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Le silence d'une « île morte »

Le silence d'une « île morte »

La Presse2 days ago
Un enfant regarde l'île de Cartí Tupile à partir de l'île de Cartí Sugdupu, pratiquement désertée en raison des menaces posées par les changements climatiques.
Un an après un exode forcé par la montée de la mer et les changements climatiques, les Kunas de l'îlot de Cartí Sugdupu, dans l'archipel de San Blas, refont leur vie sur le continent alors qu'une poignée de résidants a refusé de partir.
MARTIN BERNETTI
Agence France-Presse
Migration planifiée
PHOTO MARTIN BERNETTI, AGENCE FRANCE-PRESSE
La quasi-totalité des habitants indigènes de Cartí Sugdupu a déserté la petite île panaméenne des Caraïbes que la mer va inexorablement submerger.
Le calme sur l'îlot de Cartí Sugdupu contraste aujourd'hui avec l'agitation de ces jours de juin 2024 où environ 1200 Kunas ont été emmenés par bateau vers une nouvelle vie dans un quartier construit sur la terre ferme, l'une des premières migrations planifiées en Amérique latine à cause du changement climatique. Les rues autrefois remplies de rires d'enfants sont devenues silencieuses. « Sortir les gens d'une île pour les emmener ailleurs montre la réalité de la planète que nous devons déjà affronter », a déclaré à l'AFP la directrice générale de la COP30, Ana Toni.
Lisez le reportage « Abandonner son île avant d'être englouti »
PHOTO MARTIN BERNETTI, AGENCE FRANCE-PRESSE
Cartí Sugdupu est l'une des 49 îles habitées sur les 365 qui composent l'archipel paradisiaque de San Blas – situé dans la comarque (territoire autonome) indigène Guna Yala, sur la côte nord du Panamá –, dont la disparition, selon des études scientifiques, surviendra avant la fin du siècle.
PHOTO MARTIN BERNETTI, AGENCE FRANCE-PRESSE
Des salles de classe vides et poussiéreuses, voilà tout ce qui reste d'une école qui grouillait autrefois d'enfants. « Les amis ne sont plus là, les enfants qui jouaient ont disparu, tout est silencieux, comme une île morte », se désole Delfino Davies, qui possède un petit musée dans l'île.
PHOTO MARTIN BERNETTI, AGENCE FRANCE-PRESSE
De nombreuses maisons en bois de l'île sont cadenassées. « Il n'y a personne ici. Parfois, je suis triste quand je suis seule ici », explique Mayka Tejada, 47 ans, dans le petit magasin où elle vend des bananes, des citrouilles, des vêtements, des jouets et des cahiers. Sa mère et ses deux enfants de 16 et 22 ans ont, eux, quitté l'îlot.
PHOTO MARTIN BERNETTI, AGENCE FRANCE-PRESSE
Une centaine de personnes ont décidé de rester dans l'île de 400 m de long sur 150 m de large, soit environ la superficie de cinq terrains de soccer.
PHOTO MARTIN BERNETTI, AGENCE FRANCE-PRESSE
Certains réfugiés climatiques partagent leur temps entre Cartí Sugdupu et Isber Yala (sur le territoire continental du Panamá), tandis que d'autres se rendent occasionnellement dans l'île pour vérifier l'état de leur maison, fermée ou prêtée à des habitants d'autres îles.
PHOTO MARTIN BERNETTI, AGENCE FRANCE-PRESSE
Assise dans un hamac dans sa maison au sol en terre battue et à l'odeur d'herbes médicinales, Luciana Perez, 62 ans, dit qu'elle n'avait pas l'intention de partir. « Je suis née à Cartí et j'y mourrai. Rien ne coule. Les scientifiques ne le savent pas, il n'y a que Dieu. »
PHOTO MARTIN BERNETTI, AGENCE FRANCE-PRESSE
Steven Paton, scientifique à l'Institut de recherche tropicale Smithsonian, établi à Panamá, a expliqué qu'en raison des changements climatiques, le niveau de la mer devrait augmenter de 80 centimètres dans la région d'ici la fin du siècle. « La plupart des îles de Guna Yala se trouvent à environ 50 centimètres au-dessus du niveau de la mer, a-t-il dit à l'AFP. Elles seront sous l'eau. »
PHOTO MARTIN BERNETTI, AGENCE FRANCE-PRESSE
L'arrivée de la saison des pluies a laissé des flaques d'eau sur les routes de terre de Cartí Sugdupu.
PHOTO MARTIN BERNETTI, AGENCE FRANCE-PRESSE
En revanche, dans la nouvelle colonie d'Isber Yala – « terre de loquats » en langue kuna –, les rues sont asphaltées et dotées de trottoirs. Les maisons en béton de près de 50 mètres carrés (500 pieds carrés) sont équipées de toilettes à chasse d'eau et il y a un terrain pour cultiver des légumes.
PHOTO MARTIN BERNETTI, AGENCE FRANCE-PRESSE
Le nouveau quartier, qui compte 300 maisons construites par le gouvernement panaméen, est situé à 2 km de la côte, soit 15 minutes de bateau, plus 5 minutes supplémentaires par la route.
PHOTO MARTIN BERNETTI, AGENCE FRANCE-PRESSE
« [À Cartí Sugdupu] nous vivions entassés les uns sur les autres, et je devais aller chercher de l'eau à la rivière dans un petit bateau », raconte Magdalena Martinez, une enseignante à la retraite de 75 ans qui vit avec sa petite-fille dans le nouveau quartier. À Isber Yala, l'eau est disponible pendant une heure le matin. « Je peux remplir les seaux. Et j'ai de l'électricité 24 heures sur 24. »
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Plus de 3000 personnes tuées entre janvier et juin, selon l'ONU
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La Presse

