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« Ça fait des années que je m'y prépare »

« Ça fait des années que je m'y prépare »

La Presse2 days ago
Cet été, nos chroniqueurs tendent la main à des artistes, à des politiciens et à des gens d'affaires qui se trouvent à un tournant de leur carrière. Vincent Brousseau-Pouliot a rencontré le PDG sortant de Desjardins, Guy Cormier, qui s'apprête à passer le flambeau après près de 10 ans.
« Quelle est la probabilité que je me retrouve une job aussi stimulante ? », se demande Guy Cormier.
Pas très élevée.
C'est que Guy Cormier occupe depuis près de 10 ans son emploi de rêve : président et chef de la direction du Mouvement Desjardins. L'institution financière la plus importante du Québec. Le plus grand employeur privé de la province.
Début septembre, celui qui a passé toute sa vie professionnelle chez Desjardins cédera les rênes de la coopérative à son successeur Denis Dubois. Il y restera comme conseiller jusqu'en mars.
Après ? Il n'en sait rien, jure-t-il.
« Je ne cherche pas une nouvelle job de rêve. Ça fait des années que je m'y prépare, que je me dis : 'Guy, reste calme, respire, ne cherche pas à avoir quelque chose de toujours plus gros.' »
Si j'ai voulu rencontrer Guy Cormier pour cette série, c'est pour tenter de comprendre ce qui se passe dans la tête d'une personne qui quitte un emploi qu'il adore à un âge relativement jeune. Que ce soit parce qu'il a besoin de nouveaux défis ou parce qu'il y est forcé, comme M. Cormier.
Bref, que fait-on pour rester motivé, pour continuer de contribuer à la société, en sachant que le plus bel emploi de notre vie est probablement derrière nous ?
Dès son élection à la tête de Desjardins en mars 2016, Guy Cormier savait à quoi s'attendre. Au sein de la coopérative, les PDG ne sont jamais en poste plus de huit ans (deux mandats de quatre ans). Exceptionnellement, son second mandat a été prolongé de deux ans pour achever la réforme de la gouvernance.
Le voici maintenant au bout du chemin chez Desjardins, son seul employeur depuis la fin de ses études en finance à HEC Montréal. Il a commencé comme caissier en 1992.
Il vient d'avoir 56 ans. Il est libre de faire ce qu'il veut.
« Beaucoup de gens m'ont dit : 'Guy, prends du temps, prends du recul, dépêche-toi pas à sauter dans le prochain wagon de l'aventure excitante et stimulante, regarde ce que tu as le goût de faire.' »
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
Guy Cormier
Je ne sais pas ce que je vais faire, et je ne veux pas le savoir actuellement ! J'ai juste le goût de réfléchir, de retourner dans mes terres avec mes enfants.
Guy Cormier
Il a établi les trois critères de son – ou ses – prochain défi professionnel. Travailler avec les bonnes personnes. Être au Québec. Sortir de sa zone de confort.
« J'ai le goût d'aider, d'avoir du fun avec le monde, d'aider des projets à grandir, dit-il. Depuis deux ans, je donne des 24 heures de formation à l'École d'entrepreneurship. Je sens que j'ai de l'impact chez ces présidents d'entreprise. J'ai le goût de pouvoir redonner au Québec mon expérience acquise au Québec. J'aimerais aussi oser aller dans des zones où j'apprends encore, sortir de ma zone de confort. À 56 ans, je suis convaincu que j'ai encore plein d'affaires à apprendre. »
Avec son CV, Guy Cormier se fera sans doute offrir des postes au sein de C.A. de grandes entreprises inscrites en Bourse. Le milieu du capital de risque et de l'investissement cognera sans doute à sa porte.
Il a aussi reçu plusieurs offres d'un autre milieu qu'il connaît moins, mais qui l'intrigue visiblement : la politique.
Futur politicien ?
C'est un secret de Polichinelle : le monde politique s'intéresse à Guy Cormier. Son CV économique est impressionnant, il est bon communicateur et a l'expérience des médias. En retour, Guy Cormier aime le Québec et les politiques publiques. Généralement, ce genre d'histoire finit un jour ou l'autre par un saut en politique…
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Guy Cormier
