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Ultimatum et illusions perdues

Ultimatum et illusions perdues

La Presse7 days ago
Des gens passent, à Moscou le 14 juillet, devant les bureaux de l'agence TASS où est affichée la menace de Donald Trump d'imposer des droits de douane de 100 % à la Russie.
Dans un mouvement qui rappelle le désenchantement progressif au cœur des Illusions perdues de Balzac, Donald Trump s'emploie à défendre un ordre international que l'histoire est en train de dépasser.
Zach Battat
Titulaire d'un doctorat en histoire du Moyen-Orient
La récente intervention de Donald Trump dans la diplomatie mondiale – menaçant d'imposer des droits de douane de 100 % à la Russie si un accord de paix n'est pas conclu d'ici quelques jours1 et promettant des sanctions contre tout pays commerçant avec Moscou – se veut un acte de force. Mais il faut plutôt y voir le reflet d'une époque révolue.
Associée à son plan consistant à fournir des armes américaines à l'Ukraine par l'intermédiaire de l'OTAN – où les alliés paient pendant que les industriels de l'armement américains empochent les bénéfices –, cette politique illustre non pas le renouveau du leadership américain, mais sa fragmentation. Les menaces de Trump risquent de renforcer le monde multipolaire qu'il a passé des années à vouloir empêcher.
En tant qu'historien du Moyen-Orient, je reconnais là un schéma familier. Le XXe siècle regorge d'exemples d'empires ayant surestimé la portée de la coercition économique.
De la politique de blocus2 de la Grande-Bretagne pendant la Première Guerre mondiale aux embargos imposés3 par les États-Unis à l'Égypte de Nasser, ces outils ont souvent entraîné des effets pervers : réorientation économique, raidissement politique et formation d'alliances nouvelles au-delà de la sphère d'influence du pouvoir sanctionnant. La stratégie tarifaire de Trump ne fait pas exception.
Un ordre post-américain
L'idée d'utiliser les droits de douane pour contraindre les puissances étrangères à se soumettre n'a rien de nouveau. Au début des années 1930, le droit de douane Smoot-Hawley visait à protéger l'industrie américaine pendant la Grande Dépression – il a en réalité provoqué des représailles commerciales mondiales et aggravé la crise4. Pendant la guerre froide, les États-Unis ont imposé des restrictions commerciales massives à l'Union soviétique et à ses alliés. Mais même à l'apogée de leur puissance, ces sanctions exigeaient une diplomatie multilatérale complexe et donnaient rarement des résultats rapides5. Aujourd'hui, l'économie mondiale est bien plus décentralisée. Demander à des États souverains comme l'Inde, la Turquie ou le Brésil de rompre leurs relations commerciales avec la Russie sous peine de sanctions n'est pas seulement irréaliste – cela accélère leur basculement vers un ordre post-américain.
En réalité, cette posture pourrait renforcer la Russie. Après 2022, les sanctions ont poussé Moscou à se tourner vers d'autres circuits commerciaux, à renforcer ses liens énergétiques avec la Chine, et à utiliser d'autres monnaies comme solutions de rechange au dollar6.
L'idée que des droits de douane de 100 % ou des sanctions secondaires isoleront aujourd'hui la Russie – alors qu'une grande partie du Sud global refuse de prendre parti dans la guerre en Ukraine – témoigne d'une mauvaise compréhension de la répartition du pouvoir en 2025.
Elle ignore aussi le rejet croissant, dans de nombreuses régions du monde, des conditionnalités imposées par les États-Unis.
Le plan d'armement de Trump est tout aussi révélateur. Plutôt que de fournir directement des armes à l'Ukraine, son administration propose que les alliés de l'OTAN achètent des systèmes américains – comme les batteries Patriot – et les transfèrent à Kyiv, permettant aux États-Unis de reconstituer leur stock par de nouveaux contrats. La logique est d'ordre politique : éviter une aide directe, faire bénéficier l'industrie nationale et faire payer le Canada et l'Europe. Mais historiquement, cela relève d'un transfert de responsabilité par procuration. Les États-Unis ont déjà utilisé ce genre de modèle avec la doctrine Nixon, et plus tard en soutenant des alliés régionaux comme l'Arabie saoudite, Israël ou le Pakistan – souvent avec une instabilité durable à la clé. Déléguer ainsi ne mène que rarement à des résultats stables.
