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La Presse au Tchad

La Presse au Tchad

La Presse3 days ago
Aux portes du Soudan en guerre, la ville tchadienne d'Adré, poste-frontière en plein désert sahélien où arrivent quotidiennement depuis deux ans des dizaines de réfugiés.
En avril, deux ans après le début de la guerre civile au Soudan, le plus grand camp de déplacés du pays, Zamzam, situé en banlieue d'El Fasher, la capitale du Nord-Darfour, a été attaqué par les milices du général Mohamed Hamdan Dagalo. Depuis, 500 000 femmes et enfants sont sur les routes du Darfour, cherchant à fuir la mort.
Amaury HAUCHARD
Collaboration spéciale
« On a vu des gens morts sur le bord de la route, à cause du manque d'eau, du manque de nourriture. Tous ces gens marchaient, tous en train de fuir. Nous aussi, on avançait pour venir ici, pour nous sauver. »
Awa Mahamedine, 39 ans, est assise sur une petite chaise en plastique mauve, dans une petite tente faite de bâches du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, à quelques mètres de la frontière entre le Soudan et le Tchad.
PHOTO CHARLES BOUESSEL, COLLABORATION SPÉCIALE
Awa Mahamedine, 39 ans, a fui El Fasher, au Darfour, avec ses quatre enfants pour se réfugier dans le pays voisin du Tchad.
Le vent souffle et fait tourbillonner le sable omniprésent à Adré, ce poste-frontière en plein désert sahélien où arrivent quotidiennement depuis deux ans des dizaines de réfugiés à pied, à dos d'âne ou de cheval.
Avec ses quatre enfants, elle est entrée au Tchad la veille de notre rencontre. Ils venaient d'El Fasher, capitale du Nord-Darfour et l'un des épicentres de la guerre qui ravage le Soudan depuis avril 2023.
« [Il s'agit de] la plus importante crise humanitaire au monde », a encore dénoncé à la fin de juin Tom Fletcher, haut responsable de l'ONU.
Son fils de 3 ans écarquille les yeux quand il voit des gens boire du Coca-Cola, manière de faire face à la chaleur étouffante qui ne baisse jamais sous les 35 degrés Celsius, jour comme nuit : il n'a jamais goûté cette étrange boisson, mondialement connue, mais introuvable à El Fasher depuis qu'il est né.
« Ils ont tout pillé »
Dès les premiers jours du conflit, en avril 2023, les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemetti », ont pris d'assaut la ville. Les paramilitaires, issus des anciens janjawids, les « démons à cheval » en arabe, ces milices génocidaires des années 2000, n'ont pas réussi à la soumettre, défendue par des groupes armés hétéroclites qui se sont ralliés à l'armée soudanaise pour faire face aux coups de boutoir des FSR.
PHOTO IVOR PRICKETT, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
Soldats des Forces de soutien rapide (FSR), à Khartoum, au Soudan, en mars dernier
Depuis mai 2024, un blocus de ces derniers interdit tout mouvement. Pis, ils ont pris d'assaut en février le principal camp de déplacés en banlieue d'El Fasher, appelé Zamzam, où plusieurs centaines de milliers de Soudanais s'étaient réfugiés, parmi lesquels Awa Mahamedine.
PHOTO CHARLES BOUESSEL, COLLABORATION SPÉCIALE
Cette famille réfugiée est en attente d'un transfert dans un camp à l'écart de la ville, à Adré, au Tchad, en mai dernier.
« Quasiment toutes les maisons ont été brûlées, ils ont tout pillé. Ma sœur a été tuée par balles durant l'attaque. Moi, j'ai reçu un éclat d'obus », raconte la mère de quatre enfants en soulevant le long pagne traditionnel rouge qui recouvre sa tête et ses épaules, dévoilant une blessure sur le bras, pas encore cicatrisée.
PHOTO CHARLES BOUESSEL, COLLABORATION SPÉCIALE
Awa Mahamedine montre sa blessure causée par un éclat d'obus, alors qu'elle était au camp de Zamzam.
« Ils ont tué tout ce qu'ils pouvaient, ils tiraient sans distinction », dit-elle. Avant le début du blocus, les ONG opéraient dans ce camp où entre 400 000 et 500 000 personnes étaient installées, mais elles ont dû le quitter en raison de l'insécurité.
Sur la route
Les ONG décrivaient déjà à l'époque des conditions terribles : un tiers des enfants en état de malnutrition aiguë, la famine qui rôdait, une épidémie de choléra en raison du manque de latrines.
L'attaque en février a sonné le glas final de Zamzam : tous les habitants du camp ont fui, emportant ce qu'ils pouvaient, souvent rien de plus que les vêtements qu'ils portaient.
Ils sont désormais sur les routes du Darfour et cherchent un endroit sûr où être en sécurité dans une région ravagée par la guerre, aride et grande comme l'Espagne. Fin avril, le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'est dit « consterné par la situation de plus en plus catastrophique » dans la région et « l'ampleur des besoins des personnes désespérées ».
PHOTO ARCHIVES REUTERS
Des personnes déplacées ont pris refuge dans la ville de Tawila, à quelques kilomètres à l'ouest du camp de Zamzam, à la suite de l'attaque des FSR contre le camp, en mars dernier.
