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Petit bonheur dans Hochelaga

Petit bonheur dans Hochelaga

La Presse05-07-2025
Zoé Grenier-Laroche et son chien Brocoli, dans leur maison rénovée du quartier Hochelaga
Pendant la pandémie, Zoé Grenier-Laroche s'est retrouvée à la recherche d'un appartement, avec un bébé naissant et un chien. Mission impossible ? Presque. Mais heureusement, celle qui a plus d'un tour dans son sac – dont celui d'être designer – a su prendre les choses en main pour créer un nid douillet à sa famille.
« On s'est fait refuser de multiples logements à cause du chien, et de multiples logements à mots couverts à cause de notre enfant », lance d'emblée Zoé Grenier-Laroche.
Elle nous raconte cette histoire alors qu'elle nous reçoit dans sa jolie maison, où elle est aujourd'hui installée avec son amoureux, leur enfant de 5 ans et leur chien Brocoli. Mais si tout ce cauchemar semble bien loin aujourd'hui, le chemin pour en revenir a été semé d'embûches.
Après des mois de recherches dans un contexte pandémique marqué par la surenchère, ils ont fini par mettre la main sur un appartement… mais la propriétaire les a aussitôt avertis qu'elle le reprendrait un jour. Zoé s'est donc activée à trouver un toit permanent pour abriter sa famille, d'où il serait impossible de les évincer.
« On cherchait, mais on ne trouvait rien à notre goût. On a visité beaucoup de choses qui ne nous convenaient pas nécessairement. On avait un budget de jeune famille, aussi », poursuit celle qui a fondé la boîte de design Maison Fauves.
PHOTO FOURNIE PAR MAISON FAUVES
L'aménagement global de la maison a été revu, dont l'emplacement de l'escalier.
C'est ainsi qu'un jour, ils ont visité la maisonnette qui allait devenir la leur, dans le quartier Hochelaga. Seul bémol : il n'y avait qu'une chambre, dans une grande aire ouverte à l'étage. Mais Zoé et son conjoint – qui travaille aussi en aménagement – ont tout de suite vu le potentiel d'en ajouter une autre.
Ils ont donc acquis la résidence à un prix raisonnable, et se sont attelés à la mettre à leur goût… et à doubler le nombre de chambres. « Avec un peu d'imagination, et quand même beaucoup de travaux, on a réussi à en faire ce que c'est aujourd'hui », résume Zoé.
PHOTO FOURNIE PAR MAISON FAUVES La cuisine compte tout l'espace nécessaire pour accueillir la famille. La porte-fenêtre donne sur une petite cour, à l'arrière.
PHOTO FOURNIE PAR MAISON FAUVES Après avoir été rénovée, la cuisine s'avère maintenant sobre et efficace.
PHOTO FOURNIE PAR MAISON FAUVES Les planchers de pin, les tuiles de terracotta et les arches entre les pièces font partie des éléments de décor ajoutés par les propriétaires.
PHOTO FOURNIE PAR MAISON FAUVES Le salon se situe à l'avant de la maison. Il donne sur une petite rue calme.
PHOTO FOURNIE PAR MAISON FAUVES
La cuisine compte tout l'espace nécessaire pour accueillir la famille. La porte-fenêtre donne sur une petite cour, à l'arrière.
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Le cachet retrouvé
Puisque tout le cachet de la maison d'origine avait disparu lors des rénos précédentes, le couple a voulu en remettre des touches ici et là. En font foi les tuiles de terracotta dans la cuisine et la salle de bains, ainsi que les arches entre les pièces. Aussi, le plancher flottant a été remplacé par du pin, plutôt typique des constructions québécoises anciennes, souligne Zoé.
Ça avait l'avantage d'être assez abordable. Aussi, on a essayé de ramener un peu d'histoire dans la place.
Zoé Grenier-Laroche, copropriétaire et fondatrice de Maison Fauves
Il y a tout l'espace nécessaire pour cuisiner et manger dans la grande cuisine fonctionnelle. Celle-ci donne sur la cour, où leur fils peut jouer dans le carré de sable pendant que les parents préparent le souper. « Pour la grandeur, on est un peu mieux que n'importe quel condo qu'on aurait acheté », résume la propriétaire.
PHOTO FOURNIE PAR MAISON FAUVES La chambre principale est munie d'un coin bureau, dont la table rétractable permet d'économiser de l'espace.
PHOTO FOURNIE PAR MAISON FAUVES La chambre du petit est munie d'une penderie PAX, qui provient du magasin IKEA.
