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Pourquoi l'UDC ne lâche-t-elle pas son rêve américain?

Pourquoi l'UDC ne lâche-t-elle pas son rêve américain?

24 Heuresa day ago
Donald Trump impose à la Suisse des droits de douane deux fois plus élevés qu'à l'UE. Malgré cela, le parti agrarien reste fidèle à sa ligne proaméricaine.
Malgré les droits de douane punitifs contre la Suisse, l'UDC continue de soutenir Trump.
Michael Treuthardt/Tamedia/Getty
En bref:
Lorsque Donald Trump a imposé à la Suisse des droits de douane punitifs de 39% , un secrétariat de parti est resté étonnamment silencieux. L'UDC, pourtant coutumière des communiqués salés, n'a rien dit. La situation est délicate pour le parti des admirateurs du président Donald Trump. En effet, leur idole américaine pourrait désormais offrir une majorité stable aux accords bilatéraux avec l'UE.
Les négociations avec les voisins européens, contrairement à la posture hégémonique des États-Unis, ressemblent à un partenariat bien plus coopératif. L'UE pourrait ainsi gagner en importance pour la Suisse en tant que partenaire commercial fiable. Un atout non négligeable en vue d'une future votation sur les nouveaux accords bilatéraux .
Le doyen de l'UDC, Christoph Blocher, a rapporté cette anecdote: «Le 1er août, quelqu'un m'a demandé s'il devait désormais réécrire son discours.» Une remarque qui illustre bien le dilemme dans lequel se trouve aujourd'hui le plus grand parti de Suisse, face aux droits de douane imposés par Donald Trump. Du jour au lendemain, le discours habituel qui désignait les juges étrangers de l'UE comme les véritables ennemis de la Suisse semble avoir perdu de sa pertinence. Comment l'UDC s'adapte-t-elle à cette nouvelle donne?
Franz Grüter, conseiller national UDC et entrepreneur, qui s'est autrefois présenté comme «le plus grand fan de Trump au Palais fédéral», se trouve à Atlanta quand la nouvelle des droits de douane de Trump contre la Suisse lui parvient. À la question de savoir s'il parvient malgré tout à profiter de ses vacances, il rit: «Je me sens conforté dans toutes mes convictions.» Tout pour éviter une dépendance excessive à l'Europe
Selon Franz Grüter, Donald Trump n'agirait pas autrement que l'UE. «Tous deux jouent de leur puissance quand ils veulent obtenir quelque chose.» L'affaire des droits de douane illustre ce que l'UDC dénonce depuis des années: la Suisse ne doit pas dépendre politiquement ni économiquement de partenaires uniques comme l'UE. «Nous devons diversifier au maximum nos relations pour rester indépendants et prospères.»
Le conseiller national UDC lucernois Franz Grüter s'est un jour décrit comme le plus grand fan de Trump au Palais fédéral.
Matthias Spicher/Tamedia
Alors que le parti vantait encore récemment les États-Unis comme son principal marché et sa plus grande source d'espoir pour l'avenir, il privilégie désormais la diversification. Il semble ainsi vouloir éviter une dépendance excessive à l'Europe.
Pour le conseiller national, les tensions actuelles entre la Suisse et les États-Unis ne justifient pas un rapprochement avec l'UE. «Il faut trouver un moyen de s'entendre avec les Américains.»
Les échanges avec plusieurs politiciens influents de l'UDC ressemblent à celui mené avec Franz Grüter. Les mêmes mots reviennent: accords de libre-échange, indépendance, l'UE est encore pire. L'autocritique? Quasi inexistante. Le message est limpide. Le parti ne déviera pas de sa ligne en matière de politique étrangère. La Suisse comme zone tampon
On l'a vu encore mercredi à Berne, alors que le conseiller fédéral UDC Guy Parmelin et la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, tentaient fébrilement de gérer la crise douanière aux États-Unis. Werner Salzmann, porte-parole de l'UDC pour les questions de sécurité, est apparu devant les médias avec d'autres membres du parti. Ils ont réclamé davantage de moyens pour l'armée et une application stricte de la neutralité.
Le conseiller aux États Werner Salzmann demande plus d'argent pour l'armée et il affirme que la Suisse doit rester strictement neutre.
Adrian Moser/Tamedia
«La menace mondiale s'est nettement aggravée», a déclaré Werner Salzmann, citant la montée en puissance de la Chine, de la Russie et des États-Unis. À ses yeux, l'UE «n'est pas une grande puissance» et «ne peut pas assurer sa propre défense». Plus les responsables UDC chargés de la sécurité s'expriment, plus il devient évident qu'ils ne considèrent pas les pays voisins de la Suisse comme des alliés naturels, malgré la position centrale du pays en Europe. Pour eux, une Suisse neutre pourrait jouer le rôle de «zone tampon» et de «lieu de dialogue» en Europe, participant ainsi à la stabilité régionale.
Les récents agissements de l'administration Trump à l'égard de la Suisse ne remettent pas en cause, selon les membres de l'UDC, l'achat programmé des avions de combat F-35 américains . «Les États-Unis restent un des partenaires les plus importants dans le domaine de l'armement», a déclaré Werner Salzmann mercredi. Pour l'UDC, les coupables sont aussi à Berne
