
Guerre commerciale: Pour sauver Bolsonaro, Trump maintient la pression sur le Brésil
Publié aujourd'hui à 01h59 Mis à jour il y a 3 minutes
Manifestants portant des masques de Donald Trump et Jair Bolsonaro lors d'une protestation à Sao Paulo le 18 juillet 2025.
AFP
Le gouvernement américain a renforcé mercredi sa pression sur le Brésil, en soutien à l'ex-président Jair Bolsonaro, en annonçant de nouvelles sanctions contre le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, avant de rendre effectifs les 50% de droits de douane annoncés sur les produits brésiliens.
Le premier coup est venu du département du Trésor, avec des sanctions visant Alexandre de Moraes, que Washington accuse de «détentions arbitraires» et de non-respect de «la liberté d'expression».
Le Trésor estime que le juge a profité de sa position pour «cibler des opposants politiques, notamment l'ex-président Jair Bolsonaro, des journalistes, des réseaux sociaux américains et d'autres entreprises américaines et internationales».
Le président américain, Donald Trump, a par ailleurs signé mercredi un décret imposant 50% de surtaxes douanières à Brasilia. Selon le décret, publié sur le site de la Maison Blanche, la surtaxe, qui entrera en vigueur à partir du 6 août, se justifie par «la menace inhabituelle et extraordinaire que constitue le Brésil pour la sécurité nationale, l'économie et la politique étrangère des Etats-Unis». Lula riposte
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a riposté, s'engageant mercredi à défendre la souveraineté de son pays contre la décision du président américain. Ce jour est un «jour sacré de la souveraineté», a-t-il déclaré lors d'une cérémonie officielle à Brasilia, promettant de «défendre (…) la souveraineté du peuple brésilien face aux mesures annoncées par le président des Etats-Unis».
Mercredi, Juanita Goebertus, la directrice pour les Amériques de Human Rights Watch, organisation internationale de défense des droits humains, a déclaré que les droits de douane et sanctions imposés par les Etats-Unis au Brésil constituaient une «violation flagrante de l'indépendance judiciaire» du pays.
«Alexandre de Moraes s'est octroyé le droit d'être juge et jury pour orchestrer une chasse aux sorcières illégale contre des citoyens et entreprises américaines et brésiliennes. Les sanctions de ce jour rappellent que le Trésor tiendra pour responsables ceux qui menacent les intérêts américains et la liberté de nos citoyens», a déclaré le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, cité dans un communiqué.
Ces sanctions entraînent le gel de l'ensemble des avoirs détenus par Alexandre de Moraes aux Etats-Unis ainsi que l'interdiction pour des citoyens ou entreprises américaines de faire affaire avec le juge brésilien, sous peine de poursuites. Elles viennent compléter celles annoncées par le département d'Etat le 18 juillet, qui visaient tous les juges de la Cour suprême ainsi que leurs proches parents, qui sont tous désormais interdits d'entrer aux Etats-Unis. «Avertissement»
«Que cela serve d'avertissement à ceux qui voudraient bafouer les droits de leurs concitoyens. Une robe de juge ne peut pas vous protéger», a réagi sur X le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio.
Le gouvernement brésilien a qualifié ces sanctions d'»arbitraires» et d'»injustifiables», et y voit «une attaque grave et inacceptable contre la souveraineté» du Brésil, d'après un communiqué de l'Agence brésilienne pour la défense légale de l'Etat (AGU).
Fort de ce soutien américain, le fils de l'ancien président, Eduardo Bolsonaro, s'est dit «très reconnaissant», appelant «les autres leaders du monde libre à s'unir aux Etats-Unis».
Jair Bolsonaro, allié de Donald Trump, est poursuivi dans son pays pour une tentative présumée de coup d'Etat après sa défaite lors de l'élection de 2022. Son procès doit s'achever dans les prochaines semaines et l'ex-chef d'Etat (2019-2022), âgé de 70 ans, risque plus de 40 ans de prison.
Outre le port d'un bracelet électronique, Jair Bolsonaro est contraint de rester chez lui soirs et week-ends, et interdit de recourir aux réseaux sociaux et de contacter ambassades et autorités étrangères.
