
L'Alliance vaudoise se relance avec Kevin Grangier
À l'approche des élections, les formations de la droite vaudoise balancent entre «valeurs communes» et pragmatisme électoral. Publié aujourd'hui à 09h02
L'ancien président de l'UDC Vaud, Kevin Grangier, a repris les rênes de l'Alliance vaudoise.
Jean-Paul Guinnard
En bref:
Un cycle d'élections s'ouvre avec les communales en mars 2026, les cantonales en février 2027 et les fédérales en octobre 2027. Si les Vaudois ne sont pas encore très concernés par ces échéances, les partis, eux, y pensent tous les matins en se rasant.
La semaine dernière, l'ancien président de l'UDC, Kevin Grangier, a été porté à la tête de l'Alliance vaudoise (PLR, UDC, Le Centre) avec pour mission de redresser cet attelage électoral bien cabossé depuis sa réussite à l'élection au Conseil d'État en 2022. «La collaboration avec Kevin Grangier a toujours bien marché, c'est quelqu'un de très organisé, très efficace, relève la présidente du PLR, Florence Bettschart-Narbel. Nous étions contents quand il s'est proposé pour le poste.»
Mercredi, ce sont les Vert'libéraux qui ont lancé leur campagne pour les élections communales 2026 en déclinant leurs thèmes centraux, accueil de jour des enfants, la politique de drogue et du deal de rue, l'économie circulaire ou encore la nature en ville. L'objectif du parti est de gagner 10% de sièges supplémentaires dans les communes vaudoises.
Olivier Bolomey, président des Vert'libéraux vaudois.
Patrick Martin
Quel est le meilleur moyen d'atteindre cet objectif? S'inscrire dans une large alliance de droite, ou suivre son propre chemin? «Le PLR voudrait que l'on fasse partie de l'Alliance vaudoise afin de préserver leur majorité, mais on n'a toujours pas compris ce que les Vert'libéraux y gagneraient», indique leur président, Olivier Bolomey, tout en assurant que les discussions sont toujours en court.
Mais la nomination de l'UDC Kevin Grangier à la présidence de l'Alliance vaudoise a quelque peu surpris les Vert'lib. «Nous avons peu de valeurs communes avec l'UDC, poursuit le président des Vert'libéraux. Nous en avons plus avec Le Centre ou d'autres partis du centre, comme Vaud Libre ou le Parti évangélique.» D'ailleurs, les Vert'lib se sont alliés avec Le Centre pour les élections à Lausanne. «L'idée est aussi de travailler ensemble dans les communes du Grand-Lausanne», précise Virginie Cavalli, candidate à la Municipalité de Lausanne, aux côtés de Serge de Ribaupierre du Centre. Une alliance qui veut voir large sans s'aseptiser
«Sur le principe, l'Alliance vaudoise est ouverte aux autres partis qui se réclament de centre droite, rappelle Kevin Grangier. Est-ce que les Vert'libéraux s'identifient comme ça? À eux de se déterminer.» Il faut dire que le nouveau stratège en chef de l'Alliance vaudoise est plus perçu comme un puncheur, droitier, que comme une main tendue vers les centristes.
Mais le professionnel de la communication politique qu'est Kevin Grangier rappelle une règle de base: «Ce n'est pas parce que l'on est dans une alliance que l'on doit aseptiser les discours. Au contraire, pour que l'alliance marche électoralement, les partis doivent d'abord être capables de mobiliser leur propre électorat.»
L'ancien président de l'UDC estime que son parti et les Vert'libéraux partagent tout de même un certain nombre de valeurs communes au niveau cantonal, avant de définir la nature de l'Alliance vaudoise: «Ce n'est pas un super parti, c'est une alliance pour les élections qui se jouent à la majoritaire. Son rôle est donc de favoriser ses partis membres dans ce type d'élection où le principe est simple: l'alliance la plus large gagne.» Les alliances face au bulletin unique
Virginie Cavalli pense à l'inverse que cette logique d'alliance va s'estomper avec l'arrivée du bulletin unique: «Il y aura moins de voix éparses, parce que les gens auront tendance à utiliser toutes leurs voix. Là, pour un parti centriste qui reçoit autant des voix des partis de gauche que de droite, c'est intéressant mathématiquement.»
Qui a raison? Les résultats électoraux dans les communes le diront. Et ils ne seront pas sans conséquence pour la suite. «Les élections communales seront importantes pour l'avenir de l'Alliance vaudoise, note Kevin Grangier. C'est comme dans les affaires, si un des partenaires n'a jamais le droit à une part du gâteau, il n'a aucun intérêt à rester et le partenariat s'arrête.» Autrement dit, pour vivre, cette alliance doit permettre à l'UDC de gagner des sièges dans des municipalités importantes.
Davantage sur l'Alliance vaudoise
Renaud Bournoud est journaliste à la rubrique vaudoise de «24 heures» depuis 2012. Plus d'infos
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