
Le vaccin contre le mélanome serait-il bientôt une réalité?
Le vaccin s'adresse à des personnes qui ont eu un mélanome. En complément d'un traitement d'immunothérapie, il vise à réduire le risque de récidive.
IMAGO/Pond5 Images
En bref:
C'est un énorme espoir dans la lutte contre le cancer de la peau. Plusieurs vaccins sont en cours d'étude. Leur but est de réduire le risque de récidive chez les personnes atteintes d'un mélanome, la forme la plus mortelle de ces maladies.
Un vaccin à ARN messager, en particulier, est dans la dernière phase de test. Olivier Michielin, chef du Département d'oncologie des HUG, évoque une potentielle «révolution». À condition que les ultimes essais cliniques confirment l'efficacité du traitement.
En 2023, des résultats préliminaires , menés sur environ 150 patients, s'annonçaient prometteurs. Ils montraient une réduction de 65% du risque de récidive et de décès chez les personnes bénéficiant, après la chirurgie, d'un traitement d'immunothérapie (le Keytruda de Merck) et de ce vaccin développé par Moderna, par rapport aux patients recevant uniquement l'immunothérapie.
«Ces premières données étaient d'autant plus impressionnantes que l'immunothérapie réduit déjà d'environ 40% le risque de rechuter», s'exclame Olivier Michielin. L'un dans l'autre, ce danger serait diminué de quelque 80%.
Olivier Michielin, chef du Département d'oncologie des HUG.
Yvain Genevay / Tamedia
Dans la foulée, un dernier essai de plus grande envergure (de phase III) a été lancé. Il doit confirmer l'efficacité du vaccin et répondre à des interrogations sur les risques d'induire une réaction immunitaire trop importante.
Les HUG devaient participer à cet essai. Mais pour des raisons administratives, aucun Suisse n'a pu être intégré au programme. «C'est regrettable, nous espérions donner cette option à nos patients, relève Olivier Michielin. Nous devons désormais attendre les résultats définitifs et une éventuelle mise sur le marché pour la proposer.»
Le médecin continue néanmoins de suivre le projet. Depuis deux ans, le traitement a été administré à des patients dans le monde entier. Les résultats ne seront publiés que lorsque les données seront «suffisamment matures». Selon Olivier Michielin, des premières informations pourraient tomber dans les deux prochaines années, et conduire à une mise sur le marché. Vaccin à ARN messager
Le terme «vaccin» peut sembler contre-intuitif puisqu'il s'agit d'un traitement administré une fois la maladie déclarée. Il est conçu sur mesure pour chaque patient, en ciblant les mutations propres à sa tumeur. Il s'agit d'un vaccin thérapeutique, car il déclenche une réponse immunitaire à ces mutations.
Plus précisément, le vaccin entraîne une réaction ciblée sur les antigènes nouvellement produits par le cancer. Cette stratégie permet de rendre la tumeur plus visible pour nos lymphocytes, véritables soldats du corps, et d'augmenter leur réponse. Mélanome de stade III
Cette solution est testée sur des personnes qui ont eu un mélanome de stade III. Leur tumeur a été retirée, mais le risque de récidive est élevé – parce qu'il reste malgré tout des cellules microscopiques de la maladie.
Précision: le mélanome présente quatre stades. Au troisième, les ganglions lymphatiques sont touchés. Au quatrième, la maladie est disséminée, avec des métastases à distance. Il semble malheureusement que ces cancers plus avancés répondent moins bien aux vaccins. «Nous avons l'impression que c'est lié au fait qu'en évoluant, le cancer se diversifie, ce qui limite l'impact d'une réponse ciblée.»
Olivier Michielin espère en revanche qu'on pourra un jour proposer une utilisation ciblée à des patients «sélectionnés», qui présentent une maladie moins avancée que le stade III. «La majorité des mélanomes détectés en Suisse sont de stade I ou II, explique-t-il. Les chances de survie sont alors élevées, mais comme beaucoup de personnes sont touchées, le nombre de récidives reste trop important.» Le cancer de la peau: 3300 cas par an
Le médecin insiste toutefois sur le fait que «la prévention primaire reste la meilleure solution». En clair: il faut éviter de s'exposer au soleil quand l'indice UV est élevé, se protéger au maximum des rayons par des barrières physiques (vêtements, parasols) et ne pas oublier la crème solaire pour ce qui ne peut pas être couvert.