time2 days ago

  • La Presse

Plus de 3000 personnes tuées entre janvier et juin, selon l'ONU

Des membres d'une équipe de surveillance de quartier patrouillent après que des gangs ont incendié des maisons, le 24 juin 2025 à Furcy, en Haïti. (Genève) Plus de 3000 personnes ont été tuées en Haïti durant les six premiers mois de l'année, a indiqué vendredi l'ONU, qui craint que l'expansion de la violence des gangs ne déstabilise d'autres pays des Caraïbes. Agence France-Presse Pays le plus pauvre des Amériques, Haïti subit depuis longtemps la violence des bandes criminelles, dans un contexte d'instabilité politique. Ces violences se sont encore intensifiées depuis début 2024. « Entre le 1er janvier et le 30 juin, au moins 3141 personnes ont été tuées en Haïti », a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Ravina Shamdasani, lors de la présentation d'un rapport à Genève. Le rapport, élaboré avec le Bureau de l'ONU en Haïti (BINUH), montre que la violence a fortement augmenté au cours des derniers mois, en particulier dans les départements du Bas Artibonite et du Centre, alors que les gangs continuent d'étendre leur influence le long des routes clés du nord et du centre du pays, ainsi qu'en direction de la République dominicaine. « Pris au milieu de cette histoire d'horreur sans fin, le peuple haïtien est à la merci de la violence horrible des gangs et exposé aux violations des droits de l'homme par les forces de sécurité et aux abus des groupes dits 'd'autodéfense' », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, dans un communiqué. Entre le 1er octobre 2024 et le 30 juin 2025, au moins 1018 personnes ont été tuées, 213 autres blessées et 620 enlevées dans l'Artibonite et le Centre, ainsi qu'à Ganthier et Fonds Parisien, à l'ouest de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, indique le rapport. Au cours de la même période, le nombre total d'assassinats en Haïti s'élevait à 4864, dont au moins 3141 sur les six premiers mois de 2025. Sous-région des Caraïbes L'ONU note que la tuerie de masse de Pont Sondé en octobre dernier, ayant fait plus de 100 morts, a marqué un « tournant majeur dans le cycle de la violence entre les gangs et les groupes dits d'autodéfense ». Plusieurs autres massacres ont suivi, provoquant des déplacements massifs, notamment dans la ville de Mirebalais (département du Centre) qui, au début de l'année, a vu ses 100 000 habitants fuir. « Les violations des droits de l'homme en dehors de Port-au-Prince s'intensifient dans les régions du pays où la présence de l'État est extrêmement limitée », a averti Ulrika Richardson, cheffe par intérim du BINUH, dans le communiqué. Déployée en juin 2024, la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS) en Haïti, menée par le Kenya, peine à contenir la violence, faute de moyens. L'ONU indique dans son rapport que l'expansion du contrôle territorial des gangs représente un risque majeur de propagation de la violence et d'augmentation des trafics transnationaux d'armes et de personnes, « susceptible d'entraîner une déstabilisation significative pour les pays de la sous-région des Caraïbes ». Pour éviter une déstabilisation rapide de la sous-région, l'ONU appelle la communauté internationale « à renforcer son appui aux autorités haïtiennes », ainsi qu'« aux organisations internationales et nationales qui assistent les groupes vulnérables ». En 2022, le Conseil de sécurité a mis en place un régime de sanctions incluant un embargo ciblé sur les armes, renforcé ensuite pour interdire tous les transferts d'armements vers Haïti. Mais l'ONU souligne que cet embargo se heurte « à des failles majeures dans le contrôle des frontières, tant du côté des pays de provenance ou de transit de ces armes que d'Haïti », qui concernent notamment la capacité à détecter et intercepter les cargaisons illégales.