PHOTO FOURNIE PAR MAISON FAUVES Il y a même de l'espace pour des petits coins ludiques dans la chambre de l'enfant.
PHOTO FOURNIE PAR MAISON FAUVES
La chambre principale est munie d'un coin bureau, dont la table rétractable permet d'économiser de l'espace.
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L'étage supérieur a été complètement réaménagé pour y intégrer deux chambres – dont les dimensions sont tout à fait raisonnables, malgré le scepticisme du courtier vendeur ! La chambre principale contient même un coin pour le télétravail, avec bureau rétractable. Celle du petit est équipée d'une penderie PAX de chez IKEA, où il peut ranger ses vêtements et ses jouets.
Là-haut, de la chambre des parents, on a une vue sur le pont Jacques-Cartier et La Ronde, grâce à l'emplacement à la limite sud-ouest du quartier.
C'est très urbain, mais en même temps, hyper calme.
Zoé Grenier-Laroche, copropriétaire et fondatrice de Maison Fauves
Quant à la salle de bains, qui se trouvait au deuxième niveau quand ils ont acquis la maison, elle a été déplacée au rez-de-chaussée. Elle se situe dans le couloir entre le salon et la cuisine. De dimension modeste, elle est néanmoins dotée de tout ce qu'il faut : un bain profond pour le petit, un grand lavabo, une laveuse et une sécheuse superposées… « Il y avait vraiment une volonté, dans ma démarche, de rationaliser les espaces, affirme la designer. Oui, c'est l'fun quand c'est vaste. Mais la réalité budgétaire et écologique dans la vie, c'est qu'il faut qu'on restreigne un peu. »
PHOTO FOURNIE PAR MAISON FAUVES On y retrouve le terracotta, mais aussi de fines tuiles blanches.
PHOTO FOURNIE PAR MAISON FAUVES La salle de bains est compacte et parfaitement fonctionnelle !
PHOTO FOURNIE PAR MAISON FAUVES L'entrée est maintenant tout à fait fonctionnelle. La porte à droite donne accès au rangement sous l'escalier.
PHOTO FOURNIE PAR MAISON FAUVES
On y retrouve le terracotta, mais aussi de fines tuiles blanches.
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L'entrée ainsi que la disposition de la cage d'escalier n'ont pas échappé aux remaniements. « On a transformé tout le dessous de l'escalier en rangement », explique celle qui se décrit comme « multicurieuse ». Elle peut ainsi y entreposer les nombreux objets et équipements que requièrent ses multiples intérêts.
C'est bien beau de rêver, mais la vraie vie, c'est des maisons où il y a un peu de bordel, des livres qui traînent, des dessins d'enfants accrochés au mur…
Zoé Grenier-Laroche, copropriétaire et fondatrice de Maison Fauves
Et comme toute bonne chose a une fin, la petite famille compte déménager d'ici la fin de l'été dans la région de Kamouraska, d'où Zoé est originaire. Ils auront ainsi tout l'espace voulu pour exercer leurs nombreuses passions. Et cette maison de Montréal, rénovée avec amour, attend une autre famille qui pourra y construire son propre bonheur.
Consultez le site de Maison Fauves
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Le feu s'est déclaré vers 2 h 10 dans un édifice de deux étages situé à l'intersection des rues Sainte-Catherine Ouest et Towers, à Montréal. Un immeuble du centre-ville ravagé par un incendie majeur (Montréal) Plus d'une centaine de pompiers sont mobilisés mardi matin à Montréal pour tenter d'éteindre un incendie qui ravage un immeuble du centre-ville depuis le milieu de la nuit. La Presse Canadienne Le feu s'est déclaré vers 2 h 10 dans un édifice de deux étages situé à l'intersection des rues Sainte-Catherine Ouest et Towers. Le Service de sécurité incendie de Montréal a déclenché une cinquième alarme pour répondre à cet incendie et a prévenu qu'une coupure de courant est possible dans le secteur. Environ 150 pompiers sont mobilisés sur le terrain. Le bâtiment en question est un vieil édifice, ce qui complique le travail des pompiers. Des commerces sont situés au rez-de-chaussée, tandis que des logements se trouvent à l'étage. Les personnes qui se trouvaient à l'intérieur ont toutes pu sortir saines et sauves, de sorte que l'on ne rapporte aucun blessé. La Croix-Rouge s'est déplacée sur les lieux. Mardi matin, la cause de l'incendie était toujours inconnue.

