
Sous le Campus Santé de Chavannes, un cimetière médiéval dormait depuis des siècles
Chroniques des grandes et petites découvertes de l'archéologie vaudoise. Publié aujourd'hui à 08h01
Sépulture d'un jeune enfant, dans un coffrage de pierres. Il fait partie des tombes du haut Moyen ge dégagées par les archéologues en 2021.
Archeodunum SA / version imprimée dans «Annuaire d'Archéologie Suisse» (ou prédécesseurs) https://archeobase.ch/ark:/17447/x34437
En bref:
Les futurs occupants du quartier «Horizon» et du Campus Santé de l'État de Vaud, à Chavannes-près-Renens, n'étaient clairement pas les premiers dans le coin. De 2021 à 2023, une série d'importantes fouilles avaient été menées sur ces deux sites totalisant trois hectares, sans faire trop grand bruit. Ils se situent en bordure de l'autoroute, au cœur de deux vastes projets immobiliers, tant privé que public. Les premiers résultats publiés dans le dernier volume de l' «Annuaire Archéologie Suisse» (AAS) et dans les chroniques de l' Archéologie vaudoise (AVd) laissent toutefois entrevoir un potentiel majeur.
Entre les deux quartiers, les fouilleurs sont tombés sur tout un secteur du début du Moyen ge. Il est encore mal cerné. La fouille des «cabanes» en bois est assez difficile: sans cesse reconstruites et remplacées, il n'en reste éventuellement que les fonds et quelques trous de poteaux, voire murets en pierres sèches. Apparaît en tout cas 40 à 50 d'entre elles, ce qui en ferait, à ce stade, le plus grand habitat connu de la région à tout le moins. Un cimetière et… un village mérovingien
Et à quelques dizaines de mètres des zones habitées, les tombes des anciens habitants. Plus de 50 si on y ajoute celles dégagées lors des fouilles consécutives à l'élargissement de la RC76 voisine en 2021. Encore mal étudiées, ayant livré peu de matériel – le signe de cette période –, elles annoncent déjà un fort potentiel scientifique. Et pour cause: 43 de ces inhumations sont celles d'enfants en très bas âge, rarement conservées.
Nous avions donc ici un véritable village s'étalant de la période mérovingienne (VIe/VIIe siècle ap. J.-C.) à l'an mil, visiblement distinct du site de Lousonna-Vidy, qui reste, on l'oublie, partiellement utilisé: un petit cimetière débutant au VIIe siècle avait été identifié lors des fouilles du CIO, vraisemblablement proche d'une église de Vidy, connue de sources historiques. Ces nouvelles découvertes, sur une bien plus large superficie, viennent donc ajouter à nos connaissances un petit hameau rural visiblement, plus qu'un site funéraire isolé. Peut-être celui d'un petit domaine. Mais lequel?
Citons en outre un horizon remontant au Bronze final (1050-800 av. J.-C.), période durant laquelle les rives de la région – mais également les proches hauteurs – connaissent une forte activité. Citons 23 sépultures à crémations, dont trois ont bénéficié d'un coffrage de pierre.
Les fouilleurs sont tentés de chercher l'habitat des défunts à proximité, autour de plusieurs foyers à pierres chauffées. Quelques trous de poteaux trahissent des constructions, mais les archéologues restent prudents, en attendant les enseignements du carbone 14. Sachant que le petit village peut aussi se trouver sous les remblais de l'A1 ou à proximité. Une occupation qui succède à des traces du Bronze ancien, ou moins bien datées, dans les environs proches. Indices gaulois à Chavannes
Et, surprise, les fouilles menées par la société Archeodunum SA , respectivement Clément Hervé et Morgan Millet, ont également mis au jour des vestiges domestiques et quelques tombes – neuf crémations, un véritable petit air funéraire – remontant à La Tène finale (150 à 30 av. J.-C.). De quoi reposer la question de l'occupation du secteur à la fin de la période gauloise, qui livre de plus en plus d'indices au gré des fouilles récentes dans à l'ouest de l'ancien Flon: que diable se passait-il ici, avant que ne s'installe le vicus gallo-romain de Lousonna ?
Il faudra du temps, encore, pour découvrir le résultat des recherches et du rassemblement des données et études spécialisées. Nul doute qu'elles permettront de mieux comprendre l'Ouest lausannois du haut Moyen ge, voire plus: au regard des découvertes similaire à Orbe, Bavois ou en France voisine, on peut même espérer un regain de la recherche pour les réalités de nos régions durant ces siècles pourtant si captivants.
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