
La création d'emploi est-elle surestimée ?
Le marché de l'emploi a surpris positivement en juin. L'économie aux prises avec une guerre commerciale à finir avec les États-Unis a ajouté 83 000 emplois, son plus haut niveau en six mois.
Alors que la plupart des économistes s'attendaient à une augmentation du taux de chômage, il a reculé de 7 % en mai à 6,9 %. C'est la première baisse du taux de chômage depuis trois mois. Au Québec, le taux de chômage a fait un bon de 0,5 %, à 6,3 %, mais c'est l'augmentation du nombre de personnes qui en est la cause alors que l'économie a ajouté 23 400 emplois en juin.
Selon Statistique Canada, l'emploi dans le secteur privé est actuellement à un niveau record, malgré l'incertitude liée aux droits de douane américains actuels. Comment expliquer ça ?
C'est peut-être trop beau pour être vrai, estiment les économistes de la Banque Nationale, qui croient depuis longtemps que Statistique Canada surestime les gains d'emplois.
Dans son calcul, l'organisme fédéral estime le nombre de résidents permanents à l'aide d'une moyenne mobile sur 12 mois, alors que le nombre de résidents permanents diminue fortement depuis peu. Ce calcul pourrait ne pas donner un portrait juste de la réalité actuelle, avancent Mathieu Arseneau et Kyles Dahms dans leur analyse des chiffres publiés hier (vendredi).
Un autre portrait du marché de l'emploi, celui de l'Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures travaillées (EERH) devrait donner un tout autre son de cloche, selon eux.
L'Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures travaillées repose sur les données des employeurs. Ses dernières données remontent à avril, et elle affiche quatre mois consécutifs de contraction, relèvent les économistes.
Surestimée ou non, la création d'emploi au Canada risque d'être éphémère, croit Tony Stillo, directeur pour le Canada de la firme Oxford Economics.
« La vigueur surprenante du marché du travail en juin ne résistera pas à la guerre commerciale qui s'intensifie, a-t-il commenté. Nous croyons que l'économie canadienne est entrée dans une récession qui se propagera à partir des secteurs les plus exposés aux droits de douane jusqu'à l'ensemble de l'économie ». Il avance que le taux de chômage pourrait atteindre 7,5 % au Canada à la fin de l'année.
Même si l'emploi n'a pas subi la dégringolade appréhendée, le marché du travail s'est affaibli considérablement depuis un an, souligne de son côté l'économiste Nathan Janzen, de la Banque Royale.
« Et les risques sur le plan commercial demeurent, note-t-il, maintenant que le Canada a été ajouté à la liste des pays qui font face à une nouvelle salve de droits de douane à compter du 1er août ».
C'est en Ontario, où se concentre l'industrie automobile, que les effets de la guerre commerciale se font déjà plus sentir. Le taux de chômage à Windsor a atteint 11,2 % en juin, le taux le plus élevé parmi les régions métropolitaines canadiennes. Le taux de chômage est de 7,8 % dans la province.
En juin, la plupart des emplois créés étaient des emplois à temps partiel, concentrés dans le secteur du commerce de détail et de la santé et des services sociaux. La croissance des salaires continue de ralentir, avec une hausse du salaire horaire moyen de 3,2 % le mois dernier.
Ce ralentissement est une bonne nouvelle sur le front de l'inflation, qui pourrait être restée stable en juin, selon la plupart des économistes. La stabilité du marché de l'emploi et de l'inflation devrait inciter la Banque du Canada à garder son taux directeur inchangé pour une troisième fois consécutive lors de sa prochaine décision à la fin du mois, selon les économistes de la Banque Nationale.
Chez Desjardins, on prévoit plutôt une baisse du taux directeur. « La publication des chiffres d'inflation prévue la semaine prochaine jouera un rôle plus déterminant dans la décision de la Banque du Canada », estiment les économistes de Desjardins.
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La Presse
11 hours ago
- La Presse
Une place à 50 $ par jour est-elle vraiment hors de prix ?
Des fiscalistes dénoncent la complexité du système fiscal à l'égard des frais de garde. Une place à 50 $ par jour est-elle vraiment hors de prix ? Les garderies privées à 50 $ par jour sont-elles vraiment si coûteuses qu'il faille renoncer au salaire d'un parent pour garder les enfants à la maison ? C'est la question que se sont posée des fiscalistes après la parution d'articles de La Presse sur des travailleurs étrangers titulaires de permis de travail ouverts, à qui Québec voulait retirer l'accès aux places subventionnées dans les centres de la petite enfance (CPE) et les garderies en milieu familial. Le 25 juillet1, La Presse rapportait le cas de Séverine Le Meilleur, maman immigrante qui envisageait de quitter son emploi de préposée aux bénéficiaires, faute de pouvoir payer 50 $ par jour pour une garderie privée. Son fils de 3 ans fréquente actuellement une garderie subventionnée à 9,35 $ par jour. PHOTO FOURNIE PAR SÉVERINE LE MEILLEUR Séverine Le Meilleur avec son fils Nathan Jusqu'à récemment, plusieurs garderies subventionnées acceptaient les enfants de parents comme elle, croyant qu'ils étaient admissibles à la contribution réduite. Le ministère de la Famille est intervenu dans une lettre datée du 9 juillet pour rappeler qu'ils ne l'étaient pas. Dans un premier temps, Québec a exigé la fin des contrats en cours dans un délai de 14 jours. Puis, vendredi, il a suspendu ces expulsions, le temps d'évaluer la situation2. Dans l'article, Séverine Le Meilleur expliquait avoir fait ses calculs avec son mari. « Ça serait trop onéreux de mettre notre fils en garderie non subventionnée pour qu'on puisse travailler tous les deux, disait-elle. Mon mari gagne plus que moi. 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