
Peur des étrangers, théories complotistes... Sanseito, le parti populiste qui a le vent en poupe au Japon
DÉCRYPTAGE - S'il perce aux élections sénatoriales dimanche, ce nouveau parti pourrait dynamiter l'immuable paysage politique nippon.
Perchée sur une estafette orange au beau milieu de la circulation délirante d'un quartier piétonnier de Tokyo, Saya, candidate aux élections sénatoriales de dimanche pour le parti Sanseito tente de capter l'attention des badauds. La veille, elle a parlé du péril que représentent les étrangers, reprenant l'antienne qui a valu à son parti la popularité chez les uns, l'opprobre chez les autres. Cette fois, elle aborde l'économie.
« Les enfants ne mangent plus à leur faim. 15 % des Japonais sont pauvres. Les salaires baissent depuis 40 mois. Unissons-nous, on se disputera après ! », supplie-t-elle, la voix éraillée. Une petite foule attentive se forme à ses pieds, survolée par les invectives que s'échangent soutiens (« Tu parles vrai, toi ! ») et opposants (« Levons-nous contre les racistes ! »). « Toi aussi, l'homme aux lunettes roses, je t'aiderai ! », promet Saya en s'adressant à un jeune opposant qui vocifère à pleins poumons. Le ton monte parfois…
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Le Figaro
an hour ago
- Le Figaro
Promenades en landau et voiture, escorté par la police : pourquoi Bobby, le chat du président indonésien, crée-t-il la polémique ?
Lors de son arrivée au palais présidentiel en octobre dernier, Prabowo Subianto s'est installé avec son animal de compagnie, Bobby Kertanegara. Sur son compte Instagram qui lui est consacré, il pose aux côtés de Bill Gates ou du premier ministre australien. Les animaux de compagnie dans les palais royaux ou présidentiels ne sont pas rares à travers le monde, à l'image du labrador noir Nemo du couple Macron à l'Élysée, ou des corgis de la défunte reine Elizabeth II. Mais en Indonésie, c'est un chat qui arpente les couloirs de la résidence officielle du chef d'État, Prabowo Subianto, élu en octobre dernier. Adopté en 2017, Bobby Kertanegara est un «chat tigré à poil court», selon sa page Wikipédia. Blanc et marron, il a surtout la particularité d'être habillé de chemisettes colorées ou d'uniformes militaires ou policiers, et d'être photographié quasi quotidiennement. Virées en SUV Lexus et selfies avec Bill Gates Sur Instagram, un compte lui est carrément consacré, et cumule plus de 992.000 abonnés. Idem, sur YouTube, des vidéos mettent en scène son quotidien. Sa chaîne rassemble plus de 64.000 abonnés. Une mise en avant qui n'a rien d'anodin, et qui crée la controverse en Indonésie. Et pour cause : au-delà de ses tenues extravagantes et de son minois partagé sur les réseaux, Bobby profite d'un traitement de faveur. Il rencontre régulièrement des dirigeants et personnalités du monde entier. Comme le milliardaire américain Bill Gates ou le premier ministre australien Anthony Albanese. Promené dans son landau floqué de son nom dans les jardins officiels, il est régulièrement sollicité par les citoyens indonésiens pour faire des selfies. Publicité «Bobby peut-il être protégé ? Oui, bien sûr» Sur internet, partagée par les médias locaux fait le buzz. On y voit le chat sortir d'un SUV blanc Lexus, le 12 juillet dernier lors du «Cat Lover Social Day», un événement organisé par la police nationale, et être transporté dans sa poussette puis encerclé par une dizaine de policiers, telle une célébrité. De quoi faire tiquer les Indonésiens, qui s'indignent de voir que leurs impôts servent à financer la protection du petit félin. «Monsieur, vos citoyens ont faim et peinent à trouver du travail», «A quoi ça sert à part jeter le budget par les fenêtres ?», «C'est comme ça que mon argent est dépensé ?», peut-on lire sous la vidéo du média NTV News. D'autres s'amusent de la situation, tandis que certains vouent un véritable culte à l'animal. «Garde la santé Bobby !», «Respect monsieur Bob», «Pour ceux qui se plaignent que la sécurité de Bobby est prise en compte par le budget de l'État, vous ne le connaissez pas, il a sa propre chaîne YouTube ce qui lui permet de gagner de l'argent», indiquent les internautes indonésiens en commentaire. Interrogé par le journal Kompas, le vice-ministre d'État et secrétaire d'État Juri Ardiantoro s'est exprimé à la suite des critiques. «Nous protégeons la résidence du président, ainsi que ses biens et ses effets personnels. À qui appartient Bobby ? Peut-il être protégé ? Oui, bien sûr», a-t-il déclaré. «Indonésie sombre» Depuis plusieurs mois, la situation politique et économique inquiète en Indonésie. En février dernier, plusieurs manifestations du mouvement «Indonesia Gelap», («Indonésie sombre» en français), se sont tenues. Les citoyens ont alors exprimé leur colère contre une qualité de vie jugée médiocre, alors que le fossé entre riches et pauvres s'élargit et que la classe moyenne est réduite à peau de chagrin dans ce pays de 281 millions d'habitants. Les décisions de Prabowo Subianto cristallisent l'anxiété. Le président âgé de 73 ans, à la tête de la plus grande économie d'Asie du Sud-Est, s'est engagé à porter la croissance annuelle de l'Indonésie de 5 % à 8 % d'ici la fin de son mandat en 2029. Pourtant, le pays a affiché un rare déficit budgétaire au début de l'année. Le 18 mars dernier, l'indice de la Bourse de Jakarta s'était effondré de 7,1 %, sa plus forte chute en une journée depuis 2011, au point de déclencher un arrêt des échanges.


