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Quand Trump est accusé de « truquer » une élection

Quand Trump est accusé de « truquer » une élection

La Presse2 days ago
Manifestation contre le plan républicain de redécoupage des circonscriptions électorales devant la résidence officielle du gouverneur du Texas, lundi, à Austin
Si l'on se fie à l'histoire des élections de mi-mandat, les démocrates ont de bonnes chances de ravir aux républicains leur mince majorité à la Chambre des représentants en novembre 2026. Mais ces élections seront-elles justes et équitables ?
La question se pose avec acuité alors que les républicains du Texas cherchent à adopter une nouvelle carte électorale destinée à donner à leur parti cinq sièges de plus à la Chambre des représentants, juste à temps pour les élections de mi-mandat.
Cette démarche est hautement inhabituelle. D'ordinaire, les États redessinent leurs circonscriptions électorales après la publication des données du recensement, soit au début d'une décennie. Ainsi, le Texas a adopté une nouvelle carte électorale en 2021. Celle-ci correspondait à la croissance de sa population, qui lui conférait deux sièges de plus à la Chambre des représentants.
Mais voilà que les républicains du Texas tentent d'imposer une nouvelle carte électorale au beau milieu de la décennie, sous la pression de Donald Trump et de ses conseillers politiques. Selon le président, l'opération texane devrait inspirer d'autres États dirigés par des républicains.
Récemment, la Floride, par la voix de son gouverneur, Ron DeSantis, a indiqué qu'elle pourrait emboîter le pas au Texas, de même que le Missouri.
PHOTO EVAN VUCCI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Le président américain Donald Trump accompagné du gouverneur de la Floride, Ron DeSantis
Tout cela pour empêcher les démocrates de s'emparer de la majorité à la Chambre et d'y exercer les pouvoirs afférents, parmi lesquels se trouvent ceux d'enquêter sur le président et de lancer une procédure de destitution contre lui.
À armes égales
Mais les États rouges ne sont pas les seuls à vouloir imiter le Texas. Certains États bleus, comme la Californie, New York et l'Illinois, ont signalé leur refus de baisser les bras pendant que Donald Trump et ses alliés républicains « truquent le jeu », pour reprendre les mots de Gavin Newsom, gouverneur du Golden State.
Et se profile ainsi à l'horizon une « guerre totale » autour des cartes électorales, pour citer les mots d'une représentante démocrate du Texas. Guerre où certains États bleus qui ont adopté des réformes pour dépolitiser le découpage électoral promettent de s'en affranchir, du moins le temps d'un cycle électoral. Leur but : lutter à armes égales avec le Texas, la Floride et les autres États rouges qui pratiquent le « gerrymandering », ou le charcutage des circonscriptions électorales à des fins partisanes.
Et tant pis pour la polarisation politique qu'une telle tactique ne manquerait pas d'accentuer.
« Si les républicains sont prêts à réécrire ces règles pour se donner un avantage, ils ne nous laissent pas le choix ; nous devons faire de même », a déclaré lundi la gouverneure démocrate de New York, Kathy Hochul, qui a également utilisé le mot « guerre » pour décrire la situation.
Plus facile à dire qu'à faire. Pour redessiner une nouvelle carte électorale à l'avantage des démocrates, la gouverneure de New York devra modifier la constitution de cet État, qui confie à une commission indépendante la responsabilité de redessiner les circonscriptions électorales de l'Empire State, une fois tous les dix ans.
En Californie, le gouverneur Newsom préconise une autre approche. Il projette d'en appeler directement aux électeurs à l'occasion d'un référendum qui serait tenu en novembre prochain. Suivant ce scénario, il reviendrait aux électeurs de décider de contourner ou non la commission indépendante de l'État chargée de redessiner les circonscriptions électorales.
« Nous nous adresserons aux citoyens de cet État de manière transparente et nous leur demanderons de prendre en compte les nouvelles circonstances, de prendre en compte ces nouvelles réalités », a déclaré le gouverneur Newsom la semaine dernière. « Cela ne se fera pas en catimini. Cela ne sera pas fait par les membres d'un groupe ou d'un organisme privé. [La nouvelle carte] sera soumise à l'examen des électeurs de manière très transparente, afin qu'ils sachent exactement ce qu'ils font et qu'ils puissent revenir en 2030 à la forme originale, avec un redécoupage indépendant intact. »
PHOTO RICH PEDRONCELLI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom
La nouvelle carte électorale envisagée par le gouverneur Newsom pourrait donner cinq sièges de plus aux démocrates à la Chambre des représentants.
Des départs pour éviter un vote
Le processus est moins compliqué au Texas. Dans cet État, le parti majoritaire au Parlement se charge de redessiner les circonscriptions électorales de l'État. Résultat : avant même la controverse actuelle, la carte électorale du Texas offrait un bel exemple des conséquences du charcutage électoral.
En 2024, Donald Trump a remporté 56,2 % des voix au Texas. Or, grâce à la carte électorale en vigueur lors de ce scrutin, les républicains ont remporté 66 % des 38 sièges du Texas à la Chambre des représentants. La nouvelle carte électorale vise à porter cette part à 79 %.
Encore faut-il que cette nouvelle carte soit soumise à un vote dans les deux chambres du Parlement texan. Or, des dizaines de représentants démocrates de la Chambre du Texas ont quitté l'État dimanche, privant la majorité républicaine du quorum nécessaire à la tenue d'un vote sur les nouvelles circonscriptions.
Menacés d'être arrêtés ou destitués par le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbot, la plupart de ces représentants démocrates ont trouvé refuge dans l'Illinois. En attendant leur retour inévitable au Texas, le gouverneur démocrate de cet État, JB Pritzker, les a accueillis à bras ouverts, en leur promettant de combattre le feu par le feu.
PHOTO RODOLFO GONZALEZ, ASSOCIATED PRESS
Plusieurs fauteuils de la Chambre du Texas, appartenant aux démocrates, sont inoccupés mardi, à Austin, lors d'une convocation au Capitole de l'État.
« Trump a imaginé un nouveau stratagème pour truquer le système en faisant passer un plan de redécoupage corrompu au milieu de la décennie qui volerait cinq sièges au Congrès, réduisant au silence des millions d'électeurs, en particulier les Noirs et les Latinos », s'est indigné dimanche le gouverneur Pritzker.
L'ironie veut que l'Illinois soit l'un des États dirigés par des démocrates qui pratiquent également le charcutage électoral. À sa décharge, le pays de Lincoln ne l'a jamais fait deux fois au cours de la même décennie.
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