
La vérificatrice générale enquêtera sur un système défectueux
Le Système de gestion des cotisations et des recettes (GCRA) de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) fera l'objet d'un audit par la vérificatrice générale. L'outil, qui affiche un dépassement de coûts de 300 millions, accumule les reports et les erreurs de calcul.
Ce qu'il faut savoir Le Bureau du vérificateur général ouvrira une enquête sur un outil numérique de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).
L'outil, le Système de gestion des cotisations et des recettes (GCRA), vise à moderniser la perception des droits et des taxes sur les marchandises commerciales.
Le projet affiche un dépassement de coûts de 300 millions, en plus d'accumuler les reports et les erreurs de calcul.
Plusieurs organisations et des vérificateurs internes ont sonné l'alarme à propos du portail défectueux.
Le premier vice-président de l'ASFC estime que les « bris » et les « oublis » sont inévitables quand on développe un système de l'ampleur du GCRA.
L'audit sur le Système de gestion des cotisations et des recettes (GCRA) n'a pas commencé, et aucun calendrier n'a été établi pour le moment, a précisé le Bureau du vérificateur général du Canada dans un courriel.
La Presse rapportait en juin que l'outil numérique avait déjà coûté plus d'un demi-milliard aux contribuables, alors que les dépenses autorisées atteignent 706,5 millions, contre un budget annoncé de 408 millions en 2019. La mise en œuvre de la phase ultime du projet a été reportée une énième fois du 13 mai dernier à octobre prochain.
Lisez notre enquête sur le portail GCRA
L'initiative, dans les cartons depuis 2010, vise à moderniser la perception des droits et des taxes sur les marchandises commerciales.
L'outil promet des gains annuels actuellement évalués à quelque 40 milliards, en réduisant « les occasions manquées d'appliquer les taxes et les droits » sur près de 800 milliards de biens importés chaque année, selon l'ASFC.
La multinationale Deloitte a obtenu par appel d'offres l'essentiel des contrats accordés par l'ASFC pour le GCRA, en 2013, 2015, 2016 et 2018. À lui seul, le plus récent contrat, qui s'étire jusqu'en 2026, affiche une valeur de 322 millions, selon des documents demandés en vertu du privilège parlementaire et obtenus par La Presse.
Des « failles non résolues »
Dans un mémoire accablant remis aux parlementaires le 8 avril dernier et passé inaperçu, 22 organisations soulignent notamment que « les calculs des droits et taxes continuent d'être erronés ». Parmi les signataires : l'Association canadienne des importateurs et exportateurs (IE Canada), la Société canadienne des courtiers en douane, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante et la Chambre de commerce des États-Unis.
L'ASFC a mené trois séries de tests contrôlés du système GCRA, a précisé Kim Campbell, ex-présidente d'IE Canada, en comité parlementaire, en mars dernier.
« Chaque série de tests a été extrêmement frustrante, car le processus et les scripts de tests étaient truffés d'erreurs et semaient la confusion. La même chose s'est répétée à chaque phase de test. Des éléments qui devaient être corrigés ne l'ont pas été », a-t-elle déploré.
Les membres de la Société canadienne des courtiers en douane (SCCD) ont quant à eux soulevé des « inquiétudes quant aux essais insuffisants et aux failles non résolues avant que la GCRA soit en service » dans un mémoire déposé à la fin du mois de mars.
IE Canada a demandé au Comité permanent du commerce international de mandater la VG afin qu'elle produise un rapport d'examen sur la « gestion et l'exécution du projet, les dépassements de coûts et la gestion des fournisseurs ».
Des échos d'ArriveCAN
Le GCRA, « c'est un peu un mélange entre ArriveCAN et Phénix », estime Simon-Pierre Savard-Tremblay, député bloquiste et vice-président du Comité permanent du commerce international, en faisant référence aux deux projets numériques fédéraux plombés par des scandales. Le parlementaire a envoyé une lettre à la vérification générale lui demandant de se pencher sur le dossier.
Ted Gallivan, premier vice-président de l'ASFC, a affirmé qu'il était « impensable » qu'un système de la portée du GCRA soit exempt d'« oublis » ou de « bris », en entrevue avec La Presse par visioconférence.