Avec quelque 3300 nouveaux cas chaque année (7% de tous les cancers), le mélanome est répandu en Suisse . Et si le taux de survie à cinq ans est de 95%, environ, 290 personnes en meurent chaque année.
Cancer de la peau et vaccin ARN
Caroline Zuercher est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2005. Elle couvre en particulier les sujets liés à la santé et à la politique de santé. Auparavant, elle a travaillé pour Swissinfo et Le Matin. Plus d'infos
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24 Heures
9 hours ago
- 24 Heures
Résilience et vieillesse ne font pas toujours bon ménage
Opinion Avec l'âge, le caractère peut changer et des compétences s'étioler ou disparaître, comme la capacité à rebondir. Chronique Rosette Poletti Publié aujourd'hui à 19h05 Yvain Genevay-Montage Tamedia «Mon père a toujours manifesté une grande résilience tout au long de sa vie. Abandonné à sa naissance, il ne s'est jamais considéré comme une victime, au contraire: il a fait un apprentissage, créé une petite entreprise, il s'est toujours bien occupé de sa famille et des autres, ses voisins, ses collègues… Retraité, il était chauffeur bénévole et suivait les matches de football. Aujourd'hui, il a 89 ans, il est veuf depuis dix ans et nous découvrons un homme différent, centré sur lui, sur sa santé . Il critique beaucoup, alors qu'il était plutôt positif et optimiste. Est-ce une situation fréquente? Je voudrais mieux le comprendre pour pouvoir l'aider davantage. Il vit chez lui avec l'aide d'un CMS pour le ménage et les soins.» Résilience et grand âge Il s'agit là d'une situation qui, pendant longtemps, n'a pas fait l'objet d'études. Ces deux dernières décennies, avec le nombre grandissant de personnes très âgées, on cherche à mieux comprendre comment et pourquoi des personnes qui ont été résilientes toute leur vie perdent cette compétence dans la vieillesse . Être résilient, avoir la capacité de faire face aux épreuves et de rebondir, c'est magnifique, et les personnes qui en sont capables sont nombreuses. Pourtant, il ne s'agit pas forcément d'une compétence que l'on acquiert une fois pour toutes. Une accumulation des difficultés, la perte d'un environnement essentiel, l'arrivée de la vieillesse, avec la disparition des caractéristiques qui permettaient la résilience, peuvent provoquer un changement. Ce que l'on a appris de la diminution de la résilience dans la vieillesse, c'est que les conditions qui favorisaient cette capacité à rebondir s'étiolent ou disparaissent, comme: - La mobilité et la bonne santé, qui permettaient de pratiquer des actions valorisantes comme le bénévolat, l'aide pratique aux autres ou le maintien du réseau social. - L'estime de soi, qui prenait notamment sa source dans la fierté d'être responsable de sa vie et de se sentir utile aux autres. - La possibilité d'avoir du soutien émotionnel grâce aux gens que l'on côtoie ou dont on s'occupe. - Les stimulations mentales, à travers l'exercice de rôles divers dans la communauté. Il y a aussi ce qui change à l'intérieur de la personne qui entre dans la vieillesse: - La maladie physique, qui peut devenir chronique et causer beaucoup de stress. - La difficulté à bien voir et bien entendre, qui limite les échanges. - L'accumulation des pertes: veuvage, déménagement, retraite, amitiés… - La diminution de la plasticité cérébrale. - L'isolement et parfois la dépression. Il arrive, comme chez le père de notre correspondante, que le caractère se modifie, ce qui est toujours difficile à accepter pour les proches: «Elle a tellement changé», «Il n'est plus comme avant!» Tous les facteurs décrits ci-dessus expliquent ce changement. Ce qui avait permis cette capacité d'adaptation et cette possibilité de rebondir après une enfance traumatisante n'est plus là et des souvenirs tristes «remontent»; l'équilibre est rompu et, parfois, quelqu'un de positif et bienveillant peut devenir amer et critique, centré sur sa santé, se plaignant de ses nombreux symptômes physiques tout au long de la journée. Que peut-on faire pour aider? Tout d'abord, accepter cette personne comme elle est maintenant. La vie n'est jamais un long fleuve tranquille et la personne en question fait du mieux qu'elle le peut avec une situation qui s'est modifiée. On a trop tendance à regretter ce qu'elle était, à mesurer ce qui a changé. Aujourd'hui, on a la chance de rencontrer quelqu'un qui fait face comme il le peut à ce que la vie lui