Rencontrée quelques jours après son arrivée au Tchad, Mariam Mahamat raconte avoir erré pendant trois mois de village en village, avec un groupe de femmes et d'enfants, avant d'avoir pu atteindre la frontière avec le Tchad. Près de 600 km séparent le camp de Zamzam de la frontière entre le Soudan et le Tchad.
Plus de 1,2 million de Soudanais ont déjà trouvé refuge dans ce pays voisin, dont 830 000 depuis 2023. D'autres y étaient venus il y a 20 ans, lors du précédent conflit darfouri.
« Les RSF veulent tuer tous les hommes, tous les garçons », dit-elle. Par crainte, son mari est resté à El Fasher et elle a grimé son fils Noh, 12 ans, en fille pendant toute leur fuite pour éviter qu'il ne soit tué. « Il y a une volonté de ne pas laisser l'opportunité à une nouvelle génération de combattants de se former, alors ils tuent les garçons », dit Sali Bakari, historien des conflits à l'École normale supérieure de N'Djamena.
PHOTO CHARLES BOUESSEL, COLLABORATION SPÉCIALE
Noh, 12 ans, a dû traverser le Darfour déguisé en fille pour éviter d'être tué par les soldats des FSR.
Lorsqu'on s'assied dans la petite hutte du HCR, une queue de femmes et d'hommes se forme spontanément, sans qu'on l'ait demandé, pour raconter ce qu'ils ont vécu. Chaque personne qui arrive a son histoire dramatique qu'elle veut raconter.
PHOTO CHARLES BOUESSEL, COLLABORATION SPÉCIALE
Des réfugiées soudanaises patientent pendant une distribution alimentaire du Programme alimentaire mondial dans le camp de transit d'Adré, province du Ouaddaï, au Tchad, en mai dernier
Toutes et tous ont un traumatisme en partage : une blessure par balle, un viol gravé à jamais dans la chair, des proches assassinés devant eux.
« Il y a un plan d'arabisation du Darfour, et ça ne remonte pas à hier. C'est simple, ils veulent tuer toutes les peaux noires », affirme un notable Masalit, l'une des principales communautés non arabes du Soudan prises pour cible par les RSF dès le début de la guerre. Par peur des représailles, menacé de mort depuis qu'il a fui, il ne souhaite pas être nommé.
La quasi-totalité des Masalit, plusieurs centaines de milliers de personnes, qui vivaient au Darfour, ont dû fuir, quand ils n'ont pas été tués.
PHOTO CHARLES BOUESSEL, COLLABORATION SPÉCIALE
Le camp de Tiné, un des 19 camps de réfugiés au Tchad, accueille près de 30 000 Soudanais venus de Zamzam.
Ils sont désormais éparpillés à Adré et dans 19 camps de réfugiés au Tchad, cherchent à alerter sur ce qu'il s'est passé. « Il faut récolter les témoignages, récolter les preuves, pour qu'un jour, lorsque tout cela sera fini, qu'il y ait un procès, que les coupables de massacres soient jugés », dit Ahmed Omer, avocat et réfugié, qui écume les camps avec des confrères pour faire ce travail de fourmi depuis deux ans.
« Ce n'est peut-être que le début »
« Karim Khan [le procureur de la Cour pénale internationale (CPI)] est venu ici, mais il est reparti et depuis on n'a pas de nouvelles. Les procédures de la CPI sont longues et pendant ce temps, personne ne s'intéresse à ce qu'il s'est passé ici… », ajoute Abdul Semi, militant et réfugié lui aussi, qui déplore que la quête de justice comme celle d'alerter le monde soit si lente.
« On est aujourd'hui globalement d'accord que c'est la crise humanitaire la plus grave au monde, mais force est de constater que dans l'opinion, c'est d'abord Gaza et l'Ukraine », corrobore un cadre d'un des principaux bailleurs de fonds occidentaux pour l'aide humanitaire au Tchad, qui peste contre le désintérêt du monde.
« C'est pas dur, les humanitaires sont débordés, il n'y a pas d'autres mots. Et on fait face à une réduction des budgets en plus de cela », dit-il.
« Depuis 22 ans, chaque jour, des réfugiés soudanais passent la frontière du Tchad. La situation est compliquée. Les délégations internationales passent souvent ici, mais il y a peu de résultats, au contraire : les financements baissent », dit le préfet de l'Assoungha, département d'Adré, Dillo Borgo.
PHOTO CHARLES BOUESSEL, COLLABORATION SPÉCIALE
Un marchand d'essence traverse la frontière entre le Tchad et le Soudan, à Adré, en mai dernier.
Surtout que « ce n'est peut-être que le début », estime le chercheur Charles Bouëssel du Bourg, du groupe de réflexion International Crisis Group. « Les prochaines semaines risquent d'être meurtrières avec des centaines de milliers de personnes qui sont jetées sur les routes de l'exil exposées à la famine, à la soif et aux violences. »
Pour Awa Mahamedine, la lente marche vers la sécurité a pris fin, elle se réjouit d'être emmenée bientôt dans un camp de réfugiés, mais garde une voix chevrotante. « Avant la guerre, on avait tout ce qu'on voulait, pour les enfants maintenant je me sens triste, on n'a plus rien. Comment vont-ils grandir ? Même mes habits, ce sont des gens qui nous [les] ont donnés, la nourriture, c'est les gens qui nous [la] donnent. C'est triste. »
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Une frappe israélienne sur l'église catholique de Gaza fait deux morts
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La Presse

