Le NYPD, une épine dans le pied de Zohran Mamdani ?
(New York) « Nous n'avons pas besoin d'une enquête pour savoir que le NYPD est raciste, anti-queer et une menace majeure à la sécurité publique. Ce dont nous avons besoin est de définancer le NYPD. »
Zohran Mamdani, meneur inattendu de la course à la mairie de New York, a « tweeté » ce message le 28 juin 2020. Alors âgé de 28 ans, le candidat néophyte briguait un siège à l'Assemblée de New York dans l'arrondissement de Queens. Ses mots faisaient écho à ceux des militants du mouvement Black Lives Matter, qui déferlaient dans les rues pour protester contre les violences policières après la mort de George Floyd, survenue un mois plus tôt.
Ils ne l'avaient pas empêché d'être élu, en novembre 2020. Mais ils offrent aujourd'hui à ses rivaux une autre chance de freiner l'élan du démocrate socialiste vers la mairie de New York, une élection au retentissement national qui aura lieu en novembre prochain.
Après tout, comment peut-on assumer une des plus importantes responsabilités du maire de New York – la supervision de la police (NYPD) – après avoir appelé à démanteler ce service et traité ses 32 000 policiers de tous les noms ?
La question s'est invitée la semaine dernière dans la course à la mairie de New York à la faveur de la fusillade qui a fait quatre morts, dont un policier du NYPD, dans une tour de bureaux de Manhattan.
« Je pense qu'il serait difficile de recruter des policiers [si Mamdani était élu]. Qui voudrait travailler pour quelqu'un qui traite les policiers de racistes ? », a demandé l'ancien gouverneur de l'État de New York Andrew Cuomo, qui fait campagne à titre d'indépendant après avoir été battu à plate couture par Zohran Mamdani lors d'une primaire démocrate tenue le 24 juin dernier.
« Je ne pense pas qu'il comprenne l'importance de la sécurité publique et l'importance du NYPD. »
Un autre angle d'attaque
Ce n'est pas la première fois que des candidats rivaux tentent d'exploiter ce qui leur semble être une faille dans l'armure de Zohran Mamdani, candidat éloquent et charismatique. Ce dernier a notamment été accusé d'antisémitisme pour diverses raisons, dont sa tentative de justifier les appels à « mondialiser l'intifada », slogan qui, selon ses critiques, alimente la violence et la haine à l'égard des Juifs.
À la mi-juin, il a essayé de désamorcer cette controverse en affirmant qu'il « décourageait » l'usage du slogan. Insatisfaits, nombre de ses critiques lui ont reproché de ne pas avoir « condamné » l'expression. Ils ont également critiqué son recours au mot « génocide » pour décrire la situation dans la bande de Gaza.
PHOTO ADAM GRAY, ARCHIVES REUTERS
Des manifestants lors d'un rassemblement contre Zohran Mamdani à l'hôtel de ville de New York le 14 juillet dernier. Sur le panneau, on peut lire : « Mamdani est mauvais pour la ville de New York. »
Peine perdue : jusqu'à présent, l'accusation d'antisémitisme ne semble pas ralentir Zohran Mamdani, et ce, malgré le fait qu'aucune ville ne compte plus de Juifs que New York, à l'exception de Tel-Aviv.
Selon un sondage publié la semaine dernière, le candidat de confession musulmane récolte 50 % des intentions de vote, contre 22 % pour Andrew Cuomo, 13 % pour le maire sortant, Eric Adams, candidat indépendant, et 7 % pour Curtis Sliwa, candidat républicain.
Zohran Mamdani jouit même d'une avance de 17 points sur son plus proche rival, Andrew Cuomo, auprès des électeurs juifs, selon un autre sondage publié la semaine dernière. Chez les 18-44 ans, il récolte 67 % des intentions de vote.
À la recherche d'un angle d'attaque plus efficace, les rivaux et critiques de Zohran Mamdani ont ressorti ses « tweets » antipolice de 2020 après la fusillade de la semaine dernière. L'ancienne animatrice de Fox News Megyn Kelly a donné le ton en s'en servant pour mettre en doute la sincérité de l'hommage rendu par le candidat à la mairie à Didarul Islam, le policier défunt, sur les réseaux sociaux.