Des élus républicains se plaignent de la fumée canadienne
Des élus républicains se plaignent de la fumée canadienne

La Presse

time4 days ago

  • La Presse

Des élus républicains se plaignent de la fumée canadienne

Le feu de forêt à Dryden Creek, au nord of Squamish, en Colombie-Britannique le 10 juin 2025. Des élus républicains accusent le Canada de mal gérer ses incendies de forêt, dont la fumée empêche leurs électeurs du Midwest de profiter pleinement de la saison estivale. Un discours où le rôle des changements climatiques est soigneusement ignoré. Six élus se plaignent Dans une lettre adressée à Kirsten Hillman, ambassadrice du Canada aux États-Unis, les représentants du Congrès américain Tom Tiffany, Brad Finstad, Glenn Grothman, Michelle Fischbach, Pete Stauber et Tom Emmer, élus du Wisconsin et du Minnesota, se plaignent de « la fumée suffocante des incendies de forêt canadiens qui envahit l'air en ce début d'été ». « Alors que nous entrons dans la période la plus intense de la saison des incendies, nous aimerions savoir comment votre gouvernement compte atténuer les incendies de forêt et la fumée qui se propage vers le sud », écrivent-ils. Dans leur missive datée du 7 juillet, les élus soulignent que leurs « concitoyens ont été limités dans leur capacité à sortir et à respirer en toute sécurité en raison de la qualité dangereuse de l'air causée par les incendies de forêt ». Une préoccupation légitime, mais… « Dans nos régions, les mois d'été sont la meilleure période de l'année pour passer du temps à l'extérieur, profiter de moments en famille et créer de nouveaux souvenirs, mais la fumée des incendies de forêt rend toutes ces activités difficiles », mentionnent notamment les élus. Selon le Census Bureau des États-Unis, environ 37 millions d'Américains ont d'ailleurs été exposés à une mauvaise qualité de l'air en juin en raison des incendies au Manitoba et en Saskatchewan. « La fumée est nocive pour la santé humaine. La préoccupation est donc légitime », soutient Mike Flannigan, professeur à l'Université de l'Alberta et spécialiste des incendies de forêt. Mais il insiste : les causes à l'origine de cette fumée, ce sont les changements climatiques causés par l'humain. « La fumée ne connaît pas les frontières », précise-t-il, signalant que des vents du sud poussent actuellement la fumée des incendies qui sévissent au Manitoba et en Ontario jusqu'en Europe. En 2020, le panache de fumée provoqué par des incendies de forêt en Californie et en Oregon s'était répandu jusqu'au Canada ainsi que dans l'est des États-Unis, touchant entre autres New York. Des incendies de plus en plus importants Les élus américains rappellent dans leur lettre que le Canada a connu en 2023 « la pire année jamais enregistrée en matière d'incendies de forêt » et que les deux années suivantes sont parmi les pires. Depuis le début de l'année, près de 3000 incendies de forêt au pays ont en effet brûlé une superficie de 4,7 millions d'hectares. Le Manitoba et la Saskatchewan ont été particulièrement touchés cette année, forçant l'évacuation de milliers de personnes. PHOTO NICK INGRAM, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS La fumée des feux de forêt canadiens obscurcit partiellement la ligne d'horizon du centre-ville de Kansas City, le mercredi 4 juin 2025. La tendance est néanmoins similaire aux États-Unis, où les incendies de forêt brûlent des superficies de plus en plus importantes depuis 10 ans. Selon l'Agence américaine de l'environnement (EPA), la saison des incendies commence dorénavant plus tôt et s'étend sur une plus longue période. Un argument cher à Donald Trump L'un des signataires de la lettre, l'élu du Wisconsin Glenn Grothman, a déjà affirmé qu'il ne croyait