Est-ce que les politiques publiques et les enjeux de société m'intéressent ? La réponse, c'est oui. Faire de la politique aujourd'hui ? La réponse, c'est non. J'ai plus besoin de me reposer.
Guy Cormier
Pourrait-il être sur les rangs comme candidat à l'élection provinciale de l'automne 2026 ? « Ça me surprendrait beaucoup, dit-il. Ça vient pas mal trop vite si je suis conséquent avec le fait que je veux prendre du recul. Je terminerai mon emploi chez Desjardins en mars 2026, je ne commencerai pas à sortir faire de la politique pour la campagne de 2026. »
Par le passé, des partis politiques l'ont déjà pressenti, au provincial comme au fédéral. Il se fait avare de détails, mais dit toutefois avoir assez de doigts dans une main pour compter le nombre de fois où on a pris contact avec lui. Donc moins de cinq fois. Sa réponse a toujours été la même : non. « J'ai une job, j'aime ma job, je veux bien terminer chez Desjardins », dit-il.
Le mythe du PDG irremplaçable
Guy Cormier est d'accord avec la politique de son employeur qui le force à se retirer après deux mandats. Une telle politique permet aux organisations de se renouveler, d'avoir de nouvelles idées.
PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
Guy Cormier
Quand tu as donné 10 ans, que tu en es à ta troisième ou quatrième planification stratégique, tes idées, tu les as mises sur la table. C'est sain de passer le flambeau à quelqu'un d'autre qui va arriver avec d'autres perspectives, d'autres points de vue. Avec les années, il y a une usure naturelle qui se crée.
Guy Cormier
Le mythe du PDG irremplaçable et indispensable, très peu pour lui.
« Être un président d'entreprise, ce n'est pas un one man show. Tu as une équipe. Chez Desjardins, c'était mon équipe de direction, les 55 000 employés, les 2300 administrateurs de caisses. On a tellement de dossiers, et les dossiers sont tellement complexes… une chance que j'ai eu tous ces gens-là autour de moi. Cette philosophie du président vedette, c'est exagéré. »
En 10 ans, son équipe et lui n'ont pas manqué de défis chez Desjardins, qui fait affaire avec un Québécois sur deux. Le plus difficile, à son avis ? La pandémie. « Tout d'un coup, lundi matin, 55 000 employés n'avaient pas le droit de rentrer au bureau, mais les gens avaient besoin d'hypothèques, continuaient d'aller chez le notaire pour acheter des maisons. On fait comment ? Il n'y avait pas de recette. »
Il y a aussi eu, en 2019, le vol massif de données chez Desjardins, qui a touché 9,7 millions d'individus et d'entreprises. « Je ne remercierai jamais assez nos membres d'avoir maintenu leur confiance en nous, dit Guy Cormier. On a géré [ce dossier], on a pris nos responsabilités, on a appris. On a malheureusement vu [ensuite] que c'est un fléau dans plein d'entreprises. »
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE
Guy Cormier
Être travaillant et autonome
Guy Cormier calcule qu'il lui reste une vingtaine d'années actives sur le marché du travail. Il ne les passera pas à se la couler douce dans le Sud, comme dans une vieille pub de Liberté 55. Il n'a pas été élevé ainsi.
« Mes parents étaient des travaillants, dit-il. Ma mère était couturière à la maison, mon père électricien, il a construit lui-même sa maison. Le travail était une valeur importante. Travaille, prends tes décisions, prends tes responsabilités, sois autonome. »
C'est justement pour développer son autonomie financière qu'il a choisi d'étudier à HEC Montréal à 19 ans. « La dimension financière est importante dans la vie quand on veut être autonome », dit-il.
C'est drôle, la vie, quand même.
Alors qu'il est devant un nouveau croisement professionnel, à se demander quel chemin prendre, il repense souvent à l'époque du cégep, où il devait choisir ce qu'il voulait faire dans la vie.
« Je me sens comme quand j'avais 18 ans, quand je ne savais pas trop ce que je ferais de ma vie. Je suis excité comme à cette époque. »
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Les bonnes habitudes financières pour éviter l'endettement
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time5 hours ago

