Nétanyahou prépare des « instructions » sur la poursuite de la guerre
(Jérusalem) Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a annoncé lundi qu'il donnerait cette semaine « des instructions » sur la poursuite de la guerre dans la bande de Gaza, au moment où les pressions s'accentuent sur son gouvernement pour une issue au conflit et la libération des captifs du 7–Octobre.
Hervé BAR
Agence France-Presse
Ce qu'il faut savoir Le Hamas a publié des vidéos montrant deux otages israéliens très affaiblis ;
Les images ont provoqué un vif émoi et ravivé le débat sur la nécessité d'arriver à un accord pour libérer les captifs ;
La pression s'accentue sur le premier ministre Benyamin Nétanyahou pour mettre fin à la guerre.
Israël entend dans le même temps mettre la question des otages « au centre de l'agenda mondial », a déclaré son chef de la diplomatie, Gideon Saar, à la veille d'une session du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée à ce dossier à son initiative.
Ouvrant un conseil des ministres, M. Nétanyahou a annoncé qu'il convoquerait « cette semaine » son cabinet pour « donner des instructions » à l'armée « sur la manière d'atteindre les trois objectifs de guerre que nous avons fixés ».
« Nous sommes au milieu d'une guerre intense dans laquelle nous avons obtenu des succès très importants, historiques, car nous n'étions pas divisés […] nous devons continuer à rester unis », a-t-il ajouté. Il a rappelé les « objectifs de la guerre » qui sont « vaincre l'ennemi, libérer nos otages et garantir que Gaza ne constitue plus une menace pour Israël ».
PHOTO GIL COHEN-MAGEN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou
Israël mené « à la ruine »
En guerre contre le Hamas depuis l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur son sol le 7 octobre 2023, le gouvernement israélien fait face à une pression croissante pour y trouver une issue.
Près de 600 anciens responsables de l'appareil sécuritaire en Israël, du Mossad et du Shin Bet notamment, ont appelé lundi le président américain Donald Trump à faire pression sur M. Nétanyahou pour mettre fin à la guerre et ainsi ramener « les otages chez eux ».
« Arrêtez la guerre à Gaza ! », exhorte ce courrier, signé des principaux maîtres-espions israéliens, d'une cohorte d'ex-généraux et de responsables sécuritaires, qui se targuent d'être forts de « mille ans d'expérience dans la sécurité nationale et la diplomatie » du pays.
M. Nétanyahou « mène Israël à sa ruine et les otages à leur mort », a de son côté accusé le Forum des familles, la principale organisation de familles des captifs à Gaza.
PHOTO NIR ELIAS, REUTERS
Des manifestants brandissent des visages découpés d'otages et une banderole sur laquelle on peut lire « Abandon des otages = Destruction du troisième temple. Tous dans un accord. Retirez-vous de Gaza », alors qu'ils bloquent une route lors d'une pour exiger la fin immédiate de la guerre et la libération de tous les otages enlevés par le Hamas, le 3 août 2025 à Tel-Aviv.
« Depuis 22 mois, on vend au public l'illusion que la pression militaire et les combats intenses ramèneront les otages », mais ces discours « ne sont que mensonge et tromperie du public », a-t-il encore fustigé.
Sur les 251 personnes enlevées pendant l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, 49 restent retenues à Gaza, dont 27 déclarées mortes par l'armée israélienne, après deux trêves ayant permis la libération des autres
« Couloirs humanitaires »
La publication la semaine dernière par le Hamas et le Djihad islamique de trois vidéos montrant deux otages israéliens, Rom Breslevski et Evyatar David, très affaiblis et décharnés, a ravivé en Israël le débat sur la nécessité d'arriver au plus vite à un accord permettant le retour des captifs.
Benyamin Nétanyahou s'est dit dimanche « choqué » par ces « vidéos d'horreur » et a sollicité l'aide du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour fournir « nourriture » et « traitement médical » aux otages.
PHOTO AMMAR AWAD, REUTERS
Une image de l'otage Evyatar David est diffusée lors d'une manifestation à Tel-Aviv, le 2 août 2025
Le Hamas a exigé en retour l'ouverture de « couloirs humanitaires […] pour le passage de nourriture et de médicaments » dans le territoire palestinien assiégé et désormais menacé de « famine généralisée », selon l'ONU.
La communauté internationale presse aussi Israël, qui n'autorise que des quantités d'aide jugées insuffisantes par l'ONU, d'ouvrir en grand les vannes humanitaires à Gaza.
Sur le terrain, l'armée israélienne poursuit ses bombardements et opérations au sol. Selon la Défense civile locale, 19 Palestiniens ont été tués lundi, dont neuf venus chercher des aides alimentaires dans le centre du territoire.
« Peut-être que le monde se réveillera, mais cela n'arrivera jamais, ni pour les Arabes ni pour les musulmans », déplore dans la même région, à Deir el-Balah Abdullah Abou Musa, sur les décombres d'une maison. Manifestement choqué, il affirme à l'AFP que sa fille et la famille de cette dernière y ont été tuées dans une frappe israélienne.
Des tirs près d'un site de distribution d'aide humanitaire Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos
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Une vidéo obtenue par Reuters montre des Palestiniens fuyant les tirs près d'un site de distribution d'aide humanitaire de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), dans le centre de Gaza, le samedi 2 août.
Les images montrent un enfant courant vers un groupe de personnes assises par terre alors que des coups de feu retentissent. Une autre vidéo montre des Palestiniens accroupis par terre alors que des balles frappent un monticule de terre à proximité.
Reuters a pu confirmer la date, ainsi que la vidéo montrait des personnes se faisant tirer dessus alors qu'elles étaient rassemblées à environ 650 mètres d'un site d'aide de la GHF, grâce à des images satellites et à des reportages.
Selon les Nations unies, plus de 1 000 personnes ont été tuées alors qu'elles tentaient de recevoir de l'aide à Gaza depuis que la GHF a commencé ses activités en mai 2025, la plupart d'entre elles ayant été abattues par les forces israéliennes opérant à proximité des sites de la GHF.
Reuters
« Énorme cadeau » au Hamas
Avant de partir pour New York, M. Saar s'en est pris une nouvelle fois aux pays comme la France, la Grande-Bretagne et le Canada, qui ont récemment annoncé leur intention de reconnaître un État de Palestine. Ils font ainsi un « énorme cadeau au Hamas », a-t-il dénoncé.
PHOTO VALENTYN OGIRENKO, ARCHIVES REUTERS
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar
« J'avais déjà averti […] que reconnaître un État palestinien virtuel conduirait à tuer les chances de conclure un accord sur les otages et le cessez-le-feu. C'est exactement ce qui s'est passé », a-t-il assuré, en référence à l'échec en juillet de nouvelles négociations indirectes entre Israël et le Hamas.
L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
Les représailles israéliennes ont fait au moins 60 933 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
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