pas au réchauffement planétaire. Le message à l'ambassadrice du Canada ne fait d'ailleurs aucune mention des impacts des changements climatiques sur les incendies de forêt. Les auteurs affirment plutôt que « l'un des principaux facteurs à l'origine du problème est le manque de gestion active des forêts ». Les élus reprennent ainsi un argument cher au président Donald Trump, qui a accusé la Californie de mal gérer ses forêts lors des incendies qui ont touché Los Angeles plus tôt cette année. « Le président Trump a souvent dit qu'il fallait ramasser les feuilles mortes et le problème disparaîtrait, rappelle Mike Flannigan. Mais le problème, ce n'est pas la gestion des forêts, affirme-t-il. Le problème, c'est que nous avons des conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies : nous avons de plus en plus de journées chaudes, sèches et venteuses qui favorisent les incendies. » L'expert ajoute que la gestion des incendies au Canada est parmi les meilleures au monde. Encore plus d'incendies causés par l'humain aux États-Unis « Nous avons également constaté que des incendies criminels ont aussi contribué à déclencher plusieurs grands incendies de forêt au Canada », affirment les représentants républicains. PHOTO TIM EVANS, ARCHIVES REUTERS Le smog dû à la fumée des feux de forêt canadiens à Minneapolis, Minnesota, le 3 juin 2025 En réalité, le portrait est beaucoup plus nuancé : environ la moitié des incendies au Canada sont d'origine humaine, mais ceux provoqués par la foudre font plus de dégâts avec près de 70 % des superficies brûlées, selon Ressources naturelles Canada. Ceux-ci surviennent généralement dans les zones inhabitées. Aux États-Unis, près de 90 % des incendies sont causés par l'humain. En Californie, cette proportion grimpe à 95 %, selon l'agence Cal Fire. Des arguments climatosceptiques ? Curieusement, les arguments des élus républicains ressemblent à ceux avancés par plusieurs comptes propageant de la désinformation climatique sur les réseaux sociaux. Dans une analyse couvrant la période allant d'avril à juin 2025, le groupe Climate Action Against Disinformation, qui réunit plusieurs organisations environnementales, signale que les « récits » les plus populaires affirment que les incendies sont d'origine criminelle ou encore qu'ils sont attribuables à une mauvaise gestion des forêts par le gouvernement canadien et non aux changements climatiques. Lisez le rapport du Climate Action Against Disinformation (en anglais) Le rapport indique également qu'une nouvelle théorie émerge sur les réseaux sociaux voulant que les incendies, dont la fumée se propage jusqu'aux États-Unis, soient intentionnellement provoqués par le gouvernement canadien dans un contexte de tensions grandissantes entre les deux pays. Une recette éprouvée Ce n'est pas la première fois que les incendies de forêt canadiens provoquent de telles réactions au sud de la frontière. Le 7 juin 2023, le commentateur de Fox News Jesse Watters avait blâmé le premier ministre du Canada pour la fumée des incendies de forêt qui s'était propagée jusqu'aux États-Unis. « Ce que nous savons, c'est que 100 millions d'Américains respirent la fumée canadienne. Et [Justin] Trudeau n'a pas présenté d'excuses », avait-il déclaré sur les ondes du réseau américain. La réponse de l'ambassade du Canada « Je peux vous assurer que le Canada prend très au sérieux la prévention, la lutte et l'atténuation des incendies de forêt. Je peux confirmer que la lettre a été reçue par l'ambassade et transmise aux organismes canadiens concernés. Nous y répondrons en temps opportun », a indiqué à La Presse Tarryn Elliott, porte-parole de l'ambassade du Canada à Washington.

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