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Une nouvelle liberté et un avant-goût de la vie adulte attendent de nombreux jeunes adultes qui entament des études postsecondaires cet automne. Ritika Dubey La Presse Canadienne Cette indépendance s'accompagne cependant de responsabilités : assister aux cours et étudier tout en entretenant une vie sociale et en se ménageant du temps pour les tâches ménagères, les repas et peut-être même un emploi à temps partiel, tout en veillant à ne pas laisser les dettes s'accumuler. « À 18 ans, beaucoup de choses changent financièrement », explique Shannon Lee Simmons, planificatrice financière agréée et fondatrice de la New School of Finance. Les étudiants qui entrent dans les études postsecondaires pourraient vouloir demander des cartes de crédit, ouvrir un compte chèques et se retrouveront probablement désormais responsables des dépenses quotidiennes. « Les enjeux financiers sont importants et la première fois que vous le faites, tout cela se produit simultanément », ajoute l'experte. Plusieurs études ont mis en évidence les difficultés financières des étudiants de l'enseignement postsecondaire au fil des ans, alors que les frais de scolarité, des livres et des repas ont augmenté, ajoutant du stress à la liste déjà longue des préoccupations des jeunes adultes. Un sondage de l'Alliance canadienne des associations étudiantes (ACAÉ) de 2024 révèle que plus des deux tiers des étudiants prévoient obtenir leur diplôme avec des dettes. Le rapport indique également que le coût de la vie annuel moyen des étudiants s'élève à 28 731,60 $. Les experts affirment qu'il est important d'adopter des habitudes financières dès le plus jeune âge pour gérer efficacement ses finances. « C'est le moment de la vie où l'on prend ses habitudes », indique Bruce Sellery, président et chef de la direction de Crédit Canada, un organisme sans but lucratif de conseil en crédit. Selon lui, les étudiants doivent adopter un état d'esprit positif avant d'entrer à l'université. « Voici la règle : vivez selon vos moyens. Si vous n'avez pas d'argent, ne le dépensez pas, conseille M. Sellery. C'est une habitude. C'est une compétence. C'est une valeur. Cela vous servira toute votre vie. » Penser à un plan financier Avant la rentrée scolaire, Mme Simmons suggère d'établir un plan financier sur 12 mois incluant les revenus d'un régime enregistré d'épargne-études, d'un emploi éventuel ou d'un prêt étudiant, en tenant compte d'une liste de dépenses, telles que les frais de scolarité, les livres, le transport et le loyer. Voyez ensuite si vous pouvez vivre avec ce qui reste. « Avec les études, les ressources sont limitées et les dépenses sont nombreuses, souligne-t-elle. Il faut donc composer avec ce qui reste à la fin. » Stacy Yanchuk Oleksy, PDG de Money Mentors, affirme que les étudiants qui contractent des dettes étudiantes doivent d'abord savoir pourquoi ils en ont besoin. Elle encourage les étudiants à n'emprunter que le montant nécessaire, plutôt que le montant maximum qu'ils peuvent obtenir. « Plus on vous prête, plus vous devez rembourser », rappelle-t-elle. Elle ajoute que les étudiants doivent également comprendre les conditions de leur prêt, comme le taux d'intérêt et les échéances de remboursement, avant de signer un contrat. M. Sellery suggère aux étudiants de suivre un plan de dépenses durable, qui implique d'analyser, de réfléchir et de modifier leur budget si nécessaire. L'analyse est assez simple pour les élèves. Il s'agit d'un simple tableau de flux de trésorerie avec les revenus et les dépenses, permettant de déterminer s'il y a un excédent ou si les dépenses sont supérieures aux ressources. « Si vous êtes en déficit, vous devez réfléchir à des moyens de le combler », mentionne M. Sellery, en réfléchissant à des moyens de réduire vos dépenses ou d'augmenter vos revenus. Cela peut consister à supprimer les plats à emporter, à trouver un emploi à temps partiel ou à demander à vos parents de contribuer, par exemple. Ensuite, engagez-vous à mettre en œuvre ce changement, soutient M. Sellery. « Il faut choisir deux ou trois choses : 'Je vais trouver un emploi à temps partiel et je vais supprimer Uber Eats de mon téléphone', car si vous essayez de gérer dix choses, vous échouerez », précise-t-il. Une fois l'année scolaire commencée, Mme Simmons insiste sur l'importance de faire des points quotidiens pour prendre de bonnes habitudes financières. « Beaucoup de jeunes ne savent pas encore combien cela coûte, car ils ont vécu chez leurs parents et n'ont donc pas eu à acheter leur propre shampoing », explique-t-elle. Mme Simmons précise qu'elle ne prône généralement pas le suivi des dépenses quotidiennes, car cela peut être très contraignant, mais ses conseils sont différents pour les jeunes. « Avec cette cohorte spécifique, vivre pour la première fois seul sans vraiment savoir combien cela coûte est en réalité une expérience d'apprentissage », soutient-elle.

