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4 hours ago
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Un défi du quotidien
Une personne soupçonnée d'avoir consommé de la drogue a immobilisé son véhicule en plein boulevard Notre-Dame, dans l'est de Montréal. Les paramédicaux tentent de lui offrir des soins. Les surdoses d'opioïdes tiennent les paramédicaux en haleine. Leur mission, parfois difficile : amener les gens à l'hôpital. Il n'y a pas le moindre accident de la route en vue sur le boulevard Notre-Dame en ce bel après-midi de juillet, et pourtant, un bouchon de circulation bloque l'artère. C'est qu'un important déploiement de pompiers et d'ambulanciers monopolise la voie de droite : ils interviennent auprès d'une personne visiblement sous l'influence d'opioïdes, derrière le volant d'un véhicule immobilisé. Dans la métropole, au cours des cinq dernières années, le nombre d'interventions d'Urgences-santé pour des cas de consommation et de surdoses liés aux opioïdes a explosé. Les données rendues publiques par la Direction régionale de santé publique de Montréal, mais jamais médiatisées, en témoignent. En 2020, les paramédicaux de Montréal et de Laval sont intervenus en moyenne 25 fois par mois dans des dossiers qui ont nécessité l'administration de naloxone, un antidote utilisé pour renverser les effets d'une surdose d'opioïdes. En 2024, ils sont intervenus trois fois plus souvent pour de tels cas, soit 81 fois par mois en moyenne. C'est près de trois interventions par jour. Or, ces chiffres ne représentent qu'une fraction des appels liés à la consommation d'opioïdes auxquels répondent les intervenants de première ligne. De nombreuses interventions auprès de personnes aux facultés affaiblies ne sont pas comptabilisées dans ces données, notamment lorsque le patient refuse les traitements de naloxone. C'est le cas des opérations auxquelles La Presse a assisté au début du mois. Assise dans le siège conducteur d'un VUS gris, la dame qui a fait l'objet d'un appel au 911 a les pupilles très petites et son short est taché de sang, mais elle est encore consciente, capable de s'orienter et de parler. Le paramédical en soins avancés d'Urgences-santé, qui s'inquiète d'une détérioration imminente de son état, tente de la convaincre d'accepter des traitements, mais elle préfère apposer sa signature au bas d'un formulaire de refus de soins. Les policiers prennent le relais de l'intervention, et la femme est finalement arrêtée pour conduite avec les facultés affaiblies. PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE Des policières ont pris le relais d'une intervention auprès d'une femme sous l'influence d'opioïdes après que celle-ci a signé un formulaire de refus de soin. « C'est une madame Tout-le-Monde », souligne Jean-Mari Dufresne, superviseur et porte-parole d'Urgences-santé. La crise des opioïdes touche en effet des gens issus de tous les milieux « et les produits sont de moins en moins purs », ce qui complique les interventions de ses collègues. PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE Jean-Mari Dufresne, superviseur et porte-parole d'Urgences-santé « On va avoir des benzodiazépines non commercialisées au Canada qui vont être mélangées avec des opioïdes », explique Gabrielle Nadaï, agente de planification de l'équipe de lutte contre les surdoses de la Santé publique de Laval. Elle peut nommer rapidement toutes sortes de mélanges qui ont circulé au Québec et qui sont beaucoup plus difficiles à traiter, puisque la naloxone n'agit que sur les opioïdes. Les surdoses à d'autres types de drogues préoccupent aussi les autorités. À Laval, par exemple, 90 % de la consommation de drogues dures recensée par la Santé publique concerne des