Fondamentalement, toute cette posture – droits de douane, aide militaire indirecte, ultimatums – traduit une volonté de préserver une domination unipolaire dans un monde qui a déjà changé. Une politique réellement stratégique reconnaîtrait que nous vivons dans un système multipolaire, où le pouvoir est diffus, transactionnel, et où le Sud global joue un rôle de plus en plus important dans la définition des normes internationales. Des pays comme l'Inde ou l'Afrique du Sud ne sont pas de simples spectateurs des tensions russo-américaines – ce sont des acteurs autonomes dans un monde de plus en plus pluriel.
La guerre en Ukraine est une tragédie. Mais y répondre par des délais unilatéraux et des moyens coercitifs révèle une angoisse plus profonde : celle d'un Washington qui perd la capacité de fixer les règles du jeu. Les menaces de Trump peuvent donner l'illusion d'une action, mais elles sont réactives, non visionnaires. Elles évoquent les derniers soubresauts d'un ancien ordre, pas les fondations d'un nouveau.
L'histoire nous enseigne que lorsque des empires tentent d'imposer des règles qui ne correspondent plus à l'équilibre réel des forces, ils précipitent souvent leur propre déclin. Une voie plus sage consisterait à accepter la multipolarité – et non à la combattre – en favorisant la diplomatie régionale, en partageant les responsabilités, et en abandonnant l'illusion que les outils punitifs peuvent, à eux seuls, façonner le monde.
Comme dans le roman de Balzac, c'est parfois l'illusion de puissance elle-même qui précipite la chute.
1. Lisez « Trump threatens tariffs targeting Russia without deal to end Ukraine war in 50 days » (en anglais)
2. Lisez « A Forgotten Front ? The Mediterranean Blockade in the First World War » (en anglais)
3. Lisez « We Don't Give a Dam – The Feud Over Financing the Aswan High Dam » (en anglais)
4. Lisez « Le brouillard de la guerre (commerciale) »
5. Lisez « Commentary – Can Export Controls Win a New Cold War : A Historical Case Study » (en anglais)
6. Lisez « Markets call Trump's bluff on Russian oil sanctions in increasingly risky game » (en anglais)
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(Los Angeles) Les femmes qui affirment avoir été agressées par Jeffrey Epstein sont sceptiques et inquiètes quant à la gestion par le département de la Justice des dossiers relatifs à ce délinquant sexuel condamné. Certaines plaident en faveur d'une plus grande divulgation publique, une mesure de transparence attendue depuis longtemps, tandis que d'autres expriment des inquiétudes quant à leur vie privée et aux motivations de l'administration Trump. Jake Offenhartz et Jaimie Ding Associated Press Dans des lettres adressées cette semaine aux juges fédéraux de New York, plusieurs victimes ou leurs avocats ont déclaré qu'ils soutiendraient la publication des témoignages devant le grand jury ayant conduit à l'inculpation d'Epstein et de son ex-compagne, Ghislaine Maxwell, si le gouvernement acceptait de les autoriser à examiner ces documents et à expurger des informations sensibles. PHOTO DÉPOSÉE EN COUR, AGENCE FRANCE-PRESSE Ghislaine Maxwell et Jeffrey Epstein Le département de la Justice a demandé au tribunal de prendre la mesure rare de rendre publiques les transcriptions de ce témoignage secret, notamment pour apaiser ceux qui pensent que le gouvernement a dissimulé certaines informations sur les méfaits d'Epstein. D'autres victimes, quant à elles, ont accusé le président Donald Trump de marginaliser les victimes afin de détourner l'attention d'Epstein, qui s'est suicidé en 2019 alors qu'il attendait son procès pour abus sexuels sur