Dernières actualités avec #Sahel


Le Figaro
4 days ago
- Politics
- Le Figaro
Au Mali, au Burkina Faso et au Niger : l'inquiétante avancée des djihadistes dans le Sahel
ANALYSE - La situation sécuritaire se dégrade, les gouvernements perdent le contrôle de régions entières et les troupes régulières subissent de lourdes défaites. Sans oublier les populations civiles régulièrement victimes de combats qui les dépassent. Moins de trois ans après la fin de l'opération Barkhane – décidée par Emmanuel Macron en novembre 2022 sous la pression des juntes militaires parvenues au pouvoir grâce à des coups d'État –, la situation sécuritaire au Sahel s'est considérablement dégradée. Entre la fin de 2024 et le premier semestre de cette année, les attaques djihadistes se sont multipliées (voir carte ci-dessus) au Mali, au Niger et au Burkina Faso ainsi que des incursions meurtrières dans les États limitrophes, notamment au Bénin. Au point que le doute ne semble plus permis : les deux principaux groupes terroristes – le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affilié à al-Qaida, et, bien que moins puissant, l'État islamique au Grand Sahara (EIGS), excroissance de Daech – prennent régulièrement le dessus sur les armées des trois pays les plus exposés. Mai, juin et juillet ont été particulièrement spectaculaires avec des attaques à répétition. Une des dernières offensives en date s'est produite le 1er


Le Figaro
14-07-2025
- Politics
- Le Figaro
Le FMI verse 41 millions de dollars au Niger dans le cadre de son programme d'aide
Le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a validé lundi la 7e revue du programme d'aide en cours au Niger, ce qui entraîne le versement immédiat d'une nouvelle tranche, de 18 millions de dollars. Ce versement porte à 346 millions le montant total des déboursements d'ores et déjà réalisés à destination du pays sahélien, via deux formes de financements existants, sur les 407,3 millions accordés au total par le FMI. L'une des deux concerne le Fonds pour la résilience et la soutenabilité, qui permet aux pays de financer l'adaptation et la lutte contre le réchauffement climatique, grâce à un prêt d'une durée plus longue intégrant une période de grâce avant que les remboursements ne débutent. Publicité Cité dans un communiqué, le directeur général adjoint du FMI, Kenji Okamura, a jugé «globalement satisfaisante» l'avancée des réformes prévues par le gouvernement nigérien dans le cadre du programme d'aide, parmi lesquelles un ajustement de son budget, la mise en place d'une stratégie d'utilisation de ses revenus pétroliers et un renforcement de la mobilisation de ses revenus fiscaux. Malgré les chocs provoqués par «l'instabilité politique, les conflits et des événements extrêmes», M. Okamura a par ailleurs jugé que l'économie nigérienne avait fait preuve de «solidité», et a estimé que les perspectives sont «relativement favorables» en particulier grâce aux revenus générés par l'extraction de matières premières. Mais «compte tenu du resserrement des conditions de financement, les autorités doivent mener une politique d'emprunt prudente, se reposant avant tout sur les financements concessionnels pour éviter un risque de crise de la dette», ce qui signifie une implication continue des institutions financières internationales comme le FMI. Le Fonds anticipe une croissance de 6,6% cette année, en recul par rapport à 2024 (+10,3%) mais qui devrait se stabiliser au-delà de 6% dans les années suivantes, si la situation politique et sécuritaire n'empire pas. A l'instar de ses voisins du Mali et du Burkina Faso, le Niger a annoncé fin juin la nationalisation d'industries minières, telles que la filiale du groupe français de l'uranium Orano, Somaïr, une décision dénoncée par le groupe industriel.


