
«Parlez anglais !»: un média britannique fustige Emmanuel Macron pour son «manque de courtoisie» au banquet royal
Il n'en fallait pas davantage pour que Patrick Christys, figure vedette de GB News, interrompe sèchement la retransmission du discours d'Emmanuel Macron. Le président français, évoquant avec solennité «l'épreuve des tranchées» et «le sacrifice des alliées», venait de commettre l'impardonnable. Motif du grief? Parler français sous les lustres de Windsor, à la table du roi. «Je vais intervenir maintenant, parce qu'Emmanuel Macron, le président de la France, ne semble pas juger utile de faire preuve de courtoisie en parlant anglais. Donc nous attendrons et reprendrons s'il le fait, sachant qu'il est parfaitement bilingue.»
Et de revenir sur l'évènement plus tard sur le plateau: «Le président français a dit 80% de son discours en français. J'ai trouvé ça offensive [outrageux]», abonde un invité. «Le roi hochait la tête, mais on voyait bien qu'il ne comprenait pas. Il parle français, certes, mais avec un niveau GCSE [diplôme obtenu vers 16 ans].» Et enfin: «Parler une langue étrangère devant le roi, c'est comme s'il chuchotait. Cela devrait être jugé de la même manière. Est-ce qu'on oserait chuchoter devant Sa Majesté ?»
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D'autant que le roi Charles, lui, s'est «donné la peine d'une partie de son discours en anglais», ce qu'il avait déjà fait devant le Sénat lors de sa visite en 2023. Le monarque a même glissé une savoureuse référence au bilinguisme forcé de la société anglo-normande établie par Guillaume de Conquérant. «Cette ère fut aussi le début d'un partage linguistique, même si je ne peux qu'espérer qu'en écoutant mon français, vous ne ressentiez pas la même chose que la Princesse Katherine de France pendant son apprentissage de l'anglais dans Henry V de Shakespeare. O Seigneur Dieu!, a-t-elle dit, c'est assez pour une fois.» À la conquête normande, le vieil anglais se voit en effet remplacé par l'anglo-normand, dialecte de l'ancien français influencé par le vieux norrois. De riches abbayes sont confiées à des abbés normands. Et, dans les écoles, c'est le français qu'on enseigne aux élèves, notre langue devenant également celle des actes officiels... et celle de la fameuse maxime de Richard Cœur de Lion, «Dieu et mon droit».
La langue du protocole
Un parti pris linguistique peut réveiller des siècles de ressentiment. Qu'importe alors si le cocktail prenait hier le soin d'allier le meilleur des deux rives : lemon curd et pastis, le tout parsemé de bleuets séchés de France et de pétales de roses anglaises. Qu'importe la prouesse diplomatique d'un vin pétillant anglais produit par une maison de champagne française. Qu'importe le flacon, en somme : le président parlait français !
Faut-il se réjouir de notre côté que Macron rappelle par là discrètement que c'est en français que l'on rédige encore les menus et annonce les hors-d'œuvre outre-Manche ? Pendant des siècles, la diplomatie britannique a été inséparable de la langue de Molière. Au XVIIIe siècle, où jamais Versailles et Paris n'ont autant décidé de la longueur des perruques, de la hauteur des souliers et donné des lois à la langue et à la littérature, le magazine The Spectator s'agace même de cette gallomanie qui fait porter «peruke» et «pantaloon», mettre une «cravate», manger «dessert» et «fricasses». Clemenceau se fera provocant, deux siècles plus tard, lorsqu'il lancera que «la langue anglaise n'existe pas» mais qu'il s'agit d'un «français mal prononcé».
Et pourtant, comble d'ironie, celui qui célèbre hier le prestige du français n'hésite pas, face au monde, à lui préférer souvent l'anglais. Les puristes avaient dénoncé en juillet 2024 une trahison linguistique, une violation de l'article 2 de la Constitution, alors que le président déroulait son propos en anglais lors de la conférence de presse à l'Élysée précédant les JO de Paris. Les exemples abondent : One Ocean Summit à Brest en 2022, Meet Africa pour les relations avec des diasporas africaines francophones, Digital Challenge pour stimuler l'innovation dans l'Hexagone… On reproche à l'Élysée son anglicisme forcené, et voilà qu'on le blâme aujourd'hui d'un sursaut francophone.
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