stimulants. « Je soupçonne qu'il y a beaucoup d'appels aux services d'urgence pour des intoxications à diverses substances, pas uniquement aux opioïdes », souligne la Dre Catherine de Montigny, médecin en médecine des toxicomanies au CHUM. L'antidote administré par des tiers Sous le pont Jacques-Cartier, un peu plus tôt cette journée-là, une autre ambulance a été appelée pour traiter une femme inerte. À l'arrivée du véhicule d'urgence, une policière annonce aux paramédicaux que la femme s'est réveillée. Elle refuse d'être transportée à l'hôpital. Les soignants passeront tout de même une trentaine de minutes à ses côtés avant qu'elle ne quitte les lieux par ses propres moyens, dans une intervention qui sollicite davantage leurs compétences sociales que leurs connaissances en intervention d'urgence. « Nous, notre objectif, c'est d'amener les gens à l'hôpital, mais on n'a pas l'autorité de les retenir », explique Jean-Mari Dufresne, dont les collègues paramédicaux œuvrent souvent de concert avec des pompiers, des policiers ou des travailleurs de rue. Fait intéressant, la collaboration entre ces différents partenaires et la distribution de trousses de naloxone au grand public ont considérablement changé la nature des interventions d'Urgences-santé auprès des personnes en surdose d'opioïdes. De plus en plus, la naloxone est administrée au patient avant même l'arrivée des paramédicaux, ce qui maximise les chances de survie de la personne en état de surdose. PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE De plus en plus, la naloxone est administrée par des tiers. En moyenne, en 2020, ce sont les intervenants d'Urgences-santé qui ont donné l'antidote à leur arrivée sur les lieux dans près de 65 % des interventions nécessitant de la naloxone. En 2024, ils n'ont administré eux-mêmes le médicament que dans environ 35 % des interventions, montrent des données obtenues par La Presse. Dans les autres cas, il a été injecté au patient par d'autres premiers répondants, par des travailleurs communautaires ou encore par de simples citoyens. « Ça, c'est une bonne nouvelle. Ce qu'on veut, c'est que la naloxone soit tellement connue et distribuée que les intervenants et le grand public puissent en administrer en premiers soins le plus rapidement possible pour éviter des dommages qui pourraient être permanents », indique la Dre de Montigny. Elle ajoute que, même si la personne intoxiquée a reçu une dose de naloxone, l'appel au 911 demeure une bonne pratique, puisque les effets de cet antidote sont temporaires. « Ça se pourrait que la dose administrée ne soit pas suffisante. »


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4 hours ago
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« La naloxone, c'est la clé »
Les paramédicaux de Montréal et de Laval sont aux premières loges de la crise des surdoses. En 2024, ils ont été appelés à intervenir près de trois fois par jour pour des cas où de la naloxone, un antidote qui renverse l'effet des opioïdes, a été administrée. Il y a cinq ans, le portrait était tout autre. Un dossier de Marie-Laurence Desgagné Pour les intervenants rencontrés par La Presse, il n'y a pas de doute : l'utilisation de la naloxone peut sauver des vies. Ils encouragent le grand public à mieux s'informer au sujet de l'administration de ce médicament, « un outil de premiers soins comme plein d'autres ». Voici quelques informations utiles pour mieux dépister les effets d'une surdose et intervenir auprès d'une personne touchée. Quels sont les signes d'une surdose d'opioïdes ? Une surdose survient lorsque la consommation d'une substance excède ce que le corps peut tolérer. Ses effets sont graves et peuvent entraîner la mort. Dans le cas d'une surdose d'opioïdes, la