aller frapper aux portes pour dénicher des sponsors et du soutien.» À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Les finances, le nerf de la guerre du sauvetage Le sauvetage n'étant pas sous l'égide du Canton, ce dernier n'est pas tenu de le financer. «Il a fallu se battre et maintenant il nous donne 130'000 francs à se partager entre 20 sections vaudoises. Ça fait 6500 francs par année, ça couvre à peine nos frais d'essence», regrette Philippe Bonzon, membre du comité central de la SISL. Ces frais ont fait débat au niveau national il y a trois ans. Olivier Feller, conseiller national PLR avait déposé une motion afin que les sociétés de sauvetage puissent bénéficier d'un rabais sur les taxes affectées aux carburants, comme c'est le cas dans l'agriculture, la pêche professionnelle et même les dameuses de pistes de ski. Le vote s'était soldé par un refus. Sauveteurs mais bénévoles avant tout Mais comment est-il possible que la sécurité sur le Léman dépende de bénévoles? «On nous reconnaît le droit d'intervenir et la centrale d'engagement nous appelle, mais il n'y a rien dans la loi qui nous y oblige, détaille Philippe Bonzon. D'autres cantons ont inscrit ce principe dans leur loi. Pas Vaud.» Morges, le 3 juin 2025. Reportage avec la Société de Sauvetage de Morges qui fêtera ses 140 ans en août. Yvain Genevay / Tamedia Un flou juridique qui pourrait s'expliquer par la genèse des sociétés de sauvetage. «L'idée est née de marins, a été mise sur pied et fonctionne depuis cent quarante ans, donc ça arrange l'État de pouvoir se reposer sur nous, ajoute Olivier Durgniat, président de la SISL. S'il devait assurer et financer lui-même des postes de secours, ça coûterait des millions.» Morges, le 3 juin 2025. Reportage avec la Société de Sauvetage de Morges qui fêtera ses 140 ans en août. Yvain Genevay / Tamedia En attendant, les membres des sociétés lémaniques sont contraints d'alterner entre sauvetage d'urgence sur le lac et vente de saucisse dans les manifestations pour assurer la pérennité d'un rôle méconnu, mais capital, notamment avec l'apparition ces dernières années d'activités populaires comme le paddle, le foil ou le wakesurf. «Depuis le Covid, il y a de plus en plus de monde qui s'est rapproché du lac, confirme Olivier Durgniat. Avant ce n'étaient que des navigateurs qui connaissaient leur environnement, maintenant ce sont des gens qui ne maîtrisent pas forcément le lac et les mesures de sécurité. Ça nous mobilise davantage.» À l'image des sapeurs-pompiers volontaires, ce sont donc des superhéros sans cape, les sauveteurs, qui offrent de leur temps pour faire du Léman un endroit sécure. «On n'est même pas complètement bénévoles puisqu'on paie une cotisation», précise Philippe Bonzon. Des volontaires passionnés qui, après cent quarante ans d'existence, sont plus indispensables que jamais. Une formation structurée des bénévoles Ce n'est pas parce que les sauveteurs s'investissent gratuitement que la formation qui leur est donnée est prise à la légère, bien au contraire. Arrivé au comité central de la SISL en 2023, Philippe Bonzon a repris les rênes de la formation . «Beaucoup de travail se faisait déjà, mais c'était un peu chacun de son côté. J'ai essayé d'y apporter une structure. On organise désormais nos formations sur trois niveaux: en sections, à l'échelle régionale et de manière centralisée.» Un nouvel arrivant dans une section locale – un mousse – recevra une formation de base comprenant notamment l'apprentissage de l'utilisation de la radio, certains types de nœuds, le lancer de sac et cordages, le remorquage et les principes de sécurité lors de la navigation. Une fois son test réussi, il devient membre à part entière, mais poursuivra sa formation. «C'est là qu'on a décidé de se coordonner entre sections, poursuit Philippe Bonzon. Cela accroît la cohésion des différentes sociétés et facilite l'échange d'expériences et l'interopérabilité des intervenants.» Morges, le 