La Presse
14-07-2025
- Politics
- La Presse
La Presse au Tchad
Aux portes du Soudan en guerre, la ville tchadienne d'Adré, poste-frontière en plein désert sahélien où arrivent quotidiennement depuis deux ans des dizaines de réfugiés. En avril, deux ans après le début de la guerre civile au Soudan, le plus grand camp de déplacés du pays, Zamzam, situé en banlieue d'El Fasher, la capitale du Nord-Darfour, a été attaqué par les milices du général Mohamed Hamdan Dagalo. Depuis, 500 000 femmes et enfants sont sur les routes du Darfour, cherchant à fuir la mort. Amaury HAUCHARD Collaboration spéciale « On a vu des gens morts sur le bord de la route, à cause du manque d'eau, du manque de nourriture. Tous ces gens marchaient, tous en train de fuir. Nous aussi, on avançait pour venir ici, pour nous sauver. » Awa Mahamedine, 39 ans, est assise sur une petite chaise en plastique mauve, dans une petite tente faite de bâches du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, à quelques mètres de la frontière entre le Soudan et le Tchad. PHOTO CHARLES BOUESSEL, COLLABORATION SPÉCIALE Awa Mahamedine, 39 ans, a fui El Fasher, au Darfour, avec ses quatre enfants pour se réfugier dans le pays voisin du Tchad. Le vent souffle et fait tourbillonner le sable omniprésent à Adré, ce poste-frontière en plein désert sahélien où arrivent quotidiennement depuis deux ans des dizaines de réfugiés à pied, à dos d'âne ou de cheval. Avec ses quatre enfants, elle est entrée au Tchad la veille de notre rencontre. Ils venaient d'El Fasher, capitale du Nord-Darfour et l'un des épicentres de la guerre qui ravage le Soudan depuis avril 2023. « [Il s'agit de] la plus importante crise humanitaire au monde », a encore dénoncé à la fin de juin Tom Fletcher, haut responsable de l'ONU. Son fils de 3 ans écarquille les yeux quand il voit des gens boire du Coca-Cola, manière de faire face à la chaleur étouffante qui ne baisse jamais sous les 35 degrés Celsius, jour comme nuit : il n'a jamais goûté cette étrange boisson, mondialement connue, mais introuvable à El Fasher depuis qu'il est né. « Ils ont tout pillé » Dès les premiers jours du conflit, en avril 2023, les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemetti », ont pris d'assaut la ville. Les paramilitaires, issus des anciens janjawids, les « démons à cheval » en arabe, ces milices génocidaires des années 2000, n'ont pas réussi à la soumettre, défendue par des groupes armés hétéroclites qui se sont ralliés à l'armée soudanaise pour faire face aux coups de boutoir des FSR. PHOTO IVOR PRICKETT, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES Soldats des Forces de soutien rapide (FSR), à Khartoum, au Soudan, en mars dernier Depuis mai 2024, un blocus de ces derniers interdit tout mouvement. Pis, ils ont pris d'assaut en février le principal camp de déplacés en banlieue d'El Fasher, appelé Zamzam, où plusieurs centaines de milliers de Soudanais s'étaient réfugiés, parmi lesquels Awa Mahamedine. PHOTO CHARLES BOUESSEL, COLLABORATION SPÉCIALE Cette famille réfugiée est en attente d'un transfert dans un camp à l'écart de la ville, à Adré, au Tchad, en mai dernier. « Quasiment toutes les maisons ont été brûlées, ils ont tout pillé. Ma sœur a été tuée par balles durant l'attaque. Moi, j'ai reçu un éclat d'obus », raconte la mère de quatre enfants en soulevant le long pagne traditionnel rouge qui recouvre sa tête et ses épaules, dévoilant une blessure sur le bras, pas encore cicatrisée. PHOTO CHARLES BOUESSEL, COLLABORATION SPÉCIALE Awa Mahamedine montre sa blessure causée par un éclat d'obus, alors qu'elle était au camp de Zamzam. « Ils ont tué tout ce qu'ils pouvaient, ils tiraient sans distinction », dit-elle. Avant le début du blocus, les ONG opéraient dans ce camp où entre 400 000 et 500 000 personnes étaient installées, mais elles ont dû le quitter en raison de l'insécurité. Sur la route Les ONG décrivaient déjà à l'époque des conditions terribles : un tiers des enfants en état de malnutrition aiguë, la famine qui rôdait, une épidémie de choléra en raison du manque de latrines. L'attaque en février a sonné le glas final de Zamzam : tous les habitants du camp ont fui, emportant ce qu'ils pouvaient, souvent rien de plus que les vêtements qu'ils portaient. Ils sont désormais sur les routes du Darfour et cherchent un endroit sûr où être en sécurité dans une région ravagée par la guerre, aride et grande comme l'Espagne. Fin avril, le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'est dit « consterné par la situation de plus en plus catastrophique » dans la région et « l'ampleur des besoins des personnes désespérées ». PHOTO ARCHIVES REUTERS Des personnes déplacées ont pris refuge dans la ville de Tawila, à quelques kilomètres à l'ouest du camp de Zamzam, à la suite de