Les trous
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Les trous

« Il n'y a pas que les routes qui soient constellées de trous. Notre mémoire collective est une passoire », écrit notre collaboratrice. Je t'imagine, cher lecteur, au beau milieu de tes vacances d'été. Sur le balcon de ton chalet loué, ou sur le terrain du motel, tu lis ta Presse avec ton deuxième café. En contrebas, ton auto se repose d'avoir été bardassée sur la 40, la 55, la 132 ou la 138. Peut-être es-tu même tombé dans un trou, un de ces nids-de-poule emblématiques du Québec ? Bref, pour te rendre à ton lieu de villégiature, tu as constaté – vécu, même – l'état lamentable des routes du Québec, des autoroutes jusqu'aux petits chemins de gravelle. Les trous dans la chaussée sont une spécialité locale, on s'en rend compte dès qu'on roule un peu en Ontario. Spécificité à tel point que les touristes nous questionnent sur cet état de délabrement, comme si c'était une attraction ! Les trous dans nos routes, dorénavant en toute saison, sont si répandus qu'on devrait modifier la devise du Québec. Nos plaques d'immatriculation parleraient plus vrai avec un pragmatique Québec, trou partout sur fond de rocher Percé, plutôt que le sibyllin Je me souviens. Le trou, ennemi du cycliste et hantise de l'automobiliste, colonise nos esprits, plus encore que l'iconique cône orange, dont il est indissociable. Il est partout. Il nous définit. Il est devenu une métaphore du Québec moderne, d'un Québec dans le trou. Petit exercice de mauvaise foi estivale… Regarde autour de toi, lecteur. Il n'y a pas que les routes qui soient constellées de trous. Notre mémoire collective est une passoire. Stéphane Laporte publiait ici récemment un texte sur la fracture générationnelle qui fait qu'une partie de la population ignore qui était Serge Fiori. On pourrait répéter cet exemple, l'appliquer au monde politique, sportif, à plein de champs de connaissances. Des cohortes entières ne connaissent ni René Lévesque ni Robert Bourassa, pas plus que Wolfe et Montcalm. Ce sont des rues (pleines de trous). Il y a un mouvement de transmission vers les plus jeunes et vers les nouveaux arrivants qui ne se fait pas, ou mal. Ou qui n'est plus désirable. À l'ère de ChatGPT (mais même avant), on se demande à quoi rime l'effort d'apprendre. Qu'est-ce que ça donne, de connaître les noms de politiciens révolus, de faits historiques, l'Histoire en général ? Personne n'est mort de honte d'ignorer la rébellion des Patriotes, ou ce qui grouillait culturellement pendant la Grande Noirceur : on peut donc s'en foutre… À quoi sert d'apprendre ce qui est survenu avant nous quand Google t'explique tout ? À quoi bon la profondeur de champ si elle n'est pas instagrammable ? Nous avançons, bardés de certitudes, mais la tête pleine de trous. Résultat, nous réinventons socialement la roue tous les 15 ans, incapables de miser sur nos acquis, ou d'apprendre de nos erreurs. C'est épuisant, démotivant et improductif. Les trous sont partout. La crise du logement illustre combien notre tissu urbain se délite. On le voit : tous n'arrivent plus à trouver un logement à prix décent. Pendant ce temps, des tours de condos de luxe émergent dans les centres-villes et en banlieue. Des campements d'itinérants côtoient les triples embourgeoisés. L'embourgeoisement tutoie la misère. Les trames de nos villes sont de moins en moins cohérentes. Des pans de plus en plus larges de la société sont laissés pour compte, flirtent avec la précarité. « Habiter un trou » n'aura jamais été une image aussi forte… Il est devenu commun d'affirmer que notre filet social s'étiole : coupes dans les services publics, dans l'aide aux élèves en difficulté. Places de garderie manquantes, accès aléatoire à un médecin de famille. Disponibilité des soins de santé variable selon les régions, temps d'attente sidéraux pour des examens urgents, accès chimérique aux professionnels de la santé mentale, la liste est longue. L'ensemble des services et des moyens mis en place depuis la Révolution tranquille pour assurer le bien commun, ce qu'on appelle le filet social, se détricote année après année. On peut encore dire qu'il existe, que c'est un des traits qui nous distinguent des États-Unis. Mais ne soyons pas naïfs : le filet est de plus en plus lousse. Cette étoffe est rapiécée avec ardeur et dévouement. Dans notre société individualiste, de nombreuses communautés se forment, tiennent à bout de bras des projets dans leurs quartiers, leurs villages. Des initiatives citoyennes fleurissent, redonnent foi, reprisent de petits bouts du filet, défient les trous. Saluons la détermination et la résilience de ces empêcheurs de trouer en rond : ils sont l'espoir. Car les trous du tissu social isolent, nous éloignent les uns des autres. Et du trou à la fracture sociale, il n'y a souvent que quelques fils à tirer… Nous avons déjà été tissés serré – peut-être trop. Un peu d'aération et de légèreté dans notre fibre collective ne font pas de tort. Mais gardons-nous de trop de trous dans notre tissu, comme sur nos routes. Ça ne retiendrait plus rien, ne nous protégerait de rien. Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue

Le fentanyl a été « une arme pour justifier les droits de douane »
Le fentanyl a été « une arme pour justifier les droits de douane »

La Presse

time16 hours ago

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Le fentanyl a été « une arme pour justifier les droits de douane »

Durant les quatre premiers mois de 2024, l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a effectué une seule saisie de fentanyl destiné aux États-Unis, pour un total de 4 grammes. Durant la même période, les douaniers canadiens ont intercepté 349 grammes de fentanyl provenant des États-Unis et destiné au marché canadien, soit 87 fois plus. (Montréal) Une enquête de La Presse Canadienne démontre que le Canada s'est vu forcé d'investir plus d'un milliard pour sécuriser sa frontière avec les États-Unis sur la base d'une fausseté propagée par le président Donald Trump pour justifier l'imposition de droits de douane. Pierre Saint-Arnaud La Presse Canadienne L'objectif de l'enquête était de comparer le trafic de stupéfiants durant les quatre premiers mois de l'administration Trump, de janvier 2025 à avril 2025 inclusivement, à la même activité durant la même période en 2024 par une compilation exhaustive des données, statistiques et documents portant sur les saisies de stupéfiants – en particulier sur le fentanyl évoqué par le président américain, mais aussi sur plusieurs autres drogues illégales – tant par les services frontaliers américains que canadiens. Le résultat est sans équivoque. Les données recueillies par La Presse Canadienne, dont certaines jusqu'ici inédites, montrent que c'est le Canada qui a un problème de drogue provenant des États-Unis et non l'inverse. Fentanyl : des quantités insignifiantes Durant les quatre premiers mois de 2024, l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) avait effectué une seule saisie de fentanyl destiné aux États-Unis, pour un total de 4 grammes. Durant la même période, les douaniers canadiens ont intercepté 349 grammes de fentanyl provenant des États-Unis et destiné au marché canadien, soit 87 fois plus que dans l'autre direction. De leur côté, les douaniers américains saisissaient durant la même période « moins de 700 grammes » de fentanyl à la frontière canadienne, selon leurs statistiques. Or, aux autres frontières américaines (Mexique, Porto Rico, maritimes et aéroports), ils en ont saisi un peu plus de deux tonnes métriques et demie, soit 2540 kilos. Le fentanyl en provenance du Canada représentait alors 1,57 % du total des entrées saisies des deux côtés de la frontière. Effort majeur, résultats marginaux Un an plus tard, de janvier à avril 2025, après que le Canada se fut mis au garde-à-vous sous la menace tarifaire du président Trump en annonçant des investissements de 1,3 milliard dans la protection de la frontière (et la nomination d'un « tsar » du fentanyl, ou commissaire de la lutte canadienne du fentanyl), le nombre de saisies et la quantité interceptée explosaient. Cette fois, 145 saisies permettaient d'intercepter un peu plus de 2 kilos de fentanyl destinés aux États-Unis, principalement lors de l'opération Blizzard menée par l'ASFC en février et mars. Dans le sens inverse, cinq saisies avaient permis d'intercepter 28 grammes de fentanyl provenant des États-Unis. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE Le poste frontalier canadien de Saint-Bernard-de-Lacolle Le communiqué de l'ASFC précisait que cette offensive avait été « lancée dans le cadre du Plan frontalier du Canada (les investissements de 1,3 milliard annoncés en décembre par le premier ministre de l'époque, Justin Trudeau) afin d'intercepter le fentanyl et d'autres drogues illégales. […] Au cours de l'opération, les agents et les agentes des services frontaliers ont examiné les envois, en accordant une attention particulière au courrier, fret aérien et conteneurs maritimes à destination des États-Unis. » En d'autres termes, on a mis le paquet sur les envois vers les États-Unis pour trouver le fentanyl auquel faisait allusion Donald Trump. Les agents de la United States Customs and Border Protection (USCBP), de leur côté, saisissaient durant les quatre premiers mois de 2025 encore une fois « moins de 700 grammes » de fentanyl à la frontière canadienne, mais 1277 kilos de cet opioïde aux autres frontières, soit 600 fois plus que les quelque 2 kilos interceptés par les Canadiens. « Une arme pour justifier les droits de douane » Et malgré cette « augmentation » de la quantité de fentanyl saisi destiné aux États-Unis, l'opération Blizzard a permis un autre constat : « 67,5 % de toutes les saisies concernaient des stupéfiants illégaux provenant des États-Unis, tandis que 17,5 % concernaient des stupéfiants destinés aux États-Unis », précise le communiqué de l'ASFC. On y apprend que l'interception de fentanyl ne représentait que 116 saisies sur les 2600 de l'opération, l'écrasante majorité étant des interceptions d'autres stupéfiants entrant au Canada en provenance des États-Unis. Le professeur Eugene Oscapella, spécialiste en matière de trafic de stupéfiants au département de criminologie de l'Université d'Ottawa, n'est nullement étonné de ces constats. « Il y a une tendance historique des États-Unis de blâmer d'autres pays pour le problème de drogue chez eux. On le fait depuis des décennies, mais dans ce cas-ci, on l'utilise comme une arme pour justifier les droits de douane. Ça n'a rien à voir avec la réalité concernant les drogues au Canada et la vente de drogue aux États-Unis par voie du Canada. » La GRC dément L'obsession de Donald Trump face au fentanyl canadien a fait son chemin jusque dans un document officiel. Au mois de mai dernier, la Drug Enforcement Administration (DEA) avait fait sourciller les autorités canadiennes en consacrant un paragraphe dans son « National Drug Assessment 2025 » (Évaluation de la menace posée par les drogues 2025) en faisant état de la « préoccupation grandissante des États-Unis » face aux « super laboratoires » de fentanyl canadiens après le démantèlement d'une telle installation par la GRC en octobre 2024. Préoccupation qui mentionnait tout de même que les saisies de fentanyl provenant du Canada pour toute l'année 2024 et le printemps 2025 se chiffraient à 22,7 kilos, comparativement aux 9,354 tonnes métriques saisies à la frontière mexicaine. Ce seul paragraphe dans un document de 80 pages qui ne fait aucune autre mention du Canada en matière de menace liée aux stupéfiants a provoqué une réponse plutôt irritée de la GRC : « Il n'y a peu ou pas de preuves ou de données des forces de l'ordre canadiennes ou américaines pouvant soutenir l'affirmation selon laquelle le fentanyl produit au Canada représente une menace grandissante. […] Le fentanyl produit au Canada est destiné principalement à la consommation domestique », écrivait un porte-parole de la police fédérale au bureau de La Presse Canadienne à Washington en réponse à ces prétentions. États-Unis : exportations massives au Canada Nous nous sommes concentrés d'abord sur les saisies de fentanyl, en raison de l'importance démesurée que lui a accordée le président Trump, mais aussi sur celles de cocaïne, de métamphétamines et de cannabis en raison de l'importance des quantités saisies et parce qu'elles offrent des données comparables à celles des Américains, qui ne sont pas compilées de la même façon. Ainsi, le véritable problème du Canada, ce sont – au-delà du fentanyl – les autres drogues qui arrivent des États-Unis, surtout la cocaïne et les métamphétamines. Rebecca Purdy, porte-parole de l'ASFC, résume ainsi la situation : « Au cours des cinq dernières années, la quantité de fentanyl saisie en provenance des États-Unis a augmenté de plus de 1600 %, celle de cocaïne des États-Unis a augmenté de plus de 290 %, celle de méthamphétamine de plus de 200 %. » Les données canadiennes obtenues par La Presse Canadienne pour les quatre premiers mois de 2025 montrent cependant une pause de la tendance haussière. Lorsqu'on analyse les quantités de cocaïne, métamphétamines et de cannabis, le volume (en kilos) de stupéfiants venant des États-Unis a connu une baisse d'environ 10 % entre les quatre premiers mois de 2024 et 2025. De manière plus spécifique, on note une baisse de 90 % du volume des entrées de métamphétamines, mais une augmentation de 