Les autorités brésiliennes ont également adopté une posture très ferme concernant la lutte contre la désinformation, la Cour suprême ayant durci en juin 2024 la régulation des réseaux sociaux.
Le juge Moraes avait bloqué durant 40 jours X au Brésil, jusqu'à ce que le réseau du multimilliardaire Elon Musk se conforme aux ordres de supprimer des comptes accusés de diffuser des infox. Pour les mêmes raisons, il a ordonné en février le blocage de la plateforme vidéo Rumble, prisée des conservateurs américains. Newsletter
«Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde.
Autres newsletters
AFP
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


24 Heures
4 hours ago
- 24 Heures
Guerre en Ukraine: Trump annonce qu'il rencontrera Poutine le 15 août en Alaska
Donald Trump a choisi l'Alaska comme lieu pour recevoir Vladimir Poutine le 15 août. Un sommet qui pourrait être décisif pour l'Ukraine. Publié aujourd'hui à 00h31 Mis à jour il y a 11 minutes Masques des visages de Vladimir Poutine et Donald Trump en vente à Saint-Pétersbourg, le 7 août 2025, avant un sommet pour résoudre le conflit en Ukraine. AFP Donald Trump a annoncé vendredi sur son réseau Truth Social que sa «rencontre très attendue» avec son homologue russe Vladimir Poutine aurait lieu le 15 août dans l'État américain de l'Alaska (nord-ouest). Le président américain, qui a promis à maintes reprises de mettre fin à la guerre en Ukraine, a plusieurs fois parlé au téléphone avec le président russe ces derniers mois, mais ne l'a pas revu en personne depuis son retour à la Maison-Blanche. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters AFP Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
5 hours ago
- 24 Heures
Médiation de Donald Trump: L'Arménie et l'Azerbaïdjan s'engagent à cesser tout conflit
Le président américain a réuni les dirigeants de l'Arménie et l'Azerbaïdjan à la Maison-Blanche pour un engagement de paix permanente. Publié aujourd'hui à 23h26 Mis à jour il y a 1 minute Donald Trump serre la main du président azerbaïdjanais Ilham Aliev et du Premier ministre arménien Nikol Pachinian lors d'une cérémonie de signature à la Maison-Blanche pour mettre fin au conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, le 8 août 2025. Getty Images via AFP L'Arménie et l'Azerbaïdjan, qu'un conflit territorial oppose depuis des décennies, se sont engagés vendredi à Washington à «cesser définitivement», selon Donald Trump, le conflit qui les oppose depuis des décennies. A ses côtés à la Maison Blanche, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian ont estimé que la médiation du président américain, notoirement sensible aux honneurs et distinctions, devait lui valoir le prix Nobel de la paix. Les deux anciennes républiques soviétiques «s'engagent à cesser définitivement tout conflit, à ouvrir les relations commerciales et diplomatiques et à respecter la souveraineté et l'intégralité territoriale» de chacune, a assuré le président américain. La nature contraignante ou non de cet engagement n'est toutefois pas claire. «Vous allez avoir une très bonne relation», a-t-il lancé à ses deux invités, ajoutant: «Si ce n'est pas le cas, appelez-moi et j'arrangerai ça». Nobel de la paix Ilham Aliev a salué un jour «historique» et proposé d'envoyer, avec Nikol Pachinian, une lettre pour soutenir la candidature au prix Nobel de la paix. «Qui, si ce n'est le président Trump, (le) mérite?», a-t-il demandé. Il a aussi remercié Donald Trump pour sa décision, également annoncée vendredi, de lever les restrictions pesant depuis plusieurs années sur la coopération militaire de son pays avec les Etats-Unis. Le dirigeant arménien a lui aussi exprimé son soutien à un prix Nobel de la paix pour le président américain, dont il a salué le bilan de «faiseur de paix», en disant: «Nous allons défendre» cette candidature. Donald Trump a plusieurs fois dit publiquement qu'il méritait cette distinction en raison de ses efforts de médiation dans plusieurs conflits internationaux. MM. Aliev et Pachinian se sont serré la main sous l'oeil satisfait de Donald Trump, et ont ensuite signé tout comme lui un document que la Maison Blanche a appelé