
Le fabuleux destin de Pedro Pascal, de la fuite du Chili à l'engouement planétaire
Rien ni personne ne résiste à Pedro Pascal. Depuis plusieurs mois, l'acteur de 50 ans est l'objet de tous les fantasmes et de toutes les conversations aussi bien à la maison, où les parents demandent à leurs ados pourquoi toutes leurs vidéos TikTok tournent autour de l'homme à la moustache, qu'à la machine à café au bureau, où l'on débriefe les sorties cinéma entre collègues. Bref, la Pedro Pascal Mania balaie tout sur son passage.
À moins de vivre dans une grotte, ou de boycotter les salles de ciné, impossible d'échapper au phénomène cet été. L'acteur est l'affiche de trois films où il incarne des personnages totalement différents : un richissime célibataire dans la rom com Materialists de Celine Song, le maire progressiste d'une bourgade au Nouveau-Mexique dans le western moderne Eddington d'Ari Aster, et enfin Mister Fantastique, le super-héros intello des Quatre Fantastiques, blockbuster Marvel dans lequel il donne la réplique à Vanessa Kirby.
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Un «morceau» de Pedro
Lors de son interview accordée à Madame Figaro à l'occasion de la sortie du film, l'actrice révélée dans la série The Crown a reconnu avoir elle-même succombé à la «Pedro Pascal mania», et ce, avant même de l'avoir rencontré pendant le tournage. Comment expliquer cette fascination soudaine pour cet homme que peu avaient jusqu'à présent remarqué ? Pourquoi le monde entier veut-il un «morceau» de Pedro Pascal, comme le souligne si bien Vanity Fair US , qui lui a consacré sa Une du mois de juin ?
On y voit l'acteur, vêtu d'un costume kaki et d'un tee-shirt blanc marqué par une trace de transpiration, se laisser porter par une horde de fans agglutinés autour de lui, les mains sur ses épaules et sur son torse. Une photo symbolisant à merveille son succès fulgurant, qu'il peine lui-même à comprendre. «C'est un peu idiot qu'un homme de 50 ans ait toute cette attention !», s'amuse-t-il dans les colonnes du magazine.
La fuite de la dictature chilienne
Cette humilité naturelle, rare chez les stars hollywoodiennes, est justement l'une des raisons pour lesquelles le monde l'adule aujourd'hui. Pedro Pascal est simple, gentil, accessible. Ces traits de personnalité sont intimement liés à son parcours. Né à Santiago, au Chili, en 1975, deuxième d'une fratrie de quatre, Pedro Balmaceda, de son vrai nom, s'est battu pour se faire un nom au cinéma, monde qui lui était étranger voire inaccessible.
Sa mère, Verónica Pascal Ureta, était pédopsychiatre et son père, José Balmaceda Riera, médecin spécialiste de la fertilité. Proches du président socialiste Salvador Allende, renversé par le général Pinochet lors du coup d'État du 11 septembre 1973, ils fuient la dictature militaire neuf mois après la naissance de leur fils Pedro, et s'installent au Texas, aux États-Unis. C'est ici que le petit garçon a une révélation en découvrant E.T. et Superman au cinéma. C'est décidé : lui aussi veut devenir un héros sur grand écran. Sa mère l'encourage à suivre cette voie. Adolescent, il étudie à la Orange County School of the Arts, à Santa Ana, en Californie. Quelques années plus tard, il déménage à New York où il intègre la prestigieuse Tisch School of the Arts, dont il sort diplômé en 1997 aux côtés de ses deux amis, les acteurs Sarah Paulson et Oscar Isaac. Sa grande sœur Javiera, son petit frère Nicolás et la benjamine Lux sont repartis vivre au Chili à l'époque.