l'attaque des FSR contre le camp, en mars dernier. Rencontrée quelques jours après son arrivée au Tchad, Mariam Mahamat raconte avoir erré pendant trois mois de village en village, avec un groupe de femmes et d'enfants, avant d'avoir pu atteindre la frontière avec le Tchad. Près de 600 km séparent le camp de Zamzam de la frontière entre le Soudan et le Tchad. Plus de 1,2 million de Soudanais ont déjà trouvé refuge dans ce pays voisin, dont 830 000 depuis 2023. D'autres y étaient venus il y a 20 ans, lors du précédent conflit darfouri. « Les RSF veulent tuer tous les hommes, tous les garçons », dit-elle. Par crainte, son mari est resté à El Fasher et elle a grimé son fils Noh, 12 ans, en fille pendant toute leur fuite pour éviter qu'il ne soit tué. « Il y a une volonté de ne pas laisser l'opportunité à une nouvelle génération de combattants de se former, alors ils tuent les garçons », dit Sali Bakari, historien des conflits à l'École normale supérieure de N'Djamena. PHOTO CHARLES BOUESSEL, COLLABORATION SPÉCIALE Noh, 12 ans, a dû traverser le Darfour déguisé en fille pour éviter d'être tué par les soldats des FSR. Lorsqu'on s'assied dans la petite hutte du HCR, une queue de femmes et d'hommes se forme spontanément, sans qu'on l'ait demandé, pour raconter ce qu'ils ont vécu. Chaque personne qui arrive a son histoire dramatique qu'elle veut raconter. PHOTO CHARLES BOUESSEL, COLLABORATION SPÉCIALE Des réfugiées soudanaises patientent pendant une distribution alimentaire du Programme alimentaire mondial dans le camp de transit d'Adré, province du Ouaddaï, au Tchad, en mai dernier Toutes et tous ont un traumatisme en partage : une blessure par balle, un viol gravé à jamais dans la chair, des proches assassinés devant eux. « Il y a un plan d'arabisation du Darfour, et ça ne remonte pas à hier. C'est simple, ils veulent tuer toutes les peaux noires », affirme un notable Masalit, l'une des principales communautés non arabes du Soudan prises pour cible par les RSF dès le début de la guerre. Par peur des représailles, menacé de mort depuis qu'il a fui, il ne souhaite pas être nommé. La quasi-totalité des Masalit, plusieurs centaines de milliers de personnes, qui vivaient au Darfour, ont dû fuir, quand ils n'ont pas été tués. PHOTO CHARLES BOUESSEL, COLLABORATION SPÉCIALE Le camp de Tiné, un des 19 camps de réfugiés au Tchad, accueille près de 30 000 Soudanais venus de Zamzam. Ils sont désormais éparpillés à Adré et dans 19 camps de réfugiés au Tchad, cherchent à alerter sur ce qu'il s'est passé. « Il faut récolter les témoignages, récolter les preuves, pour qu'un jour, lorsque tout cela sera fini, qu'il y ait un procès, que les coupables de massacres soient jugés », dit Ahmed Omer, avocat et réfugié, qui écume les camps avec des confrères pour faire ce travail de fourmi depuis deux ans. « Ce n'est peut-être que le début » « Karim Khan [le procureur de la Cour pénale internationale (CPI)] est venu ici, mais il est reparti et depuis on n'a pas de nouvelles. Les procédures de la CPI sont longues et pendant ce temps, personne ne s'intéresse à ce qu'il s'est passé ici… », ajoute Abdul Semi, militant et réfugié lui aussi, qui déplore que la quête de justice comme celle d'alerter le monde soit si lente. « On est aujourd'hui globalement d'accord que c'est la crise humanitaire la plus grave au monde, mais force est de constater que dans l'opinion, c'est d'abord Gaza et l'Ukraine », corrobore un cadre d'un des principaux bailleurs de fonds occidentaux pour l'aide humanitaire au Tchad, qui peste contre le désintérêt du monde. « C'est pas dur, les humanitaires sont débordés, il n'y a pas d'autres mots. Et on fait face à une réduction des budgets en plus de cela », dit-il. « Depuis 22 ans, chaque jour, des réfugiés soudanais passent la frontière du Tchad. La situation est compliquée. Les délégations internationales passent souvent ici, mais il y a peu de résultats, au contraire : les financements baissent », dit le préfet de l'Assoungha, département d'Adré, Dillo Borgo. PHOTO CHARLES BOUESSEL, COLLABORATION SPÉCIALE Un marchand d'essence traverse la frontière entre le Tchad et le Soudan, à Adré, en mai dernier. Surtout que « ce n'est peut-être que le début », estime le chercheur Charles Bouëssel du Bourg, du groupe de réflexion International Crisis Group. « Les prochaines semaines risquent d'être meurtrières avec des centaines de milliers de personnes qui sont jetées sur les routes de l'exil exposées à la famine, à la soif et aux violences. » Pour Awa Mahamedine, la lente marche vers la sécurité a pris fin, elle se réjouit d'être emmenée bientôt dans un camp de réfugiés, mais garde une voix chevrotante. « Avant la guerre, on avait tout ce qu'on voulait, pour les enfants maintenant je me sens triste, on n'a plus rien. Comment vont-ils grandir ? Même mes habits, ce sont des gens qui nous [les] ont donnés, la nourriture, c'est les gens qui nous [la] donnent. C'est triste. »