une «déclaration commune». «Nous établissons aujourd'hui la paix dans le Caucase», a commenté le président azerbaïdjanais. Le Premier ministre arménien a lui parlé d'un accord qui «ouvrait la voie pour mettre fin à des décennies de conflit». TRIPP L'accord conclu vendredi prévoit par ailleurs la création d'une zone de transit passant par l'Arménie et reliant l'Azerbaïdjan à son enclave du Nakhitchevan plus à l'ouest. Cette zone de transit, qui répond à une revendication de longue date de Bakou, sera nommée «Voie Trump pour la paix et la prospérité internationale» (TRIPP, son acronyme en anglais). Les Etats-Unis y disposeront de droits de développement, ce qui leur permet d'avancer leurs pions dans une région très stratégique et riche en hydrocarbures. Interrogé sur ce que l'Arménie tirait de cet accord, un haut responsable américain avait jugé plus tôt dans la journée qu'Erevan gagnait «le partenaire le plus énorme et le plus crucial du monde, les Etats-Unis», mais sans s'étendre sur la question toujours très sensible du Karabakh. «Les perdants ici sont la Chine, la Russie et l'Iran», a-t-il affirmé, sous le couvert de l'anonymat. La région contestée du Karabakh est reconnue internationalement comme faisant partie de l'Azerbaïdjan mais a été contrôlée pendant trois décennies par des séparatistes arméniens après une guerre qu'ils avaient remportée à la dislocation de l'URSS, et qui avait provoqué l'exode de la quasi-totalité des Azéris qui l'habitait. Bakou a repris partiellement cette enclave lors d'une nouvelle guerre à l'automne 2020, puis entièrement lors d'une offensive éclair en septembre 2023, provoquant à son tour la fuite de plus de 100'000 Arméniens du Karabakh. Soucieux de dépasser le conflit, Bakou et Erevan s'étaient mis d'accord en mars sur le texte d'un traité de paix. Mais l'Azerbaïdjan, victorieux, exige que l'Arménie modifie sa Constitution pour renoncer officiellement à toute revendication territoriale sur le Karabakh. Nikol Pachinian s'est déclaré prêt à s'y conformer, annonçant son intention d'organiser un référendum constitutionnel en 2027. Mais le traumatisme de la perte du Karabakh, appelé Artsakh en arménien, continue de diviser son pays. Les candidatures pour le prix Nobel de la paix 2025 sont closes depuis le 31 janvier et ne sont pas rendues publiques. Israël, le Pakistan et le Cambodge ont annoncé récemment qu'ils nommaient Donald Trump pour cette distinction. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters AFP Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
16 hours ago
- 24 Heures
Droits de douane: dans les coulisse du voyage de KKS et Parmelin aux USA
Conflit commercial USA-Suisse – La Suisse joue sa dernière carte face aux États-Unis Une stratégie désespérée, 45 minutes d'audience et un steakhouse près de la Maison-Blanche: dans les coulisses du voyage éclair de Parmelin et Keller-Sutter pour tenter d'éviter les droits de douane américains de 39%. Philipp Loser , Quentin Schlapbach Guy Parmelin et Karin Keller-Sutter s'apprêtent à tenir une conférence de presse à Berne après leur voyage aux États-Unis. Fabrice Coffrini Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Après le voyage à Washington, le Conseil fédéral informe sur l'état des négociations. La Suisse veut mettre en place un paquet de mesures avec l'aide de l'économie. La cheffe du SECO, Helene Budliger, reste à Washington pour de nouvelles négociations. Le Conseil fédéral veut prolonger le chômage partiel à vingt-quatre mois pour les entreprises concernées. «Qu'est-ce que ça fait de se faire rembarrer comme ça, par Trump, au téléphone?» Un journaliste pose cette question à la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, jeudi après-midi, à Berne. La conseillère fédérale hausse les épaules, inspire et expire de manière audible, puis déclare: «C'était une déception, pas seulement pour moi. Mais il faut vivre avec. Il ne faut pas le prendre personnellement.» Guy Parmelin fait alors son entrée en scène. Il s'interpose avec une énergie inhabituelle pour défendre la présidente de la Confédération contre cette question malveillante. «Vous savez», dit-il, «le Conseil fédéral gagne