time2 hours ago

  • La Presse

Une frappe israélienne sur l'église catholique de Gaza fait deux morts

Des secours transportent le corps d'une des deux personnes tuées dans la frappe. (Gaza) La Défense civile de Gaza et le patriarcat latin de Jérusalem ont annoncé jeudi la mort de deux personnes dans une frappe israélienne sur la seule église catholique du territoire palestinien, refuge depuis le début de la guerre pour cette petite communauté. par l'équipe de l'AFP à Gaza, avec Alice CHANCELLOR à Jérusalem et Clément MELKI à Rome Agence France-Presse Israël, en guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas depuis le 7 octobre 2023, a affirmé ne « jamais cibler » de sites religieux dans la bande de Gaza et ajouté que les circonstances dans lesquelles l'église a été endommagée étaient « en cours d'examen ». L'Église de la Sainte-Famille, située à Gaza-ville, dans le nord du territoire, « a été frappée par un raid ce matin », a déclaré le Patriarcat latin de Jérusalem, avant de confirmer le bilan de deux morts annoncé par la Défense civile. Cette église entretenait des contacts, depuis le début de la guerre, avec l'ancien pape François, mort en avril, qui dialoguait régulièrement par liaison vidéo avec son curé, le père Gabriel Romanelli, et avait lancé des appels répétés pour que soit mis fin au conflit. Le prêtre a été blessé dans l'attaque israélienne tandis que l'église a subi des dégâts. Le pape Léon XIV s'est dit « profondément attristé » et a renouvelé son appel « à un cessez-le-feu immédiat ». PHOTO OMAR AL-QATTAA, AGENCE FRANCE-PRESSE L'Église de la Sainte-Famille, située à Gaza-ville, dans le nord du territoire Des images de l'AFP montrent des blessés soignés dans des tentes, dans l'enceinte de l'hôpital Al-Ahli de Gaza-ville. Parmi eux le père Romanelli, portant un pansement autour de la jambe. Certains blessés sont arrivés sur des brancards et l'un d'eux portait un masque à oxygène. « Viser un site sacré qui abrite environ 600 personnes déplacées, dont la majorité sont des enfants, est une violation flagrante de la dignité humaine […] et du caractère sacré des sites religieux, qui sont supposés fournir un abri sûr en temps de guerre », a déclaré le patriarcat. Israël a exprimé son « profond chagrin » pour les dégâts et les victimes civiles, ajoutant que l'armée enquêtait. « Israël ne vise jamais des églises ou des sites religieux et regrette tout dommage à un site religieux ou à des civils non impliqués », a déclaré le ministère des Affaires étrangères. La première ministre italienne, Giorgia Meloni, a jugé « inacceptable » cette attaque « contre la population civile », survenue lors d'une nouvelle journée de bombardements qui ont fait par ailleurs 18 morts, selon la Défense civile, à travers la bande de Gaza. PHOTO JACK GUEZ, AGENCE FRANCE-PRESSE À travers la bande de Gaza, il y a eu d'autres bombardements israéliens, qui ont tué 18 personnes au total. « Aucune action militaire ne saurait justifier une telle attitude », a affirmé Mme Meloni. « Des excuses » Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a dénoncé « un acte grave contre un lieu de culte chrétien » et adressé ses condoléances au père Romanelli. Le prêtre, curé de la paroisse de la Sainte-Famille depuis de longues années, est resté à Gaza aux côtés de quelque 400 fidèles après le début de la guerre entre Israël et le Hamas. PHOTO OMAR AL-QATTAA, AGENCE FRANCE-PRESSE Le père Romanelli a été blessé dans l'attaque. La bande de Gaza compte environ un millier de chrétiens, sur une population de plus de deux millions de personnes. La plupart sont des orthodoxes mais, selon le patriarcat, environ 135 catholiques vivent dans le territoire palestinien ravagé par 21 mois de guerre. Depuis le début de la guerre, la petite communauté s'est abritée dans l'enceinte de l'église, qui a accueilli aussi des orthodoxes. « On peut se demander si Israël en veut aux communautés chrétiennes. Nous attendons des excuses de la part du gouvernement israélien », a déclaré à l'AFP Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l'Œuvre d'Orient, une association française engagée auprès des chrétiens d'Orient. L'attaque sans précédent du Hamas sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Depuis, au moins 58 573 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées dans la campagne de « représailles » militaires israéliennes, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Retour d'exil : mode d'emploi
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La Presse