Le Figaro
2 hours ago
- Le Figaro
Japon : «La quasi-paralysie politique reflète une culture qui privilégie depuis longtemps le consensus au conflit»
FIGAROVOX/TRIBUNE - Malgré les défis structurels qui pèsent sur l'archipel nippon, aucun parti politique n'a réussi à formuler un plan cohérent lors des dernières élections partielles à la chambre haute, constate l'histoire spécialiste du Japon Christian Kessler. Christian Kessler est historien, professeur détaché à l'Athénée français de Tokyo et enseignant à l'université Musashi. Dernier ouvrage paru : Les kamikazés, leur histoire, leurs ultimes écrits (Perrin, août 2024). À découvrir PODCAST - Écoutez le club Le Club Le Figaro Idées avec Eugénie Bastié Au-delà des résultats, les élections partielles à la chambre haute ont une fois n'est pas coutume, révélé le vide abyssal de la culture politique du Japon, à savoir l'absence quasi-totale de vision pour l'avenir du pays. Que l'actuel premier ministre Shigeru Ishiba reste en poste ou pas n'y changera rien. Publicité Les partis politiques se sont pourtant bousculés pour se positionner les uns par rapport aux autres, mais aucun n'a réussi à formuler un plan cohérent pour les défis structurels graves qui se présentent au pays. Chaque parti s'est dépêché de proposer quelques réformettes dont la teneur est surtout révélatrice d'un manque d'ambition. Le PLD (Parti Libéral Démocrate au pouvoir) a une nouvelle fois réitéré ses promesses de revitalisation de l'économie, se contentant cependant d'ajustements progressifs plutôt que de véritables transformations. Le PDC (Parti démocrate constitutionnel) en a fait de même avec des propositions a minima comme une augmentation des salaires et quelques ajustements aux programmes sociaux. Des nouveaux venus comme Reiwa Shinsengumi et Nippon Ishin no Kai, se sont montrés tout aussi prudents et peu inspirés. Reste le parti Sanseito qui a gagné en popularité grâce à son programme férocement populiste, plus d'ailleurs par le mécontentement croissant des électeurs à l'égard de l'establishment, par un vote de protestation contre le statu quo, que par une vision alternative que ce parti ne propose pas du tout, à l'instar de mouvements similaires en Europe et en Amérique. Au vrai, toutes les formations ont focalisé leurs discours sur les migrants illégaux, la criminalité liée à ces mêmes migrants, les mesures à prendre de contrôle aux frontières et cela bien que les résidents étrangers représentent moins de 3% de la population de l'archipel et que leur taux de criminalité est par ailleurs inférieur à la moyenne nationale. Cette ruée vers les étrangers montre s'il en est encore besoin, la pauvreté de la réflexion politique ainsi qu'une prédisposition inquiétante pour la recherche de bouc émissaire. Cette quasi-paralysie politique reflète une structure culturelle profonde qui privilégie depuis longtemps le consensus au conflit, l'harmonie à toute perturbation, la cohésion collective à tout le reste. Christian Kessler Inquiétante aussi par rapport aux défis auxquels le pays doit faire face : crise démographique avec une chute de la natalité et un vieillissement de la population qui menace à terme la vitalité économique déjà en berne et sans doute même la cohésion sociale. Les inégalités entre les sexes profondément ancrées dans la mentalité, privent le pays de talents et perpétuent des structures sociales obsolètes. Les établissements d'enseignement rigides dans leur forme, mal équipés, peu ouverts à l'étranger, ne favorisent en rien la créativité, ou même toute adaptation nécessaire. Cette quasi-paralysie politique s'explique en partie notamment par le caractère factionnel de la politique japonaise, par le pouvoir toujours puissant d'une bureaucratie et d'intérêts privés qui freinent les changements. Mais plus encore, cette paralysie reflète clairement une structure culturelle profonde qui privilégie depuis longtemps le consensus au conflit, l'harmonie à toute perturbation, la cohésion collective à tout le reste. Ces valeurs ont certes leurs vertus, contribuant à une stabilité sociale, à une solidarité de groupe que nombre de pays pourraient envier. Mais en contrepartie, ces valeurs culturelles constituent un frein puissant à l'émergence de talents individuels, de visionnaires capables de se projeter dans le futur. Les réponses politiques restent fragmentaires et réactives, sans qu'aucun parti n'ose proposer des réformes