
Perplexity propose de racheter Google Chrome pour 34,5 milliards de dollars
Le sort judiciaire de Google et son démantèlement au titre du vaste procès antitrust dans lequel le géant américain est empêtré n'ont beau être que des hypothèses, les concurrents sont déjà sur les rangs pour dépecer la bête. Ce mardi, la start-up américaine Perplexity, qui développe le robot conversationnel éponyme, est sorti du bois en indiquant auprès du Wall Street Journal qu'elle est prête à racheter le navigateur de Google, Chrome, pour la bagatelle de 34,5 milliards de dollars.
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Depuis plusieurs mois maintenant, le sort de Chrome est au cœur du procès intenté par les autorités américaines de l'antitrust. À l'été 2024, Google avait été jugé coupable de pratiques anticoncurrentielles, ayant notamment signé des accords avec Apple, Samsung et d'autres fabricants pour imposer par défaut son navigateur sur leurs appareils. Le juge Amit Mehta, chargé de statuer à l'issue de ce procès-fleuve, doit se prononcer avant la fin de l'été sur l'obligation pour Google de céder son navigateur afin de réduire sa position ultra-dominante sur le marché de la recherche en ligne.
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Avec cette déclaration choc auprès du quotidien économique américain, Perplexity, et son fondateur Aravind Sriniva, se posent comme un remède à cette scission. Le groupe estime que son offre est conçue pour satisfaire aux exigences d'intérêt public de l'antitrust en «plaçant Chrome auprès d'un opérateur indépendant capable». Il n'empêche. Il s'agit d'une somme énorme pour la start-up fondée en 2022, avec un montant qui représente quasiment le double de sa dernière valorisation, à savoir 18 milliards de dollars. Auprès du Wall Street Journal, Aravind Sriniva assure avoir l'appui d'investisseurs et notamment de fonds de capital-risque pour racheter Google Chrome. Ces derniers seraient prêts à suivre son offre de 34,5 milliards de dollars.
Un moteur de recherche 2.0
La jeune pousse créée par cet un ingénieur indo-américain de 31 ans, passé notamment par les rangs d'OpenAI, développe notamment un assistant conversationnel capable, sur le modèle d'un moteur de recherche, de donner des réponses et des résumés aux questions d'utilisateurs en citant ses sources et en affichant au-dessus de sa réponse des liens directs vers des articles de presse. Avec 30 millions de requêtes par jour, il est encore un nain par rapport à OpenAI, qui n'enregistre pas moins de 2,5 milliards de requêtes par jour. Ses revenus, eux, atteignaient 34 millions de dollars l'an passé, loin là encore des 10 milliards d'OpenAI.
Mais la qualité de ses outils et de ses effectifs ont tapé dans l'œil de certains géants américains de l'IA. Au début de l'été, on apprenait que le groupe californien Apple, en retard dans l'IA, aurait envisagé de faire une offre sur Perplexity après avoir rencontré à plusieurs reprises les dirigeants de la start-up de San Francisco. Le groupe Meta, qui ferraille dur pour obtenir les meilleurs talents du monde en matière d'IA, aurait lui aussi convoité la start-up de 200 personnes, sans succès.
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Avec cette proposition sur Google Chrome, la proie devient chasseur. Ce n'est pas la première fois. Il y a quelques mois, Perplexity avait manifesté son intention de racheter TikTok une fois le réseau social coupé de sa maison mère chinoise.
Une issue incertaine
Reste que l'issue judiciaire du procès en cours est tout sauf certaine. Même si le juge Amit Mehta décidait d'imposer au géant de Mountain View de céder son navigateur, ce dernier dispose évidemment de recours qui pourraient s'étaler durant de longs mois. Google n'a pas publiquement indiqué son intention de vendre Chrome, un de ses bijoux de famille les plus précieux, pesant plus des deux tiers (68%) du marché des navigateurs internet.
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À l'évidence, Perplexity a suivi de près les auditions et la ligne de défense de Google : alors que la firme de Sundar Pichai jugeait qu'en se coupant de son navigateur, elle ne pourrait plus investir dans Chromium, son navigateur open source qui sert de base technologique à des navigateurs comme Edge, Opera ou encore Brave (ce qui pourrait menacer leur fonctionnement et leur sécurité, faute de nouvelles mises à jour), Perplexity promet de maintenir les investissements dans le navigateur open source. Il propose également à Google de maintenir l'installation par défaut de son moteur de recherche sur Chrome, une fois la vente réalisée.
Basée aux États-Unis, Perplexity a signé en Europe de nombreux partenariats et contrats ces derniers mois, aussi bien avec des groupes de presse (Le Monde, Numerama) dont il utilise les contenus que des opérateurs télécoms (Bouygues Telecom, Deutsche Telekom) qui proposent son assistant conversationnel à leur parc de clients.

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