
Malley Phare nous hantera longtemps
Ce 12 juillet, un an aura passé depuis l'effondrement d'un échafaudage, sur une tour en chantier à Prilly. En comprendre les causes pourrait prendre des années, mais il ne faut pas oublier. Éditorial Publié aujourd'hui à 07h58
C'était il y a un an déjà. Ce matin d'été, ce 12 juillet 2024, la rédaction de «24 heures» était avertie qu'un accident venait de se produire à Prilly.
FLORIAN CELLA
Il y a des images qu'on n'efface pas de sa mémoire. C'était il y a un an déjà. Et elles sont toujours là. Ce matin d'été, ce 12 juillet 2024, la rédaction de «24 heures» était avertie qu'un accident venait de se produire à Prilly. Il avait frappé l'un de ces grands chantiers de Malley. Un quartier en pleine mutation, tourné vers l'avenir. C'était grave. Très grave.
Là, au pied d'une des tours en construction, l'énorme masse de ferrailles enchevêtrées reposait depuis de longues minutes déjà, presque en silence. Les badauds en état de choc regardaient les secours s'activer, absolument concentrés sur leur course contre la montre. Chacun d'entre nous savait que sous l'échafaudage effondré, il y avait des hommes. Trois ont été arrachés à la vie. Pour beaucoup d'autres, cette vie ne sera plus jamais la même.
Un an plus tard, ces victimes, leurs familles et les questions qu'elles se posent habitent aussi nos esprits. Leur fournir des réponses prendra sans doute des années. C'est ce que dit aujourd'hui le Ministère public. En aucun cas il ne faut les oublier, malgré l'interminable attente. Le drame qui s'est abattu sur le chantier de Malley Phare n'aurait jamais dû se produire. Pendant l'instruction, le silence pèse comme une chape sur ce projet de construction et ses acteurs. C'est ainsi. En attendant, nous devrons tous – journalistes, politiques, syndicalistes – continuer de leur demander des comptes.
Malley Phare, un an après
Chloé Din est journaliste à la rubrique Vaud & Régions depuis 2015. Elle couvre en particulier le district de l'Ouest lausannois ainsi que les thématiques religieuses et spirituelles. Plus d'infos
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Rendu public en 2025, le rapport Brägger sur les prisons n'est pas la version originale. Il aurait été modifié pour des raisons politiques. Publié aujourd'hui à 06h30 Le département chargé des prisons vaudoises a rendu public le rapport Brägger sur la surpopulation carcérale lors d'une conférence de presse à Lausanne, le 10 février 2025. Au premier plan, le responsable de l'étude, Benjamin Brägger. Troisième depuis la gauche: le conseiller d'État Vassilis Venizelos. Florian Cella / Tamedia En bref: Au terme d'une procédure judiciaire, les Juristes progressistes vaudois (JPV) révèlent que le département responsable des prisons a tronqué un rapport sur la surpopulation carcérale dans le canton. 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Juristes progressistes vaudois «Les citoyens auraient dû pouvoir se faire leur propre idée sur les causes avancées pour justifier la surpopulation carcérale dans le canton», commente Clémence Demay. La publication des documents obtenus permettrait enfin de dévoiler le débat de fond sur la surcharge dans les pénitenciers. Cette affaire montrerait ainsi que deux camps, avec leurs arguments, s'opposent. D'un côté, la défense d'une politique pénale qui nécessite des places en prison. De l'autre, la redéfinition des grandes lignes de la lutte contre la criminalité qui pourrait soulager le système. Et de prendre pour exemple Benjamin Brägger, qui appelle justement dans une de ses conclusions non tronquées à la création d'une véritable politique criminelle , toujours absente dans le canton. «Place au débat public», demande la coprésidente. 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