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Genève: des déchets en œuvre d'art contre la pollution plastique

Genève: des déchets en œuvre d'art contre la pollution plastique

24 Heuresa day ago
Traité sur le plastique

Des déchets en œuvre d'art pour combattre la pollution plastique
Dans le cadre du lancement de la conférence sur le plastique à l'Organisation des Nations Unies, deux artistes ajoutent leur voix au combat.
Andrea Di Guardo
L'artiste et restaurateur de lustres Bertrand Cazenave expose plus de 500 méduses devant le Palais des Nations ce mardi 5 août.
BERTRAND CAZENAVE
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En bref : Plus de 500 méduses en luminaires recyclés vont flotter devant l'entrée du Palais des Nations.
L'artiste Bertrand Cazenave crée ses méduses avec des ampoules LED récupérées.
Une réplique du «Penseur» de Rodin sera submergée de déchets plastique.
Une balade de sensibilisation de 3 kilomètres partira du Palais des Nations.
Vous l'aurez sans doute remarqué si vous êtes passés dans le coin: la «Broken Chair» de la place des Nations s'est trouvé un nouveau compagnon éphémère. Inspirée du «Penseur» de Rodin, cette statue que l'on doit à l'artiste et activiste Benjamin Von Wong s'apprête à être inondée de déchets plastique dans les jours à venir. Une manière de symboliser l'inaction des gouvernements sur ce fléau du XXIe siècle, alors que Genève accueille dès aujourd'hui la cinquième session des négociations pour le traité sur les plastiques.
Un événement qui inspire également un artiste plus local mais tout aussi engagé, Bertrand Cazenave. Ce dernier recourt au même procédé créatif que Benjamin Von Wong, à savoir utiliser des déchets pour sculpter une œuvre. Ainsi, la place des Nations accueillera temporairement dans la journée du 5 août des centaines de méduses créées après la récupération de matériel.
Défilé de méduses à Genève
Exemple des méduses fabriquées par Bertrand Cazenave.
BERTRAND CAZENAVE
Mardi matin, ce sont donc plus de 500 méduses flottantes de tailles variables, entre 50 centimètres et 5 centimètres de diamètre, construites à la main par l'artiste et spécialiste en luminaire suisse Bertrand Cazenave, et exclusivement faites de matériaux recyclés, qui seront suspendues à une installation à côté de la «Broken Chair». «Fasciné par la lumière», Bertrand Cazenave travaille depuis des années sur la question des déchets réutilisables, autant dans son activité professionnelle que dans son parcours artistique.
«J'ai confectionné des méduses à l'aide d'ampoules LED et de fils électriques recyclés, explique-t-il. J'ai été amené à récupérer des milliers d'ampoules usées mais en parfait état de marche. Ça m'atterre, je ne comprends pas comment on peut jeter des choses qui marchent encore. Ce n'est pas parce que l'on est riche que l'on ne doit pas réparer ou restaurer ce qui ne fonctionne plus très bien. Je récupère alors énormément de ces objets pour les réutiliser à des fins artistiques, c'est une manière de mener le combat contre la pollution.»
Ces jolies méduses faites d'ampoules seront suspendues à côté de la «Broken Chair».
BERTRAND CAZENAVE
Restaurateur de lustres à l'origine, Bertrand Cazenave s'est pris de passion pour la sculpture en récoltant pour son travail toutes sortes de matériels, des ampoules aux câbles électriques, en passant par du cristal, des verres de Murano, des bouteilles de parfum et des LED de guirlandes de Noël.
Il s'est lancé tout d'abord dans la fabrication de bonshommes à l'aide de ce bric-à-brac, puis sa passion l'a dirigé vers les méduses. «C'est un animal magnifique qui n'est pas un prédateur et qui subit en silence la pollution du plastique. Cette œuvre est donc un cri contre la pollution et le plastique à usage unique, qui est une véritable aberration pour l'environnement.»
Pour assister à l'installation de cette œuvre, rendez-vous à 8 h 30 mardi 5 août sur la place des Nations.
Le «Penseur» de Benjamin Von Wong
«Turn Off the Plastic Tap», une installation artistique faite de plastiques créée par Benjamin Von Wong.
#TurnOffThePlasticTap © Von Wong Productions
Juste à côté de la «Broken Chair», l'artiste Benjamin Von Wong a également installé une œuvre monumentale. Nouvel habitué des conférences pour le climat après son robinet géant crachant du plastique à Nairobi et son «Jenga de la diversité» en Colombie, il réalise cette fois une version du «Penseur» de Rodin à l'aide de matériels recyclés. Cette dernière va peu à peu être envahie de déchets plastique dans les jours à venir. Une manière de «symboliser les coûts croissants, environnementaux et sanitaires, de l'inaction politique». Artistiquement, cette installation est un sacré chantier.