16.06.2022. Philippe Bonzon, président du Sauvetage de Morges et des Vaudois. Pour la première fois de l'histoire, tous les sauvetages vaudois organisent une action de recrutement commune vendredi soir, à l'initiative de Morges et de Saint-Prex. VANESSA CARDOSO/ 24HEURES Les sauveteurs sont ainsi répartis en sept zones de formation. «On investit financièrement pour avoir des membres formateurs, qui, ensuite, peuvent repartager leurs connaissances gratuitement. C'est tout l'intérêt et cela nous permet de continuer. Sans ça, on n'aurait tout simplement pas les moyens de financer l'apprentissage de tout le monde. Pareil avec le matériel de formation très coûteux que l'on peut se partager.» Car la formation qualitative est une carte de visite essentielle en vue du recrutement, selon son responsable. «C'est de plus en plus difficile de trouver des gens pour intervenir de jour, car les employeurs ne sont pas toujours d'accord de les libérer.» Une difficulté que les sociétés tentent de contrer en cherchant à atteindre une grande variété de professions, y compris celles aux horaires plus flexibles. Les sociétés de sauvetage doivent trouver des financements pour payer, notamment, le matériel de formation. Journal de Morges Un drame a encouragé la création de la Société de sauvetage du Léman C'est à la fin du XIXe siècle que l'idée d'une société de sauvetage sur le Léman voit le jour. C'est un pilote et capitaine de bateaux à vapeur de Thonon, Joseph Mégemond, qui lance ce projet. «Il a constaté qu'il y avait passablement de naufrages et de personnes en difficulté sur le lac déjà à l'époque, raconte Olivier Durgniat, président de la SISL. Il a donc décidé de créer la société des sauveteurs du lac Léman, Rhône et Arve. Malheureusement, il était meilleur sauveteur que gestionnaire et sa société a très vite périclité.» Mais un drame va le remettre en selle et le conforter dans son idée. Le 23 novembre 1883, le Léman est le théâtre d'une catastrophe nautique. Par un jour de tempête, Le Rhône et Le Cygne , deux bateaux à vapeur, entrent en collision. L'accident fait onze morts et Le Rhône sombre. Il gît d'ailleurs encore au fond du lac, à 300 mètres de profondeur. «Mégemond s'approche alors du colonel Hubert-Saladin, à Genève, pour lui expliquer l'importance de créer une société de sauvetage tout autour du lac. La «Société de sauvetage du lac Léman» – qui deviendra par la suite la SISL actuelle – naît le 6 septembre 1885 à Thonon-les-Bains.» Les sections de Thonon, Genève, Versoix, Nyon, Ouchy et Morges sont les premières créées suite à cette assemblée, bientôt suivies par d'autres. En 1900, la SISL compte 20 sections. Sauvetage à la force du poignet À l'époque, les sauvetages se faisaient à la force du poignet. «Nos aïeux avaient du mérite d'intervenir à la rame, il fallait avoir envie, parce que les vagues étaient les mêmes qu'aujourd'hui», observe Philippe Bonzon, ancien président de la Société de Sauvetage de Morges entre 2017 et 2023. Les canots à rames de l'époque sont désormais utilisés exclusivement lors de manifestations ou de concours internes aux sociétés de sauvetage. Ici, le Beaufort , de la section de Saint-Prex. Journal de Morges Au fil des ans, la SISL et ses désormais 34 sections disséminées autour du Léman se sont bien évidemment développées. Les bateaux à rames, véritable fierté des sauveteurs, sont désormais sortis uniquement lors des manifestations des différentes sociétés. À l'heure de souffler ses 140 bougies, la SISL compte 2200 membres mais tous n'interviennent pas. «À Morges, par exemple, sur 115 membres, il y en a 35-40 qui sortent en interventions, précise Philippe Bonzon. Les autres font les tours de garde. Mais c'est ce qui est sympa: on ne met pas les anciens au placard, c'est l'état d'esprit du sauvetage. C'est un joli mélange social entre les forces vives et les plus âgés.» D'autres articles sur le Léman Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store