
Vevey: portrait de Michel Botalla, président d'ANACARE
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Du faste des nuits à l'aide alimentaire, l'incroyable vie de Michel Botalla
À la tête d'ANACARE, qui redistribue les invendus alimentaires sur la Riviera, le Veveysan a connu une existence digne d'un scénario hollywoodien. Récit.
Rémy Brousoz
Michel Botalla et sa fille Anastasia. Derrière, ses vélos-Harleys assemblés par ses soins. Le Veveysan de 63 ans dit avoir «un sens profond de la récup'». «Ça a toujours été là, même quand j'avais beaucoup d'argent. Ça s'est renforcé quand je me suis retrouvé à la rue.»
CHANTAL DERVEY
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Des cageots vides empilés un peu partout. Des amplis qui crachent le thème du film musical «La La Land». Trois bénévoles qui dansent là au milieu. Il est 8 h 45 ce vendredi matin au quartier général de l'association ANACARE, sur l'avenue Reller à Vevey. La camionnette qui livre les invendus alimentaires doit arriver d'un instant à l'autre.
D'un bureau vitré jaillit un énergique «Bonjour!», mâtiné d'accent neuchâtelois. Avec son t-shirt noir, sa queue-de-cheval, ses jeans et ses Converse vertes usées, Michel Botalla, le responsable d'ANACARE, semble tout droit sorti du backstage d'une scène open air.
Et justement, les premiers mots vont pour la musique de Justin Hurwitz que diffusent à fond les enceintes. «Ma fille Anastasia et moi, on adore, lâche-t-il. Elle est danseuse professionnelle.» Sans être physiquement là, elle restera avec nous tout au long de la rencontre. Et pour cause, elle tient un rôle central dans le film remuant de sa vie.
Car avant de devenir l'âme de cette association veveysanne, qui aide, chaque semaine, 500 familles précarisées de la Riviera, Michel Botalla a connu la griserie de la richesse. Et le désarroi profond de ceux qui, du jour au lendemain, n'ont plus rien.
Du clavier à la discothèque
C'est en 1989, à Bienne, que l'on peut poser le premier jalon de ce scénario. «Je faisais partie des premiers ingénieurs formés en informatique», raconte le Veveysan âgé de 63 ans. Un début de carrière qui tutoie déjà l'indécence. «Comme consultant indépendant, je gagnais environ 1500 francs par jour.»
À cette époque, le monde est à l'aube de la révolution numérique. Michel Botalla travaille sur un système qui doit permettre d'optimiser la circulation des TGV. Puis il se lance dans le développement des premières caisses enregistreuses à écran tactile. C'est grâce à cette activité qu'il enfilera le costume d'un patron de… boîte de nuit.
«Ne pouvant pas me payer, un client m'a vendu sa discothèque à prix réduit», explique-t-il. Le voilà donc à la tête du Dakota, enseigne neuchâteloise qu'il rebaptise Seven, en hommage au film de David Fincher. «J'avais un peu d'argent de côté, alors pour la soirée d'ouverture, c'était open bar pour tout le monde», sourit-il. De cette époque folle, il se souvient aussi de ce matin où il a été réveillé par la brigade des stups. «Quelqu'un m'avait fait porter le chapeau pour un autre.»
Au tournant de l'an 2000, il reprend le César, une boîte de La Chaux-de-Fonds qu'il renomme Matrix. Jamais loin, le cinéma. Si proche d'ailleurs, qu'il se mélange parfois avec la réalité. «Une soirée, un jeune Russe avait bu plus que de raison. Quand je lui ai dit de partir, il m'a dit qu'il reviendrait pour me tuer. Il est allé vers sa voiture et en est revenu avec un pistolet. Deux coups de feu ont été tirés, mon agent de sécurité a été blessé à la jambe.» Son épouse étant enceinte, Michel Botalla se dit qu'il est temps de quitter le monde pas toujours tranquille de la nuit.
Beaucoup d'argent, trop de travail
Sa fille naît en 2002. Cette même année, il se lance comme consultant indépendant dans le domaine de l'épargne, de l'investissement et de l'informatique pour le compte d'une société alémanique. «J'ai monté une structure qui comptait 120 personnes», relève cet hyperactif, qui dit ne dormir que quatre heures par nuit.
Quelques années plus tard, son salaire avoisine les 40'000 francs par mois. Ses journées, il les passe sur la route, sept jours sur sept. «Je m'arrangeais quand même pour déposer Anastasia à l'école tous les matins.» C'est à cette période qu'il s'installe à Vevey avec sa famille.
Dans tout bon script, il y a ce qu'on appelle le climax, ce moment où l'histoire bascule. Celui de Michel Botalla survient en 2009, sous forme de burn-out. «J'ai explosé en vol», résume-t-il. Pour ne rien arranger, le monde traverse une crise financière. Tout s'effondre autour de lui. Et le téléphone devient le plus grand cauchemar de l'entrepreneur en faillite. «Je me sentais mal d'avoir fait perdre de l'argent aux gens», résume celui qui a gardé une phobie de la sonnerie.
Un matin sur un trottoir de Vevey
Commence alors une longue descente aux enfers, qui finit par le jeter à la rue. «J'ai choisi de quitter l'appartement familial, explique-t-il. Je ne voulais pas que ma fille subisse encore les disputes que nous avions avec sa mère.» Un matin de janvier 2015, il se retrouve donc dans le froid de la place Robin, à Vevey. Sans un sou. Et sans savoir où aller. «Je pleurais comme un gamin», se souvient-il.
Logé provisoirement à l'hôtel, Michel Botalla pousse le soir même la porte de l'Étape, qui assure à cette époque la distribution des surplus alimentaires. «Je m'étais promis de pouvoir cuisiner pour ma fille.» Et là, première lueur dans son ciel: l'organisme rencontre un problème informatique. En parfait as du clavier, l'ingénieur le règle en un clin d'œil. L'association lui propose alors d'intégrer l'équipe. «Je suis passé directement de bénéficiaire à bénévole, avec la possibilité de repartir avec des aliments.»
Le programme qui change tout
Les distributions ne se font pas toujours dans la sérénité. Alors en 2020, il imagine un logiciel, Anabase. Contraction du prénom Anastasia et de l'expression «retour aux valeurs de base», il permet d'envoyer un SMS indiquant l'heure de rendez-vous aux bénéficiaires. De quoi distribuer de manière échelonnée, et donc dans de meilleures conditions. «Chaque minute, quelqu'un entre. Cela permet d'aider plus de monde dans un laps de temps plus court.»
On parle, on parle – enfin, surtout lui - mais voilà que le fourgon des invendus arrive. La distribution doit avoir lieu cet après-midi. L'heure pour Michel Botalla, qui a récupéré sa vie, de nous laisser. Et d'aller aider les autres à récupérer un peu de la leur.
En plein dans les cartons
L'association ANACARE, qui a repris le flambeau de la distribution d'invendus alimentaires après Partage Riviera, écoule environ 8 tonnes de marchandises par semaine, en collaboration avec la fondation Table Suisse. Début août, elle déménagera à la rue des Bosquets 33. Et pour cause, ses locaux actuels – mis à disposition gratuitement par Nestlé – seront démolis pour laisser place à des logements. En vue de ce déménagement et d'un nouveau loyer à honorer, ANACARE lance un appel aux dons. «Nous avons 60'000 francs à trouver», précise Michel Botalla.
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