time5 hours ago

  • La Presse

Retour d'exil : mode d'emploi

Deux jeunes réfugiés syriens prenant la pose devant la voiture familiale, chargée d'effets personnels, lors de leur trajet de retour entre le camp Jordan-Emirati, en Jordanie, et Deraa, dans le sud de la Syrie, le 3 juin Pendant une décennie, la Syrie a battu des records en étant le théâtre de la plus grande crise de migration forcée au monde. Au sommet de l'exode forcé, 60 % de la population de 22 millions de personnes avait fui son domicile. Aujourd'hui, le pays est en voie de faire l'histoire de nouveau, mais pour le mouvement inverse. Depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre 2024, plus de 2,1 millions de Syriens ont décidé de rentrer chez eux, selon les plus récents chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). PHOTO LOUAI BESHARA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Portrait défiguré de l'ancien président syrien Bachar al-Assad, à Damas Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui avait déclenché le retour de 6 millions de personnes en Europe, on a rarement vu une telle vague inversée. Parmi ceux qui sont rentrés en Syrie, 600 000 étaient réfugiés dans les pays voisins – Liban, Turquie, Irak et Jordanie –, où plus de 5 millions de Syriens se trouvent toujours. L'autre 1,5 million faisait partie des 7 millions de déplacés à l'intérieur du pays. C'est donc près de 10 % de la population syrienne qui a rebroussé chemin vers la maison en sept mois. PHOTO FELIPE DANA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS Femmes marchant dans un quartier fortement endommagé par des frappes aériennes à Idlib, en Syrie, en mars 2020 Et s'il faut se fier à un récent sondage du HCR, ce n'est que le début. Sur quelque 3500 Syriens réfugiés et déplacés interrogés, un quart espèrent rentrer d'ici la fin de l'année et une autre tranche de 25 % d'ici cinq ans. Et ce, malgré les circonstances ardues. Les infrastructures du pays ont été largement détruites par les bombardements de l'armée syrienne et de la Russie ainsi que par le conflit civil qui s'est étiré sur plus de 12 ans. Près de 90 % de la population vit toujours sous le seuil de la pauvreté et fait face à une économie dévastée par la guerre et les sanctions. Les combats et les tensions sectaires, eux, se poursuivent dans certaines parties du pays, notamment dans le sud, où des affrontements entre des Bédouins, des membres de la minorité druze et l'armée syrienne ont fait plus de 350 morts depuis le début de la semaine. Et c'est sans mentionner les bombardements mercredi sur Damas de l'armée israélienne, qui dit se porter à la rescousse des Druzes. 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Chef de bureau du HCR à Montréal, déployé en Syrie de la fin de février à la fin d'avril, Joey Hanna a été aux premières loges de ce grand mouvement de retour qui, selon lui, devrait s'accélérer pendant l'été. « Pour le moment, le HCR ne recommande pas le retour des Syriens. Pour plusieurs raisons. Notamment, la situation sécuritaire est très inégale à travers le pays. Par contre, si des Syriens viennent vers nous et nous disent : 'Je fais le choix libre et éclairé de rentrer en Syrie', le HCR facilite les retours ou, du moins, soutient les