«J'ai coordonné un groupe WhatsApp composé de plus de 100 volontaires pour venir travailler le plastique avec moi: laver les bouteilles, les décapsuler, trouer les emballages…, décrit Benjamin Von Wong. D'ailleurs, tout le plastique que l'on utilise est suisse, il provient des montagnes, de Genève et de Zurich, c'est donc une œuvre 100% locale. Cela fait maintenant plus de quatre mois que je suis sur ce projet.» L'inauguration de cette œuvre soutenue notamment par la Ville et le Canton de Genève aura lieu le 7 août à 18 h 30.
Le «Penseur» de Benjamin Von Wong est d'ores et déjà installé devant la «Broken Chair».
LAURENT GUIRAUD/TAMEDIA
On le disait plus haut, Benjamin Von Wong n'en est pas à son coup d'essai en matière d'installation monumentale pour sensibiliser sur la pollution plastique. Ce Canadien de 38 ans s'était également fait remarquer en 2019 avec son œuvre «Strawpocalypse», accueillie par le Vietnam, et composée de 168'000 pailles en plastique.
Triste rappel: aux États-Unis, entre 170 et 390 millions de pailles sont utilisées tous les jours, selon les études rigoureuses de l'organisation Plastic Pollution Coalition. Après des premiers efforts menés par l'administration Biden pour limiter cet usage, Donald Trump avait effectué un brusque retour en arrière dès le début de son deuxième mandat en février dernier.
Balade sensibilisée à la question de la pollution plastique
Pendant les négociations, des activités s'ouvrent aux curieux désirant être mieux sensibilisés à la question de la pollution plastique. Au-delà des aspects très scientifiques de ces rendez-vous, conférences ou activités, une petite balade a attisé notre curiosité. Longue de 3 kilomètres, la marche partira du Palais des Nations le 7 août à 7 h du matin et se terminera vers 9 h, avec la possibilité de grignoter quelques croissants entre quelques discussions sur l'avenir bien sombre de notre Terre.
Traité sur la pollution plastique
Quête d'un traité mondial
Genève accueille un sommet crucial sur la pollution plastique
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Andrea Di Guardo est journaliste RP à la Tribune de Genève depuis mars 2024. Attaché à la rubrique culturelle (pôle Vibrations), il écrit également pour 24 Heures et Le Matin Dimanche. Il s'intéresse aussi aux sujets locaux et internationaux. Il est titulaire d'un Master en journalisme et communication et d'un Bachelor en sciences politiques. Plus d'infos
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Et je ne vous fais pas une réponse diplomatique, là. Maja Hoffmann est habituée à côtoyer des curateurs. Un directeur artistique d'un festival de films, c'est un peu pareil. Je l'ai rencontrée partout, à Los Angeles, à Zurich, à Cannes, à Arles. Jusqu'à quand dure votre mandat? Il a été renouvelé et prolongé. Il s'arrête à la hauteur de 2027, qui marquera la 80e édition du festival. La compétition a-t-elle été difficile à composer? Disons qu'il ne suffit pas de trouver des films qui soient une addition d'œuvres différentes, mais des titres capables de réfléchir sur la complexité du temps. On se dit parfois «À quoi bon faire un festival lorsque la guerre a lieu dans plusieurs endroits du monde?» Cette question nous hante, car elle engage notre responsabilité. Le concours n'est composé que de premières mondiales. C'est une condition pour participer? Oui, c'est toujours le cas. Sinon, le film passe Hors compétition ou sur la Piazza Grande. Êtes-vous quelqu'un qui a besoin de tout contrôler ou qui préfère beaucoup déléguer? La machine du Festival est très grande. Il faut inévitablement savoir déléguer lorsqu'on dirige ce paquebot. Mais il y a aussi des choses fondamentales que je tiens à contrôler, en rapport avec le choix des films. J'ai à ce titre le privilège de travailler avec une équipe qui me le permet. Quel est votre secret pour tenir douze jours dans le stress du festival? Je n'ai pas de secrets. J'aimerais bien en avoir, mais non, je n'en ai pas. J'ai des passions, y compris en dehors du cinéma. J'aime les parfums, les vêtements. Je reste toujours curieux du cinéma et je sais que cette curiosité est liée profondément aux affiches de films des années 70, westerns, films de kung-fu et comédies, qui me faisaient toujours rêver. Le cinéma m'a aidé à élargir mon monde. La première fois que j'ai vu «Le fantôme de la liberté» de Buñuel ou «Cris et chuchotements» de Bergman, je n'ai rien compris, mais tous ces films m'ont posé des questions et fait comprendre qu'il existe quelque chose au-delà de ce que je connais. Est-ce que vous suivez la carrière des films présentés les précédentes années à Locarno? Je le fais à travers le bureau. C'est important que la vie des films continue après la fin du festival. D'après vous, qu'est-ce qui fait la grandeur du festival? De pouvoir intercepter ce qu'il y a de nouveau dans le cinéma. Aujourd'hui, il y a des réalités intangibles. Et basiquement, une division assez forte entre cinéma commercial et cinéma d'auteur. Le premier se retrouve directement en salles, le second se dévoile davantage dans les festivals. De plus, la presque totalité du cinéma européen est un cinéma d'auteur. Comment discerner les émergences de la contemporanéité là-dedans? C'est