Non au « définancement » du NYPD
« Combien de policiers et d'habitants de New York seront encore tués si vous devenez maire, vous qui pensez qu'il faut 'définancer la police' et que 'la police de New York est raciste' et constitue une 'menace majeure pour la sécurité publique' ? Ne prétendez pas que vous vous souciez de la sécurité des New-Yorkais ou des policiers. Nous ne vous croyons pas », a fulminé Megyn Kelly sur X.
PHOTO JEENAH MOON, ARCHIVES REUTERS
Des policiers portent le cercueil de Didarul Islam, lors de ses funérailles dans le Bronx, à New York, le 31 juillet dernier.
La famille de Didarul Islam, elle, a semblé croire Zohran Mamdani. Originaire du Bangladesh, elle a ouvert ses portes au candidat né en Ouganda de parents indiens et lui a permis de s'asseoir parmi elle lors des funérailles du policier, dont la veuve attend un troisième enfant.
Lors d'une conférence de presse, Zohran Mamdani a évoqué cette visite à la famille endeuillée en répondant aux critiques de ses rivaux à propos de ses « tweets » du passé.
« Je ne comprends pas que des politiciens cherchent à utiliser [la fusillade] pour marquer des points politiques de façon aussi cynique, le jour même où j'ai tenu le père de l'agent Islam dans mes bras alors qu'il ne pouvait pas prononcer un seul mot et que je l'ai senti sangloter à la mémoire de son fils de 36 ans, qui ne reviendra jamais à la maison. »
Lors de la même conférence de presse, Zohran Mamdani a répété qu'il n'était plus en faveur du « définancement » du NYPD. Il a en outre attribué ses critiques du NYPD en 2020 à « une frustration que de nombreux New-Yorkais ressentaient à la suite du meurtre de George Floyd ». Et il a précisé que ses critiques d'alors ne correspondent pas à ses opinions actuelles.
Cependant, il a maintenu sa promesse de démanteler une unité du NYPD appelée Strategic Response Group, dont les méthodes musclées lors des manifestations new-yorkaises sont souvent dénoncées par les progressistes.
Il se trouve que la même unité a été déployée lors de la fusillade de la semaine dernière à New York, ce que le maire Adams n'a pas manqué de souligner lors des funérailles de Didarul Islam.
À l'évidence, la question du NYPD force Zohran Mamdani à se livrer à un exercice de haute voltige, et ce, avant même d'être élu.
Hashtags
Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes
La Presse
3 hours ago
- La Presse
Accusé, le père demande sa libération sous caution
Luciano Frattolin a plaidé non coupable à deux accusations : celle de son meurtre au deuxième degré et celle d'avoir dissimulé son cadavre sous une bûche dans un cours d'eau. L'avocat représentant le père accusé du meurtre de sa fille montréalaise de neuf ans dans le nord de l'État de New York a annoncé que son client demanderait sa libération sous caution. La Presse Canadienne Luciano Frattolin a comparu mardi devant le tribunal du comté d'Essex à Elizabethtown, dans l'État de New York, pour une audience visant à faire le point sur son prochain procès pour meurtre. L'avocat commis d'office adjoint, Eric Weyand, a informé la juge, Tatiana Coffinger, de son intention de déposer une demande écrite de libération sous caution au nom de Luciano Frattolin. Le père a comparu devant le tribunal, vêtu d'un costume gris et d'une cravate rayée, et a acquiescé en confirmant son identité. PHOTO FOURNIE PAR LA POLICE DE L'ÉTAT DE NEW YORK À LA PRESSE CANADIENNE Melina Frattolin avait neuf ans. Il a plaidé non coupable à des accusations de meurtre au deuxième degré et de dissimulation de cadavre humain dans l'affaire liée au décès de sa fille Melina, dont le corps a été retrouvé dans un étang peu profond le 20 juillet à Ticonderoga, dans l'État de New York. La police de l'État de New York a affirmé que l'homme, âgé de 45 ans, avait initialement signalé la disparition et le possible enlèvement de sa fille, mais que les policiers avaient conclu que cette information avait été fausse et l'avaient arrêté. Luciano Frattolin avait déjà demandé sa libération sous caution en juillet, mais sa demande avait été refusée.