respiration ralentit au point d'être très difficile, voire absente. Les pupilles se contractent jusqu'à se faire très petites et les lèvres et le bout des doigts deviennent bleus par manque d'oxygène. La personne peut paraître inconsciente, et n'offrir aucune réaction au bruit ou à la douleur. Comment réagir en présence d'un individu en surdose d'opioïdes ? En matière d'interventions, « la naloxone, c'est la clé », mentionne Catherine Boucher-Rodriguez, coordonnatrice professionnelle au sein de l'équipe de lutte contre les surdoses de la Santé publique de Laval. L'antidote permet de renverser les effets d'une surdose en agissant sur les mêmes récepteurs du cerveau que les opioïdes. Il agit généralement en environ deux minutes, mais son effet est temporaire. En cas d'intoxication importante, il est fort probable que plus d'une dose soit nécessaire pour traiter une personne en état de surdose. « C'est donc vraiment important que les gens soient redirigés vers les services d'urgence, parce qu'ils vont peut-être avoir besoin de soins supplémentaires », précise la Dre Catherine de Montigny, médecin en médecine des toxicomanies au CHUM. « Il faut appeler le 911, surtout qu'on ne sait pas ce que la personne a consommé. Dans le pire des cas, les premiers répondants se déplacent pour rien », ajoute Mme Boucher-Rodriguez. Elle souligne que la loi protège les personnes qui appellent les secours des accusations de possession de drogues. Les témoins d'une surdose qui seraient eux-mêmes consommateurs n'ont donc pas à craindre l'intervention des services d'urgence, et sont encouragés à rester sur les lieux pour aider l'individu en détresse. « L'objectif, c'est de sauver la vie d'une personne », ajoute-t-elle. Est-ce compliqué pour le public d'obtenir et d'administrer la naloxone ? Les trousses de naloxone sont gratuites et offertes en pharmacie sans ordonnance, ou auprès de certains organismes communautaires. Elles sont distribuées « autant aux personnes qui consomment qu'aux proches ou aux intervenants », précise Mme Boucher-Rodriguez. « C'est une bonne chose d'en avoir avec soi, il faut enlever le maximum de stigmatisation autour de ça. Il faut le voir comme un outil de premiers soins comme plein d'autres », ajoute la Dre de Montigny. Pour la médecin, il ne faut pas que la peur d'avoir à manipuler des seringues empêche les gens de se procurer de la naloxone. « Il existe différentes façons d'administrer [cet antidote]. Une d'entre elles, c'est un intranasal [à injecter dans les narines], donc c'est vraiment simple. » L'Institut national de santé publique du Québec a aussi créé des vidéos explicatives qui permettent de mieux comprendre comment administrer le médicament. Voyez les vidéos de l'INSPQ Est-ce que la naloxone peut nuire au patient ? La Dre de Montigny est catégorique. « Si on a mal jugé la situation ou que la personne a arrêté de respirer pour une raison autre qu'une surdose, on n'aura jamais causé de tort en donnant de la naloxone. » « La naloxone est efficace uniquement sur les opioïdes », ce qui la rend moins efficace lorsque la surdose résulte d'un mélange de substances, un phénomène aujourd'hui très courant, explique Gabrielle Nadaï, agente de planification de l'équipe de lutte contre les surdoses de la Santé publique de Laval. Malgré tout, elle souligne que l'usage de l'antidote, en l'absence de certitude sur ce que la personne a consommé, « ne fera pas de mal ». À ce titre, la Santé publique lavalloise espère pouvoir bientôt sensibiliser les jeunes du secondaire à l'importance de cette médication. « Ce qui vient renforcer notre inquiétude, c'est le fait que les jeunes sont plus naïfs face aux opioïdes », ce qui les rend à risque de surdoses, ajoute-t-elle.