apporte, qui est autre que ce qu'il a été et qui changera encore. Ensuite, il s'agit de voir ce qui pourrait l'aider à vivre: son environnement est-il rassurant? Qu'est-ce qui peut être fait pour qu'il n'y ait pas de stress surajouté? Qui passe voir le père dont il est question plus haut, à quel rythme? Se sent-il en sécurité? Comment peut-on l'aider à maintenir son réseau social? Peut-il téléphoner, envoyer des e-mails, se déplacer pour voir des amis au café du coin ou au club d'aînés? Sinon, comment pallier ce manque? S'il le peut encore, a-t-il des activités physiques adaptées? Les activités valorisantes sont particulièrement importantes pour favoriser le maintien de la résilience. Je me souviens d'une très vieille dame qui marchait difficilement et venait en taxi dans une université de New York. Elle s'installait dans la cafétéria et rapidement, de nombreux étudiants venaient l'entourer. Elle était d'origine russe, parlait six langues, avait été professeure d'anglais. Elle avait vécu le Goulag en Sibérie et elle venait là pour offrir de corriger les travaux des étudiants étrangers (ChatGPT n'existait pas)! Elle passait ses journées dans l'énergie et la gratitude de ces étudiants. Il était encore possible pour elle de donner, de se sentir utile. Il s'agit là d'un des aspects les plus importants à favoriser chez une personne qui a pu être résiliente: être utile, être là pour les autres. Bien sûr, il y a aussi, et jusqu'à la fin de la vie, l'importance de la présence des proches, des amis, qui offrent du temps, une écoute, la possibilité de revisiter les aspects positifs de sa vie, mais aussi peut-être les souvenirs douloureux enfouis, qui n'ont jamais pu être racontés jusque-là. Si la personne vivait avec une dimension religieuse ou spirituelle au sens large, l'aider à maintenir ce contact est aussi un moyen de la soutenir alors que tout semble s'écrouler. L'aide de professionnels peut aussi être utile, même lorsque ce n'est pas souhaité par la personne, qui a vécu des années en étant résiliente. À vous, chère correspondante, et à vous tous, amis lecteurs, je souhaite une très belle semaine. À lire: «Résilience et personnes âgées», Louis Ploton et Boris Cyrulnik (Odile Jacob); «Faire de sa vulnérabilité une force», Pema Chödrön (Pocket); «La résilience, l'art de rebondir», Rosette Poletti (Jouvence). Plus de Rosette Poletti Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
9 hours ago
- 24 Heures
Le vaccin contre le mélanome serait-il bientôt une réalité?
Plusieurs projets sont en cours. L'un d'eux pourrait réduire le risque de récidive de 65%. Un énorme espoir, souligne Olivier Michielin, spécialiste du cancer. Publié aujourd'hui à 19h05 Le vaccin s'adresse à des personnes qui ont eu un mélanome. En complément d'un traitement d'immunothérapie, il vise à réduire le risque de récidive. IMAGO/Pond5 Images En bref: C'est un énorme espoir dans la lutte contre le cancer de la peau. Plusieurs vaccins sont en cours d'étude. Leur but est de réduire le risque de récidive chez les personnes atteintes d'un mélanome, la forme la plus mortelle de ces maladies. Un vaccin à ARN messager, en particulier, est dans la dernière phase de test. Olivier Michielin, chef du Département d'oncologie des HUG, évoque une potentielle «révolution». À condition que les ultimes essais cliniques confirment l'efficacité du traitement. En 2023, des résultats préliminaires , menés sur environ 150 patients, s'annonçaient prometteurs. Ils montraient une réduction de 65% du risque de récidive et de décès chez les personnes bénéficiant, après la chirurgie, d'un traitement d'immunothérapie (le Keytruda de Merck) et de ce vaccin développé par Moderna, par rapport aux patients recevant uniquement l'immunothérapie. «Ces premières données étaient d'autant plus impressionnantes que l'immunothérapie réduit déjà d'environ 40% le risque de rechuter», s'exclame Olivier Michielin. L'un dans l'autre, ce danger serait diminué de quelque 80%. Olivier Michielin, chef du Département d'oncologie des HUG. Yvain Genevay / Tamedia Dans la foulée, un dernier essai de plus grande envergure (de phase III) a été lancé. Il doit confirmer l'efficacité du vaccin et répondre à des interrogations sur les risques d'induire une réaction immunitaire trop importante. Les HUG devaient participer à cet essai. Mais pour des raisons administratives, aucun Suisse n'a pu être intégré au programme. «C'est regrettable, nous