Le politologue lausannois Sean Müller décrit la situation du parti comme un «dilemme populiste». «L'UDC prétend parler au nom du peuple, mais poursuit en réalité un homme fort, Donald Trump.» Une contradiction d'autant plus criante aujourd'hui que le dirigeant «étranger» Donald Trump menace l'économie populaire avec ses taxes. Sean Müller estime que le parti parvient, une fois de plus, à faire oublier l'incohérence.
Selon lui, cela s'explique aussi par le fait que la population suisse ne perçoit pas l'UDC comme un parti économique. «Les gens n'attendent pas de l'UDC des solutions dans ce domaine», explique Sean Müller. Les sondages le confirment régulièrement. Le parti peut ainsi détourner l'attention de cette contradiction et concentrer ses attaques sur les prétendus responsables du fiasco.
Pour Marcel Dettling, président de l'UDC, les responsables des sanctions douanières ne se trouvent pas seulement à Washington, mais aussi à Berne. «Il semble qu'en dépit d'un appareil administratif massif, nous n'ayons pas su entretenir de bonnes relations avec les États-Unis.»
Le président de l'UDC, Marcel Dettling, ne situe pas seulement la débâcle douanière à Washington, mais aussi dans la Berne fédérale.
Matthias Spicher/Tamedia
Pourquoi? Selon ses mots: «Parce que tous les diplomates ont couru ces dernières années à Bruxelles pour plaire à l'UE, en négligeant gravement les États-Unis.» Pour lui, de meilleures relations avec Washington auraient sans doute permis à la Suisse d'échapper à la rigueur des sanctions. Quant à Donald Trump, il serait resté fidèle à lui-même. «Donald Trump est imprévisible, nous le savons depuis son premier mandat», dit-il. Le président républicain chercherait avant tout à conclure des accords «pour montrer à sa population ce qu'il a obtenu».
Franz Grüter fait référence à une accusation relayée par le média zurichois « Nebelspalter », connu pour ses positions conservatrices. Des proches de l'UE, au sein des départements fédéraux dirigés par Beat Jans (PS) et Ignazio Cassis (PLR), auraient délibérément freiné les discussions avec Washington pour privilégier les accords bilatéraux avec l'UE. Cette accusation ne s'appuie sur aucune preuve. «Si c'est vrai, c'est une trahison de l'économie suisse!» déclare l'élu UDC. UDC et Trump, un amour durable
Dès le premier mandat de Donald Trump, de 2017 à 2021, l'UDC a reconnu ce dernier comme un partenaire partageant une ligne politique similaire. Certains représentants du parti étaient même enthousiastes. Roger Köppel, éditeur de la «Weltwoche», avait par exemple dansé dans son bureau lors de l'élection de Trump.
De grands espoirs étaient placés dans les États-Unis, perçus comme une alternative crédible à l'Union européenne pour devenir le principal partenaire commercial de la Suisse. Magdalena Martullo-Blocher, accompagnée de son père Christoph Blocher et de Roger Köppel, avait même rencontré l'ambassadeur américain pour défendre un accord de libre-échange avec Washington. «En Suisse, les Républicains ne collaborent qu'avec l'UDC», déclarait alors la députée. Puis la pandémie est arrivée, suivie de l'élection de Joe Biden, un Démocrate, à la présidence américaine.
En 2024, à la réélection de Donald Trump à la présidence, Magdalena Martullo-Blocher a renoué les liens avec ses homologues républicains. «Ils ont repris contact avec l'UDC et avec moi personnellement», affirmait-elle en février, convaincue que «Trump aime la Suisse». En avril encore, elle estimait que les chances de conclure un accord de libre-échange entre la Suisse et les États-Unis étaient très élevées pour les quatre années à venir: «Je dirais même 70 à 80%.»
En avril, Magdalena Martullo-Blocher croyait encore fermement à un accord de libre-échange avec les États-Unis. Entre-temps, elle en est moins convaincue.
Rahel Zuber/Tamedia
L'entrepreneuse et vice-présidente de l'UDC s'est montrée entre-temps moins optimiste. Interrogée sur cette question, elle explique qu'il faut avant tout réduire les droits de douane supplémentaires. «Cette décision relève uniquement du président Trump», précise-t-elle. En revanche, une réduction des droits de douane de base, comme celle prévue dans le cadre d'un accord de libre-échange, nécessite une décision du Congrès américain. «Cela prend plus de temps et ne peut être envisagé qu'à une seconde étape. Il reste incertain que cela soit possible durant le mandat de Trump.»
Le conseiller national soleurois Christian Imark reste impressionné par Donald Trump.
Matthias Spicher/Tamedia
L'UDC est-elle déçue par Donald Trump? Le conseiller national UDC soleurois Christian Imark répond sans détour. Selon lui, la manière dont le président américain a fixé l'agenda et imposé ses priorités ces derniers mois est «impressionnante». Certes, les intérêts des États-Unis en matière douanière ne coïncident pas avec ceux de la Suisse . Mais Donald Trump défend sa position «brillamment», «de manière implacable et très bruyante, mais avec succès».
L'admiration demeure, quoi qu'il en coûte à la Suisse.
Traduit de l'allemand par Elisa Andrade.
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Salt quitte Renens pour Prilly et va laisser un gros trou dans les caisses communales
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24 Heures