La Presse
4 hours ago
- La Presse
Le père accusé demande sa libération sous caution
Luciano Frattolin a plaidé non coupable à deux accusations : celle de son meurtre au deuxième degré et celle d'avoir dissimulé son cadavre sous une bûche dans un cours d'eau. L'avocat représentant le père accusé du meurtre de sa fille montréalaise de neuf ans dans le nord de l'État de New York a annoncé que son client demanderait sa libération sous caution. La Presse Canadienne Luciano Frattolin a comparu mardi devant le tribunal du comté d'Essex à Elizabethtown, dans l'État de New York, pour une audience visant à faire le point sur son prochain procès pour meurtre. L'avocat commis d'office adjoint, Eric Weyand, a informé la juge, Tatiana Coffinger, de son intention de déposer une demande écrite de libération sous caution au nom de Luciano Frattolin. Le père a comparu devant le tribunal, vêtu d'un costume gris et d'une cravate rayée, et a acquiescé en confirmant son identité. PHOTO FOURNIE PAR LA POLICE DE L'ÉTAT DE NEW YORK À LA PRESSE CANADIENNE Melina Frattolin avait neuf ans. Il a plaidé non coupable à des accusations de meurtre au deuxième degré et de dissimulation de cadavre humain dans l'affaire liée au décès de sa fille Melina, dont le corps a été retrouvé dans un étang peu profond le 20 juillet à Ticonderoga, dans l'État de New York. La police de l'État de New York a affirmé que l'homme, âgé de 45 ans, avait initialement signalé la disparition et le possible enlèvement de sa fille, mais que les policiers avaient conclu que cette information avait été fausse et l'avaient arrêté. Luciano Frattolin avait déjà demandé sa libération sous caution en juillet, mais sa demande avait été refusée.
La Presse
9 hours ago
- La Presse
Le golf de Trump en Floride de retour dans le circuit PGA
La terrasse du Trump National Doral Golf Club, en banlieue de Miami Le golf de Trump en Floride de retour dans le circuit PGA (Los Angeles) Le parcours de golf Trump National Doral en Floride, propriété du président américain Donald Trump, fera son retour en 2026 sur le circuit PGA après dix ans d'absence, a confirmé mardi le PGA Tour. Agence France-Presse Le « Blue Monster » de Doral a été une étape régulière du circuit PGA pendant plus d'un demi-siècle, accueillant un tournoi chaque année de 1962 à 2016. Le PGA Tour avait vivement critiqué les propos tenus par Donald Trump lors de sa campagne présidentielle de 2016 contre les immigrants mexicains, « incompatibles avec notre engagement fort en faveur d'un environnement inclusif et accueillant dans le monde du golf », avait commenté le PGA. Lorsque le PGA Tour avait ensuite déplacé son évènement au Mexique pour des raisons essentiellement commerciales liées au retrait d'un commanditaire, Donald Trump avait vivement réagi, qualifiant cette décision de « jour triste pour Miami, les États-Unis et le golf ». « Ils le déplacent à Mexico. J'espère qu'ils ont une assurance contre les enlèvements », avait-il réagi. Doral avait ensuite accueilli une étape du circuit LIV Golf, concurrent du PGA financé par l'Arabie saoudite. Les relations entre Donald Trump et le PGA Tour se sont améliorées ces dernières années, le président américain s'étant impliqué dans les négociations avec le LIV Golf en vue d'un éventuel accord visant à unifier les deux circuits rivaux. À partir de la saison prochaine, le parcours accueillera le Miami Championship, qui deviendra l'un des neuf évènements phares du PGA Tour, ces tournois d'élite qui réunissent les meilleurs joueurs du monde. « Nous sommes ravis de présenter les plus grands joueurs de golf en compétition sur les sites les plus emblématiques de ce sport », a déclaré mardi Brian Rolapp, directeur général du PGA Tour, dans un communiqué annonçant le calendrier 2026.