Une retraite sans fonds de pension, est-ce possible ?
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La Presse

time2 days ago

  • La Presse

Une retraite sans fonds de pension, est-ce possible ?

Rose-Marie* peut-elle prendre sa retraite à 70 ans sans fonds de pension et en gardant son nouveau duplex ? Une retraite sans fonds de pension, est-ce possible ? Rose-Marie* ne cherche pas la « liberté 55 », mais si possible à 70 ans. Pourra-t-elle y arriver sans fonds de pension et en gardant son nouveau duplex ? La situation « J'aimerais vous soumettre le cas de ma sœur Rose-Marie*, qui aura 67 ans cette année », nous écrivait Yvonne* en juin dernier. Les femmes de la famille ont l'habitude de s'entraider. Après avoir travaillé toute sa vie dans le milieu communautaire en élevant seule ses deux enfants, Rose-Marie habitait avec sa mère, dont elle était proche aidante. « Ma mère souffre depuis deux ans d'un trouble neurocognitif cérébro-vasculaire et nous sommes en lien avec un travailleur social pour lui trouver une place en CHSLD », expliquait Yvonne. Entre-temps, une place s'est libérée. Sa mère vient de déménager dans un CHSLD. Rose-Marie habitait donc avec sa mère au rez-de-chaussée d'un duplex qu'elle avait acheté en 2021 grâce à un prêt de ses enfants pour la mise de fonds. Sa mère lui versait 800 $ par mois pour l'épicerie et le loyer, ce qui l'aidait à rembourser le prêt hypothécaire. L'appartement à l'étage est loué. Ses revenus locatifs s'élèvent à 11 848 $. Depuis l'achat de la propriété, des travaux à hauteur de 50 000 $ ont été effectués. Jusqu'en 2028, son taux hypothécaire est fixé à 1,79 % et son prêt s'élève à 331 000 $. Sans régime de retraite d'employeur ni REER, Rose-Marie souhaiterait quand même prendre sa retraite complète à la fin de 2028, à 70 ans. Elle demanderait alors la prestation de la Sécurité de la vieillesse (SV) et la rente du Régime de rentes du Québec (RRQ). Son CELI pourra aussi l'aider. Or, Yvonne, qui ne veut que le mieux pour sa sœur, est préoccupée. « A-t-elle les moyens de garder le duplex après sa retraite ? s'inquiète-t-elle. D'autres scénarios seraient-ils préférables ? Pourra-t-elle bénéficier du Supplément de revenu garanti ? » Les chiffres Rose-Marie*, 67 ans Salaire : 85 000 $ Fonds de pension d'employeur : aucun Rente du RRQ estimée : 1189 $/mois Pension de la SV estimée : 9880 $/an REER : 0 $ CELI : 62 300 $ Droits CELI non utilisés : 87 979 $ Placements non enregistrés : 0 $ Prêt hypothécaire : 331 000 $ Valeur de la propriété : 423 000 $ Revenus locatifs : 11 848 $ (2025) Coût de vie à la retraite désiré : 38 000 $ net Les conseils Francis Sabourin, planificateur financier, gestionnaire de portefeuille principal, conseiller en placement principal chez Francis Sabourin Gestion de patrimoine (Patrimoine Richardson), et son collègue Stéphane Rivest, planificateur financier, conseiller en placement adjoint, ont fait l'analyse du dossier. « Ce n'est pas facile pour elle d'arriver avec ses avoirs », lance d'entrée de jeu Francis Sabourin. PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE Stéphane Rivest et Francis Sabourin, de Francis Sabourin Gestion de patrimoine Les deux planificateurs financiers ont comparé quelques scénarios afin de vérifier s'il sera possible de soutenir le coût de vie espéré de Rose-Marie à 70 ans. Elle aura la rente de retraite du Régime de rentes du Québec (RRQ) et la pension de la Sécurité de la vieillesse (SV), qui lui donneront environ 24 000 $ par année et qui seront indexées. Pour qu'elle ait droit au Supplément de revenu garanti, le revenu d'une personne célibataire doit être inférieur à 22 272 $. Rose-Marie l'aura dépassé. En ajoutant les revenus de location du logement de son duplex de 11 848 $, elle aura environ 35 000 $. Elle pourra réclamer des dépenses relatives à ce logement loué lors de ses déclarations de revenus, comme une partie des taxes, des intérêts du prêt hypothécaire, des assurances et de l'entretien. Ce qui ramènera ses revenus déclarés à environ 31 000 $. Dans le but d'atteindre les 38 000 $ nets de revenus espérés, les planificateurs ont prévu un décaissement du CELI de 4000 $ chaque année. Ils ont prévu