La disparition tragique de Verónica Pascal
Pedro Pascal décroche son tout premier rôle en 1999 dans la série Buffy contre les vampires. L'euphorie de sa première apparition à l'écran, après de longues années d'études, est assombrie par l'épreuve la plus douloureuse de sa vie : la disparition tragique de sa mère, en 2000, qui a mis fin à ses jours après sa séparation d'avec son père. «Perdre ma mère de cette façon a été l'expérience la plus dévastatrice de ma vie. C'est une douleur que vous portez toujours avec vous», confiera-t-il des années plus tard, en 2023, dans une interview à Vanity Fair.
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Pedro Pascal était très proche d'elle. «Elle a toujours été incroyablement présente et encourageante, jamais une mère 'pushy'. J'ai toujours eu l'impression qu'elle savait quelque chose que je ne savais pas», se souvient-il en 2017 dans une interview au magazine People. L'acteur estime qu'il a réussi grâce à elle, même si elle est décédée bien avant qu'il ne devienne célèbre : «Mon succès n'aurait aucun sens sans elle», assure-t-il. Il lui rend encore régulièrement hommage dans ses publications Instagram. «Pas un jour ne passe sans que tu sois avec nous et nous t'en remercions. Joyeux anniversaire maman», écrit-il sur Instagram le 15 février 2021, en légende d'une photo de sa mère, à l'âge de 22 ans.
Après sa disparition, l'acteur adopte son nom de famille, «Pascal», pour honorer sa mémoire mais aussi parce que les Américains ont du mal à prononcer «Balmaceda», admet-il.
Des seconds rôles
Au début des années 2000, Pedro Pascal enchaîne les castings à New York tout en assurant plusieurs jobs alimentaires pour payer son loyer, ses soins médicaux et ses factures. Il doit aussi faire le deuil impossible de sa mère ; il se sent seul, son horizon paraît sombre. Il trouve du réconfort auprès de sa chienne Gretta, qui l'attend patiemment dans son petit appartement de Brooklyn. «Elle m'a sauvé la vie, car elle était la seule raison pour laquelle je rentrais à la maison», se souvient-il dans Vanity Fair . Entre 2000 et 2010, le jeune Pedro enchaîne les petits rôles dans de nombreuses séries policières. Les fans du Mentalist se souviennent qu'il joua le rôle de l'agent Marcus Pike, dans les dernières saisons de la série avec Simon Baker. «J'ai même joué deux personnages différents dans New York, unité spéciale», plaisante-t-il en 2023, dans son monologue d'ouverture du Saturday Night Live.
Le tournant Game of Thrones
À l'époque, l'acteur, désespéré, songe en réalité à se reconvertir en professeur de théâtre ou en infirmier. La chance lui sourit enfin en 2013, grâce à son amie Sarah Paulson, qui parle de lui aux créateurs de la série au succès mondial, Game of Thrones. À 39 ans, Pedro Pascal décroche son tout premier grand rôle : celui d'Oberyn Martell, un guerrier motivé par le désir de venger sa sœur, Elia Martell, assassinée pendant la rébellion. Le personnage, ouvertement bisexuel, n'apparaît que dans 7 épisodes de la quatrième saison mais devient pourtant l'un des plus emblématiques du show grâce à son charisme, son intelligence et son indéniable sex-appeal. «C'est un tournant dans la carrière de Pedro Pascal. Il devient plus qu'un simple acteur mais une figure marquante de la pop culture mondiale», décrypte Stéphanie Chermont, journaliste indépendante spécialiste des séries et du cinéma. La mort atroce d'Oberyn, à l'issue d'un duel ultraviolent contre Gregor Clegane, fait aussi partie des scènes les plus marquantes de la série.