espérions donner cette option à nos patients, relève Olivier Michielin. Nous devons désormais attendre les résultats définitifs et une éventuelle mise sur le marché pour la proposer.» Le médecin continue néanmoins de suivre le projet. Depuis deux ans, le traitement a été administré à des patients dans le monde entier. Les résultats ne seront publiés que lorsque les données seront «suffisamment matures». Selon Olivier Michielin, des premières informations pourraient tomber dans les deux prochaines années, et conduire à une mise sur le marché. Vaccin à ARN messager Le terme «vaccin» peut sembler contre-intuitif puisqu'il s'agit d'un traitement administré une fois la maladie déclarée. Il est conçu sur mesure pour chaque patient, en ciblant les mutations propres à sa tumeur. Il s'agit d'un vaccin thérapeutique, car il déclenche une réponse immunitaire à ces mutations. Plus précisément, le vaccin entraîne une réaction ciblée sur les antigènes nouvellement produits par le cancer. Cette stratégie permet de rendre la tumeur plus visible pour nos lymphocytes, véritables soldats du corps, et d'augmenter leur réponse. Mélanome de stade III Cette solution est testée sur des personnes qui ont eu un mélanome de stade III. Leur tumeur a été retirée, mais le risque de récidive est élevé – parce qu'il reste malgré tout des cellules microscopiques de la maladie. Précision: le mélanome présente quatre stades. Au troisième, les ganglions lymphatiques sont touchés. Au quatrième, la maladie est disséminée, avec des métastases à distance. Il semble malheureusement que ces cancers plus avancés répondent moins bien aux vaccins. «Nous avons l'impression que c'est lié au fait qu'en évoluant, le cancer se diversifie, ce qui limite l'impact d'une réponse ciblée.» Olivier Michielin espère en revanche qu'on pourra un jour proposer une utilisation ciblée à des patients «sélectionnés», qui présentent une maladie moins avancée que le stade III. «La majorité des mélanomes détectés en Suisse sont de stade I ou II, explique-t-il. Les chances de survie sont alors élevées, mais comme beaucoup de personnes sont touchées, le nombre de récidives reste trop important.» Le cancer de la peau: 3300 cas par an Le médecin insiste toutefois sur le fait que «la prévention primaire reste la meilleure solution». En clair: il faut éviter de s'exposer au soleil quand l'indice UV est élevé, se protéger au maximum des rayons par des barrières physiques (vêtements, parasols) et ne pas oublier la crème solaire pour ce qui ne peut pas être couvert. Avec quelque 3300 nouveaux cas chaque année (7% de tous les cancers), le mélanome est répandu en Suisse . Et si le taux de survie à cinq ans est de 95%, environ, 290 personnes en meurent chaque année. Cancer de la peau et vaccin ARN Caroline Zuercher est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2005. Elle couvre en particulier les sujets liés à la santé et à la politique de santé. Auparavant, elle a travaillé pour Swissinfo et Le Matin. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
a day ago
- 24 Heures
Les jeunes préfèrent consulter ChatGPT plutôt qu'un thérapeute traditionnel
De plus en plus de jeunes utilisent ChatGPT et d'autres IA pour un soutien émotionnel. Les psychologues suisses restent sceptiques face à cette nouvelle forme de thérapie. Publié aujourd'hui à 20h26 Pour beaucoup de jeunes, l'intelligence artificielle remplace la thérapie. Mais cela peut aussi être dangereux, en particulier dans les cas sensibles (image d'illustration). GETTY IMAGES La demande de services dans le domaine de la santé mentale a augmenté, mais l'offre reste à la traîne. Ainsi, en Suisse, les personnes souffrant de troubles psychiques attendent parfois des mois avant d'obtenir une place en thérapie. Des alternatives facilement accessibles, même si elles ne sont pas professionnelles, trouvent un écho favorable: certains utilisent désormais l'intelligence artificielle comme substitut à la thérapie. Comme le rapporte la BBC , des adolescents chinois racontent leur expérience avec DeepSeek, un thérapeute disponible en permanence. Le chatbot leur a «ouvert de nouvelles perspectives» qui les ont «libérés», écrit une jeune femme. Elle se sent en sécurité, écoutée. Contrairement à d'autres IA, DeepSeek partage également les processus système qui se déroulent pendant la génération de la réponse. Il prend ainsi une note mentale: «Ma réponse doit fournir des conseils pratiques