ensemble. Et le Conseil fédéral perd ensemble.» Team Switzerland: le ministre de l'Économie, Guy Parmelin, évoque à plusieurs reprises l'esprit d'équipe lors de la conférence de presse avec Karin Keller-Sutter. Peter Schneider Pourtant, tout s'annonçait si bien début avril. La conversation téléphonique entre Donald Trump et Karin Keller-Sutter? Une réussite! La Suisse en tête de liste des nations prioritaires C'est du moins ce qu'ont cru de nombreux médias. De son côté, la présidente de la Confédération y croyait aussi un peu. «J'ai manifestement trouvé un accès à lui. Il a posé beaucoup de questions et s'est montré très intéressé par la Suisse», avait-elle expliqué à «Blick» à propos de son entretien avec le président américain au sujet des droits de douane. La semaine dernière encore, dans «Schweizer Familie», Karin Keller-Sutter a établi un lien entre son appel et le report des droits de douane dans le monde entier: «J'ai proposé de chercher ensemble une solution et de laisser les droits de douane à 10% en attendant. C'est ce qu'il a fait le jour même. Reste à savoir dans quelle mesure j'ai contribué à influencer cette décision.» C'étaient les bons vieux temps. Tout semblait bien se passer à l'époque. Un mois seulement après l'entretien entre Karin Keller-Sutter et Donald Trump, la première rencontre avec le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, et le représentant au Commerce, Jamieson Greer, s'est déroulée à Genève. Le retour des Américains: la Suisse figure en tête de liste des nations prioritaires. Pour Berne, un accord semble acquis! Peu de temps après, l'accord était bouclé. C'est du moins ce qu'ont laissé entendre à Berne toutes les personnes impliquées dans le dossier. Prêt à être signé. Fin prêt. Jusqu'à ce qu'il ne le soit plus… Trump à propos de Karin Keller-Sutter: «I didn't know her» «Il estime que le déficit commercial de 40 milliards est une perte directe pour les États-Unis. Le Conseil fédéral est d'un autre avis», a déclaré jeudi Karin Keller-Sutter, face à la presse. La conseillère fédérale a clairement laissé entendre que le deuxième entretien téléphonique, celui qui s'est déroulé juste avant la fête fédérale, s'est révélé beaucoup plus difficile que le premier. Donald Trump ne voulait rien entendre ni rien comprendre. Le contenu qui place des cookies supplémentaires est affiché ici. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Autoriser les cookies Plus d'infos De son côté, Donald Trump a déclaré à la télévision américaine avoir parlé à la «première ministre suisse», une femme gentille selon lui, mais qui n'écoutait pas. Malgré l'important excédent commercial de la Suisse avec les États-Unis, cette femme qu'il ne connaissait pas («I didn't know her») n'aurait voulu payer que 1% de pénalité. Quand KKS et Parmelin tentent un «Hail Mary» Le jour de la fête nationale, la Suisse sombre dans l'état de choc. Est-ce vraiment sérieux? Sur le Grütli, Karin Keller-Sutter lance des appels à la persévérance. «Vive la Confédération.» Selon elle, il est évident que les négociations avec les États-Unis se poursuivront. En ce début de semaine, la Berne fédérale s'active pour finaliser un nouvel accord. Le Conseil fédéral promet qu'il sera «encore plus attractif». Le Secrétariat d'État à l'économie (SECO) multiplie les appels auprès des patrons suisses: que pouvez-vous offrir? N'aviez-vous pas de toute façon l'intention d'investir aux États-Unis? Le montant de ces investissements promis serait si élevé qu'il impressionnerait même Donald Trump. Dans le domaine de l'armement, les besoins se planifient sur dix ans. Missiles de défense Patriot, munitions pour le F-35: tous ces équipements devront de toute manière être acquis auprès des États-Unis. Selon plusieurs sources, le Conseil fédéral souhaite également proposer un accord énergétique à Donald Trump. Mais la Suisse fait pâle figure dans ce domaine. L'UE s'est engagée à acheter pour 250 milliards d'euros de gaz, de pétrole et de combustibles nucléaires américains chaque année. En comparaison, la consommation suisse de pétrole et de gaz ne dépasse pas 10 milliards de francs annuellement. C'est exactement ce message que