le rôle des festivals. Quels sont vos espoirs pour cette édition? Quinze jours de beau temps, une Piazza Grande toujours pleine et des salles qui ne désemplissent pas. Et des réalisateurs qui sont contents d'être ici. Le reste vous appartient à vous, les critiques. Quel est votre meilleur et votre pire souvenir de vos premiers festivals? Il n'y en a pas de meilleur parce qu'il y en aurait beaucoup. D'avoir donné un prix d'honneur à Renzo Rossellini . D'avoir accueilli Shah Rukh Khan , icône et star absolue du cinéma de Bollywood (ndlr: des gens étaient même venus de New York pour voir l'idole) . D'avoir accompagné Michael Cimino au festival et d'avoir assisté à la projection de «Heaven's Gate» avec lui, et de le deviner en larmes derrière ses lunettes noires. Quant au pire souvenir, je ne vois pas non plus. Peut-être la grêle qui a ravagé le Tessin il y a un an ou deux après la fin du festival. Sur le Festival de Locarno Pascal Gavillet est journaliste à la rubrique culturelle depuis 1992. Il s'occupe principalement de cinéma, mais il lui arrive aussi d'écrire sur d'autres domaines. En particulier les sciences. A ce titre, il est également mathématicien. Plus d'infos @PascalGavillet Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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Accueil | Culture | Festivals | À 29 ans, la Chaux-de-Fonnière prend les rênes du festival La Plage des Six Pompes. Elle veut en préserver l'esprit tout en affrontant de grands défis financiers. Valérie Geneux Publié aujourd'hui à 11h05 Pauline Bessire, 29 ans, prend la tête du festival La Plage des Six Pompes, avec une approche bienveillante. Keystone En bref: Théâtre, cirque, clown, musique et danse envahiront La Chaux-de-Fonds du 5 au 10 août. La ville vivra au rythme du festival La Plage des Six Pompes , qui célèbre cette année l'arrivée d'une nouvelle directrice. Pauline Bessire a fréquenté le festival depuis sa plus tendre enfance. D'abord en tant que spectatrice, puis à titre de bénévole et enfin comme employée dans l'association où elle a commencé à faire ses armes du côté du sponsoring et de la communication, avant d'être nommée directrice, il y a six mois. «J'ai grandi avec la manifestation. En m'investissant depuis toujours, j'ai acquis beaucoup de connaissances et de bagage», résume la jeune femme de 29 ans. Avec une mère metteuse en scène et professeure de théâtre et un père qui jouait au sein de troupes amateures, Pauline Bessire a baigné dans le sixième art. Mais ce qui l'a fascinée dans le festival La Plage des Six Pompes, c'est le montage de l'événement. «Enfant, je me rappelle observer les techniciens construire les infrastructures. J'avais un appareil photo et j'immortalisais ces moments. Je savais qu'il y aurait des photos des spectacles, mais garder un souvenir du montage et de cette énergie me semblait aussi important», raconte la Chaux-de-Fonnière. Elle a même réalisé des albums photos, offerts ensuite au directeur technique de l'époque. Prendre soin des autres Aujourd'hui, Pauline Bessire a une vision claire de la manière dont elle veut gérer ses équipes. Celle qui se qualifie d'observatrice et à l'écoute désire marquer son management en prenant soin des autres . «Les milieux de l'événementiel et culturels peuvent être maltraitants et remplis d'ego», souligne-t-elle. En tant que directrice, elle souhaite être le liant entre ses collaboratrices et collaborateurs, mais aussi avec ses différents publics. «J'aimerais me mettre à disposition de toutes et tous et être l'élément rassembleur. C'est important pour moi que tout le monde se sente bien et légitime de venir au festival.» Quand Hugues Houmard, son prédécesseur, est arrivé à la direction en 2022, l'équipe avait subi un important turn-over avec de nombreux départs. «Il s'est attelé à la reconstruire et à donner une nouvelle dynamique», précise Pauline Bessire. Cette dernière souhaite s'inscrire dans la continuité de l'ancien directeur avec qui elle a collaboré et beaucoup appris. «Mon objectif est de consolider cette base. On ne peut pas faire rayonner un projet sans fondation stable. 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C'est frustrant de se battre pour amener de la joie aux gens.» Elle n'oublie pas non plus que les artistes souffrent d'un statut encore trop peu reconnu et valorisé. Depuis la tempête de 2023, qui avait durement frappé la ville et entraîné l'annulation du festival, l'association a pris une mesure forte: garantir 20% du cachet des artistes en cas d'imprévu, qu'il s'agisse d'une blessure ou d'une annulation pour raisons météorologiques. Malgré ces incertitudes financières et politiques, Pauline Bessire tient à rappeler l'essence même de l'événement. «L'art de rue reste un médium accessible à toutes et tous. On peut s'arrêter, regarder, puis choisir de rester, de passer son chemin ou de donner la somme que l'on souhaite, selon ses moyens», souligne cette enfant de La T'Chaux. Une chose est sûre: le festival restera gratuit, une valeur fondatrice de La Plage des Six Pompes, qui accueillera cette année une cinquantaine de compagnies, 136 représentations et près de 80'000 spectateurs. 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