« J'accepte qu'il va y avoir des problèmes parce que c'est un système avec des millions de transactions. Mon rôle, c'est d'avoir une équipe qui documente les problèmes, puis qui les règle en temps opportun », a-t-il expliqué.
Déjà en 2021, une vérification interne pointait des « retards importants dans la conception de la solution » qui « ont eu une incidence sur les activités d'intégration essentielles qui doivent être réalisées, y compris la résolution des problèmes d'interface et la réalisation d'essais d'acceptation par l'utilisateur ».
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


La Presse
43 minutes ago
- La Presse
Un patrimoine fragile
Le Centre de services Desjardins de Saint-Henri a été conçu et imaginé en 1965 par l'architecte Henri Brillon. « Immeuble commercial à vendre. 4545, rue Notre-Dame Ouest dans le secteur Saint-Henri. Opportunité d'investissement. » L'annonce diffusée par les Caisses Desjardins ne manque pas de détails. On y apprend que « l'immeuble commercial » en question date de 1966, qu'il fait 9322 pieds carrés, avec un sous-sol aménagé, un accès pour les personnes à mobilité réduite et 22 places de stationnement. On y apprend aussi que le prix de vente est de 3 998 500 $. PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE La caisse populaire Saint-Zothique, du haut des airs PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE L'immeuble est aujourd'hui en vente pour une somme avoisinant les 4 millions de dollars. PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE La caisse populaire Saint-Zothique, du haut des airs 1 /2 Il y manque toutefois une information de taille : cette succursale du Mouvement Desjardins a été conçue et imaginée en 1965 par l'architecte Henri Brillon, et doit être considérée comme un fleuron de l'architecture moderne au Québec. Sa vente peut faire craindre le pire. Qu'en feront ses prochains propriétaires ? PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Le Mouvement Desjardins a choisi de se départir du bâtiment qui jouxte l'église Saint-Zotique, malgré sa grande valeur architecturale. Le bâtiment d'Henri Brillon est loin d'être la seule succursale du Mouvement Desjardins à posséder des formes audacieuses. Du milieu des années 1950 au milieu des années 1970, les caisses pop ont été un acteur important pour l'avènement de l'architecture moderne au Québec. PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE La succursale de Desjardins de Plessisville, dans la région du Centre-du-Québec, possède une architecture résolument moderne. PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE L'ancienne caisse Saint-Pascal-de-Maizerets, à Québec, est aujourd'hui une résidence privée. PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE La succursale de Desjardins de Plessisville, dans la région du Centre-du-Québec, possède une architecture résolument moderne. 1 /2 Une quinzaine de succursales, encore debout, voire toujours en activité, témoignent de ce courant visionnaire qui a permis de faire entrer l'art et la modernité dans notre vie de tous les jours. Outre celle d'Henri Brillon à Saint-Henri, on pense aussi à la succursale Notre-Dame-du-Chemin à Québec, de type « Guggenheim », ou à la succursale Saint-François-d'Assise à Trois-Rivières, avec ses colonnes en forme de X. Ces succursales font aujourd'hui partie d'un patrimoine moderne limité, mais extrêmement précieux dans la province. PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS Conçue par l'architecte Jacques Racicot, la succursale Notre-Dame-du-Chemin est surnommée le « Guggenheim de Québec ». Pourquoi autant de bâtiments « flyés » au sein du Mouvement Desjardins, qui célèbre, soit dit en passant, son 125e anniversaire cette année ? Plusieurs raisons. Dans les années 1950, le Québec entre dans une période de prospérité. La Révolution tranquille se prépare, Expo 67 n'est pas loin. On veut casser les vieux moules. La modernité entre comme un rayon de lumière dans une province longtemps obscurcie par le conservatisme. Or, l'institution bancaire québécoise va refléter ce boom social et économique. Avec les nouveaux lotissements, les services de proximité se multiplient. On construit des églises dans les nouveaux quartiers, ainsi que de nouvelles caisses populaires. Après avoir été longtemps confinées aux presbytères, aux sous-sols d'église, voire aux maisons privées, les succursales commencent à avoir pignon sur rue. Parce qu'elles veulent se faire remarquer et montrer qu'elles sont dans l'air du temps, certaines vont opter pour des bâtiments plus audacieux, s'inscrivant