structurelles. Le déclin démographique se poursuit vivement, les relations du genre ou du travail évoluent très peu et le système éducatif est à bout de souffle alors que toute innovation exigerait de remettre en question les hiérarchies établies. Et pourtant, le Japon possède des atouts considérables qui pourraient permettre une vision nationale convaincante : prouesses technologiques – quoique en repli -, créativité culturelle, cohésion sociale, institutions démocratiques, constituent tout de même une base solide pour relever les défis. Il pourrait proposer un modèle de prospérité inclusive, de développement durable, d'adaptation créative. Mais où sont passés les visionnaires, les réformateurs de Meiji, ceux aussi qui ont reconstruit le Japon sur les cendres de la Seconde guerre mondiale, puis ceux qui ont permis au Japon de se hisser dans la cour des grands ? À une époque où les visions nationalistes et autoritaires se concurrencent dans leur essor, le Japon pourrait proposer un modèle alternatif, ou serait allié dynamisme économique, cohésion sociale, innovation technologique, continuité culturelle et pourquoi pas même engagement mondial. Tout le potentiel est là. Manque hélas une nouvelle culture politique laquelle devrait être enseignée dans les écoles et les universités ou tout au vrai est fait pour ne jamais parler de politique et ne pas préparer une génération plus innovante et davantage tournée vers l'extérieur.


Le Parisien
2 hours ago
- Le Parisien
Législative partielle à Paris : un sondage place Dati en tête face à Barnier
Voilà un sondage qui ne devrait pas manquer d'être largement commenté dans les états-majors de la droite, de la gauche et du bloc macroniste dans les prochaines heures. Il concerne la deuxième circonscription de Paris , là même où doit se tenir d'ici mi-octobre une législative partielle sur laquelle tous les regards sont déjà braqués, puisque la ministre de la Culture Rachida Dati et l'ancien Premier ministre Michel Barnier , tous deux membres des Républicains, ont décidé de s'affronter pour représenter les couleurs de la droite. À moins que la commission nationale d'investiture (CNI) du parti, qui doit se tenir lundi 28 juillet, ne parvienne à débrancher une de ses deux candidatures… Ce qui n'est pas acquis. Devant une telle incertitude, le parti Renaissance de Gabriel Attal, qui, lui, n'a pas encore totalement acté le fait de porter une candidature ou pas, a commandé ces derniers jours une enquête d'opinion auprès de l'Ifop pour connaître les intentions, à ce stade, des électeurs. Il a été réalisé, selon nos informations, entre le 17 et le 21 juillet, auprès d'un échantillon de 600 personnes inscrites sur les listes électorales de cette circonscription. Dans le cas d'un scénario où Dati et Barnier maintiendraient leur candidature — mais sans représentant du parti présidentiel —, la ministre de la Culture recueillerait 33 % des voix au premier tour, le bloc de gauche (s'il part uni), 30 %, le Savoyard 28 % et, très loin derrière, le RN Thierry Mariani . Dans l'hypothèse d'un duel Dati-Barnier , ce qui est peu probable en l'état, elle l'emporterait d'une courte tête, avec 52 % pour elle, et 48 % pour lui. Le résultat est instructif et démontre au moins une chose : en l'état, même si elle est donnée favorite, Rachida Dati ne plie pas le match. Quant à Michel Barnier , son parachutage ne lui garantit pas le succès espéré. Pour l'un, comme pour l'autre, cette campagne ne s'annonce donc pas comme une promenade de santé. « Il y a encore beaucoup d'incertitudes à ce stade, car on ne sait pas encore qui sera vraiment sur la grille de départ, donc ce n'est absolument pas prédictif, estime un expert de la carte électorale, estimant que beaucoup de choses peuvent encore bouger ». D'autant plus qu'une grande partie de la deuxième circonscription est géographiquement située dans le Ve arrondissement de la capitale… majoritairement à gauche. Du côté de Renaissance, on attend encore de voir la décision de la CNI de LR, le 28 juillet, pour savoir si une candidature portera les couleurs du parti dans cette législative partielle. « On espère encore de pouvoir y aller uni sous la bannière du socle commun (avec LR), mais ce n'est pas gagné », se contente de faire savoir un cadre du parti. La ministre déléguée en charge de l'Intelligence artificielle et du Numérique, Clara Chappaz , a déjà fait connaître, elle, son envie d'y aller.