time3 hours ago

  • 24 Heures

Salt quitte Renens pour Prilly et va laisser un gros trou dans les caisses communales

L'opérateur confirme le déménagement de son siège dès cette année à Malley. La Ville perd son plus gros contribuable, relocalisé à quelques mètres de la frontière communale. Publié aujourd'hui à 10h06 L'opérateur de téléphonie mobile Salt va déménager son siège de Renens (photo) à Prilly. Des millions de francs d'impôts partent aussi. Florian Cella En bref: C'est un départ qui était dans l'air, mais il tombe comme un coup de massue sur la Ville de Renens. L'opérateur mobile Salt confirme, dès cette année, le déménagement de son siège principal, qui se trouvait depuis 2009 dans le chef-lieu de l'Ouest lausannois. L'entreprise n'ira pas bien loin puisqu'elle s'est trouvé des locaux dans le nouveau quartier Central Malley, dont les immeubles-tours achèvent leur construction . Ironie du sort, Salt s'installera sur le territoire voisin de Prilly, à quelques dizaines de mètres de la frontière entre les deux communes. Pour Renens, il y a de quoi rire jaune, car ce qui ressemble à un petit pas va creuser un trou important dans ses finances. Des impôts pour 2,3 millions En juin dernier, le Conseil communal a été informé du départ d'un «gros» contributeur fiscal en 2025. Selon le rapport de la Commission des finances sur les comptes 2024, il s'agit même du plus gros: «On parle du premier contributeur communal, soit 46% de l'impôt sur les personnes morales, donc 2,3 millions», précise en effet la Municipalité face aux inquiétudes de la Cofin. «Les effets sont conséquents», ajoute-t-elle, même si le revenu des impôts des personnes morales pèse bien moins lourd à Renens que celui des personnes physiques (voir encadré) . Le rapport de la Cofin ne cite pas le nom de Salt, secret fiscal oblige. Et le syndic Jean-François Clément, contacté, respecte la même réserve quant à savoir si l'entreprise est bien ce premier contribuable dont il est question. Mais il ne peut que confirmer que l'opérateur mobile a bien annoncé son départ à la Ville. «C'est une très mauvaise nouvelle, commente l'édile socialiste. Elle s'inscrit de plus dans un contexte où la péréquation retenue par le Canton est largement moins solidaire que celle que la Ville de Renens a défendue, avec de très rares soutiens de communes malheureusement.» En effet, selon la Municipalité dans ses réponses à la Cofin, le trou de 2,3 millions attendu pour 2025 sera en partie compensé par la nouvelle péréquation, mais à 1 million de francs seulement. Du côté de Salt, on ne donne pour l'heure pas plus de précisions sur les motivations exactes de ce déménagement, qui lui fait quitter un immeuble situé à quelques encablures de la gare de Renens. La recherche de locaux plus modernes et plus efficients énergétiquement a toutefois été évoquée depuis quelques mois. Le service de communication de l'entreprise - troisième opérateur mobile de Suisse derrière Swisscom et Sunrise - indique toutefois que son siège principal, qui regroupe un quart de ses plus de 1000 employés, ne fait que changer d'adresse et reste en Suisse romande. Un déménagement qui fragilise Le taux d'imposition de Renens, à 77%, aurait-il joué contre la commune? Jean-Francois Clément n'en croit rien: «Le taux de Prilly est un peu plus bas (ndlr: 72,5%) mais n'est sans doute pas le seul élément dans le choix d'implantation d'une société.» Pour le chef-lieu de l'Ouest lausannois, ce déménagement met toutefois en évidence une situation