Bonne humeur et management participatif : une journée dans l'intimité de l'équipe Picnic-PostNL sur le Tour
Les coureurs peuvent encore traîner au lit quand la journée de leur équipe est bien entamée : il est 8 h 20, Jelte finit de préparer leur petit déjeuner dans son camion. À côté d'une balance, le cuistot de Picnic-PostNL dispose des barquettes personnalisées avec une grosse plâtrée de riz au lait, des petits pots de marmelade et de beurre de cacahuète, et même du ketchup. C'est aussi Jelte qui fait le pain.
L'idée est d'être indépendant, d'avoir la main sur l'hygiène et la fraîcheur des produits. « Ce soir, c'est sushis », annonce-t-il en surveillant ses omelettes, ce qui commence à faire beaucoup. Mais ses clients mangent énormément, plus qu'avant. Narelle Neumann épluche les datas pour s'adapter quotidiennement aux besoins de chacun et transmettre les consignes à Jelte : « On prend tout en compte, y compris le goût pour qu'il n'y ait pas de lassitude. »
Derrière la directrice de la performance, un amas d'oreillers et de matelas, étiquetés avec le prénom des coureurs, attend dans le hall d'être transférés vers le prochain hôtel. La patronne de l'établissement caennais regarde sereinement ce manège : l'équipe se charge de remettre la literie d'origine.
Il est 9 heures, Warren Barguil et ses copains débarquent dans la grande salle de petit déjeuner, partagée avec EF Education-EasyPost et Alpecin-Deceuninck, sans se mélanger. Le départ pour Bayeux est fixé à 9 h 50 mais le car s'élance en avance. Personne n'est jamais en retard.
Avant le départ, mise au point et concentration
Le car ouvre la route du cortège, qui participe aux bouchons avec ses vingt-deux personnes pour accompagner l'équipe. Dans l'une des voitures, le médecin s'entretient avec un coureur absent du Tour. À côté de lui, Teun est un soigneur néerlandais en infériorité numérique, au milieu des sept Français de l'encadrement. « Aujourd'hui, on est dans l'échappée. Sinon, pas de bidon ! », plaisante-t-il, et le briefing sera aussi léger. L'accès à Bayeux est compliqué et la réunion débute sur la route, avec les bruits de la caravane qui percent les rideaux tirés.
Leader de 22 ans, Oscar Onley explique comment il préfère être protégé, avec des équipiers derrière lui pour éloigner les contacts. Comme il en faut aussi devant pour l'abriter, une bulle est construite autour de l'Écossais, qui a déjà des fans sur le Tour. Le directeur sportif Matt Winston évoque avec émotion ce soutien populaire, et son groupe le chambre. Les rires fusent, mais tout le monde redevient sérieux pour disséquer le parcours.
« J'aime fonctionner en les faisant participer, confie Winston. Tous les soirs, j'ai des discussions individuelles avec eux, et je ne veux jamais faire de monologue. Je veux qu'on y arrive ensemble, dans une bonne atmosphère, car on peut s'amuser au travail. » Cela n'empêche pas d'être sérieux : plusieurs coureurs s'expriment pour évoquer un point particulier ou des concurrents à surveiller, et Frank Van den Broeck déroule une connaissance parfaite des 80 premiers kilomètres. Avec Sean Flynn, il est chargé de prendre l'échappée.
Pendant la course, le coup est parti sans eux
Directeur sportif dans la deuxième voiture, Christian Guiberteau démarre alors que l'équipe finit de s'habiller en musique dans le car. Avec Kévin, mécanicien français lui aussi, ils doivent attendre le peloton au kilomètre 39 pour donner des bidons. Mais il est impossible de se garer et il faut rouler encore, avant de marcher pour dénicher un lieu sûr, où les coureurs ne débouleront pas trop vite. Las, c'est à cet endroit que Julian Alaphilippe accélère, Wout Van Aert dans sa roue. Passer un bidon devient périlleux, mais Kévin vide sa musette.
Guiberteau transmet les informations dans le groupe WhatsApp du staff, consulte ses tablettes tout en manoeuvrant sur les routes étroites : « Si on est dans l'échappée, ça va être compliqué de remonter le peloton. » La bataille fait rage justement, « un carnage » comme il le dit, mais il va rester derrière le gruppetto qui s'est formé. Encouragé à l'oreillette par Winston, Van den Broecke a tenté et Barguil s'est également retrouvé à l'avant, mais le coup est parti sans eux.
La journée est dure et les voitures de l'arrière sont solidaires : quand Clément Russo se retrouve sans voiture Groupama-FDJ pour le dépanner, c'est Cofidis qui s'y colle et c'est Guiberteau qui donne des nouvelles par téléphone au directeur sportif du Français. Et quand Cofidis file devant pour assister un autre groupe, Guiberteau surveille les maillots rouges au cas où.
Après l'arrivée, pas de regrets
À l'aise dans la montée finale, Onley a pris la cinquième place du peloton. Guiberteau est arrivé vingt minutes plus tard, sans frayeur car les délais avaient vite été étudiés. Sans regret non plus. « Ils n'étaient que huit devant, et quand on voit les noms, on comprend que c'est vraiment parti en costaud. Il n'y a pas d'erreur tactique, souffle le DS, dont le travail a été révolutionné depuis vingt ans. Les staffs sont plus grands. On fonctionnait en duo de DS, quand on fait maintenant remonter les infos à des experts. Il y a plus de science, tout est plus structuré, plus pointu. » Mais il se refuse à voir les coureurs comme des marionnettes téléguidées : « Notre culture est participative. Chez les jeunes, on n'utilise pas les oreillettes, c'est un moyen de les éduquer et de les impliquer à 100 %. »
Barguil a ainsi quelques raisons de garder le sourire après encore une heure de route pour rejoindre un nouvel hôtel, ou plutôt des bungalows près du mont Saint-Michel. « On est l'équipe où il y a le moins de pression de la direction sportive, mais on veut bien faire, apprécie le grimpeur, allongé sur son lit. Le soir, au lieu d'être sur Twitter, Instagram ou Facebook à regarder des conneries, on étudie le parcours nous-mêmes et on est impliqués sur chaque détail, c'est la différence avec les autres. On fait de sacrées blagues aussi. » Et ce n'est pas fini.
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