les rendements du CELI à 3 %. À 92 ans, le CELI sera vide. Est-ce que les 38 000 $ seront suffisants ? « Quelqu'un qui gagne 85 000 $ brut obtient environ 59 000 $ net, explique Stéphane Rivest. Mais elle envisage de vivre avec 38 000 $. » Ce qui amène les planificateurs financiers à lui conseiller de faire ce qu'ils recommandent à tous leurs clients : un test de deux ans. Rose-Marie doit vérifier cette année et l'an prochain si elle est en mesure de vivre avec 38 000 $ net, car elle n'a plus l'aide de sa mère ni le crédit d'impôt de proche aidante. « Si elle est capable de payer son épicerie, son hypothèque et ses autres choses, c'est correct, elle le sera après. Il y a beaucoup de personnes au Québec avec des revenus comme ça », soutient Stéphane Rivest. Vendre le duplex et devenir locataire ? Quand Rose-Marie renouvellera son prêt hypothécaire en 2028, elle risque de se retrouver face à des taux d'intérêt plus élevés que ce qu'elle paye actuellement (1,79 %). Avec un taux autour de 4 % en 2028, ses paiements seront de 1747 $ par mois, calcule Stéphane Rivest. « Si elle dit : je vais vendre le duplex parce que je n'ai pas assez d'argent, elle devra quand même se reloger et payer un loyer, indique le planificateur. Elle sera peut-être dans un logement qu'elle n'aime pas, alors que si elle a acheté le duplex, peut-être qu'elle l'aime. » Une des solutions possibles serait qu'elle devienne « locataire » de son duplex, suggère-t-il. Si elle n'en a pas encore, Rose-Marie devra se munir d'une marge de crédit hypothécaire. « La manière dont ça fonctionne, explique Stéphane Rivest, c'est que chaque fois qu'elle fera son paiement mensuel de 1747 $, il y aura 1103 $ d'intérêts et 643 $ de remboursement de capital. » Chaque mois, elle pourra aller chercher les 643 $ de capital. Si elle n'en a pas besoin, elle ne les prend pas. Mais c'est une possibilité de lui donner de l'argent qui n'est pas imposable, parce qu'une dette, ce n'est pas imposable. Stéphane Rivest, planificateur financier et conseiller en placement adjoint Si Rose-Marie décidait de prendre les 643 $ chaque mois, elle aurait toujours une dette de 331 000 $, mais son immeuble continuerait de prendre de la valeur au fil des ans. « La marge de crédit sur laquelle elle emprunte le montant de son capital chaque mois, le 643 $, a cependant un taux d'intérêt plus élevé à 5,45 %, poursuit le planificateur. Il y a un 3 $ par mois qui s'ajouterait au paiement mensuel de 1747 $. » Une solution, le REER ? Que se passerait-il si Rose-Marie utilisait son CELI pour cotiser à un REER ? Elle pourrait sortir 20 000 $ du CELI en décembre 2025, par exemple, et le mettre tout de suite dans un REER. Elle utiliserait ensuite le remboursement d'impôt de 7000 $ pour regarnir son CELI, qui pourra croître à l'abri de l'impôt. Quand on met 1000 $, on reçoit 360 $. La réalité, c'est que les gens vont partir en voyage avec l'argent, mais la stratégie est de le mettre dans le CELI. Stéphane Rivest, planificateur financier et conseiller en placement adjoint Comme ses revenus à la retraite seront assurément moins élevés qu'actuellement, ses retraits de REER seront imposés à un taux plus faible. Dans ce scénario, le planificateur a utilisé des rendements des REER et CELI de 5 %. Résultat ? Avec cette stratégie, Rose-Marie pourrait augmenter ses liquidités d'environ 1000 $ par année entre l'âge de 70 ans et de 80 ans. Elle décaisserait alors 2000 $ par année de REER transformé en FERR à 71 ans. Le 2000 $ de retrait FEER n'est pas comme un retrait CELI, il augmente le revenu imposable. Elle aura droit au crédit d'impôt pour revenu de pension du fédéral (2000 $ x 15 % = 300 $) et au crédit d'impôt pour soutien aux aînés du provincial de 2000 $ dans le cas d'une personne célibataire. Toutefois, avant de faire le retrait du FEER, Stéphane Rivest conseille fortement à Rose-Marie de calculer son revenu imposable afin de ne pas dépasser 27 065 $. Sinon, le crédit d'impôt pour soutien aux aînés du provincial est réduit de 5,31 % de la partie du revenu qui dépasse. À 64 731 $, le crédit d'impôt est supprimé. * Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, les prénoms utilisés sont fictifs.

