«Vous m'avez interdit de revenir dans mon pays»: la colère de Kamel Daoud, empêché de se rendre aux funérailles de sa mère
Entre colère amère et tristesse infinie. Ce vendredi 11 juillet, Kamel Daoud, écrivain franco-algérien, lauréat du prix Goncourt en 2024 pour Houris (Gallimard) a fait part de la mort de sa mère sur les réseaux sociaux. Une confidence intime, avec pour objectif de faire part de l'injustice dont il se dit victime. Dans son message, Kamel Daoud s'adresse directement au président algérien Abdelmadjid Tebboune mais aussi à l'un de ses conseillers, chargé de la direction générale de la communication à la présidence de la République, Kamel Sidi Saïd, ainsi que d'un autre de ses conseillers, Abdelatif Belkaim.
«À Tebboune, Kamel Sidi Said, Belkaïm, et aux autres : il y a des jours qu'on n'oublie pas. Aujourd'hui, ma mère est décédée. Je ne peux pas la voir, la pleurer, ni la saluer et l'enterrer, car vous m'avez banni de mon foyer et m'avez interdit de revenir dans mon pays», écrit Kamel Daoud dans son tweet, vu par près de 600.000 internautes et «aimé» par 4000 d'entre eux.
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Un nouveau deuil difficile pour celui qui, en 2018, avait appris en pleine promotion de son dernier livre, Le Peintre dévorant la femme (Stock), que la tombe de son père a été détruite, le jour de l'anniversaire de sa mort, dans son village d'origine, à Mesra, en Algérie, où l'écrivain vivait encore à l'époque. Son livre, qui avait aussi suscité la polémique, était dédié aux femmes qui, dans le monde arabe ou ailleurs, n'ont pas droit à leur propre corps.
Une visite en Italie récemment annulée, par peur d'être extradé
Depuis la parution de son roman Houris, qui raconte l'histoire d'une jeune femme rescapée de la décennie noire (1992-2002) en Algérie, Kamel Daoud est la cible du régime algérien, et de multiples plaintes, notamment pour «violation de la loi sur la réconciliation nationale». Une poursuite qui se fonde sur une loi de 2005, adoptée sous le régime du président Bouteflika, qui prévoit une peine d'emprisonnement de 3 à 5 ans contre « quiconque, par ses déclarations, écrits ou tout autre acte, utilise ou instrumentalise les blessures de la tragédie nationale, pour porter atteinte aux institutions de la République algérienne démocratique et populaire, fragiliser l'État, nuire à l'honorabilité de ses agents qui l'ont dignement servie, ou ternir l'image de l'Algérie sur le plan international ». La publication du livre a été interdite en Algérie.
Une autre plainte a été déposée pour « atteinte à la vie privée » par une femme, Saada Arbane. Cette dernière accuse l'écrivain de s'être inspiré de son histoire personnelle, sans son consentement et en violant le secret de son dossier médical, pour écrire Houris. Ce que Kamel Daoud a toujours contesté, assurant que son roman est une fiction inspirée de son travail sur le terrain, en tant que journaliste au Quotidien d'Oran, dans les années 1990.
En mars puis en mai, l'intellectuel a fait l'objet de deux mandats d'arrêt internationaux émis par un juge du tribunal d'Oran, ville de l'ouest de l'Algérie, pour la publication de son roman primé. « Ces deux mandats ont toutefois été refusés par Interpol », affirmait toutefois une source auprès du Figaro en juin dernier, alors que l'écrivain avait annulé un voyage en Italie pour promouvoir son roman, craignant une interpellation et une extradition vers l'Algérie.
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