
États-Unis: Un décès après une descente de la police de l'immigration
Publié aujourd'hui à 06h10 Mis à jour il y a 4 minutes
Des officiers de la US Custom and Border Police, regroupés à Bell, en Californie, le 20 juin 2025.
AFP
Un ouvrier agricole est mort vendredi après avoir été blessé la veille lors d'une descente de la police de l'immigration près de Los Angeles, dans des fermes légales de cannabis où 200 personnes ont été arrêtées et où des affrontements entre agents et manifestants ont eu lieu.
«La famille m'a informé qu'il se trouvait en soins intensifs, et ce matin, elle a confirmé qu'il était décédé», a expliqué sur place à l'AFP Roman Pinal, vice-président de United Farm Workers, un grand syndicat agricole américain.
L'opération a eu lieu jeudi à Carpinteria et Camarillo, deux communes rurales du comté de Ventura, situées à un peu plus d'une heure de route de Los Angeles. L'ouvrier décédé «n'a jamais été détenu» par les policiers, a assuré à l'AFP Tricia McLaughlin, une porte-parole du ministère de la Sécurité intérieure. «Une chute de 9 mètres»
«Bien qu'il n'était pas poursuivi par les forces de l'ordre, cet individu a grimpé sur le toit d'une serre et a fait une chute de 9 mètres», a-t-elle ajouté, en précisant que les policiers «ont immédiatement appelé une ambulance».
Les agents fédéraux ont «arrêté environ 200 étrangers en situation irrégulière sur les deux sites», et «ont essuyé des coups de feu» de la part d'un tireur «toujours en fuite», que le FBI recherche désormais activement, a précisé le ministère dans un communiqué séparé.
«Plus de 500 émeutiers ont tenté de perturber les opérations», a ajouté le ministère, en expliquant que les agents opéraient avec des «mandats d'arrêt». Des agents masqués en tenue anti-émeutes
Les images des médias locaux montrent des agents masqués, en tenue anti-émeutes, disperser des dizaines de protestataires avec du gaz lacrymogène, et certains manifestants jeter des projectiles sur les voitures de police.
Vendredi soir, Donald Trump a ordonné, sur sa plateforme Truth Social, à tout agent fédéral «qui serait victime de jets de pierres, de briques ou de toute autre forme d'agression, d'arrêter leur voiture et d'arrêter ces RACLURES, en utilisant tous les moyens nécessaires pour y parvenir.»
«Je ne veux plus jamais voir une voiture transportant un agent des forces de l'ordre être attaquée !», a-t-il insisté, en dénonçant «un mépris total pour la loi et l'ordre». «Il y a eu de la violence, des mauvais traitements»
Au cours de l'opération, la police a trouvé «10 enfants migrants», selon le ministère, qui estime les avoir «sauvés d'une exploitation potentielle, de travail forcé».
L'entreprise Glass House, propriétaire des deux fermes visées, a assuré dans un communiqué qu'elle «n'a jamais sciemment enfreint les pratiques d'embauche applicables et n'emploie pas, ni n'a jamais employé, de mineurs».
Sur place, Aaron Fuentes, un superviseur qui travaille pour Glass House depuis deux ans a raconté avoir vu des dizaines de fourgons de la police de l'immigration débarquer jeudi. «Ils ont identifié les personnes pour vérifier si elles avaient des papiers ou non, puis ils les ont fait monter une par une dans les camionnettes», a-t-il expliqué. «Je n'ai pas vu toute l'opération, mais il y a eu de la violence, des mauvais traitements.» «Le rêve américain n'est plus vraiment un rêve américain»
Vendredi, des dizaines de proches des travailleurs arrêtés faisaient la queue devant la ferme de Camarillo, désemparés, face à des agents de sécurité qui les laissaient rentrer sur l'exploitation pour récupérer leurs affaires et le solde de leur paie.
«Nous sommes là depuis 6 heures du matin à poser des questions et ils ne nous donnent aucune information», a confié Saul Munoz, un Colombien de 43 ans dont le fils a été arrêté hier. Ce dernier travaillait à la ferme depuis moins d'un mois.
«J'ai juste besoin de savoir comment il va, qu'on me le ramène. Si c'est notre tour, nous partirons», a soupiré Saul Munoz. «La vérité, c'est que le rêve américain n'est plus vraiment un rêve américain.» Des milliers de soldats de la Garde nationale toujours déployés dans la région
Cette descente risque de raviver les tensions, un mois après les manifestations à Los Angeles contre la politique migratoire de Donald Trump, qui ont parfois dégénéré en violences.