Prévoir l'après-remboursement
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La Presse

time2 days ago

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Prévoir l'après-remboursement

Les experts recommandent de revoir votre plan financier avant de contracter un prêt hypothécaire afin de vous assurer d'être sur la bonne voie pour atteindre vos objectifs. L'acquisition d'une résidence est l'achat le plus important que la plupart des Canadiens feront dans leur vie, et le fait d'avoir enfin complètement remboursé son prêt hypothécaire peut être un tournant décisif. Craig Wong La Presse Canadienne Cependant, avant que la tentation de s'offrir une voiture neuve coûteuse ou des vacances de luxe ne s'installe, les experts recommandent de revoir votre plan financier pour ce prochain chapitre afin de vous assurer d'être sur la bonne voie pour atteindre vos objectifs. Nancie Taylor, conseillère en placement chez Meridian Credit Union à Fonthill, en Ontario, affirme que le fait d'avoir remboursé votre prêt hypothécaire ouvre toutes sortes de perspectives. « Mon travail n'est pas de leur dire : 'Vous devriez faire ceci ou cela' », rapporte-t-elle à propos de ses clients. « Il s'agit plutôt de se demander : 'Voici à quoi votre situation ressemble aujourd'hui. Alors, où voulez-vous aller demain ?' Et c'est intéressant de voir où mène la conversation. » Pour certains, cela peut être une retraite anticipée, pour d'autres, davantage de voyages ou de l'aide financière à leurs enfants ou petits-enfants. Mais si le paiement hypothécaire peut représenter la majeure partie du coût d'un logement, ce n'est pas la seule dépense. Mme Taylor conseille donc de commencer par évaluer le montant des liquidités ainsi libérées. « Souvent, les impôts fonciers et l'assurance vie sont plus ou moins inclus dans le paiement », explique Mme Taylor, ce qui signifie que les économies mensuelles peuvent être inférieures à ce que vous pensiez. De plus, les services publics et les frais d'entretien peuvent s'accumuler. Les appareils électroménagers tombent en panne ou s'usent, et des éléments comme la toiture et les fenêtres doivent être remplacés périodiquement, sans parler de tout désir de moderniser votre salle de bain ou votre cuisine. Régler les dettes et cotiser Nancie Taylor précise que, si vous avez d'autres dettes, en particulier des dettes à taux d'intérêt élevé, comme les soldes de cartes de crédit, il est temps de les régler grâce à vos liquidités supplémentaires. Si vous avez négligé vos cotisations à un REER, un CELI ou un REEE, c'est aussi le moment de rattraper votre retard. « Si vous n'avez pas atteint le plafond de vos REER chaque année et que vous disposez d'une marge de report importante, réaffecter une partie de ces liquidités vous permettra en fait d'avoir plus d'argent dans vos poches dès aujourd'hui », indique-t-elle. Le fait d'avoir remboursé votre prêt hypothécaire peut également être l'occasion de revoir d'autres aspects de votre plan financier, comme votre assurance vie, afin de vous assurer que votre couverture est toujours adéquate, maintenant que vos dettes ont été réglées. « Si vous n'avez plus de dettes, vous êtes peut-être surassuré. C'est donc le moment idéal pour en prendre conscience et peut-être commencer à envisager d'autres types d'assurance, comme une assurance soins de longue durée », précise Mme Taylor. La fin de votre prêt hypothécaire est aussi un bon moment pour revoir votre testament et votre planification successorale afin de vous assurer que tout est à jour maintenant que votre dette la plus importante est remboursée. Sumaiya Bhula, gestionnaire principale à la TD, soutient qu'il n'existe pas de solution universelle ; il est donc important d'élaborer un plan qui vous convient à ce moment crucial. En réalité, si vous souhaitez continuer à accroître votre portefeuille et votre patrimoine, vous devez examiner vos objectifs à long terme de manière globale. Sumaiya Bhula, gestionnaire principale à la TD « C'est là que la planification entre en jeu : vous analysez vos flux de trésorerie, les affectations à effectuer et le montant restant pour X, Y et Z », précise Mme Bhula. Nancie Taylor affirme qu'il est essentiel d'avoir un plan financier, car vous ne voulez pas manquer l'occasion d'utiliser ces flux de trésorerie supplémentaires pour vous rapprocher de vos objectifs financiers. « Je pense que la cinquantaine est l'âge crucial où il faut s'assurer de réaffecter cet argent au maximum de ses possibilités », conclut-elle.

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