mineures. Certaines craignaient que l'administration, soucieuse d'éteindre le scandale, n'accorde à Maxwell la clémence, l'immunité contre de futures poursuites ou de meilleures conditions de détention dans le cadre d'un accord visant à la contraindre à témoigner devant le Congrès. Je ne suis pas un pion dans votre guerre politique. Ce que vous avez fait et continuez de faire me ronge jour après jour, contribuant ainsi à perpétuer cette histoire. Extrait d'une lettre d'une victime présumée remise au tribunal par son avocat cette semaine Une autre victime a ajouté, dans une lettre anonyme soumise mercredi : « Tout cela est très épuisant. » Maxwell a été reconnu coupable en 2021 d'avoir aidé Epstein à abuser sexuellement de mineures et purge actuellement une peine de 20 ans de prison. Un haut fonctionnaire du département de la Justice, le procureur général adjoint Todd Blanche, a interrogé Maxwell pendant neuf heures à la fin du mois dernier, affirmant vouloir entendre tout ce qu'elle avait à dire sur les méfaits commis par Epstein ou d'autres personnes. Après cet entretien, Maxwell a été transférée d'une prison fédérale de Floride vers un camp de détention de faible sécurité au Texas. Alicia Arden, qui a déclaré avoir été agressée sexuellement par Epstein à la fin des années 1990, a tenu une conférence de presse mercredi à Los Angeles. Elle a indiqué qu'elle soutiendrait la publication de documents supplémentaires liés à l'affaire, notamment une transcription de l'entretien de Maxwell avec Todd Blanche. Elle a également exprimé son indignation face à la possibilité que Maxwell puisse bénéficier d'une grâce ou d'un autre traitement de faveur dans le cadre de cette procédure, ajoutant que l'approche du département de la Justice avait été « très perturbante » jusqu'à présent. Des dossiers au cœur des rumeurs L'administration Trump a dû faire face pendant des semaines à la fureur de certains segments de la base politique du président, qui ont exigé la divulgation publique des dossiers liés à Epstein. Epstein fait depuis longtemps l'objet de théories du complot en raison de ses liens avec des personnalités riches et puissantes, dont Donald Trump lui-même, le prince Andrew et l'ancien président Bill Clinton. Le mois dernier, le département de la Justice a annoncé qu'il ne publierait pas d'autres dossiers liés à l'enquête sur le trafic sexuel impliquant Epstein. Les procureurs ont ensuite demandé la publication des transcriptions du grand jury, bien qu'ils aient indiqué au tribunal qu'elles contenaient peu d'informations qui n'avaient pas déjà été rendues publiques. Deux juges, qui décideront de la publication des transcriptions, ont ensuite demandé aux victimes de donner leur avis sur la question. Dans une lettre remise au tribunal mardi, les avocats Brad Edwards et Paul Cassell, qui représentent de nombreuses victimes d'Epstein, ont écrit : « Pour les survivants qui ont courageusement témoigné, le sentiment que Mme Maxwell est légitimée dans le discours public a déjà entraîné un nouveau traumatisme. » L'avocat de Mme Maxwell, David Oscar Markus, a déclaré cette semaine s'opposer à la publication des transcriptions du grand jury. « Jeffrey Epstein est mort. Ghislaine Maxwell ne l'est pas, a-t-il écrit. Quel que soit l'intérêt du public pour Epstein, cet intérêt ne saurait justifier une atteinte généralisée au secret du grand jury dans une affaire où l'accusé est en vie, ses recours juridiques sont valables et ses droits à une procédure régulière sont préservés. » Le département de la Justice n'a pas répondu à une demande de commentaires sur les déclarations des victimes.

