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Festival du film: tout Locarno s'enflamme pour Kechiche

Festival du film: tout Locarno s'enflamme pour Kechiche

24 Heures2 days ago
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La présentation de «Mektoub My Love: Canto Due» a été l'événement du week-end et n'a pas déçu. Publié aujourd'hui à 21h30
Tout le casting du premier «Mektoub My Love» est à nouveau là.
DR
En bref:
Depuis ce week-end, on ne parle que de ça à Locarno. Autour de la présentation du dernier film d'Abdellatif Kechiche, «Mektoub My Love: Canto Due», la fébrilité était palpable depuis la projection de presse, évidemment bondée et soumise à embargo. Lorsque ce dernier a été levé au milieu de la nuit, on pouvait désormais tweeter sans complexe et se lâcher sur l'enthousiasme global revendiqué par tous les festivaliers, surtout les journalistes. Les gros médias français en premier, puisqu'ils avaient tous dépêché un ou des envoyés spéciaux venus au Tessin exclusivement pour voir le film de Kechiche.
Dès les premières images, la quasi-certitude que c'est gagné s'impose. On se retrouve immédiatement en territoire connu, avec les principaux personnages de «Mektoub My Love: Canto uno» , et donc de l'inédit «Mektoub My Love: Intermezzo» (qui est un intermède dans ce diptyque et non le deuxième volet d'une trilogie, précisons-le), et en présence d'un style en tous points analogues à celui des films précédents. Séquences (longues) de groupe, apparemment solaires et fluides, alternance de gros plans, instants de vie saisis sur le vif. Des envies de cinéma
On y retrouve Amin, de retour à Sète au terme de ses études à Paris, des envies de cinéma plein la tête. Et cela tombe bien, puisqu'il croise un producteur américain et sa compagne, actrice dans une série connue, venus passer quelques jours sous le soleil méditerranéen. De fil en aiguille, il lui fait lire son scénario, qui a l'heur de lui plaire, et les choses ont l'air de bien s'emmancher même si on devine que ces deux mondes sont à peu près incompatibles. Mais c'est d'ailleurs que viendra l'obstacle, qui fera que rien ne se déroulera finalement comme prévu.
«Mektoub My love: Canto Due» est en effet un peu l'envers désenchanté du fébrile et solaire premier volet de ce diptyque sublime. Mais pas seulement. L'orchestration programmée mais imprévue de la mécanique du destin qui se trouve au cœur du film va broyer ses personnages, les laisser au bord du vide et nous avec, dans un mouvement qui n'est pas sans rappeler le pendant littéraire qu'en propose Balzac dans «Splendeurs et misères des courtisanes». Le film de Kechiche monte constamment en puissance, constellé de moments incroyables, jusqu'à sa saisissante conclusion qui nous laisse à la fois sur le carreau et au comble de la frustration. S'il mérite le Léopard d'or, il doit aussi être repensé, médité à tête reposée, loin de l'effervescence festivalière qui pour l'instant brouille les pistes. Parfum de scandale
On le sait, le réalisateur a été victime d'un AVC en mars qui l'a considérablement affaibli. C'est l'une des raisons pour lesquelles il n'est pas venu présenter son film au festival. Toute son équipe, elle, a bien répondu présent. Y compris Ophélie Bau, qui fut au cœur du scandale cannois en 2019, héroïne d'une scène de sexe non simulé qui avait alors choqué la Croisette. Mais elle a refusé de revenir là-dessus, balayant de trois mots une question qui lui a été posée à ce sujet après la première projection publique. Elle n'a pas davantage commenté ses relations de travail avec Kechiche. Le cinéaste a-t-il lui-même demandé à ses comédiens de ne rien révéler de ses méthodes? C'est possible.
Ce qu'on sait, c'est que l'ensemble a été tourné en 2016, les deux premiers films comme le dernier, avec un total de mille heures de rushes dont Kechiche a dû triompher. La durée des précédents volets, à cette image, était hors-norme: trois heures pour «Canto Uno», près de quatre pour «Intermezzo», qui aurait été réduit pour une sortie désormais hypothétique, notamment à cause de droits musicaux impossibles à solder. Cet ultime opus ne dure que deux heures et quatorze minutes, soit presque un court métrage pour le cinéaste. Il conjugue drôlerie et tragédie avec une douceur mêlée de nostalgie, une fureur naturaliste endeuillée par le spectre de la mort, et c'est à couper le souffle.
À lire autour des films de Kechiche Pascal Gavillet est journaliste à la rubrique culturelle depuis 1992. Il s'occupe principalement de cinéma, mais il lui arrive aussi d'écrire sur d'autres domaines. En particulier les sciences. A ce titre, il est également mathématicien. Plus d'infos @PascalGavillet
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