Des milliers de soldats de la Garde nationale sont toujours déployés dans la région, les opérations anti-migrants y sont quotidiennes et l'administration Trump conteste en justice le statut de «ville sanctuaire» de la mégapole démocrate, qui limite la coopération des forces de l'ordre locales avec la police de l'immigration. Des mesures pour éviter les contrôles au faciès à Los Angeles
Vendredi soir, une juge fédérale a ordonné à l'administration Trump de prendre des mesures pour éviter les contrôles au faciès à Los Angeles et dans six autres comtés de Californie, dont celui de Ventura.
Elle donne ainsi raison à plusieurs migrants et deux citoyens américains, et aux associations qui les ont aidés à porter plainte début juillet. Ils estimaient avoir été victimes de contrôles au faciès et dénonçaient également des obstructions pour avoir accès à un avocat en détention.
«Ce que le gouvernement fédéral voudrait faire croire à cette cour – malgré la montagne de preuves présentées dans cette affaire – c'est que rien de tout cela ne se produit réellement», a dénoncé la magistrate, Maame Ewusi-Mensah Frimpong. Newsletter
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La famille d'un ouvrier agricole blessé lors d'une descente de la police de l'immigration près de Los Angeles a dit samedi qu'il était décédé. Publié aujourd'hui à 06h51 Mis à jour il y a 8 minutes Des membres de la Garde nationale et un agent fédéral bloquent des manifestants brandissant des drapeaux mexicains lors d'une manifestation contre un raid de l'ICE dans une ferme de cannabis près de Camarillo, en Californie, le 10 juillet 2025. Getty Images via AFP Un ouvrier agricole grièvement blessé lors d'une descente de la police de l'immigration dans des fermes légales de cannabis, cette semaine près de Los Angeles, est mort, a annoncé sa famille samedi. Lors des raids de jeudi, menés dans le cadre de la campagne de répression de l'immigration illégale lancée par l'administration de Donald Trump, quelque 200 personnes avaient été arrêtées et des affrontements ont opposé agents et manifestants. La famille de l'ouvrier avait lancé une page sur la plateforme de collecte de fonds GoFundMe, pour soutenir ses proches au Mexique. Samedi, cette page a publié une mise à jour pour annoncer que l'ouvrier, Jaime Alanis, était «décédé». «Un agriculteur innocent et travailleur» Lors de l'opération de police qui a eu lieu dans le comté de Ventura, à un peu plus d'une heure de route de Los Angeles, l'homme avait été pourchassé par les agents de l'immigration, a indiqué la famille. «Mon oncle Jaime était juste un agriculteur innocent et travailleur», a écrit un membre de sa famille sur la page de collecte de fonds. «Il a été poursuivi par des agents de la police de l'immigration, et on nous a dit qu'il était tombé de 30 pieds (9 mètres)», précise-t-il en décrivant ses blessures comme «catastrophiques». L'ouvrier «n'a jamais été détenu» par les policiers, avait assuré précédemment à l'AFP Tricia McLaughlin, une porte-parole du ministère de la Sécurité intérieure. «Bien qu'il n'était pas poursuivi par les forces de l'ordre, cet homme a grimpé sur le toit d'une serre et a fait une chute de neuf mètres», a-t-elle ajouté, en précisant que les policiers «ont immédiatement appelé une ambulance». L'opération perturbée par plus de 500 «émeutiers» Selon le ministère, 200 migrants sans papiers ont été arrêtés lors des descentes dans les localités de Carpinteria et Camarillo jeudi, et 10 enfants ont été sauvés «d'une exploitation potentielle, du travail forcé et du trafic d'êtres humains». La société Glass House Brands, propriétaire des fermes, a déclaré dans un communiqué n'avoir «jamais sciemment enfreint les pratiques d'embauche applicables et ne pas employer de mineurs». Le ministère a déclaré que plus de 500 «émeutiers» avaient tenté de perturber l'opération et que quatre citoyens américains sont accusés d'avoir agressé ou résisté aux agents. Les images des médias locaux ont montré des agents de l'immigration masqués, en tenue anti-émeutes, disperser des dizaines de protestataires avec du gaz lacrymogène, et certains manifestants jeter des projectiles sur les voitures de police. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters AFP Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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Inondations au Texas – Pourquoi les catastrophes naturelles frappent-elles si durement les États-Unis? Les Américains réagissent avec bravoure aux catastrophes naturelles. Les États devraient plus investir dans la prévention. Donald Trump juge cet effort trop onéreux. Fabian Fellmann Les inondations ont détruit le «paradis»: une Texane nettoie la maison de son enfance à Hunt – et n'a pas le cœur de dire à sa mère ce qui vient de se passer (9 juillet 2025). Photo: Brandon Bell (Getty Images, AFP) Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Une vague de crue de huit mètres a fait plus de 110 morts dans le Texas Hill Country. À l'aide de canots pneumatiques, les équipes de sauvetage continuent de rechercher plus de 150 personnes disparues dans les zones inondées. Malgré le risque d'inondation bien connu dans la région, les experts critiquent l'absence de mesures de prévention, Donald Trump prévoit de réduire fortement le budget de la FEMA, agence américaine de gestion des catastrophes naturelles. Des arbres déracinés, des camping-cars écrasés et des maisons détruites: voilà ce qui reste de la région sinistrée du Texas Hill Country, ravagée par une vague dévastatrice de huit mètres de haut le Jour de l'indépendance, le 4 juillet. Le bilan est lourd: plus de 110 personnes ont perdu la vie et plus de 160 sont toujours portées disparues, avec des chances de survie pratiquement inexistantes. Cette catastrophe au Texas pourrait s'avérer être plus meurtrière que la tempête Hélène de 2024, considérée comme la troisième inondation la plus dévastatrice du millénaire aux États-Unis. Face à de telles catastrophes, les États-Unis montrent toujours leur côté héroïque. Dans le comté de Kerr, au Texas, les sauveteurs parcourent les rivières dans des bateaux pneumatiques bleus, leurs gilets jaune vif et casques rouges contrastant vivement avec les eaux boueuses. Des hommes robustes à la barbe fournie découpent les amas de bois flottants à la tronçonneuse. Pendant ce temps, des équipes à cheval, en jean, bottes de cuir et chapeau de cow-boy, inspectent méthodiquement les zones sinistrées. Vendredi dernier, le niveau de l'eau de la rivière Guadalupe a grimpé de près de huit mètres en seulement 45 minutes. Photo: Jim Vondruska (Getty Images, AFP) Les responsables politiques sont aussi présents. «Nous resterons ici jusqu'à ce que le travail soit fait», a promis le gouverneur Greg Abbott mardi, lors d'un survol de la rivière Guadalupe, où plus de 30 enfants ont trouvé la mort. «Nous devons retrouver chaque personne disparue. C'est notre priorité absolue.» Le gouverneur Greg Abbott s'entretient avec des victimes des inondations et des bénévoles à Hunt (8 juillet 2025). Photo: Brandon Bell (Getty Images, AFP) Kristi Noem, ministre de la Sécurité intérieure, s'est rendue sur place quelques heures après la catastrophe. Le sénateur Ted Cruz, fraîchement revenu de vacances en Grèce, a tenu lundi une conférence de presse pour réaffirmer son soutien aux victimes. Le président Donald Trump, lui, n'est arrivé que vendredi, une semaine après les inondations, expliquant qu'il ne voulait pas gêner les opérations de secours, se présentant en dirigeant altruiste. Face aux catastrophes, les experts appellent à renforcer la prévention Le principal problème des initiatives bien intentionnées est leur coût élevé, alors que leur efficacité reste incertaine. Mark Keim, ancien responsable au CDC, qui a travaillé durant le 11 septembre et l'ouragan Katrina, l'a rappelé lors d'un webinaire récent organisé par Logista, une entreprise spécialisée dans les logiciels de gestion des catastrophes. «Les États-Unis ont investi des milliards dans la préparation aux secours et aux opérations de sauvetage ces cinquante dernières années. Pourtant, le taux de mortalité lors des catastrophes n'a pas significativement changé», a-t-il déclaré. Selon lui, les secours disposent souvent d'une fenêtre d'une à trois heures pour intervenir efficacement; passé ce délai, la plupart des victimes décèdent. Mark Keim, aujourd'hui actif dans le comté de Fairfax, près de Washington, milite pour une politique axée sur la prévention plutôt que sur la seule intervention après catastrophe. Avant d'investir massivement dans les hélicoptères de secours et les engins de déblaiement, l'État devrait prioriser la prévention des situations d'urgence. Cette approche est également soutenue par Drew Downing, cofondateur de Logista et conseiller auprès de la FEMA ainsi que de plusieurs gouvernements locaux et étatiques. «La priorité doit être la prévention et la réduction des risques», affirme-t-il. Au Texas, les habitants assurent leur propre sécurité La zone inondée du Texas illustre parfaitement cette situation. Malgré leur équipement de pointe, les sauveteurs texans se sont retrouvés démunis face aux inondations qui ont englouti la Flash Flood Alley. Dans cette région surnommée «L'allée des crues soudaines», les pentes rocheuses et abruptes accélèrent l'eau qui se déverse violemment dans la rivière Guadalupe. Vendredi dernier, le niveau de l'eau a augmenté de près de huit mètres en à peine 45 minutes. Ce phénomène est récurrent: en 1921, plus