Le Figaro
11-07-2025
- Politics
- Le Figaro
Mali : le Parlement accorde au chef de la junte un mandat de cinq ans renouvelable «autant de fois que nécessaire»
Arrivés au pouvoir à la suite de deux coups d'État successifs en 2020 et 2021, Assimi Goïta et les militaires s'étaient engagés à remettre le pouvoir aux civils au plus tard en mars 2024, mais ont depuis manqué à leur promesse. Le régime militaire au pouvoir au Mali a accordé un mandat de président de cinq ans renouvelable «autant de fois que nécessaire» et sans élection au chef de la junte, le général Assimi Goïta, après l'adoption jeudi d'un projet de loi. La loi doit désormais être promulguée par le chef de la junte lui-même pour entrer en vigueur, ce qui devrait être une formalité. Cette mesure est la dernière d'une série de restrictions sévères aux libertés prises par les militaires pour consolider leur régime dans ce pays sahélien. Publicité «Jusqu'à la pacification du pays» Le général Assimi Goïta, qui est actuellement président de transition, deviendra président de la République du Mali après l'entrée en vigueur de cette loi. Le projet de loi a été voté à l'unanimité des 131 membres présents du Conseil national de transition (CNT), organe législatif de la junte, a constaté un journaliste de l'AFP. La durée de la transition est fixée à cinq ans renouvelables, «autant de fois que nécessaire, jusqu'à la pacification du pays, à compter de la promulgation de la présente charte», selon le projet de loi consulté par l'AFP. Le président de la transition, les membres du gouvernement et les membres du CNT sont éligibles à l'élection présidentielle et aux élections générales, précise le texte. «Il s'agit là d'une avancée majeure dans la refondation du Mali», a déclaré à l'AFP à l'issue du vote Malick Diaw, président du CNT. «L'adoption de ce texte est conforme à la volonté populaire, puisqu'il émane des assises nationales de la refondation», a-t-il estimé. Arrivés au pouvoir au Mali à la suite de deux coups d'État successifs en 2020 et 2021, les militaires s'étaient engagés à remettre le pouvoir aux civils au plus tard en mars 2024, mais ont depuis manqué à leur promesse. Publicité L'adoption de ce projet de loi les maintient au pouvoir au moins jusqu'en 2030 sans passer par un processus électoral. Répression des voix discordantes Cette mesure vient appliquer les recommandations faites à l'issue d'une concertation nationale organisée par la junte fin avril. Cette concertation nationale - marquée par la présence des soutiens du régime mais boycottée par la plupart des formations politiques - avait également demandé la dissolution des partis et des restrictions à leur possibilité d'en créer. Lors d'une récente et rare prise de position publique à Bamako, des partis politiques avaient accusé la junte de vouloir leur dissolution, comme au Niger et au Burkina voisins, également dirigés par des juntes militaires souverainistes. Ce rassemblement de partis, sous haute surveillance policière, avait réuni plusieurs centaines de personnes le 3 mai à Bamako et revêtu un caractère exceptionnel dans un contexte de répression de toute voix discordante. Depuis, la junte dirigée par le général Assimi Goïta a annoncé la dissolution des formations politiques et des organisations à caractère politique dans le pays. Leurs membres ont également été interdits de réunion par les militaires. Publicité Profonde crise sécuritaire Le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise sécuritaire meurtrière, nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation État islamique (EI), ainsi que de groupes criminels communautaires. Les violences des groupes jihadistes ensanglantent ce pays depuis plusieurs années. L'armée malienne et ses alliés, les mercenaires russes d'Africa Corps, chargés notamment de traquer les jihadistes, sont régulièrement accusés de commettre des exactions contre des civils. Le Mali et ses voisins du Niger et du Burkina Faso se sont réunis au sein d'une confédération, l'Alliance des États du Sahel (AES). Au Niger et au Burkina, les partis politiques sont respectivement dissous et suspendus. Le régime militaire du capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir au Burkina Faso en septembre 2022 par un coup d'État, a prolongé sa transition à la tête du pays pour cinq années supplémentaires en mai 2024. Son voisin nigérien, le général Abdourahamane Tiani, qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, a été proclamé président de la République en mars dernier pour une durée minimum de cinq ans. Comme le Burkina Faso et le Niger, le Mali a tourné le dos à ses anciens partenaires occidentaux.


