
« On entend souvent des choses un peu simplistes » : explication à fleuret moucheté entre Macron et Retailleau
Bruno Retailleau
à
Valeurs actuelles
cette semaine n'est visiblement pas passée inaperçue à l'Élysée. Si le patron des LR ne dit pas autre chose que ce qu'il dit depuis des années « le macronisme s'achèvera avec
Emmanuel Macron
» et « Je ne crois pas au en même temps », il est désormais ministre de l'Intérieur. Ce mercredi, au gouvernement tout le monde a bien en tête ces mots de Bruno Retailleau et guette une éventuelle réaction du chef de l'État. Et selon nos informations… elle s'est invitée au Conseil des ministres.
Salon des Ambassadeurs, le locataire de Beauvau est installé à la gauche du chef de l'État quand celui-ci, « très poliment et de manière très respectueuse », d'après plusieurs témoins, le prend à froid au moment (ce que dément l'entourage du ministre) de rebondir sur un long aparté de François Bayrou consacré à l'état du monde et aux colères qui minent notre société. « Monsieur le ministre d'État, justement, pouvez-vous nous faire un point sur les violences urbaines qui ont eu lieu ces derniers jours et qui ont choqué les Français ? », plante-t-il, selon des propos rapportés par plusieurs participants.
Le président de la République cite alors
Limoges, Béziers,
Marseille où les violences se sont multipliées ces derniers jours. Et d'enfoncer le clou : « Il y a des violences urbaines. Il faut les régler », raconte un témoin de la scène. Pour Bruno Retailleau, qui reprend la parole, ces violences sont aussi la réaction des dealers aux opérations anti stups menées par les forces de l'ordre sur place. S'il indique que « tout est sous contrôle », il reconnaît une situation « tendue où l'on » demande beaucoup aux forces de police ». Avec en toile de fond la question de la disponibilité des forces et du nombre d'effectifs.
Ainsi 20 escadrons de gendarmerie sont retenus depuis plusieurs mois en
Nouvelle-Calédonie
, ce qui diminue d'autant le nombre de troupes en métropole. « On manque d'effectifs de police », fait valoir Bruno Retailleau, évoquant aussi une baisse spectaculaire du recrutement des policiers adjoints par manque d'attractivité du poste.
Au Conseil des ministres, Bruno Retailleau en profite donc pour annoncer la création de concours départementaux pour rapprocher du terrain les policiers. Ce à quoi le patron de l'Élysée rappelle qu'il fut « une époque où des gouvernements ont supprimé des effectifs de polices et de gendarmerie (pendant le mandat de
Nicolas Sarkozy
), alors que depuis 2017, 10 000 ont été créés… ». Ambiance… « Le chef de l'État a fait ça en mode très poli, très carré, très mitterrandien ». À ce moment-là « tout le monde regarde ses chaussures », précise un ministre. « Vous avez raison », rebondit Bruno Retailleau.
Puis alors qu'approche la fin du Conseil des ministres, sont évoqués
la loi Duplomb
et
le succès de la pétition
. Emmanuel Macron apporte son soutien à
la ministre de l'Agriculture Annie Genevard
et ajoute qu'il regrette la tournure des débats « et la caricature parfois simpliste des choses. D'ailleurs en ce moment, poursuit-il, on entend souvent des choses un peu simplistes ».
Pour beaucoup, Emmanuel Macron vise là directement Bruno Retailleau et son interview à Valeurs actuelles. Et de juger : « À force de faire dans le simplissime, on finit toujours par suivre quelqu'un plus simple que soi ». Un rappel cinglant à son ministre de l'Intérieur de jouer la solidarité gouvernementale plutôt que sa propre partition. « Bruno Retailleau ne l'a pas pris pour lui », répond l'entourage du ministre de l'Intérieur à Le Parisien-Aujourd'hui. Les deux hommes doivent se voir désormais en tête à tête ce jeudi à l'Élysée. Un rendez-vous prévu depuis quelques jours.
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