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5 hours ago
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Marquage du stationnement dans Villeray
Les marques en T, qui délimitent chaque espace de stationnement, seront retirées dans le quartier Villeray. Montréal recule sur son projet-pilote de marquage au sol des espaces de stationnement dans le quartier Villeray. L'initiative, qui avait pour but de mettre au pas les automobilistes mal garés dans les rues résidentielles, s'est finalement heurtée à un nombre considérable de plaintes. « On a eu une cinquantaine de plaintes à l'automne de citoyens mécontents de ce marquage. Je pense qu'on n'a peut-être pas assez bien communiqué l'information aux citoyens avant de se lancer », avoue en entrevue le directeur général de l'Agence de mobilité durable (AMD), Laurent Chevrot. Au grand dam de certains citoyens, deux types de marquage avaient été installés l'été dernier sur une dizaine de rues et 1200 places de stationnement dans le quadrilatère délimité par les axes Christophe-Colomb, Villeray, Saint-Gérard et de Liège. Il y avait d'abord les marques en forme de T, délimitant les places individuelles, et les marques en L, situées à la fin de chaque zone interdite. Ce sont les marques en T qui seront finalement retirées. Les citoyens trouvaient que les délimitations étaient trop grandes, ce qui ne permettait pas de stationner assez de véhicules. Ça générait de la frustration et on n'a pas vu réellement d'impact sur la capacité ou l'occupation de la rue. Laurent Chevrot, directeur général de l'AMD Les marques en L seront néanmoins conservées, des impacts positifs ayant été observés sur le plan de la sécurité routière. « Ça a permis de réduire de 27 % le taux d'infraction, juste en donnant un repère aux gens sur la chaussée, ce qui est quand même considérable », note le gestionnaire. PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE Les marques en L, délimitant les zones de stationnement, seront conservées. « Ça nous ouvre quand même des perspectives pour le futur. On veut donner des indicateurs additionnels aux gens pour leur permettre de respecter la réglementation, mais en communiquant mieux en amont nos objectifs », ajoute-t-il. Bonne chose, mais… Résidant de la rue Foucher, Jacques Bérubé salue l'ouverture de la Ville, mais constate que le problème n'est pas entièrement réglé. En plus de la perte d'espaces, le marquage qui demeurera n'est toujours pas aligné avec les affiches indiquant les zones réservées aux voitures avec vignette, ce qui ne facilite pas le respect de la signalisation. Ça crée de la confusion puisque ce n'est pas au même niveau que les pancartes de stationnement déjà en place, donc tu ne sais pas si tu vas avoir une contravention. Et quand tu n'es pas sûr et que tu te prends 120 $, c'est choquant. Jacques Bérubé, résidant du quartier Villeray Laurent Chevrot, lui, rétorque que « plusieurs interventions ont déjà été faites pour déplacer des panneaux ou des marques au sol de quelques centimètres ». « S'il en reste encore, on ajustera le tir, c'est certain », dit-il. Le projet « a été mal conçu à l'origine », avance quant à lui M. Bérubé, qui est un résidant de longue date. « Quand tu es assis dans ta voiture, tu ne les vois pas nécessairement, ces marques-là. Ce n'est pas très intuitif et ça mêle beaucoup de gens après. » Quelques leçons à tirer Outre la communication à améliorer auprès de la population, M. Chevrot affirme que son groupe a tiré plusieurs leçons de l'expérience. « En ce qui concerne les marques en L, on va continuer d'étudier si ça pourrait créer des impacts positifs dans d'autres circonstances, ailleurs sur l'île. On se laisse la possibilité de le faire ailleurs si un arrondissement nous interpelle, mais ce n'est pas un objectif immédiat pour l'instant », affirme-t-il. L'avenir des marques en T est quant à lui nettement plus incertain. « Si on devait en refaire, on devrait sérieusement réfléchir à la manière dont on les fait », poursuit Laurent Chevrot, qui souligne que l'espace entre chaque place marquée pourrait par exemple être réduit de 6 à 5,5 mètres. Au total, le projet a coûté 36 000 $ à la Ville de Montréal, ce qui inclut les coûts internes, le contrat de marquage, le retrait de celui-ci et les communications publiques.