La figure du «Daddy» sexy
Après Game of Thrones, Pedro Pascal s'affirme comme une star du petit écran dans les séries Narcos et The Mandalorian. Mais c'est en 2023 que sa notoriété explose véritablement grâce à son rôle dans The Last of Us, adaptation du jeu vidéo éponyme, plébiscitée par la critique et le public. Il y incarne Joel Miller, un père brisé par la perte de sa fille Sarah, qui prend sous son aile Ellie, une adolescente orpheline tentant de survivre dans un monde apocalyptique. Ultracrédible dans ce rôle de protecteur, Pedro Pascal séduit des millions de téléspectateurs à travers le monde, qui voient en lui le parfait «Daddy» : un homme à la fois doux, rassurant… et indéniablement séduisant. «L'image de 'Daddy' sexy renvoyée par Pedro Pascal transcende les genres et les orientations : elle séduit autant les hommes que les femmes, les hétéros comme les gays», analyse Stéphanie Chermont.
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Dans une interview accordée à Vanity Fair il y a deux ans, Pedro Pascal s'amuse de ce nouveau statut et lance, face caméra, avec un sourire en coin légèrement dragueur : «I'm your daddy» (je suis votre père).
Une nouvelle masculinité
On l'a compris, le charme «pascalien» va bien au-delà de ses attributs physiques - musculature saillante, mâchoire carrée -, en phase avec un idéal masculin plus classique incarné par d'autres acteurs comme Brad Pitt et Tom Cruise. Pour les médias américains, à l'instar de la chaîne MSNBC, l'acteur incarne au contraire une nouvelle masculinité : libre et rassurante, qui assume aussi sa part de féminité. Sur les tapis rouges, Pedro Pascal s'émancipe des codes de la mode traditionnelle. Cuissardes en cuir XXL, décolleté, minishort... il brouille les frontières entre les genres en assumant pleinement ses goûts, incarnant au passage un modèle de virilité plus fluide.
Pedro Pascal en short au Met Gala. (New York, le 1er mai 2023.)
John Shearer / WireImage
Qualifié de «sex-symbol» par le Los Angeles Times dès 2017, Pedro Pascal est aussi l'objet de tous les fantasmes grâce au mystère qu'il cultive. «Il entretient un flou autour de sa vie personnelle. Il y a beaucoup de rumeurs mais personne ne connaît son orientation sexuelle», souligne Stéphanie Chermont. On sait en revanche qu'il est un fervent défenseur de la cause LGBTQIA+. Il a toujours affiché son soutien à sa petite sœur, Lux Pascal, après son coming out transgenre, en février 2021.
Pedro Pascal et Lux Pascal à l'avant-première des Quatre Fantastiques. (Los Angeles, le 21 juillet 2025.)
Gilbert Flores / Variety via Getty Images
Lors de l'avant-première du film Thunderbolts à Londres, en avril 2025, l'acteur a également porté un tee-shirt «Protect the Dolls», une campagne de soutien aux femmes transgenres créée par le designer Conner Ives.
Pedro Pascal avec son tee-shirt «Protect the Dolls». (Londres, le 22 avril 2025.)
Neil Mockford / FilmMagic
Ses prises de position politiques progressistes, notamment son opposition ferme à la politique migratoire de Donald Trump et sa condamnation du «silence» face au «génocide à Gaza», renforcent son image d'homme bienveillant et empathique. Un dessin du New Yorker résume parfaitement (et avec humour) ce que dégage l'acteur, en imaginant ce qu'un psychologue pourrait dire à un patient pour le rassurer : « Ce que vous ressentez n'est pas du tout étrange, ces derniers temps, beaucoup de gens disent que leur foi en l'humanité repose entièrement sur la possibilité que Pedro Pascal soit aussi gentil qu'il en a l'air. »
Reste à savoir si cette « Pedro mania » perdurera ou ne sera qu'un phénomène éphémère… Adulé sur les réseaux sociaux depuis deux ans, le vent semble commencer à tourner. Depuis quelques jours, certains de ses fans pointent du doigt son comportement jugé trop « tactile » envers sa partenaire à l'écran, Vanessa Kirby, mariée et enceinte de son premier enfant avec le joueur de crosse Paul Rabil.
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