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«On ne sort plus ces soirs-là» : dans le quartier des Champs-Élysées, les matchs du PSG sont désormais redoutés

«On ne sort plus ces soirs-là» : dans le quartier des Champs-Élysées, les matchs du PSG sont désormais redoutés

Le Figaro13-07-2025
REPORTAGE - Après les tensions et nombreux dégâts survenus fin mai en marge de la finale de la Coupe d'Europe, les riverains et le personnel des restaurants et boutiques rentrent les scooters, barricadent les vitrines, et se préparent à rester chez eux.
«Oh non !» Maryline grimace. Le désarroi se lit sur son visage tandis qu'elle vient d'apprendre qu'il y a match avec le Paris-Saint-Germain ce soir. À la veille des célébrations du 14-Juillet, la finale de la Coupe du monde des clubs est disputée ce dimanche contre Chelsea. Un programme qui réveille chez les riverains du quartier des Champs-Élysées, dans le VIIIe arrondissement et dans le XVIe voisin, de douloureux souvenirs. Le 31 mai dernier, la finale de la Coupe d'Europe, gagnée par le Paris-Saint-Germain (PSG), a été émaillée de nombreuses scènes de liesse mais aussi de tensions sur les Champs-Élysées et aux abords du Parc des Princes. Vitrines explosées, magasins pillés, cafés et restaurants saccagés... le ministère de l'intérieur avait établi un bilan de près de 700 incendies dont 264 sur des véhicules, et au moins 491 personnes avaient été interpellées à Paris.
Trois semaines avant, la demi-finale contre Arsenal avait aussi été émaillée de violences. Maryline était chez elle lors de ces deux soirs. La riveraine se souvient de la vision apocalyptique en sortant son chien le lendemain matin: les carcasses de voitures, de scooter… «Il n'y avait pas un véhicule qui n'était pas abîmé, un rétroviseur cassé, une porte cabossée, un scooter calciné… et ça allait jusqu'à Iena !», raconte-t-elle en faisant de grands gestes pour exprimer l'ampleur des dégâts. Cette vision l'avait laissée sous le choc. «Je ne pouvais pas sortir mon chien, il y avait du verre partout».
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«Ce n'est pas ça qui va m'impressionner»
Ce dimanche soir, la préfecture a décidé d'interdire toutes les fan zones dans la capitale. Le préfet de police Laurent Nunez a malgré tout demandé aux commerces de l'avenue des Champs-Élysées de fermer leurs portes à partir de 19h. Les restaurants ne devront pas utiliser l'espace public pour diffuser la finale, «c'est-à-dire tourner la télévision vers la rue». «On réagira avec beaucoup de fermeté», a promis le préfet de police de Paris.
«J'avais bien vu qu'Hermès se barricadait, je me demandais si c'était pour le 14 juillet...», déclare une autre riveraine, qui préfère ne pas donner son nom. Ce soir, ce sera donc soirée Netflix. Pas question de sortir, vu les hordes d'agitateurs et les défilés de voitures de police qu'elle avait vu passer sous sa fenêtre fin mai. «C'est ce qui est embêtant quand on habite ici. Pour chacun de ces événements, on doit s'organiser. On ne sort plus ces soirs-là».
Matthieu*, un quinquagénaire lui-même passionné de foot, était bien au courant qu'il y a match ce soir. Il a pris la précaution, dès le matin, de rentrer son scooter dans la cour. «La dernière fois ils l'avaient dévalisé», râle-t-il en levant les yeux au ciel. «C'est quand même pas traumatisant», nuance un trentenaire dont la conjointe habite le quartier. «Impressionnant plutôt, mais les gens sont heureux donc ça me va», sourit-il. Avenue Pierre 1er de Serbie, un sénior endimanché se rappelle des voitures qui ont en effet brûlé dans sa rue. Mais « ça ne me fait pas peur», assure-t-il, bravache. «J'en ai vécu des choses dans ma vie... ce n'est pas ça qui va m'impressionner», glisse ce Parisien d'un air sibyllin.
Barricader, une routine
Quel que soit le degré de mise en garde des autorités, sur l'avenue, le branle-bas pour sécuriser les boutiques devient une routine. Dès dimanche matin, des ouvriers de l'entreprise Wonder Glass fixent des planches sur les vitrines de la boutique Hugo Boss. «On avait déjà installé tout cela fin mai, et on avait gardé les planches en les annotant en se doutant bien qu'elles resserviraient. Ça n'a pas manqué. Même si on ne pensait pas que ce serait si tôt…», comment l'un des ouvriers. Pour la finale, la boutique leur avait demandé de commencer leurs installations le plus tard possible, pour laisser les vitrines accueillantes aux yeux des clients. Résultat, ils ont été surpris par le premier but en début de soirée. Les ouvriers coupaient encore leurs planches quand les émeutiers et les troupes de CRS s'affrontaient à quelques mètres. «Ça jetait des feux d'artifice, des bombes lacrymogènes, avec notre matériel c'était dangereux», dit l'ouvrier en montrant les vidéos sur son téléphone.
La boutique de marque leur a demandé de laisser les planches jusqu'à mardi, dans le cas où les festivités du 14 juillet déborderaient également. «Ça coûte quand même cher pour eux. Rien que cette boutique, 100 mètres carrés de vitrines installées un dimanche, cela revient à plusieurs milliers d'euros». Les restaurateurs, eux, sont rodés. Au Café di Roma, les indications de la préfecture seront respectées à la lettre. Le service du soir commencera plus tôt, vers 17h, pour pourvoir «tout fermer à 19h». À côté, le restaurant Pizza Pino est recouvert de barricades. «La dernière fois ils ont grimpé sur notre devanture et ont cassé une ou deux vitres. Mais hormis ces dégâts et quelques jus de fruits, il n'y a pas eu de vol», minimise un serveur.
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«Ils s'attaquent aux magasins, mais les restaurants ils nous laissent tranquilles», renchérit un autre dans une pizzeria voisine. Le Fouquet's aussi va anticiper la fermeture. La prestigieuse institution, prisée des touristes et du Paris mondain, est astreinte à la même enseigne. La boutique de Foot Locker, qui avait été pillée le 31 mai, a aussi prévu de se barricader en fin de journée, «comme d'habitude», glisse le gérant de la boutique.
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