dans le courant moderne architectural. Formes inhabituelles, usage du béton, des courbes, excentricité. Signe des temps : des succursales offrent même un service à l'auto, un genre d'ancêtre du guichet automatique ! (voir onglet 3) Pour certaines caisses, c'est une façon de montrer qu'on se modernisait. Le changement de bâtiments illustre bien le développement du Mouvement. David Camirand, historien chez Desjardins L'autre raison, liée à la première, relève du marketing. En affichant sa modernité et son originalité, on se distingue des établissements bancaires concurrents, souvent plus conventionnels. Outre les formes audacieuses, ce choix se reflète dans l'usage régulier des murs-rideaux vitrés, peu communs pour ce genre d'établissements. On montre la transparence, alors qu'on devrait plutôt dissuader les voleurs avec des murs de pierres aux allures de coffre-fort. PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS Les murs-rideaux vitrés sont un élément de modernité caractéristique aux caisses. Un vent d'optimisme Ce mouvement moderniste n'a rien de concerté : la Fédération des caisses Desjardins est entièrement décentralisée. Ces nouvelles constructions se décident donc au niveau local. Si on en voit plusieurs pousser aux quatre coins de la province à la même époque, c'est simplement que cette modernité est dans l'air du temps. « Ce sont les années 1960, souligne Conrad Gallant, conseiller en patrimoine pour Brodeur et consultants. À cette époque, la presse se fait quotidiennement l'écho d'Expo 67 qui se prépare. Les gens baignent dans cette atmosphère de hardiesse architecturale. » Les caisses populaires veulent montrer que le Québec des années 1960 et 1970 est un Québec de prise de parole et de fierté québécoise. Conrad Gallant, conseiller en patrimoine pour Brodeur et consultants « Expo 67 va avoir beaucoup d'impact sur les conseils d'administration qui étaient responsables de réaliser de nouvelles succursales », confirme David Camirand. Mais ce n'est pas le seul critère qui incite à construire moderne, précise l'historien. « Ça dépendait aussi de la prospérité de la caisse. Certaines avaient plus de moyens et étaient plus audacieuses. Beaucoup de petites caisses, moins riches, vont opter pour des boîtes en briques brunes. » Des 1300 caisses pop en activité dans les années 1970, les succursales plus « flyées » se comptent sur les doigts de deux mains. Quinze ? Vingt ? Vingt-cinq ? Ce mouvement de pointe n'était donc pas généralisé. Mais ce groupe sélect témoigne d'un leadership sur le plan de l'architecture moderne au Québec. « Il y a une époque où, visiblement, il y a des efforts qui ont été faits », souligne France Vanlaethem, professeure émérite à l'École de design de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) et référence en architecture moderne au Québec. « Il y avait un esprit progressiste, de nouveauté. Il y avait un esprit, comment dire… de confiance en l'avenir. » Mme Vanlaethem déplore que cet « esprit » n'ait pas perduré. Avec les années, les caisses pop vont perdre en folie et devenir plus fonctionnelles. Les besoins changent. On va s'adapter au nouvel « air du temps ». PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS Caisse populaire de Repentigny, conçue par Henri Brillon, aujourd'hui disparue PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS La Caisse populaire de Repentigny, avec luminaires de Jean-Paul Mousseau, signataire de Refus global PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS Caisse populaire de Repentigny, conçue par Henri Brillon, aujourd'hui disparue 1 /2 Pire encore : certaines succursales remarquables seront détruites. C'est le cas de la caisse populaire de Repentigny, dont la démolition sera vivement critiquée par l'Ordre des architectes du Québec, en 1993. Le bâtiment, conçu par Henri Brillon (encore lui !) avec des luminaires signés par l'artiste Jean-Paul Mousseau, ressemble à un mélange de base lunaire et d'abri Tempo. Dans le journal La Presse, un architecte montréalais de l'époque explique que ce bâtiment original témoigne du dynamisme et de l'avant-gardisme des caisses pop. Mais il regrette du même coup que le Mouvement Desjardins ait « cessé de jouer un rôle phare en architecture ». PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS Caisse populaire Saint-Eustache, signée Henri Brillon, également détruite Malgré la mobilisation, le bâtiment sera rasé. Idem pour la caisse populaire de Saint-Eustache, aussi conçue par Henri Brillon. France Vanlaethem aimerait que les caisses populaires en fassent davantage pour protéger leur patrimoine et regrette la vente de la succursale Saint-Zotique. Une mise en vente qui n'est pas sans risque. L'extérieur du bâtiment est officiellement protégé par l'arrondissement du Sud-Ouest, mais non par la Loi sur le patrimoine culturel du Québec. Ce qui le rend donc en partie vulnérable, même si la Ville promet d'étudier « avec soin » toute forme d'intervention sur le bâtiment. « C'est un premier niveau de protection, résume France Vanlaethem. Son efficacité dépendra des fonctionnaires à la Ville qui traitent le dossier… »