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Auparavant, le SCRS avait reçu environ 300 000 demandes de contrôle de sécurité par an au cours des cinq années précédentes. Le dernier rapport du SCRS indique que, même si le volume de demandes en attente de contrôle de sécurité demeure élevé, l'agence de renseignement prendra le temps nécessaire pour les traiter. Ali Abuhannoud, un réfugié jordanien qui demande la citoyenneté canadienne, a raconté qu'il attendait le résultat de son contrôle de sécurité depuis mai 2024, après avoir déposé sa demande en juillet 2023. « Je ne sais pas ce qu'ils contrôlent, mais vous pouvez imaginer le stress et l'anxiété que cela me cause », a-t-il affirmé à La Presse Canadienne depuis Halifax. M. Abuhannoud a indiqué que c'était la troisième fois qu'il se soumettait au processus de contrôle de sécurité. Il a expliqué avoir été contrôlé une première fois à son arrivée au Canada en tant que réfugié en 2018, puis une seconde fois lorsqu'il a demandé la résidence permanente. Il a expliqué avoir fui au Canada à cause de sa « famille homophobe » et de craintes pour sa vie. L'augmentation des demandes de contrôle est en partie due à la hausse du nombre de demandeurs d'asile arrivant au Canada, qui doivent tous être contrôlés. Les agents de l'immigration et des frontières peuvent demander au SCRS d'effectuer un contrôle de sécurité dans le cadre d'une demande de visa ou de citoyenneté. Le ministère fédéral de l'Immigration prend une décision finale d'admissibilité en fonction de ce contrôle. Des avocats spécialisés en immigration en Colombie-Britannique et en Ontario ont déclaré à La Presse Canadienne que de plus en plus de leurs clients subissent des retards prolongés en raison des contrôles de sécurité, sans que personne n'en explique la raison. « Le gouvernement nous répète sans cesse que des vérifications d'antécédents par des tiers sont nécessaires et qu'elles prennent du temps, ce que nous comprenons », a souligné Adrienne Smith, avocate spécialisée en immigration à Toronto. « Mais notre problème est que nous ne voyons pas quelles mesures le gouvernement prend pour justifier ce retard. » Will Tao, avocat spécialisé en immigration à Burnaby, en Colombie-Britannique, a rapporté que son cabinet avait commencé à recevoir un afflux d'appels concernant des demandes d'immigration retardées par les contrôles de sécurité en janvier 2024. « Les demandes soumises à des contrôles de sécurité plus rigoureux provenaient de pays que je qualifierais de proches géopolitiques d'une préoccupation pour le Canada », a expliqué M. Tao. Il a précisé que ces pays comprennent des pays du Moyen-Orient, comme la Jordanie, ainsi que l'Ukraine, la Russie, la Chine, l'Iran et, « dans certains cas », l'Inde. « Les règles du jeu ont changé. Nous le savons, car des demandeurs, par exemple, qui étaient résidents permanents au Canada il y a des années, ou qui avaient des visas depuis de très nombreuses années, allant et venant pendant 15, 20 ou 30 ans, se retrouvent soudainement pris dans cette situation », a dénoté M. Tao. Le SCRS a décliné une demande d'entrevue. La porte-parole du SCRS, Magali Hébert, a déclaré dans un courriel que le programme de filtrage est une « fonction essentielle de la sécurité nationale du Canada ». Mme Hébert a indiqué que le SCRS travaille « avec diligence » pour évaluer le volume élevé de demandes de filtrage. « Le SCRS et ses partenaires en matière de filtrage de sécurité continuent de prendre le temps nécessaire, compte tenu des informations disponibles à ce moment-là, pour traiter chaque dossier avec sérieux et assurer la sécurité du Canada et de ses citoyens, conformément au mandat de filtrage de sécurité prévu par la Loi sur le SCRS », a ajouté Mme Hébert. Un « manque de motivation » dénoncé Le rapport 2024 du SCRS indique que la nécessité de filtrer toutes les demandes provenant de Gaza en raison de la présence du Hamas dans cette région a « entraîné une augmentation