tout en faisant preuve d'empathie.» CAPTURE D'ÉCRAN BBC Une autre femme originaire de la province chinoise du Hubei raconte également une expérience positive. Elle avait demandé à DeepSeek si elle partageait trop souvent ses expériences et ses sentiments avec sa famille et ses amis. L'application a immédiatement répondu et a émis l'hypothèse que cette femme avait un profond besoin de reconnaissance, puis l'a ensuite aidée à décider si elle devait changer son comportement. Elle était tellement émue qu'elle en a pleuré. «J'ai l'impression qu'il essaie vraiment de comprendre la question et d'apprendre à connaître la personne avant de donner une réponse», explique-t-elle. «Entièrement impartial», mais aussi «dangereux» Sur Reddit, ChatGPT est également présenté comme une alternative thérapeutique. «Il ne s'est pas contenté de me dire ce que je voulais entendre, il a compris mon point de vue et m'a donné des stratégies pour aller de l'avant», écrit un utilisateur. «La conversation avec l'IA a sauvé mon mariage», écrit un autre. «J'étais sur le point de partir, mais la possibilité de parler à un chatbot totalement impartial a fait une grande différence pour moi. Je suis tellement heureux de l'avoir fait et de ne pas avoir détruit ma famille.» Selon une étude publiée récemment, ChatGPT pourrait même convaincre en tant que thérapeute de couple. L'IA y a obtenu de meilleurs résultats que de véritables psychothérapeutes. Pour cette étude, des chercheurs américains et suisses ont demandé à des thérapeutes et à ChatGPT 4.0 de répondre à différents témoignages de patients fictifs. Les 830 participants à l'étude devaient ensuite deviner si la réponse provenait d'un être humain ou de l'IA et dans quelle mesure elle répondait aux critères dits de facteurs d'efficacité de la psychothérapie. Mais il reste à vérifier si l'IA est réellement capable de traiter une personne de manière cohérente, car ChatGPT est une IA générative qui adapte ses réponses aux utilisateurs et apprend à réagir en fonction des réactions de ces derniers. Pour certains, c'est exactement ce qui fait la différence par rapport à un thérapeute humain. «Une véritable thérapie remet en question la pensée, fixe des limites et dit parfois des choses que l'on ne veut pas entendre», écrit un utilisateur de Reddit. D'autres rapportent que l'IA présente des lacunes en matière de connaissances et de compétences et que son utilisation comme forme de thérapie peut être dangereuse, en particulier dans les cas sensibles. «Je suis là pour toi. Que s'est-il passé?», demande le chatbot de l'application Mindset AI, qui affirme fonctionner sur la base de la thérapie cognitivo-comportementale. CAPTURE D'ÉCRAN APPLE STORE La plupart des IA connaissent les formes de thérapie courantes, telles que la thérapie cognitivo-comportementale ou la thérapie schématique. D'après l'expérience de l'auteure américaine et ancienne adepte de la scientologie Jenna Miscavige Hill , celles-ci peuvent même être utilisées: dans une vidéo, elle explique qu'elle suit une thérapie cognitivo-comportementale avec ChatGPT. Il existe également des applications telles que Mindset AI. 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Sur cette plateforme, conçue par des experts, il est possible de faire des exercices, de fixer des objectifs pour son plan de traitement et de noter son bien-être. Toutefois, ces activités ne font appel à aucune intelligence artificielle. Et la protection des données dans tout ça? Il reste toutefois un autre inconvénient majeur: alors que les thérapeutes sont tenus au secret professionnel, ce n'est pas le cas de l'IA. Selon la chaîne anglaise BBC, il existe des craintes que le gouvernement chinois puisse avoir accès aux données des utilisateurs de DeepSeek. Les données reçues par ChatGPT sont également stockées sur les serveurs de la société américaine OpenAI. Il est impossible de contrôler entièrement ce qu'il en advient. Mais cela ne semble pas avoir beaucoup d'importance pour ceux qui en bénéficient: «Pour les gens comme moi, c'est une véritable bénédiction. Honnêtement, je me fiche complètement des questions de confidentialité», comme l'affirme un utilisateur de DeepSeek dans le média britannique. Santé mentale et intelligence artificielle Sepinud Poorghadiri travaille pour différentes rubriques du «Tages-Anzeiger» et pour plusieurs titres du groupe Tamedia. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.