
La socialiste Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre, nommée à la Cour des comptes sur proposition de François Bayrou
Le gouvernement voulait croire à un «compromis» avec le Parti socialiste, sans lequel aucune censure ne pourra être votée contre le premier ministre François Bayrou. Peut-être vient-il de le trouver. Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l'Éducation nationale sous François Hollande et actuelle présidente du groupe Socialiste, écologiste et démocrate au Conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes, a été nommé «sur proposition du premier ministre» «conseillère maître à la Cour des comptes», selon le compte rendu du Conseil des ministres de ce jeudi 16 juillet 2025.
Quelques jours plus tôt, le 8 juillet, nos confrères du Canard enchaîné, à la plume acérée, révélait que «pour éviter la censure, Bayrou (était) prêt à tout. Même à marchander la nomination à la Cour des comptes de la socialiste Najat Vallaud-Belkacem contre la neutralité du groupe PS lors du vote de son budget à la rentrée».
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«Absurdités»
L'ancienne porte-parole du gouvernement s'était alors dite «toujours réticente à faire l'honneur d'une réponse aux absurdités», mais avait tenu à réagir sur X: «Un étudiant en première année de journalisme saurait qu'il faut toujours recouper les infos, et pas se contenter de recopier les vacheries susurrées par quelques malins.»
Et de poursuivre: «Pas très compliqué alors de découvrir que la voie que j'ai volontairement utilisée pour la Cour est celle du concours... pas grand-chose à voir avec une nomination 'politique'». Elle avait également avancé qu'il était peu probable qu'elle mette la pression sur «Boris» Vallaud, son mari et président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. «Quelle blague», avait-elle cinglé.
«Échange de service»
De premières réactions à l'annonce de sa nomination ont été publiées sur les réseaux sociaux. Le député RN de la Somme Matthias Renault s'est interrogé: «Est-ce une offrande au Parti socialiste pour l'amadouer à l'approche d'une motion de censure. Cette nomination 'sur proposition du premier ministre' est une honte». Certains internautes, se revendiquant de droite, ont également dénoncé un «échange de service qui salit la République», et pointé leur «honte» et leur «indignation».
François Bayrou a annoncé mercredi un plan de rigueur budgétaire pour l'exercice 2026, évoquant plusieurs mesures chocs, dont la suppression de deux jours fériés et le gel des prestations sociales et des retraites afin de réaliser 43,8 milliards d'euros «d'économies». Salué par Emmanuel Macron, qui a pointé un plan qui a «la vertu du courage, de l'audace et de la lucidité», il a toutefois essuyé les critiques de quasiment toute l'opposition.
Dès mardi, Marine Le Pen a agité la censure si le gouvernement «ne revoit pas sa copie» de fond en comble. Chez LFI, le président de la commission des Finances, Éric Coquerel, veut censurer «au plus vite ce budget trumpiste» et attend «évidemment les socialistes au rendez-vous». «Personne ne veut voter un tel budget», a affirmé le rapporteur du budget Charles de Courson (Liot), qui se demande si «le premier ministre, en faisant cela, n'organise pas sa sortie».
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Toutefois, aucune censure ne pourra être votée sans le PS. «Nous allons discuter avec tous les partis. Évidemment, il y a probablement davantage de possibilités de parvenir à un accord avec le Parti socialiste», a reconnu le ministre de l'Économie Éric Lombard. Le PS n'a pas fermé la porte à une discussion, bien que Boris Vallaud ait dénoncé un «musée des horreurs libérales».
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