
«Les tracasseries de l'État découragent les organisateurs de manifestations»
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«Les tracasseries de l'État découragent les organisateurs de manifestations»
Trois organisateurs d'événements expriment leur ras-le-bol face à la hausse des exigences administratives. Vaud Association partage ces préoccupations.
Sylvain Muller
La Braderie d'Aigle, ici en 2015, subit ce poids administratif croissant. Sa 88e édition se tiendra du 5 au 7 septembre prochain.
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En bref : Les exigences administratives croissantes menacent l'avenir du festival Festipiousse dans le Gros-de-Vaud.
La Braderie d'Aigle estime faire face à une surcharge de normes sécuritaires.
À Montpreveyres, la course de caisses à savon s'est arrêtée à cause de ces contraintes excessives, expliquent les anciens organisateurs.
Le Canton envisage une structure de soutien pour aider les organisateurs d'événements sportifs.
Convivial et festif, le festival de bières artisanales Festipiousse s'est imposé en dix éditions comme un événement incontournable du Gros-de-Vaud. Pourtant, son avenir est menacé.
«Les exigences cantonales augmentent chaque année, constate le président du comité d'organisation, Dimitri Favre. Cette année, on nous a par exemple imposé de mettre à disposition une personne qui fait le lien entre notre service de sécurité et la police cantonale. Résultat, le nombre d'heures que nous consacrons à notre manifestation explose. Pour une petite équipe de bénévoles comme la nôtre, ça devient vraiment très lourd.»
La décision de repartir, ou non, pour un tour sera prise dans quelques mois, au moment de lancer les préparatifs d'une éventuelle 11e édition en juin 2026.
Ce poids administratif pèse aussi sur les organisateurs de la Braderie d'Aigle, événement festif qui vivra sa 88e édition du 5 au 7 septembre prochain.
«Dispositifs anti-voitures-béliers»
En quinze ans de comité, Roberto Fucile a vu s'accumuler les contraintes. «Il a d'abord fallu nettement augmenter le nombre d'agents de sécurité, puis mettre en place des dispositifs anti-voitures-béliers et maintenant on nous impose d'utiliser des gobelets réutilisables, note celui qui a repris la présidence il y a trois ans. Sur le fond, ce ne sont que des bonnes choses, mais la conséquence est que ça surcharge notre comité de sept bénévoles, qui peine déjà à compléter ses rangs. Contrairement à des festivals comme le Montreux Jazz ou la Fête fédérale de gymnastique, nous n'avons pas la possibilité financière de payer quelqu'un pour réaliser toutes ces démarches administratives.»
Fini les caisses à savons
À Montpreveyres, Thierry Ruch, ancien président de l'association À fond la caisse!, observe que cette multiplication constante des exigences sanitaires et sécuritaires a contribué à l'arrêt de la course de caisses à savon.
«D'abord les Samaritains ne suffisaient plus, il fallait donc avoir des professionnels de la santé sur place en plus. On nous avait aussi demandé de définir une place d'atterrissage pour l'hélicoptère, alors qu'il se pose trois fois par année n'importe où sur la commune lorsqu'il y a des accidents sur la Route de Berne! Chaque fois qu'on répondait à une demande des services cantonaux, ils en remettaient une couche!»
Président de Vaud Association, la faîtière du monde associatif vaudois, Patrick Simonin (à gauche) déplore également cette dérive sécuritaire.
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Président de Vaud Association, la faîtière du monde associatif vaudois, Patrick Simonin déplore également cette dérive sécuritaire: «On a l'impression qu'il y a une perte de bon sens. On demande aux organisateurs de tout prévoir, même l'imprévisible. Au départ, le Pocama (ndlr: portail cantonal des manifestations), dont le but était de proposer un portail unique pour les organisateurs de manifestations, était une bonne initiative. Mais avec le temps, l'État lui a ajouté des sacoches, comme récemment le Busama (Bureau sanitaire des manifestations). Et à force d'aller toujours plus loin dans les détails, on se retrouve avec des tracasseries qui découragent les organisateurs.»
Cet ancien président central de la Fédération vaudoise des jeunesses campagnardes (FVJC) le regrette. Car il remarque aussi que l'envie et la motivation pour organiser des manifestations sont toujours bien présentes et que les organisateurs trouvent encore, globalement, assez facilement des bénévoles. «Tout le monde est d'accord pour dire que ces manifestations sont bénéfiques pour la santé et/ou les liens sociaux, mais lorsqu'on arrive à la phase concrète, tout devient compliqué.»
Coup de pouce de l'État
Une petite lueur d'espoir existe toutefois: parmi les mesures inscrites dans le contre-projet du Conseil d'État à l'initiative «Pour une politique sportive vaudoise ambitieuse» adoptée par le Grand conseil en juin dernier, figure la création d'une structure de soutien aux organisateurs. «Ce coup de pouce aux organisateurs de manifestations sportives sera très apprécié, souligne Patrick Simonin, par ailleurs député PLR. Il serait donc très bien que quelque chose de similaire soit mis en place pour les organisateurs de manifestations culturelles.»
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Sylvain Muller est journaliste à la rubrique Vaudoise depuis 2005. Il est responsable du bureau d'Echallens et couvre à ce titre l'actualité du district du Gros-de-Vaud. Plus d'infos
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