significative » de la demande de services et de ressources en personnel de filtrage. Le SCRS affirme avoir également « priorisé de manière proactive » les demandes en provenance du Liban, en prévision d'une éventuelle escalade du conflit entre le Hezbollah et Israël. Le SCRS, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) examinent actuellement le processus de contrôle de l'immigration après que le SCRS a soumis un père et son fils, Ahmed et Mostafa Eldidi, à un contrôle de sécurité avant qu'ils ne soient accusés d'infractions liées au terrorisme de l'État islamique en juillet 2024. Le rapport indique que le SCRS a effectué le contrôle de sécurité sur la base des informations reçues à l'époque. M. Tao a mentionné qu'avec la volonté du gouvernement fédéral de réduire le nombre d'immigrants permanents et temporaires arrivant au Canada, il ne pense pas qu'il soit enclin à résorber l'arriéré des demandes de sécurité. « Je constate un […] manque de motivation pour traiter ce dossier », a indiqué M. Tao. M. Abuhannoud a dit avoir vu des amis qui avaient déposé leur demande après qu'il ait obtenu la citoyenneté avant lui. « J'ai l'impression d'être puni par quelque chose que je n'ai même pas pu choisir. 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Trump prêt à rencontrer Poutine « très bientôt »
Trump prêt à rencontrer Poutine « très bientôt »

La Presse

time5 hours ago

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Trump prêt à rencontrer Poutine « très bientôt »

Donald Trump a donné la semaine dernière jusqu'à vendredi à la Russie pour qu'elle mette fin à son offensive en Ukraine, sous peine de nouvelles sanctions. (Washington) Dans une soudaine accélération diplomatique autour de la guerre en Ukraine, Donald Trump a évoqué mercredi une possible rencontre « très bientôt » avec Vladimir Poutine, tout en maintenant la menace de sanctions secondaires visant la Russie. Aurélia END Agence France-Presse Ce qu'il faut savoir L'émissaire américain Steve Witkoff a rencontré le président russe, Vladimir Poutine, au Kremlin, mercredi ; La rencontre a duré près de trois heures et la conversation a été « utile et constructive », selon un conseiller diplomatique russe ; Donald Trump a donné jusqu'à vendredi à la Russie pour qu'elle mette fin à son offensive en Ukraine, sous peine de nouvelles sanctions ; Les relations entre la Russie et les États-Unis connaissent un pic de tensions avec le déploiement par Donald Trump de deux sous-marins nucléaires ; Des frappes de drones russes ont fait cinq blessés mercredi à l'aube dans les régions ukrainiennes de Zaporijjia et de Kherson, et Moscou a intercepté 51 drones ukrainiens. Dans la foulée d'une visite jugée « productive » de son émissaire spécial Steve Witkoff à Moscou, le président américain a jugé mercredi qu'il y avait « une bonne chance qu'il y ait une réunion très bientôt », sans donner de précisions de date ou de lieu. Il répondait à une question sur une possible rencontre avec le président russe ainsi qu'avec le chef d'État ukrainien, Volodymyr Zelensky, pendant un échange avec la presse dans le bureau Ovale. Mais c'est bien entendu la perspective d'une réunion en chair et en os avec le maître du Kremlin qui retient le plus l'attention, à l'heure où la tension entre Washington et Moscou connaît une nette poussée. Selon la presse américaine, Donald Trump envisagerait de rencontrer le président russe en personne dès la semaine prochaine, avant une réunion à trois avec Volodymyr Zelensky. Le dernier sommet en bonne et due forme entre Russie et États-Unis remonte à juin 2021, quand Joe Biden avait rencontré son homologue russe à Genève. Le président démocrate a coupé les ponts avec la Russie suite à l'invasion de l'Ukraine en février 2022, mais Donald Trump a rétabli le dialogue à son retour au pouvoir depuis janvier, au travers de plusieurs échanges téléphoniques avec le président russe. « Beaucoup plus » Le républicain a menacé mercredi d'imposer « beaucoup plus