La Presse
43 minutes ago
- La Presse
Les tueurs d'Odna Daudier demandent un nouveau procès
L'homme et la femme reconnus coupables d'avoir assassiné Odna Daudier avec un poison acquis dans les Caraïbes souhaitent obtenir un nouveau procès. Les deux tueurs font de nombreux reproches à la juge, dont « d'innombrables erreurs » dans ses directives au jury. Au terme d'un procès de trois mois en montagnes russes, Jacques Adonai Charpentier, 41 ans, et Mélissa Estimé, 24 ans, ont été déclarés coupables de meurtre au premier degré, le 2 juin dernier, au palais de justice de Montréal. Ils ont ainsi écopé de la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Trois ans plus tard, et malgré le procès, la mort d'Odna Daudier demeure mystérieuse. Son corps a été retrouvé, intact, dans sa voiture, dans un secteur isolé de l'est de Montréal, le matin du 29 mai 2022. Fait rare : la cause de sa mort n'a jamais été déterminée. PHOTO TIRÉE DU COMPTE FACEBOOK D'ODNA DAUDIER Odna Daudier, la victime Le jury a toutefois retenu la thèse de la Couronne : Jacques Adonai Charpentier et Mélissa Estimé ont traqué pendant des mois la victime, l'ex-conjointe de Charpentier. Mélissa Estimé s'est ensuite rendue en République dominicaine pour acquérir un poison « indétectable », vraisemblablement l'arme du crime. Erreurs de traduction ? Cette thèse repose essentiellement sur des échanges de messages textes et de messages vocaux entre les deux accusés. Aucun poison n'a été retrouvé dans le sang de la victime. PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE Mélissa Estimé, coaccusée Or, la traduction de ces messages textes en créole n'est pas fiable, affirment Jacques Adonai Charpentier et Mélissa Estimé dans leur avis d'appel, déposé fin juin. La traductrice a elle-même affirmé ne pas maîtriser le langage « codé » ou utilisé par les « jeunes », soutiennent-ils entre autres. Les appelants reprochent à la juge Éliane B. Perreault de n'avoir fait aucun « appel à la prudence » au jury concernant ces traductions. « Au contraire, elle a rehaussé la crédibilité du témoin », déplorent-ils, en évoquant une « grave » erreur. Dans leur avis d'appel, Jacques Adonai Charpentier et Mélissa Estimé reprochent à la juge d'avoir essentiellement bâclé ses directives finales au jury, une étape particulièrement délicate du procès. Le camp Charpentier relève huit erreurs importantes de la juge à cette étape. « Qui plus est, alors que la juge s'astreignait à rectifier des pans complets de ses directives initiales, elle commettait au passage de nouveaux impairs », écrit l'avocate de Charpentier, Me Marylie Côté, qui a fait équipe avec Me Martin Latour au procès. PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE Me Marylie Côté, avocate de Jacques Adonai Charpentier Dans le camp Estimé, on reproche à la juge d'avoir favorisé « indûment » une partie dans ses directives finales. « La juge a dû revoir des pans complets de ses directives finales au jury qui, au final, s'avéraient toujours inéquitables envers l'appelante », écrit son avocat, Me Maxime Hébert Lafontaine, en appel. Le camp Estimé affirme que la juge a « compromis l'équité du procès » pendant le processus judiciaire, en ordonnant à Me Elfriede Duclervil [l'avocate de Mélissa Estimé au procès] de reporter une intervention chirurgicale annoncée dès le début du procès et en « l'alarmant d'assigner son médecin ». Me Duclervil s'est absentée pendant environ un mois pour des raisons de santé pendant le procès. Dans un geste inédit, la juge Perreault a rendu une ordonnance pour forcer Me Duclervil à lui révéler les détails de son état de santé. En outre, les appelants reprochent à la juge de n'avoir toujours pas rendu de jugement écrit concernant plusieurs requêtes. Pendant le procès, la juge a tranché oralement plusieurs requêtes des parties, sans motiver ses décisions sur le coup. Le dossier sera entendu par la Cour d'appel dans les prochains mois. Généralement, un appel dans une affaire de meurtre prend entre deux et trois ans pour se conclure.


