
Centre historique de Lausanne: libres et généreuses, elles ont tenu le Café de l'Hôtel-de-Ville
Lausanne, le 24 juillet 2025. Le Café de l'Hôtel-de-Ville ferme après les vingt-neuf ans d'activité de Vanessa Desponds et Marie Amicucci.
Yvain Genevay / Tamedia
En bref:
Le Café de l'Hôtel-de-Ville, place de la Palud 10, c'est fini pour Marie Amicucci et Vanessa Desponds. Elles tirent leur révérence après une trentaine d'années d'exploitation. «Nous sommes au bout du chemin, explique Vanessa Desponds. Nous avons tenu aussi longtemps qu'on pouvait. C'est un projet qu'on avait ensemble et on l'arrête aussi ensemble.» Les deux associées se sont taillé une solide réputation pour l'originalité de leurs salades végétariennes et l'atmosphère des lieux. «Se mettre à la cuisine végétarienne, c'était un défi en l'an 2000», se félicite Marie Amicucci.
S'il y a eu un défi, en 2025, c'était de se résoudre à boucler le café. Elles ont affiché «fermeture définitive» en vitrine, à côté des toiles colorées de Marie Amicucci, de nains de jardin et d'objets soigneusement chinés.
Recommandé par le «Guide du Routard» et labellisé «Café historique» par la Ville de Lausanne, le Café de l'Hôtel-de-Ville se distinguait par sa discrétion et sa coquetterie, sur la Palud.
Yvain Genevay / Tamedia
Sur la devanture, les plaques «Guide du routard» et «Café historique de Lausanne» témoignent d'une reconnaissance culinaire et patrimoniale pour ce café de seulement 25 places, niché dans la partie basse et étroite de la Palud. Comparé aux trois autres établissements de la place que sont Le Grütli , Le Raisin et Moutarlier, le Café de l'Hôtel-de-Ville était notoirement plus discret et coquet. Fermeture sur fond de chiffres rouges
La décision de tirer la prise date de juin, face aux chiffres rouges. «C'était important pour nous de payer nos quatre serveurs et serveuses qui travaillent à temps partiel, poursuit Vanessa Desponds. Nous préférons arrêter plutôt que d'essayer de combler des dettes et de continuer de la même manière alors que ce n'est pas rentable».
Des clients sont «choqués», «abasourdis». Une dame âgée était même «effondrée», rapportent les deux femmes. Leur satisfaction est d'avoir modestement tenu la ligne originelle qu'elles s'étaient fixée: «Nous n'avons jamais eu de «concept», commente Vanessa Desponds. Nous voulions être libres de faire avec notre vision de la vie, travailler au mieux, avec notre cœur, avec des bons produits, faire simple, sans chichi, sans nous dire «On va faire ce qui va marcher». Au fond, on n'est pas vraiment des commerçantes…», Marie Amicucci ajoute, avec une pointe de fierté: «On n'a jamais été trop regardantes sur les prix des produits…» Les tranches épaisses du Café de l'Hôtel-de-Ville
Les souvenirs affluent. Il y a cette maraîchère et ses tomates cœur-de-bœuf et roses de Berne: «C'était une époque où ces variétés étaient rares, on ne les trouvait pas facilement comme aujourd'hui, se souvient Marie Amicucci. La maraîchère en avait des caisses. Nous, on les coupait en tranches épaisses pour les clients. Mais on en avait tellement qu'après, on en donnait encore aux clients qui repartaient.»
Dans la devanture, les tenancières disent adieu depuis la mi-juin.
Yvain Genevay / Tamedia
«Au début, beaucoup de gens venaient du marché et des commerces de la Palud, des clients comme des marchands, retrace Marie Amicucci. Les horlogers, les bouchers, les maraîchers venaient boire le café. Tout le monde prenait du temps.» La clientèle des années 90 était accueillie à bras ouverts: «On a fait un peu de social au début, on acceptait tout le monde, on prenait soin des personnes seules, on ouvrait jusqu'à minuit ou une heure du matin. Les toxicomanes étaient aussi bienvenus, même s'il y a eu parfois des moments difficiles, avec des altercations.» Propriété de la Ville de Lausanne
Quand elles reprennent l'établissement en 1996 après plusieurs tenanciers successifs, la Ville de Lausanne parlait de rénover cet immeuble vétuste. «Nous n'étions pas sûres d'avoir plus de deux ou trois ans devant nous…», raconte Marie Amicucci. Au sous-sol, la scène ouverte du Caveau, tenu par Jean-Claude Tanner, a commencé quelques mois après le café. Les trois personnages s'étaient lancés ensemble dans cette aventure. Le Caveau, fermé dans les années 2000, sert aujourd'hui de dépôt. Au-dessus du café, le Théâtre du Vide-Poche poursuit ses activités de manière indépendante. Et trois appartements occupent le dernier niveau.
La rénovation de la maison est toujours à faire. Seule la cuisine du café a été modernisée il y a quelques années, permettant aux deux femmes de continuer à régaler leur clientèle. «Les gens se sentaient bien ici et je crois qu'on a quand même un peu réussi», sourit Vanessa Desponds.
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