de 200 personnes y ont perdu la vie, en 1978, on dénombrait 33 victimes, et en 1987, un bus transportant 10 adolescents a été emporté par les eaux. Les autorités locales n'ont pas réussi à mettre en place un système d'alerte. Faute d'avoir pu obtenir des subventions fédérales, elles ont ensuite jugé les coûts trop élevés. Dans ce comté de 50'000 habitants, les ressources fiscales restent limitées. Le comté de Kerr confie donc en grande partie aux citoyens la responsabilité de leur propre sécurité. Ceux-ci auraient dû recevoir, dans la nuit de vendredi, des alertes du service météorologique national sur leur téléphone portable, à condition toutefois de se trouver à portée d'une antenne – ce qui n'a rien d'évident dans les zones rurales des États-Unis. De plus, les alertes sont arrivées en pleine nuit. Des préparatifs insuffisants comme ceux du comté de Kerr, au Texas, sont susceptibles de se produire dans de nombreuses zones rurales des États-Unis. Un bénévole venu de Liberty Hill est en deuil à Hunt (9 juillet 2025). Photo: Brandon Bell (Getty Images, AFP) Bien que les services de police et de secours aient été alertés à temps, ils ont attendu plusieurs heures avant de lancer une évacuation. Les raisons de ce délai restent floues. «Nous apporterons des réponses», a assuré le shérif Larry Leitha lors d'une conférence de presse, tout en précisant que la priorité reste aux opérations de recherche. La même opacité entoure les plans d'urgence des camps de vacances, en particulier celui de Camp Mystic, devenu le symbole tragique de la catastrophe avec la mort de plus de vingt jeunes filles. Washington ne détecte pas toutes les inondations Les préparatifs insuffisants, comme ceux du comté de Kerr, sont probablement fréquents dans de nombreuses zones rurales des États-Unis. Cela explique pourquoi, dans l'un des pays les plus riches du monde, des dizaines de morts lors de tempêtes sont malheureusement réguliers. Le pays est tellement vaste qu'il est impossible d'avoir une vue d'ensemble depuis Washington. Le Waffle House Index illustre parfaitement cette réalité: cet indicateur permet d'évaluer rapidement la gravité de la situation dans les régions éloignées de la capitale. La chaîne de restaurants compte plus de 2000 établissements qui servent 24 h/24 et 365 jours par an petit-déjeuner, œufs, bacon et bien sûr gaufres. Quand une Waffle House propose son menu complet, la situation est considérée comme normale. Un menu réduit, lié à une panne de courant ou à des ruptures d'approvisionnement, fait passer l'alerte au jaune. Si les restaurants ferment complètement, le signal est rouge: la situation est grave et une aide rapide est nécessaire. En cas d'inondations, de cyclones ou de tempêtes de glace, la gestion ne relève pas de Washington. Ce sont d'abord les quelque 20'000 communes qui interviennent, suivies des plus de 3000 districts. Seulement quand ces échelons locaux sont débordés, ils sollicitent l'aide de leur État. Le niveau fédéral n'intervient qu'en tout dernier recours. «La prévention est difficile à vendre» – Trump mise sur les économies Le même principe s'applique à la prévention. Washington finance théoriquement jusqu'à 75% des coûts, mais seules les communes riches peuvent se permettre d'engager du personnel capable de gérer la lourde bureaucratie liée aux aides fédérales. «L'argent attire l'argent», observe Drew Downing. Pour les régions aisées, le système fonctionne, mais les villages ruraux et isolés sont souvent dépassés. «La prévention est difficile à vendre: personne ne fait de conférence de presse pour une catastrophe évitée», rappelle-t-il. «Dans notre système politique, tout bouge lentement, explique Drew Downing. C'est un avantage pour la démocratie, mais un défi pour la gestion des catastrophes.» Pourtant, le temps presse: les phénomènes naturels se multiplient et s'intensifient avec le changement climatique. 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L'année dernière, la FEMA a déboursé 35 milliards de dollars, un montant supérieur aux prévisions, notamment à cause de la tempête Helene qui a fortement sollicité ses ressources. Donald Trump souhaite désormais que les États assument une part plus importante des dépenses. Cette perspective inquiète même les experts en gestion de crise. «J'ai discuté avec de nombreux représentants des États et des autorités locales, et il semble qu'il y ait deux camps, explique Drew Downing. Certains avancent et prennent leurs précautions eux-mêmes. D'autres, choqués, attendent des directives de Washington qui risquent de ne pas arriver rapidement.» Dans ce contexte, de nombreuses autorités locales restent paralysées et peinent à instaurer des mesures de prévention. 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