
Des migrants dénoncent une « torture »
Gerard MARTINEZ
Agence France-Presse
Les journées sont interminables pour les détenus de ce centre situé dans les marécages hostiles des Everglades, dans le sud-est des États-Unis.
Les cellules, éclairées par des lampes allumées en permanence, sont dénuées de fenêtres. Ici, pas d'horloge ni de télévision qui pourrait indiquer l'heure. Pour les prisonniers, la notion du temps n'existe plus.
« Même un animal ne serait pas traité ainsi. C'est de la torture », raconte Luis Gonzales, joint par l'AFP au téléphone, depuis le centre.
Ce centre de rétention, avec des lits superposés alignés, enfermés dans des cages grillagées, sous des pavillons de toile blanche, a été édifié à la vitesse de l'éclair sur les ruines d'un ancien aérodrome et a ouvert début juillet.
Quelque 3000 places y sont prévues, selon la secrétaire de la Sécurité intérieure, Kristi Noem.
La Maison-Blanche et les autorités locales l'ont surnommé l'« Alcatraz des alligators », en référence à l'ancienne île-prison de San Francisco que Donald Trump compte rouvrir.
Mais le centre, devenu l'un des symboles de la politique migratoire du gouvernement de Donald Trump, a suscité la colère des associations environnementales-les Everglades étant une zone protégée-et des défenseurs des droits de la personne.
Traités « comme des meurtriers »
Luis Gonzalez est arrivé aux États-Unis en 2022 et s'est installé en Floride. Il a été libéré par les autorités, le temps de l'examen de sa demande d'asile.
Mais le mois dernier, son dossier a été rejeté. La police de l'immigration est venue l'arrêter.
Il dit avoir été enchaîné pendant plus d'une journée dans un bus avec d'autres détenus, avant d'être conduit à « l'Alcatraz des alligators ».
« Ils ne nous font jamais sortir des tentes. Et quand ils nous emmènent à la cantine, nous devons mettre les mains sur la tête comme si nous étions des meurtriers », raconte le jeune homme.
Luis Gonzales partage une cellule avec une trentaine de personnes. L'espace, qu'il qualifie de « poulailler », est entouré de barbelés et n'est que très rarement nettoyé.
Idem pour les trois toilettes partagées par les détenus. Il n'a reçu ni déodorant ni dentifrice et ne s'était pas douché depuis une semaine au moment de l'appel avec l'AFP.
Les journées sont caniculaires, tandis que les nuits sont si fraîches que les couvertures fournies ne permettent pas aux détenus de se réchauffer. Des nuées de moustiques envahissent les cellules.
Grève de la faim
Certains détenus ont également dénoncé le manque de soins médicaux.
Michael Borrego Fernandez, 35 ans, s'est plaint de douleurs, mais n'a été soigné que lorsqu'il a commencé à saigner, selon ses avocats.
Il a dû être hospitalisé et opéré d'urgence pour des hémorroïdes.
À son retour, il n'a pas reçu d'antibiotiques. Ses blessures se sont infectées et il a dû être hospitalisé de nouveau.
Marcos Puig, 31 ans, s'est lui rebellé contre les conditions de détention.
Joint par téléphone depuis un autre centre de Floride, où il se trouve actuellement, il raconte avoir cassé les toilettes de sa cellule avant une visite de hauts responsables, en signe de protestation.
Il aurait ensuite été roué de coups et laissé à genoux pendant 12 heures dans un espace sans caméras ni climatisation, avant d'être transféré ailleurs.
Un autre détenu, Rafael Collado, 63 ans, a dit à sa conjointe avoir tenté de se suicider à deux reprises et entamé une grève de la faim, lors d'une conversation téléphonique à laquelle l'AFP a assisté.
Contactées par l'AFP, les autorités de « l'Alcatraz des alligators » n'ont pas répondu.
« Complètement illégal »
Des avocats et des activistes exigent la fermeture du centre de rétention des Everglades, qui fait l'objet de deux poursuites judiciaires.
Une des deux plaintes estime que les détenus sont privés d'avocat et sont maintenus prisonniers sans inculpation.
« Il y a des gens qui sont là depuis leur arrivée et qui n'ont toujours pas vu de juge. […] C'est complètement illégal », affirme Magdalena Cuprys, l'avocate de Luis Gonzalez.
Par ailleurs, deux associations environnementales ont mené une action en justice, estimant que le centre menace l'écosystème fragile des marécages alentour et a été construit sans études d'impact environnemental.
La semaine dernière, une juge fédérale a ordonné la suspension pendant 14 jours de toute nouvelle construction dans le centre pendant qu'elle examine l'affaire.
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