Le HuffPost France
11-07-2025
- Politics
- Le HuffPost France
Ce qui se cache derrière la rarissime conférence de presse du chef de l'armée française à la demande de Macron
POLITIQUE - La grande muette sort du silence. Le chef d'État-major des armées, le général Thierry Burkhard, prend la parole ce vendredi 11 juillet devant la presse au ministère des Armées. C'est la première fois depuis septembre 2021 que ce militaire, le plus haut gradé en France, se prête à cet exercice. À l'époque, il s'exprimait aux côtés de sa ministre, Florence Parly, pour parler de la neutralisation d'un chef d'une organisation terroriste affiliée à Daech au Sahel. Quatre ans plus tard, Thierry Burkhard va discourir à la demande du président de la République pour détailler « sa vision de la menace qui pèse sur la France », selon le vocable élyséen, à l'heure des grandes « bascules » géopolitiques. Un timing qui ne doit rien au hasard. Avec cette rare allocution, le CEMA est en réalité chargé de préparer le terrain à un autre discours. Celui qu'Emmanuel Macron prononcera deux jours plus tard, dimanche 13 juillet, devant les forces armées à l'hôtel de Brienne. Comme le nouvel étage d'une fusée téléguidée depuis l'Élysée. Macron et l'effort de défense Pour comprendre cette séquence estivale, entre parade militaire et efforts budgétaires, mieux vaut remonter au début de l'année 2025. Contraint de se replier sur son terrain réservé (les armées et l'international) après sa dissolution funeste le locataire de la rue du Faubourg Saint-Honoré met le paquet depuis plusieurs mois sur les enjeux liés à la défense et au « réarmement » du pays. Dès janvier, lors de ses vœux aux forces armées, Emmanuel Macron a effectivement réclamé l'actualisation de la revue nationale stratégique pour prendre en compte « le nouvel environnement » mondial né du retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Une sorte de feuille de route sur laquelle le président promettait de fonder des « mesures nécessaires. » Rebelote deux mois plus tard. Lors d'une adresse aux Français le 5 mars dernier, le chef de l'État avait alors qualifié la Russie de « menace » immédiate pour l'hexagone et le continent européen. Une façon de préparer les esprits, ou, expliquent aujourd'hui les conseillers élyséens, de faire « prendre conscience » aux Français « de la menace qui pèse sur eux et de la responsabilité qu'ils auront à prendre. » Plus clairement, Emmanuel Macron - dans son costume de chef des armées - avait alors expliqué que « nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables. » Nous y voilà. Des paroles aux (presque) actes ? Ce vendredi, Thierry Burkhard doit donc présenter l'actualisation de la revue nationale stratégique réclamée par le chef de l'État en janvier. « Elle regarde le monde tel qu'il est et non pas tel qu'on a envie de le voir », prévient d'emblée l'Élysée pour planter le décor, car « la liberté n'a sans doute jamais été aussi menacée aujourd'hui que depuis 1945. » Parmi les « basculements » évoqués dans ce document, on retrouve bien sur la permanence et l'accélération de la menace russe. L'Élysée parle même d'une « menace de guerre ouverte contre le cœur de l'Europe. » Sont cités également la désinhibition du recours à la force partout dans le monde, des partenariats anciens qui s'érodent, un ordre international contesté ou l'avènement de nouvelles révolutions technologiques. Autant de défis que le CEMA s'attachera à expliquer, ce vendredi. Le président de la République, lui, viendra en deuxième lame, dimanche, pour des annonces « très importantes », « majeures », selon le teasing de ses conseillers, concernant « l'effort de défense » que la France doit être amenée à réaliser. Outre les questions liées à l'armée de réserve ou la mobilisation des jeunes, deux enjeux brossés par le chef de l'État lors de ses prises de parole en janvier et en mars, il sera évidemment question de gros sous. Selon les premières indiscrétions de presse, Emmanuel Macron va effectivement promettre une augmentation supplémentaire des moyens de la Défense, dès 2026, au-delà de ce que prévoit la loi de programmation militaire. Ce texte, aux objectifs déjà revus à la hausse, table sur une enveloppe de 69 milliards d'euros par an. Qui dit mieux ? Sébastien Lecornu évoque souvent un « poids de forme » proche de 100 milliards, tandis que la France s'est récemment engagée à consacrer 3,5 % de son PIB à la défense. Elle n'en consacre pour l'heure que 2 %. La marche est haute. En sortant du silence, Thierry Burkhard doit aider à la franchir.