fragile, puisque 60% de l'impôt sur le bénéfice et le capital des personnes morales provient de seulement 2% de ses entreprises. Lors du dernier Conseil communal, l'élu PLR Jean-François Constant a souligné cette fragilité, tout en assurant qu'une deuxième grande entreprise serait sur le départ. Contacté, il maintient ses propos mais ne dévoile pas le nom de cette société. Comme d'autres élus, il en appelle d'abord à une meilleure politique de promotion économique. Président de la Cofin jusqu'en juin 2025, l'UDC Stéphane Montabert abonde: «Salt est un gros arbre qui tombe dans la forêt, mais on ne prête pas attention aux petits qui sont déjà tombés. Des entreprises s'installent dans l'Ouest lausannois, mais pas à Renens, et il ne faut pas tout mettre sur le compte de la fiscalité.» À gauche de l'échiquier, Vincent Keller (Fourmi rouge) s'interroge aussi sur le dynamisme de la promotion économique et écarte l'argument du taux d'imposition, tout en se positionnant sur le même thème que le syndic: «Il faut continuer à se battre pour une meilleure péréquation.» Le départ de Salt rappelle forcément les années sombres de Renens, avec notamment la fermeture en 2006 de l'usine Kodak, qui était alors - aussi - le plus gros contributeur de la Ville. «Nous manquons de quelques entreprises à forte contribution, admet Jean-François Clément. La situation est préoccupante, mais il n'y a pas de solution immédiate. La promotion économique n'est pas un domaine où il suffit de dire «Y a qu'à.» Renens qui pleure, Prilly qui rit Pour le syndic, l'un des leviers essentiels est l'accès à des locaux abordables pour les entreprises. «Ceci concerne autant le secteur privé que le secteur public.» À ce sujet, l'édile socialiste tacle: «Aujourd'hui à Renens, les promoteurs immobiliers auraient tendance à proposer d'acheter des terrains où se situent des entreprises pour y construire du logement. C'est alléchant et pourrait les pousser en périphérie.» Dans le cas du déménagement de Salt, c'est aussi un peu la faute à pas de chance. En effet, le nouveau quartier de Central Malley où s'installe la société est à cheval entre les deux villes voisines. Cela n'a pas échappé à Jean-François Clément, qui nie toute course à l'échalote: «Salt aurait pu s'installer du côté de Renens, c'est vrai. Nous collaborons activement au sein de Lausanne Région, du district notamment. Tant mieux donc pour nos voisins de Prilly. Et à nous d'en faire un défi à relever.» À Renens, les impôts des entreprises ne pèsent pas lourd La Ville de Renens précise que les acomptes 2024 facturés aux entreprises se sont montés à environ 5 millions de francs, dont ceux de Salt représentent 46%. Dans les comptes 2024 , le revenu total des impôts des personnes morales s'est chiffré à 9,4 millions, comprenant d'autres éléments, dont des acomptes élevés concernant les années précédentes. Le revenu issu des personnes morales reste toutefois bien en deçà de celui provenant des personnes physiques, qui sont de 34,7 millions. Les comptes 2024 de la Ville ont affiché un excédent de revenus de 2,24 millions de francs, les charges s'élevant à quelque 129 millions. La marge d'autofinancement s'est montée à 12,3 millions. Renens et Prilly Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Chloé Din est journaliste à la rubrique Vaud & Régions depuis 2015. Elle couvre en particulier le district de l'Ouest lausannois ainsi que les thématiques religieuses et spirituelles. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

