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La marque controversée Shein de retour en ville

La marque controversée Shein de retour en ville

La Presse31-07-2025
La boutique éphémère de Shein rue Stanley, dans le centre-ville de Montréal, a attiré de nombreux clients, mercredi.
Shein est de retour à Montréal avec une boutique éphémère au centre-ville. Le géant de la vente en ligne dit vouloir renforcer sa présence au Canada, au moment où la France s'apprête à légiférer contre la mode ultra-éphémère.
La boutique n'est ouverte que depuis 30 minutes, mais déjà, la file d'attente pour y accéder s'étire dans la rue Stanley. Pour la troisième année, l'entreprise chinoise, qui est désormais établie à Singapour, ouvre une boutique temporaire dans la métropole.
« Une boutique Shein : à ne pas rater ! », lance Rawene ben Fredj, une Tunisienne de passage à Montréal pour visiter sa sœur. « C'est très fashion, il y a beaucoup de choix. C'est attirant. »
PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE
Rawene ben Fredj, une Tunisienne de passage à Montréal
« C'est l'occasion de venir sur place pour voir la qualité », dit Séverine Messaoudi, une Française de Lille, aussi de passage à Montréal. Ce qu'elle aime de la marque : les prix et la grande variété. « Pour les jeunes et les plus âgés, il y a tout. »
Dans le communiqué annonçant l'ouverture de cette boutique, Shein fait part de sa volonté de renforcer sa présence au Canada. Ce désir s'inscrit dans le contexte où ses activités sont freinées aux États-Unis avec l'annulation de l'exemption de droits de douane sur les colis de faible valeur en provenance de Chine. De l'autre côté de l'Atlantique, elle pourrait voir ses produits soumis à une taxe de 10 euros et à une interdiction de publicité si la « loi anti-fast fashion » adoptée en juin dernier en France franchit l'ultime étape de son adoption.
PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE
L'entreprise chinoise Shein, désormais établie à Singapour, a ouvert une boutique temporaire dans la métropole pour une troisième année.
Shein a refusé notre demande d'entrevue, mais par courriel, son porte-parole Robin Kiely a indiqué que le Canada est « un marché important et en pleine croissance pour Shein ». L'entreprise affirme avoir créé 500 emplois au pays en entreposage et en logistique, notamment à son entrepôt de Markham, en Ontario.
Pluie de bas prix, pluie de critiques
Selon une enquête NETendances 2024 de l'Académie de la transformation numérique de l'Université Laval, 74 % des adultes québécois font des achats en ligne. De ces cyberacheteurs, 40 % ont fait au moins un achat sur un site d'importation chinoise comme Temu, Shein, AliExpress ou Wish.
PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE
Khady Rwagasana, cliente de la boutique éphémère de Shein au centre-ville de Montréal
« Les prix sont assez abordables, surtout quand on veut commander en gros, ça permet d'avoir plus de marchandise à faible prix », affirme Khady Rwagasana, une Montréalaise qui passe d'une à deux commandes par mois sur le site de Shein. « Avant de partir en vacances, j'achète énormément de maillots. Je trouve que ça vaut la peine. Cinq maillots, c'est le prix d'un. »
Cette offre abondante et à bas prix est dans la ligne de mire des associations environnementales, qui accusent l'entreprise d'inciter à la surconsommation et de produire une mode jetable. L'entreprise est également accusée de faire affaire avec des fournisseurs qui ne respectent pas les droits des travailleurs. Un rapport des organismes ActionAid et China Labor Watch, publié mercredi, témoigne d'une cadence de travail « infernale » dans des ateliers fabricant des vêtements pour Shein, alimentée par la rémunération à la pièce et l'absence de protection sociale.
Shein se défend de contribuer à la surproduction et au gaspillage vestimentaire. Elle soutient que son modèle, basé sur la production à la demande, contribue plutôt à réduire le gaspillage.
Ce modèle est fondamentalement différent des approches traditionnelles de production de masse – et nous pensons qu'il représente une partie de la solution, et non du problème.
Robin Kiely, porte-parole de Shein
La législation française, dénonce M. Kiely, pénalisera les consommateurs en réduisant leur pouvoir d'achat « tout en laissant les opérateurs de modèles industriels dépassés s'en tirer à bon compte ».
« Concurrence déloyale »
Le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) presse les gouvernements d'agir face à ce qu'il considère comme une « concurrence déloyale ».
« C'est un désastre pour nos commerces, sachant que 80 % sont des petits commerçants qui ne peuvent absolument rien faire face à ce tsunami », affirme le directeur général du CQCD, Damien Silès.
PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE
Shein entend renforcer sa présence au Canada.
En décembre, le CQCD a fait parvenir à plusieurs élus une lettre signée par 22 détaillants québécois de mode et organisations. Il leur demande d'adopter une taxe de type « bonus-malus » inspirée du projet de loi français, de faire respecter les lois canadiennes en lien avec la protection des consommateurs et la sûreté des produits et de reconnaître Temu et Shein comme des opérateurs économiques plutôt que comme des plateformes numériques, afin de les rendre juridiquement responsables de leurs produits.
Ce qu'il y a d'inquiétant et d'épeurant, c'est le laxisme actuel de nos pouvoirs politiques. L'Europe a commencé à mettre des restrictions, les États-Unis également. Ici, il n'y a rien du tout qui est fait.
Damien Silès, directeur général du Conseil québécois du commerce de détail
Ottawa et Québec pourraient intervenir
Interpellé à ce sujet, le cabinet du ministre délégué à l'Économie du Québec, Christopher Skeete, s'est dit « profondément inquiet de ces pratiques commerciales inéquitables ».
« La concurrence doit demeurer saine et juste, c'est pourquoi nous demandons au gouvernement fédéral de faire respecter les règles à la frontière et d'intervenir rapidement pour assurer la compétitivité de nos entreprises. Notre gouvernement n'exclut pas d'intervenir davantage. »
Le cabinet du ministre des Finances du Canada se dit « au courant de l'augmentation importante du nombre de colis de faible valeur provenant d'entreprises comme Shein » et ajoute suivre de près les approches préconisées par d'autres pays. Il indique que lors de la récente réunion du G7 à Banff, les ministres des Finances ont convenu de s'attaquer aux risques découlant de la forte augmentation des expéditions de faible valeur importées sur les marchés du G7. Au moment de publier, le cabinet de la ministre de l'Environnement et du Changement climatique n'avait pas répondu à notre demande.
Lobbyisme à Ottawa
Shein a engagé des firmes spécialisées en relations gouvernementales pour la représenter auprès du gouvernement canadien. Au cours des 18 derniers mois, selon le Registre des lobbyistes, des rencontres ont eu lieu avec des fonctionnaires de différents ministères, dont Emploi et Développement social Canada (EDSC), Sécurité publique Canada et le ministère des Finances.
La porte-parole d'EDSC, Maja Stefanovska, précise que la rencontre a été tenue à la demande de Shein. « L'organisation a communiqué des informations sur les mesures qu'elle a prises concernant ses chaînes d'approvisionnement, à la suite de ce rapport qui a été transmis au cabinet du ministre du Travail et aux hauts fonctionnaires. »
Il s'agit du Rapport sur l'impact social et la durabilité du groupe Shein, dans lequel l'entreprise précise ses engagements en matière de réduction de gaz à effet de serre et de respect des droits des travailleurs. Bien que ses émissions de gaz à effet de serre aient augmenté de 23 % en 2024, l'entreprise ambitionne de les réduire de 25 % d'ici 2030.
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