
Un pasteur purgera sa peine de prison… après 14 ans de délais judiciaires
« De tels délais paraissent si extravagants qu'il est permis de douter, à sa première vue, qu'ils puissent être considérés comme raisonnables. Or, quand on examine le dossier de plus près, c'est bien le cas », ont conclu les juges Suzanne Gagné, Guy Cournoyer et Judith Harvie de la Cour d'appel du Québec, en confirmant la condamnation de Mwinda Lezoka.
Depuis 2011, ce dossier s'est englué dans les sables mouvants du système de justice, à coups de délais institutionnels, de changement d'avocats et de manœuvres dilatoires de l'accusé. Ce n'est qu'en octobre 2020 que Mwinda Lezoka a été reconnu coupable de fraude, neuf ans après son arrestation.
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Mwinda Lezoka en 2021 au palais de justice de Montréal
Le calvaire était loin d'être terminé pour les victimes de l'ancien leader d'une église évangélique du quartier Ahuntsic. Il a fallu attendre mars 2022 pour qu'il soit condamné à 30 mois de détention. Mais comme il a fait appel, le fraudeur restait en liberté. Finalement, la Cour d'appel a tranché lundi après plus d'un an de délibérations.
Dans un jugement de 45 pages, la Cour d'appel conclut que le juge du procès, Yves Paradis, n'a commis aucune erreur déterminante.
En théorie, le délinquant pourrait tenter un ultime appel devant la Cour suprême. Toutefois, le plus haut tribunal du pays entend très peu de causes chaque année.
Un « ascendant indéniable »
Mwinda Lezoka dirige la Communauté chrétienne de Béthel dans les années 2000. Pour faire grandir son Église, il achète un immeuble de plus d'un million de dollars sur le boulevard Henri-Bourassa. Mais le fardeau financier est trop lourd. Le pasteur Lezoka réclame ainsi des sommes importantes à plusieurs fidèles.
L'homme de 62 ans profite alors de son « ascendant indéniable » sur ses ouailles pour leur soutirer 268 000 $, en sachant très bien qu'il ne pourra pas les rembourser. Il pousse deux sœurs à hypothéquer leur maison pour prêter 127 000 $ à l'Église et soutire 50 000 $ à une fidèle sous des prétextes.
Le pasteur Lezoka arrache 80 000 $ au diacre de l'Église qui se retrouve à la rue après avoir perdu sa maison. Il dort alors sur une chaise à l'église et a du mal à se nourrir. En 2021, alors âgé de 68 ans, il disait devoir occuper un emploi difficile dans une usine pour « survivre ».
En obtenant ces sommes, Mwinda Lezoka s'est assuré de « maintenir son pouvoir et son statut enviable » au sein de l'Église, de même que « son influence et son prestige » au sein de la communauté, a conclu le juge Paradis.
Mwinda Lezoka doit maintenant se livrer aux autorités carcérales d'ici jeudi après-midi. Il doit toujours rembourser 268 000 $ à ses victimes d'ici 2029 dans le cadre d'une ordonnance de dédommagement. Il sera condamné à un an de prison supplémentaire s'il n'en paye pas une certaine partie.
Par ailleurs, Mwinda Lezoka a déjà été condamné à 15 mois de prison à la maison en 2014. Deux fidèles sous son emprise avaient détourné près d'un million de dollars du Parc Safari, en partie au bénéfice de son Église.
Dans son pays natal, en République démocratique du Congo, Mwinda Lezoka a été éjecté de son poste de secrétaire général d'une importante église locale, il y a quelques années, en raison d'allégations de mauvaise utilisation de fonds. Il s'est même fait excommunier.
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