C'est vous qui le dites 9 août: Tensions entre la Suisse et les USA
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24 Heures

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C'est vous qui le dites 9 août: Tensions entre la Suisse et les USA

Accueil | Opinion | Courrier des lecteurs | Opinion Retrouvez ici votre courrier des lecteurs du 9 août. Commentaire 24 heures / lecteurs Publié aujourd'hui à 08h56 Trump et l'argent de l'AVS Compenswiss, établissement de la Confédération qui gère les fonds et la fortune de l'AVS, notamment, a eu l'idée de génie d'attribuer récemment le mandat de banque dépositaire à la banque américaine State Street. Ainsi, l'argent du peuple suisse n'est plus géré par une banque suisse. Idée de génie, disais-je. Cette situation est naturellement inacceptable et constitue une erreur politique et juridique. Elle représente un risque accru pour les fonds concernés et une remise en question injustifiée de nos banquiers suisses. De manière incompréhensible, nos députés fédéraux ont, au surplus, soutenu majoritairement cette décision absurde, alors que la Commission du Conseil national avait requis la résiliation du nouveau contrat. J'ose espérer que la préférence donnée imprudemment à une banque américaine pour gérer l'argent du peuple suisse a été mise sur la table des négociations par nos illustres ministres fédéraux. L'absence manifeste de vision, de stratégie et de lucidité de nos élus fédéraux est sidérante, déroutante, dans la défense du peuple suisse. À l'instar des avions américains F-35, des drones et autres envolées ratées, nos représentants fédéraux ont l'art manifeste de l'aveuglement et de l'impasse. Fernand Briguet, Épalinges Suisse-USA La question du prix des médicaments Ce que Donald Trump semble négliger, c'est que la véritable question critique réside dans les coûts globaux du système de santé. En Suisse, le coût de la santé représente un peu moins de 12% du PIB, contre plus de 16% aux USA. Les médicaments représentent 15 à 20% des dépenses totales. C'est un pourcentage substantiel, mais en se focalisant sur le coût des médicaments, on s'attaque à un arbre qui cache la forêt. Aux États-Unis, l'un des facteurs les plus importants dans la spirale des coûts de la santé est le grand nombre de litiges médicaux. Il n'est pas rare que des consultations ou des factures médicales soient portées devant les tribunaux, dans un contexte où les avocats spécialisés dans les litiges médicaux sont nombreux. Par conséquent, les médecins doivent se prémunir avec une assurance responsabilité civile particulièrement coûteuse. Dans de nombreux cas, les médecins pratiquent une médecine défensive visant prioritairement à éviter les poursuites judiciaires plutôt qu'à améliorer la santé des patients. Cela a pour effet de multiplier les consultations: là où un patient européen consulterait un seul médecin, un patient américain en verra souvent deux ou trois pour le même problème. Ainsi, les consultations redondantes, les primes d'assurance élevées et les frais judiciaires contribuent de manière significative à l'inflation des coûts de santé – indépendamment du prix des médicaments. Réformer le système judiciaire aux USA aurait un impact très significatif sur les coûts de la santé. Se concentrer uniquement sur le coût des produits pharmaceutiques est donc une approche simpliste et, surtout, peu prometteuse. Suisse-USA La menace de Donald Trump de surtaxer les médicaments, même suisses, met en lumière une réalité qu'on ne peut plus ignorer: les prix des médicaments sont souvent trop élevés, des deux côtés de l'Atlantique. En Suisse, alors que les primes LAMal grimpent chaque année, la population s'interroge à juste titre: comment justifier que certains traitements coûtent aussi cher, alors que les laboratoires affichent des profits records? La réponse ne peut plus être laissée à la seule industrie. Il est temps que la politique s'engage sereinement mais fermement. Une piste prioritaire: instaurer une transparence complète sur les coûts de développement, de production et de mise sur le marché des médicaments. Cela permettrait d'évaluer, en toute objectivité, si les prix pratiqués sont justifiés. D'autres pays, comme le Canada ou l'Italie, ont ouvert cette voie. La Suisse peut s'en inspirer. À terme, elle pourrait conditionner le remboursement par la LAMal à la démonstration d'un rapport raisonnable entre coût réel et prix demandé. Cette transparence ne vise pas à punir l'innovation, mais à renforcer la confiance du public et à garantir un accès équitable aux traitements. Un débat apaisé et fondé sur les faits est possible. Il est même indispensable. Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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