Syriens dans leur retour », explique M. Hanna. PHOTO LEO CORREA, ASSOCIATED PRESS Des Druzes de Syrie et d'Israël manifestent à la frontière israélo-syrienne, à Majdal Chams, dans le plateau du Golan contrôlé par Israël, mercredi. Comment ? En offrant du transport à la frontière, des petites allocations de retour de quelques centaines de dollars et en dirigeant ceux qui rentrent vers un des 105 centres communautaires mis sur pied par le HCR pour les aider à reprendre le fil de leur vie là où il a été abruptement coupé. Le HCR aide aussi les Syriens à rafistoler leurs logis, souvent retrouvé en mauvais état. « C'est symbolique. On peut aider à changer une serrure, à remplacer une fenêtre ou à réparer un toit qui coule, pas à refaire une fondation », dit M. Hanna. PHOTO MAHMOUD HASSANO, ARCHIVES REUTERS Paysage de dévastation à Alep, en Syrie, en juin dernier Une aide bien modeste qui reflète les moyens tronqués de l'agence onusienne depuis les coupes draconiennes de l'administration Trump dans l'aide humanitaire, imitées par certains pays européens. En Syrie, le HCR a dû remercier 30 % de ses employés depuis le début de l'année. Mais il n'y a pas que de mauvaises nouvelles, dit Joey Hanna. Et c'est bien ce qui différencie la Syrie en ces temps glauques sur la scène internationale. Les craintes sont nombreuses, mais elles rivalisent avec l'espoir. Les États-Unis viennent tout juste d'annoncer qu'ils lèveront les sanctions qui asphyxiaient le pays, une décision qui a été émulée par la plupart des pays occidentaux. « La levée des sanctions devrait avoir des effets bénéfiques pour la population dans au moins trois domaines. D'abord, sur le secteur énergétique. En ce moment, les Syriens doivent vivre avec une moyenne de quatre heures d'électricité par jour. Puis, des investissements vont pouvoir entrer dans le pays, notamment pour réparer les infrastructures détruites. Et finalement, la Syrie va pouvoir réintégrer le système bancaire mondial », note Joey Hanna, tout en remarquant que ces changements n'auront pas lieu du jour au lendemain. Alors pourquoi autant de Syriens rentrent-ils dès maintenant ? Et c'est là qu'une bonne nouvelle en cache parfois une moins bonne. Le choix n'est pas toujours complètement volontaire. Le Liban, qui vit lui aussi une crise économique, met notamment de la pression pour inciter les Syriens à lever le camp. PHOTO ABDELAZIZ BOUMZAR, ARCHIVES REUTERS De jeunes réfugiés syriens courent dans un campement informel à Bar Elias, au Liban, en décembre 2024. « Il reste vraiment beaucoup de travail à faire pour accueillir les gens dans la dignité. La situation sécuritaire du pays doit s'améliorer. Il faut mettre fin aux arrestations arbitraires [par le nouveau gouvernement]. Il faut déminer le pays. Et il faut investir dans les infrastructures d'eau et d'éducation », note Nour Shawaf, conseillère en politiques humanitaires chez Oxfam au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE Célébrations à Damas à la suite de la chute du régime de Bachar al-Assad, en décembre 2024 Comme Joey Hanna, malgré tous ces bémols, Mme Shawaf ne peut néanmoins s'empêcher de voir le bout du tunnel en Syrie. Un optimisme qui devrait inciter les pays donateurs, comme le Canada, à redoubler d'ardeur.

