
L'islamo-gauchisme «n'existe pas» à l'université, estime le ministre de l'Enseignement supérieur
En février 2021, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche d'alors, Frédérique Vidal, s'était mis à dos l'ensemble de la gauche et une bonne partie du monde universitaire en dénonçant l'emprise de «l'islamo-gauchisme» dans les facultés, à la suite d'incidents qui avaient secoué Sciences Po Grenoble. Elle avait reçu l'appui de Jean-Michel Blanquer, pour qui l'islamo-gauchisme constitue un «fait social indubitable». L'ancienne ministre s'engageait à l'époque à investiguer ces attaques contre «la liberté académique et la liberté d'expression en général», citant des exemples de censure, notamment «l'empêchement dans certains établissements de la lecture d'un texte de Charb», en promettant qu'une enquête serait diligentée.
Quatre ans plus tard, la réélection et la dissolution ont entraîné une valse des ministres au gré des hésitations du macronisme (Frédérique Vidal a eu trois successeurs en trois ans), et non seulement l'enquête promise devant les députés n'a jamais été ne serait-ce que commandée, selon des révélations du Monde, mais surtout le lointain successeur de Frédérique Vidal, Philippe Baptiste, vient de déclarer l'exact inverse.
À lire aussi Luc Ferry: «Les trois âges de l'islamo-gauchisme»
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Interrogé lundi soir sur LCP au sujet de l'entrisme des frères musulmans qui a fait l'objet d'un conseil de défense autour du président de la République, le ministre a fait preuve d'une très grande prudence sémantique. S'il promet d'être «vigilant» et «ferme» en cas de «débordements» au sein «d'universités très politisées», il a toutefois esquivé la question précise des journalistes portant sur l'entrisme des frères musulmans, constatant seulement la présence dans «certains départements» de «certaines universités», des «gens qui sont très sensibilisés aux questions des diversités, et la manière dont les diversités sont ressenties par des communautés religieuses et en particulier musulmanes». Et d'ajouter aussitôt que les tensions à l'université, les «blocages parfois violents» ont «toujours existé».
Dès lors, selon Philippe Baptiste, la dénonciation de «l'islamo-gauchisme» relève d'un «amalgame» fait par ceux qui lancent l'alerte : «ce terme n'existe pas en tant que terme universitaire, il n'est même pas bien défini», a-t-il balayé. Si donc le ministre reconnaît «des abus», il assure que «se dire qu'il y a un mouvement islamo-gauchiste qui serait là à vouloir prendre le pouvoir au sein de telle ou telle université, non, je ne crois pas que ce soit la réalité». Il a assumé dès lors, à la suite de ses déclarations, de tenir un discours sensiblement inverse de celui de Jean-Michel Blanquer.
Philippe Baptiste avait pris en avril la défense de l'enseignant Fabrice Balanche, visé par des militants pro-palestiniens venus perturber son cours à l'université Lyon 2. Le ministre avait alors pointé du doigt la responsabilité de la présidente d'université, qu'il a accusée d'avoir «semé le trouble» par des propos mettant en cause le professeur.
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