La Presse
2 hours ago
- La Presse
À la caisse, avec mon char !
Des années 1950 aux années 1970, le Mouvement Desjardins a joué un rôle important dans l'avènement de l'architecture moderne au Québec. Il reste encore des traces de cette folie visionnaire. Mais ce patrimoine demeure fragile. Un dossier de Jean-Christophe Laurence À la caisse, avec mon char ! À la caisse, avec mon char ! Avant les guichets automatiques, il y a eu les guichets… automobiles. C'était une autre époque. Un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. À partir des années 1960, plusieurs succursales Desjardins se sont en effet munies d'un service à l'auto. Ce système révolutionnaire, inspiré des banques américaines, fonctionnait comme chez McDo. Sauf qu'au lieu de commander un hamburger, on déposait un chèque… Selon David Camirand, historien chez Desjardins, les premières succursales à offrir ce service auraient été les caisses de Hull et de Louiseville, à la fin des années 1960. Au cours de la décennie suivante, elles vont se multiplier dans la province : Belœil, Repentigny, Saint-Romuald, Trois-Rivières, Saint-Hyacinthe, Montréal, dans les villes et dans les banlieues… C'était l'époque où les déplacements en voiture explosaient. Les caisses y voyaient une autre façon de rejoindre leurs membres. David Camirand, historien chez Desjardins C'était aussi une façon de réduire l'achalandage à l'intérieur des succursales, ajoute-t-il : « Les files jusqu'à dehors, c'était fréquent à l'époque, ça pouvait être chaotique certaines journées, donc on y voit une façon de diminuer cet achalandage-là. » PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS Les succursales de Desjardins offrant le service à l'auto se sont multipliées dans la province dans les années 1970. Pour les caisses, ce nouveau dispositif permet aussi d'élargir les heures de service, sans que tout l'établissement soit ouvert. « On pouvait faire rentrer une seule personne pour gérer le service à l'auto sans avoir à débarrer les portes de la caisse, lance M. Camirand. Par exemple, si la caisse ouvrait à 10 h, on pouvait voir le service à l'auto ouvrir à 8 h. Même chose en fin de journée. » Le système du service à l'auto va évoluer avec les années. Dans leur première version, les guichets seront tenus par de vraies personnes. PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS C'est par l'entremise d'un écran et d'un micro que les clients du service à l'auto communiquaient avec les employés de la caisse. Plus tard, on remplace l'être humain par une petite télé. Les transactions se font par micro et par écran interposés : le client dans sa voiture, le caissier ou la caissière dans la succursale. « Si on avait de l'argent ou des papiers à envoyer, on mettait ça dans des espèces de tubes pneumatiques. L'employé recevait le tube dans la caisse plus loin et pouvait faire la transaction », souligne M. Camirand. Ce système sera éventuellement remplacé par les premiers guichets automatiques. PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS Les transactions s'effectuaient à l'aide d'un système de tubes, ancêtre des guichets automatiques. Le service à l'auto disparaît progressivement dans les années 1980 et 1990, avec la réorganisation du réseau. Les avancées technologiques et l'automatisation des transactions font que les visites en succursale sont moins fréquentes, voire non nécessaires. C'est l'avènement du dépôt automatique et des transactions par internet. Les caisses se spécialisent moins dans la transaction et plus dans le service conseil. Quelques succursales proposeraient encore des guichets automatiques accessibles en voiture, mais alors que le mouvement Desjardins souligne son 125e anniversaire, l'âge d'or du service à l'auto est définitivement révolu.