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6 hours ago
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Les garderies plaident la tolérance pour éviter l'expulsion d'enfants d'immigrants
Une directive envoyée aux garderies par le ministère de la Famille le 9 juillet donne 14 jours aux parents détenant un permis de travail ouvert pour retirer leurs enfants bénéficiant d'une place à 9,35 $ par jour. Des regroupements de garderies demandent à Québec de faire preuve de tolérance et de protéger les enfants d'immigrants inscrits dans des milieux de garde subventionnés, qui risquent d'en être exclus. Mardi, le ministère de la Famille a confirmé avoir reçu une mise en demeure de la part de parents. Ce qu'il faut savoir Une directive envoyée par le ministère de la Famille donne 14 jours aux parents détenteurs d'un permis de travail ouvert pour retirer leurs enfants de leur garderie subventionnée. Des associations de garderies demandent au gouvernement de faire preuve de tolérance afin que les enfants qui occupent déjà ces places à 9,35 $ par jour ne soient pas expulsés. Le ministère de la Famille a confirmé avoir reçu une mise en demeure de la part de parents. À cause des « flous administratifs » actuels, les enfants de parents titulaires d'un permis de travail ouvert pourraient perdre leur place subventionnée en garderie, déplorent des acteurs du milieu de la petite enfance, qui demandent des solutions rapides. « Une fois qu'un enfant s'habitue au service de garde, à ses amis, à ses éducatrices, je trouverais ça drastique de retirer l'enfant », avance le président de l'Association des garderies privées du Québec (AGPQ), Sami Alahmad. Une directive envoyée aux garderies par le ministère de la Famille le 9 juillet donne 14 jours aux parents détenant un permis de travail ouvert pour retirer leurs enfants bénéficiant d'une place à 9,35 $ par jour, ce qui entraîne des conséquences dramatiques pour plusieurs familles. Lisez l'article « Directive sur la contribution réduite : des enfants d'immigrants sommés de quitter leur CPE » C'est le cas de Suzanne Minkam, arrivée du Congo il y a deux ans avec un permis de travail ouvert, qui craint de perdre la place en garderie subventionnée de sa fille de 17 mois, qu'elle élève seule, et d'avoir à quitter son emploi d'éducatrice dans le même établissement, puisque son salaire est insuffisant pour pouvoir payer une place en garderie non subventionnée. Le gouvernement affirme qu'il ne s'agit pas d'une nouvelle règle et que le Règlement sur la contribution réduite, entré en vigueur en 2006, « n'a jamais été modifié ». Selon des regroupements de garderies, la réponse n'est pas aussi simple que de procéder à quelques ajustements administratifs. Les expulsions engendreront des conséquences humaines importantes chez les parents et leurs enfants. Des confusions lourdes en conséquences De plus, les directives émises par le ministère de la Famille manquent de clarté, déplore Sami Alahmad. « À la lumière des dernières informations, j'ai lu et relu le guide d'admissibilité qu'ils nous ont fourni et j'ai toujours de la difficulté à comprendre ce que le gouvernement nous demande », dénonce-t-il. Il reconnaît qu'il a pu y avoir eu des incompréhensions dans l'application du règlement, mais il s'agissait d'« erreurs de bonne foi » et on « ne devrait pas faire payer les enfants pour cela », insiste-t-il. Josée Garant, directrice du Bureau coordonnateur de garderies en milieu familial du quartier Saint-Léonard, à Montréal, a passé la journée de mardi à éplucher les dossiers des enfants concernés par la directive dans son organisation. C'est désolant, au-delà de tout, ce sont des enfants. On devrait se concentrer sur l'aspect humain avant tout. Ils vont perdre une stabilité, un lieu important d'attachement. Josée Garant, directrice du Bureau coordonnateur de garderies en milieu familial du quartier Saint-Léonard M. Alahmad ne sait pas encore combien de bambins fréquentant les garderies de son association sont touchés par ce critère d'admissibilité, mais ils sont nombreux, et il « se voit difficilement dire au revoir à ces enfants », confie-t-il. Le gouvernement doit faire preuve de tolérance et permettre aux enfants qui sont déjà en garderie subventionnée de terminer leur parcours à la petite enfance de la même manière qu'ils l'ont commencé, demande le président de l'AGPQ, qui s'inquiète des conséquences sur les familles concernées. Il n'est pas le seul à