
HBO: «The Gilded Age» trouve enfin son souffle en saison 3
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The Gilded Age, saison 3
Moins protocolaire, Julian Fellowes, créateur de «Downton Abbey», met de l'eau dans son brandy. Canal+ et HBO, 8 x 50-65 min.
Cécile Lecoultre
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Sans percuter avec la vigueur de «Downton Abbey», le dramaturge Julian Fellowes trouve enfin le style requis par «The Gilded Age». Pour mémoire, la série évoque la haute société new-yorkaise des années 1880, déchirée entre les vieilles familles héritières du Mayflower et les nouveaux riches issus de l'industrie.
Les prospères Russell ont conquis leurs lettres de noblesse par le rail. Tandis que George s'affaire à mailler l'Amérique, son épouse, Bertha, veut dorer le blason de la famille. Quitte à marier contre son gré sa fille Gladys au distingué et désargenté duc de Buckingham.
D'autres nœuds dramaturgiques ont été liés dans les précédentes saisons. Ainsi des veuves et vieilles filles de la respectable maison Van Rhijn, propices à des joutes caustiques dopées par un vieux gay garçon ou par une nièce pauvre en quête de mari.
New York en crinoline et calèche à la fin du XIXe siècle, c'est aussi l'émergence d'une élite afro-américaine comme des femmes dans la société «active». Encore victimes de ségrégation, les médecins, journalistes, écrivains, etc. venus de familles aisées se font entendre.
Lancé en 2022, «The Gilded Age», titre inspiré par Mark Twain et Edith Wharton, peinait à trouver son souffle. Son créateur Julian Fellowes sait mettre les formes et la rosserie propre au genre. Néanmoins, le propret Britannique n'osait pas le pop trash de «Bridgerton» ou même les frivolités jetées de «The Buccaneers».
Du coup, la série n'a guère flambé à l'international, les Américains la jugeant trop anglaise et vice versa. Sans renverser les tables, Sir Fellowes ajuste la mise en troisième saison. Tant pis si l'argument serre son nœud de cravate, le scénariste parle crûment d'argent. Moins sexy que la concurrence sur le front de la fiction historique, «The Gilded Age» trouve son accent, le cynisme glamour.
Gladys est ainsi «vendue» à son duc, un valet devient millionnaire en inventant une pendule, une riche divorcée et un banquier homo font affaire. Les conséquences de ces petits «business» entre amis occuperont toute la saison 4, déjà commandée par HBO. À suivre.
Notre note: 4 étoiles
Cécile Lecoultre, d'origine belge, diplômée de l'Université de Bruxelles en histoire de l'art et archéologie, écrit dans la rubrique culturelle depuis 1985. Elle se passionne pour la littérature et le cinéma… entre autres! Plus d'infos
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