de sanctions secondaires », c'est-à-dire des taxes sur les produits en provenance de pays qui commercent avec la Russie. Il a déjà annoncé jeudi porter à 50 % au lieu de 25 % les taxes sur les importations venues d'Inde, à cause des achats indiens de pétrole russe. L'objectif d'un tel mécanisme est de tarir les revenus de la Russie et ainsi d'enrayer la machine de guerre russe. La dernière rencontre en chair et en os entre le dirigeant américain et Vladimir Poutine a eu lieu en novembre 2018 en marge d'un sommet du G20 en Argentine, mais c'est surtout leur sommet de juillet 2018 à Helsinki qui reste dans les mémoires. Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a affirmé mercredi qu'il y avait « encore beaucoup de travail » avant une éventuelle nouvelle rencontre. Le regain d'activité diplomatique intervient à deux jours de l'expiration d'un ultimatum des États-Unis à la Russie, sommée de mettre fin au conflit en Ukraine. Dans l'immédiat, il n'est pas clair si cet ultimatum, au terme duquel Washington menaçait de déployer des droits de douane secondaires, c'est-à-dire visant les pays achetant du pétrole et de l'armement russes, est encore d'actualité. Donald Trump, qui voit dans les droits de douane un instrument à la fois diplomatique et économique inépuisable, a seulement indiqué jeudi que d'autres pays que l'Inde pourraient être visés, y compris la Chine, sans donner de calendrier précis. Witkoff à Moscou La réunion entre Vladimir Poutine et Steve Witkoff a duré « près de trois heures », selon l'agence de presse étatique russe TASS. Elle a été qualifiée de « très utile et constructive » par le conseiller diplomatique du chef de l'État russe, Iouri Ouchakov, et de « très productive » par le président américain sur sa plateforme Truth Social. PHOTO TIRÉE DU COMPTE TRUTH SOCIAL DE DONALD TRUMP Après cette rencontre, Donald Trump a parlé au téléphone avec Volodymyr Zelensky. Le premier ministre britannique, Keir Starmer, le chancelier allemand, Friedrich Merz, le président finlandais, Alexander Stubb, et le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, ont participé à cette conversation. Les relations entre la Russie et les États-Unis connaissent depuis la semaine dernière un pic de tensions avec l'annonce du déploiement de deux sous-marins nucléaires américains à la suite d'une dispute en ligne avec l'ancien chef de l'État russe, Dmitri Medvedev. Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Video Player is loading. 0:19 Lecture Skip Backward Skip Forward Désactiver le son Current Time 0:00 / Duration 0:00 Loaded : 0% 0:00 Stream Type LIVE Seek to live, currently behind live LIVE Remaining Time - 0:00 Picture-in-Picture Plein écran This is a modal window. Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. Text Color White Black Red Green Blue Yellow Magenta Cyan Opacity Opaque Semi-Transparent Text Background Color Black White Red Green Blue Yellow Magenta Cyan Opacity Opaque Semi-Transparent Transparent Caption Area Background Color Black White Red Green Blue Yellow Magenta Cyan Opacity Transparent Semi-Transparent Opaque Font Size 50% 75% 100% 125% 150% 175% 200% 300% 400% Text Edge Style None Raised Depressed Uniform Drop shadow Font Family Proportional Sans-Serif Monospace Sans-Serif Proportional Serif Monospace Serif Casual Script Small Caps Reset Done Close Modal Dialog End of dialog window. Advertisement Le président américain, qui a promis de mettre rapidement fin au conflit en Ukraine, exprime de plus en plus ouvertement sa frustration à l'égard du maître du Kremlin. Ce dernier, alors que l'offensive russe se poursuit, maintient ses exigences jugées inacceptables par Kyiv. La Russie réclame à l'Ukraine qu'elle lui cède quatre régions partiellement occupées (celles de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia, Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales et à toute adhésion à l'Alliance atlantique.

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