demander une telle souplesse. « On pense que les enfants ne devraient pas être tributaires du statut de leurs parents et qu'il devrait y avoir des efforts afin d'accommoder ces familles-là », avance la directrice générale adjointe aux affaires publiques et gouvernementales pour l'Association québécoise des CPE (AQCPE), Geneviève Blanchard. Pour cette dernière, le « nœud de l'affaire » semble être que le gouvernement veut s'assurer que le parent détenteur d'un permis ouvert occupe un emploi. Le ministère de la Famille devrait trouver une manière de faire cette vérification, pour « maintenir dans le système des familles qui ont déjà été intégrées », note-t-elle. « On semble l'oublier, mais les services éducatifs à l'enfance, c'est un puissant agent d'intégration. » L'AQCPE a déjà reçu beaucoup de demandes, tant de la part des éducatrices que des parents, sur la façon de répondre à cette directive et sur les ressources qui pourraient les aider. Au moment de publier ces lignes, le ministère de la Famille n'avait pas répondu à notre demande d'entrevue. La députée libérale de Westmount–Saint-Louis et porte-parole de l'opposition officielle en matière de famille, Jennifer Maccarone, peine à comprendre le changement d'attitude soudain du gouvernement. Elle déplore les impacts de cette directive sur le milieu de la petite enfance, qui peine déjà à répondre à la demande pour l'ensemble des demandeurs. Ce ne sont pas juste les enfants de parents détenant un permis de travail ouvert qui vont être touchés, la perte d'éducatrices qualifiées aura des impacts sur l'accès au service de plusieurs familles, explique-t-elle. « Ils sont en train de créer un problème où il n'y en a pas », déplore Mme Maccarone, qui n'a jamais entendu cet enjeu être soulevé par le gouvernement caquiste alors qu'elle est députée depuis sept ans. Des parents veulent poursuivre le ministère de la Famille Selon une mise en demeure obtenue par Radio-Canada mardi, des parents originaires de France et d'Ukraine veulent poursuivre en justice le ministère de la Famille, advenant l'exclusion de leurs enfants d'une garderie subventionnée. Le document indique que les parents contestent notamment la légalité et la validité de la directive sur l'admissibilité au programme de places à contribution réduite. Après la présentation de leurs permis de travail ouverts, leurs enfants ont été acceptés en 2024 dans une garderie subventionnée en milieu familial. Le bureau coordonnateur du Centre de la petite enfance du Parc leur a toutefois annoncé qu'en vertu de la directive, ils devaient maintenant quitter la garderie. Mardi, l'attachée de presse de la ministre de la Famille, Suzanne Roy, a confirmé qu'une mise en demeure a été reçue par le Ministère, ajoutant que le statut des personnes concernées serait vérifié.


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8 hours ago
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Les garderies plaident la tolérance pour éviter l'expulsion d'enfants
Une directive envoyée aux garderies par le ministère de la Famille le 9 juillet donne 14 jours aux parents détenant un permis de travail ouvert pour retirer leurs enfants bénéficiant d'une place à 9,35 $ par jour. Des regroupements de garderies demandent à Québec de faire preuve de tolérance et de protéger les enfants d'immigrants inscrits dans des milieux de garde subventionnés, qui risquent d'en être exclus. Mardi, le ministère de la Famille a confirmé avoir reçu une mise en demeure de la part de parents. À cause des « flous administratifs » actuels, les enfants de parents titulaires d'un permis de travail ouvert pourraient perdre leur place subventionnée en garderie, déplorent des acteurs du milieu de la petite enfance, qui demandent des solutions rapides. « Une fois qu'un enfant s'habitue au service de garde, à ses amis, à ses éducatrices, je trouverais ça drastique de retirer l'enfant », avance le président de l'Association des garderies privées du Québec (AGPQ), Sami Alahmad. Une directive envoyée aux garderies par le ministère de la Famille le 9 juillet donne 14 jours aux parents détenant un permis de travail ouvert pour retirer leurs enfants bénéficiant d'une place à 9,35 $ par jour, ce qui entraîne des conséquences dramatiques pour plusieurs familles. Lisez l'article « Directive sur la contribution réduite : des enfants d'immigrants sommés de quitter leur CPE » C'est le cas de Suzanne Minkam, arrivée du Congo il y a deux ans avec un permis de