L'Ontario devrait réorganiser l'aide aux entreprises automobiles, selon un rapport
L'Ontario devrait réorganiser l'aide aux entreprises automobiles, selon un rapport

La Presse

timea day ago

  • La Presse

L'Ontario devrait réorganiser l'aide aux entreprises automobiles, selon un rapport

Les revenus des petites et moyennes entreprises du secteur automobile ont diminué de 13 % en moyenne, et la moitié d'entre elles ont dit avoir suspendu ou annulé des investissements en raison de l'incertitude causée par la guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis. (Toronto) L'Ontario devrait remanier ses programmes destinés à soutenir les entreprises du secteur automobile concernant les répercussions des droits de douane et l'incertitude économique qui en découle. Leur structure actuelle laisse les petites entreprises dans l'embarras, affirme un groupe de défense dans un nouveau rapport. Allison Jones La Presse Canadienne La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) a publié mercredi un rapport basé sur un sondage mené auprès de 187 petites et moyennes entreprises du secteur automobile, allant des fournisseurs de pièces aux ateliers de réparation, et a constaté que les droits de douane ont déjà des répercussions. Leurs revenus ont diminué de 13 % en moyenne, et la moitié d'entre elles ont dit avoir suspendu ou annulé des investissements en raison de l'incertitude causée par la guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis, ce qui pourrait entraîner des pertes de revenus de plusieurs milliards de dollars ou des investissements manqués, selon le rapport. « Il est impossible pour un propriétaire d'entreprise de savoir réellement ce qui se passe de nos jours », a affirmé Joseph Falzata, coauteur du rapport et analyste des politiques à la FCEI en Ontario, à propos de l'impact des nouvelles sur les politiques commerciales. « Je fais cela à temps plein, et c'est toujours difficile pour moi. On peut donc imaginer un entrepreneur qui travaille 50 à 60 heures par semaine et qui essaie de suivre. » Leurs revenus sont affectés en partie par la hausse des prix et la confusion quant aux produits touchés par les droits de douane, ainsi que par les coûts liés à la recherche de nouvelles chaînes d'approvisionnement, a expliqué M. Falzata. L'Ontario dispose de programmes destinés à soutenir les entreprises du secteur automobile, mais bien qu'appréciés, ils ne sont pas à la hauteur lorsqu'il s'agit de soutenir les petites entreprises, soutient le rapport de la FCEI. Dans son budget du printemps, le gouvernement provincial a annoncé l'investissement de 85 millions dans deux programmes : le Programme de modernisation pour le secteur automobile de l'Ontario, pour aider les fournisseurs de pièces à moderniser leur équipement, et le Réseau ontarien d'innovation pour les véhicules, pour la recherche et le développement. « Bien que ces programmes aient été créés avec de bonnes intentions, peu de petites entreprises prévoient y recourir, et plus d'un tiers d'entre elles ne sont pas admissibles », indique le rapport de la FCEI. « Ces programmes se concentrent sur l'innovation en recherche et développement et la fabrication à grande échelle, sans tenir compte du fait que la plupart (des petites et moyennes entreprises) du secteur automobile ne peuvent pas se permettre ces processus ou n'y participent pas. » Le nouveau fonds « L'Ontario, ensemble pour le commerce », doté de 50 millions et destiné à aider les entreprises à développer de nouveaux marchés et à trouver des chaînes d'approvisionnement nationales, exige que les entreprises démontrent une perte de revenus d'au moins 30 % et qu'elles investissent 200 000 $ de leurs propres capitaux, ce que le rapport qualifie de « luxe que la plupart (des petites et moyennes entreprises) ne peuvent pas se permettre ». Le gouvernement a déclaré que ses programmes ont déjà aidé des centaines d'entreprises : le Réseau ontarien d'innovation pour les véhicules a soutenu plus de 600 petites et moyennes entreprises depuis sa création en 2019, et le Programme de modernisation pour le secteur automobile de l'Ontario a soutenu 215 projets depuis 2021. « Face à une incertitude économique mondiale sans précédent, notre gouvernement protège et renforce les progrès que nous avons réalisés pour soutenir les petites entreprises du secteur automobile et de l'ensemble de l'économie », a écrit Jennifer Cunliffe, porte-parole du ministre du Développement économique de l'Ontario, Vic Fedeli, dans un communiqué. Selon la FCEI, la meilleure façon d'aider les petites entreprises serait de réduire leur taux d'imposition de 3,2 % à 2 %. Le gouvernement a abaissé ce taux qui était de 3,5 % en 2020.

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