
Salt quitte Renens pour Prilly et va laisser un gros trou dans les caisses communales
L'opérateur de téléphonie mobile Salt va déménager son siège de Renens (photo) à Prilly. Des millions de francs d'impôts partent aussi.
Florian Cella
En bref:
C'est un départ qui était dans l'air, mais il tombe comme un coup de massue sur la Ville de Renens. L'opérateur mobile Salt confirme, dès cette année, le déménagement de son siège principal, qui se trouvait depuis 2009 dans le chef-lieu de l'Ouest lausannois.
L'entreprise n'ira pas bien loin puisqu'elle s'est trouvé des locaux dans le nouveau quartier Central Malley, dont les immeubles-tours achèvent leur construction . Ironie du sort, Salt s'installera sur le territoire voisin de Prilly, à quelques dizaines de mètres de la frontière entre les deux communes. Pour Renens, il y a de quoi rire jaune, car ce qui ressemble à un petit pas va creuser un trou important dans ses finances. Des impôts pour 2,3 millions
En juin dernier, le Conseil communal a été informé du départ d'un «gros» contributeur fiscal en 2025. Selon le rapport de la Commission des finances sur les comptes 2024, il s'agit même du plus gros: «On parle du premier contributeur communal, soit 46% de l'impôt sur les personnes morales, donc 2,3 millions», précise en effet la Municipalité face aux inquiétudes de la Cofin. «Les effets sont conséquents», ajoute-t-elle, même si le revenu des impôts des personnes morales pèse bien moins lourd à Renens que celui des personnes physiques (voir encadré) .
Le rapport de la Cofin ne cite pas le nom de Salt, secret fiscal oblige. Et le syndic Jean-François Clément, contacté, respecte la même réserve quant à savoir si l'entreprise est bien ce premier contribuable dont il est question. Mais il ne peut que confirmer que l'opérateur mobile a bien annoncé son départ à la Ville.
«C'est une très mauvaise nouvelle, commente l'édile socialiste. Elle s'inscrit de plus dans un contexte où la péréquation retenue par le Canton est largement moins solidaire que celle que la Ville de Renens a défendue, avec de très rares soutiens de communes malheureusement.» En effet, selon la Municipalité dans ses réponses à la Cofin, le trou de 2,3 millions attendu pour 2025 sera en partie compensé par la nouvelle péréquation, mais à 1 million de francs seulement.
Du côté de Salt, on ne donne pour l'heure pas plus de précisions sur les motivations exactes de ce déménagement, qui lui fait quitter un immeuble situé à quelques encablures de la gare de Renens. La recherche de locaux plus modernes et plus efficients énergétiquement a toutefois été évoquée depuis quelques mois. Le service de communication de l'entreprise - troisième opérateur mobile de Suisse derrière Swisscom et Sunrise - indique toutefois que son siège principal, qui regroupe un quart de ses plus de 1000 employés, ne fait que changer d'adresse et reste en Suisse romande. Un déménagement qui fragilise
Le taux d'imposition de Renens, à 77%, aurait-il joué contre la commune? Jean-Francois Clément n'en croit rien: «Le taux de Prilly est un peu plus bas (ndlr: 72,5%) mais n'est sans doute pas le seul élément dans le choix d'implantation d'une société.» Pour le chef-lieu de l'Ouest lausannois, ce déménagement met toutefois en évidence une situation fragile, puisque 60% de l'impôt sur le bénéfice et le capital des personnes morales provient de seulement 2% de ses entreprises.
Lors du dernier Conseil communal, l'élu PLR Jean-François Constant a souligné cette fragilité, tout en assurant qu'une deuxième grande entreprise serait sur le départ. Contacté, il maintient ses propos mais ne dévoile pas le nom de cette société. Comme d'autres élus, il en appelle d'abord à une meilleure politique de promotion économique.
Président de la Cofin jusqu'en juin 2025, l'UDC Stéphane Montabert abonde: «Salt est un gros arbre qui tombe dans la forêt, mais on ne prête pas attention aux petits qui sont déjà tombés. Des entreprises s'installent dans l'Ouest lausannois, mais pas à Renens, et il ne faut pas tout mettre sur le compte de la fiscalité.»
À gauche de l'échiquier, Vincent Keller (Fourmi rouge) s'interroge aussi sur le dynamisme de la promotion économique et écarte l'argument du taux d'imposition, tout en se positionnant sur le même thème que le syndic: «Il faut continuer à se battre pour une meilleure péréquation.»
Le départ de Salt rappelle forcément les années sombres de Renens, avec notamment la fermeture en 2006 de l'usine Kodak, qui était alors - aussi - le plus gros contributeur de la Ville. «Nous manquons de quelques entreprises à forte contribution, admet Jean-François Clément. La situation est préoccupante, mais il n'y a pas de solution immédiate. La promotion économique n'est pas un domaine où il suffit de dire «Y a qu'à.» Renens qui pleure, Prilly qui rit
Pour le syndic, l'un des leviers essentiels est l'accès à des locaux abordables pour les entreprises. «Ceci concerne autant le secteur privé que le secteur public.» À ce sujet, l'édile socialiste tacle: «Aujourd'hui à Renens, les promoteurs immobiliers auraient tendance à proposer d'acheter des terrains où se situent des entreprises pour y construire du logement. C'est alléchant et pourrait les pousser en périphérie.»
Dans le cas du déménagement de Salt, c'est aussi un peu la faute à pas de chance. En effet, le nouveau quartier de Central Malley où s'installe la société est à cheval entre les deux villes voisines. Cela n'a pas échappé à Jean-François Clément, qui nie toute course à l'échalote: «Salt aurait pu s'installer du côté de Renens, c'est vrai. Nous collaborons activement au sein de Lausanne Région, du district notamment. Tant mieux donc pour nos voisins de Prilly. Et à nous d'en faire un défi à relever.» À Renens, les impôts des entreprises ne pèsent pas lourd
La Ville de Renens précise que les acomptes 2024 facturés aux entreprises se sont montés à environ 5 millions de francs, dont ceux de Salt représentent 46%. Dans les comptes 2024 , le revenu total des impôts des personnes morales s'est chiffré à 9,4 millions, comprenant d'autres éléments, dont des acomptes élevés concernant les années précédentes. Le revenu issu des personnes morales reste toutefois bien en deçà de celui provenant des personnes physiques, qui sont de 34,7 millions. Les comptes 2024 de la Ville ont affiché un excédent de revenus de 2,24 millions de francs, les charges s'élevant à quelque 129 millions. La marge d'autofinancement s'est montée à 12,3 millions.
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Chloé Din est journaliste à la rubrique Vaud & Régions depuis 2015. Elle couvre en particulier le district de l'Ouest lausannois ainsi que les thématiques religieuses et spirituelles. Plus d'infos
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Il a obtenu un diplôme en multimédia en 2011 puis a travaillé pour différents quotidiens et hebdomadaires. Aujourd'hui, il concentre ses efforts sur la mise au jour d'abus dans les domaines de la médecine, de la justice ou de l'environnement. Plus d'infos Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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