125 % de celui des importations de cocaïne. Quant aux exportations canadiennes de stupéfiants, celles-ci ont connu une baisse de 4,6 %. Le cannabis est, de loin, la drogue la plus exportée par le Canada, représentant 98 % du volume des saisies canadiennes en 2024 et 90,5 % en 2025. Cependant, ce cannabis étant légal au Canada et dans 24 des 50 États américains, la quasi-totalité des quantités importantes de cannabis saisies était destinée principalement à des pays européens. Du côté américain, mises à part les données spécifiques sur le fentanyl et l'héroïne, la USCBS ne tient que des statistiques générales amalgamées montrant les quantités totales saisies de l'ensemble des drogues. À la frontière nord, celle du Canada, 607 kilos de stupéfiants ont été saisis durant les quatre premiers mois de 2024, contre 561 kilos de stupéfiants pour la même période de 2025, soit une baisse de 7,6 %. Cette réduction survient toutefois au même moment où l'on constate une baisse marquée du nombre de Canadiens entrant aux États-Unis, mais il est impossible d'établir un lien de cause à effet entre les deux. Pendant ce temps, aux autres points d'entrée (au Mexique, par mer et par avion), les quantités de stupéfiants entrant aux États-Unis atteignaient 10 660 kilos de janvier à avril 2024, soit 17,6 fois plus qu'à la frontière canadienne, et 9752 kilos durant la même période de 2025, soit une diminution de 8,5 %, mais toujours 17,4 fois plus qu'à la frontière nord. Le professeur Oscapella estime effectivement que « le Canada a un problème d'importation de drogue par la voie des États-Unis et on a surtout un problème d'importation d'armes des États-Unis lié au trafic de drogue », prend-il soin d'ajouter. Communications publiques des douaniers Un survol de la douzaine de communiqués publiés par l'ASFC durant les quatre premiers mois de 2025 montre notamment deux saisies totalisant deux tonnes métriques de cannabis en route vers l'Espagne et le Nigeria et des saisies de 148 kilos de métamphétamines destinés à Hong Kong et à l'Australie, mais rien à destination des États-Unis. En matière d'importation, on note la découverte de 142 kilos de cocaïne venus du Mexique par train et découverts à Montréal après avoir traversé les frontières américaines au sud et au nord sans encombre. Par voie terrestre, les douaniers canadiens interceptaient un total de 569 kilos de cocaïne et 186 kilos de métamphétamines dans des camions provenant des États-Unis. L'année précédente, l'ASFC n'avait publié que trois communiqués de janvier à avril 2024 reliés aux stupéfiants, dont 406 kilos de métamphétamines venus des États-Unis par camion et un peu plus d'une tonne métrique et demie (1556 kilos) de cocaïne venant aussi des États-Unis, mais destinée à l'Europe, interceptée dans un port canadien. Encore là, rien à destination des États-Unis. Côté américain, nous avons également analysé les communiqués publiés par les services frontaliers, toujours durant les quatre premiers mois de 2024 et de 2025. Bien que ces communiqués représentent une source plus anecdotique que statistique, ils témoignant néanmoins d'un déséquilibre absolu entre ce qui se passe à la frontière canadienne et à celles du Mexique, en mer et dans les aéroports. Ainsi, l'USCBS a publié 81 communiqués liés aux stupéfiants durant les quatre premiers mois de 2024, dont un seul parle de drogue saisie à la frontière nord, soit 0,6 kg de drogues diverses dont de la cocaïne au poste frontalier Champlain (côté américain de Saint-Bernard-de-Lacolle). Les 80 autres communiqués font état d'un peu plus de 18 tonnes métriques et demie (18 559 kilos) constituées, par ordre d'importance, de métamphétamines, de cannabis, de cocaïne et de fentanyl, aux frontières sud, maritimes et aéroportuaires. Durant les quatre premiers mois de 2025, l'USCBS a publié 49 communiqués dont seulement trois se rapportent à des saisies à la frontière canadienne. Or, deux de ces trois dossiers concernent des camions amenant au total 207 kilos de cocaïne au Canada. Le troisième fait état d'un paquet en provenance du Canada dans un entrepôt de Seattle contenant 0,5 kilo de fentanyl. Les 46 autres communiqués américains rapportent, pendant la même période aux frontières mexicaines, maritime et aéroportuaire, des saisies totalisant près de 5 tonnes métriques (4955 kilos), dans l'ordre d'importance des volumes saisis, de métamphétamines, de cocaïne, de cannabis et de fentanyl.

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