travail ouvert, qui craint de perdre la place en garderie subventionnée de sa fille de 17 mois, qu'elle élève seule, et d'avoir à quitter son emploi d'éducatrice dans le même établissement, puisque son salaire est insuffisant pour pouvoir payer une place en garderie non subventionnée. Le gouvernement affirme qu'il ne s'agit pas d'une nouvelle règle. Le Règlement sur la contribution réduite, entré en vigueur en 2006, « n'a jamais été modifié » et les parents ayant un permis de travail ouvert n'ont jamais été admissibles à ce programme, soutient le ministère de la Famille. Selon des regroupements de garderies, la réponse n'est pas aussi simple que de procéder à quelques ajustements administratifs. Les expulsions engendreront des conséquences humaines importantes chez les parents et leurs enfants. Des confusions lourdes en conséquences De plus, les directives émises par le ministère de la Famille manquent de clarté, déplore Sami Alahmad. « À la lumière des dernières informations, j'ai lu et relu le guide d'admissibilité qu'ils nous ont fourni et j'ai toujours de la difficulté à comprendre ce que le gouvernement nous demande », dénonce-t-il. Il reconnaît qu'il a pu y avoir eu des incompréhensions dans l'application du règlement, mais il s'agissait d'« erreurs de bonne foi » et on « ne devrait pas faire payer les enfants pour cela », insiste-t-il. Josée Garant, directrice du Bureau coordonnateur de garderies en milieu familial du quartier Saint-Léonard, à Montréal, a passé la journée de mardi à éplucher les dossiers des enfants concernés par la directive dans son organisation. C'est désolant, au-delà de tout, ce sont des enfants. On devrait se concentrer sur l'aspect humain avant tout. Ils vont perdre une stabilité, un lieu important d'attachement. Josée Garant, directrice du Bureau coordonnateur de garderies en milieu familial du quartier Saint-Léonard M. Alahmad ne sait pas encore combien de bambins fréquentant les garderies de son association sont touchés par ce critère d'admissibilité, mais ils sont nombreux, et il « se voit difficilement dire au revoir à ces enfants », confie-t-il. Le gouvernement doit faire preuve de tolérance et permettre aux enfants qui sont déjà en garderie subventionnée de terminer leur parcours à la petite enfance de la même manière qu'ils l'ont commencé, demande le président de l'AGPQ, qui s'inquiète des conséquences sur les familles concernées. Il n'est pas le seul à demander une telle souplesse. « On pense que les enfants ne devraient pas être tributaires du statut de leurs parents et qu'il devrait y avoir des efforts afin d'accommoder ces familles-là », avance la directrice générale adjointe aux affaires publiques et gouvernementales pour l'Association québécoise des CPE (AQCPE), Geneviève Blanchard. Pour cette dernière, le « nœud de l'affaire » semble être que le gouvernement veut s'assurer que le parent détenteur d'un permis ouvert occupe un emploi. Le ministère de la Famille devrait trouver une manière de faire cette vérification, pour « maintenir dans le système des familles qui ont déjà été intégrées », note-t-elle. « On semble l'oublier, mais les services éducatifs à l'enfance, c'est un puissant agent d'intégration. » L'AQCPE a déjà reçu beaucoup de demandes, tant de la part des éducatrices que des parents, sur la façon de répondre à cette directive et sur les ressources qui pourraient les aider. Au moment de publier ces lignes, le ministère de la Famille n'avait pas répondu à notre demande d'entrevue. Des parents veulent poursuivre le ministère de la Famille Selon une mise en demeure obtenue par Radio-Canada mardi, des parents originaires de France et d'Ukraine veulent poursuivre en justice le ministère de la Famille, advenant l'exclusion de leurs enfants d'une garderie subventionnée. Le document indique que les parents contestent notamment la légalité et la validité de la directive sur l'admissibilité au programme de places à contribution réduite. Après la présentation de leurs permis de travail ouverts, leurs enfants ont été acceptés en 2024 dans une garderie subventionnée en milieu familial. Le bureau coordonnateur du Centre de la petite enfance du Parc leur a toutefois annoncé qu'en vertu de la directive, ils devaient maintenant quitter la garderie. Mardi, l'attachée de presse de la ministre de la Famille, Suzanne Roy, a confirmé qu'une mise en demeure a été reçue par le Ministère, ajoutant que le statut des personnes concernées serait vérifié.