Guy Parmelin et Karin Keller-Sutter veulent porter en personne aux Américains. Voilà pourquoi ils s'envoleront ensemble mardi pour les États-Unis. Là-bas, ce genre d'initiative porte un nom: «Hail Mary». Il s'agit d'une expression tirée du football américain. Quand le quarterback n'a plus d'options de passe, quand il est acculé et sous pression, il propulse le ballon vers la zone d'en-but en murmurant une prière, dans l'espoir que quelqu'un le récupère. Statistiquement, les chances de réussite s'élèvent à moins de 5%. Une audition de quarante-cinq minutes pour la délégation suisse L'avion décolle mardi matin à 10 h 30 de Dübendorf (ZH). Le jet flambant neuf du Conseil fédéral n'étant pas disponible, c'est le vieux Dassault Falcon 900 qui sera utilisé. Pour rejoindre Washington, une escale s'impose. L'objectif du voyage était de présenter la nouvelle offre aux Américains, expliquera plus tard Karin Keller-Sutter. Or, quand le jet emportant la délégation helvétique de haut niveau décolle de Dübendorf, elle n'a même pas encore obtenu de rendez-vous officiel à Washington. Ce n'est que le soir de l'arrivée que l'on apprend la nouvelle: le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a dégagé un créneau pour la délégation suisse. Fenêtre horaire accordée: quarante-cinq minutes. La présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, et le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, lors de leur rencontre à Washington. X Marco Rubio n'a pourtant rien à voir avec les questions commerciales. Mais il a été sollicité de manière très ciblée, selon Karin Keller-Sutter. Après tout, c'est lui qui supervise les négociations bilatérales avec la Suisse. Il y a bien eu quelques mots aimables et des photos de circonstance. Mais les mines de Karin Keller-Sutter et Guy Parmelin à la sortie du State Department ne laissent rien présager de bon. Karin Keller-Sutter et Guy Parmelin sont accueillis à Washington. Mark Schiefelbein (AP Photo) Quelques représentants de l'économie américaine prennent également le temps de rencontrer la délégation suisse. La rencontre se déroule dans la Grace Room du steakhouse Joe's, non loin de la Maison-Blanche. L'établissement propose un événement particulier: l'ouverture professionnelle de crabes de roche au maillet, facturée 100 dollars par participant. Selon les photos publiées sur les réseaux sociaux, Karin Keller-Sutter et Guy Parmelin s'en tiennent toutefois à l'eau minérale cet après-midi-là. Le soir venu, c'est l'heure du vol de retour. Helene Budliger, cheffe du SECO, reste à Washington. Elle doit poursuivre le travail sur le terrain: nouer des contacts, continuer les négociations. Guy Parmelin en colère: «Le fiasco, c'est le 39%» De retour à Berne, l'ensemble du Conseil fédéral est informé du voyage. «Nous devons désormais continuer à travailler avec calme et intelligence», déclare plus tard Karin Keller-Sutter lors de la conférence de presse. Les bases d'un nouveau cycle de négociations avec les Américains sont posées. L'offre est sur la table de Marco Rubio ou peut-être déjà sur celle de Donald Trump. Entre-temps, le Département de l'économie observera la situation conjoncturelle et indiquera les éventuelles mesures à prendre. Les deux conseillers fédéraux ont promis d'approuver prochainement la prolongation du chômage partiel à vingt-quatre mois (ndlr: l'affaire est déjà passée au parlement). Pour certaines entreprises, une période difficile va maintenant commencer. «Il faut parfois une pression extérieure pour qu'il y ait des changements à l'intérieur», a déclaré la présidente de la Confédération, un peu énigmatique et souriante. Elle n'a pas précisé de quels changements il s'agissait. Elle ne répond pas non plus à la question de savoir si le voyage aux États-Unis a été un fiasco. «Le fiasco, c'est le 39%», s'empresse d'ajouter Guy Parmelin. «Nous voulons des relations régulières avec les États-Unis. Mais pas à n'importe quel prix», souligne la présidente de la Confédération. À la fin, on demande à Karin Keller-Sutter si elle va bientôt chercher à discuter à nouveau avec Donald Trump. De présidente à président. Selon elle, ce n'est pas prévu pour le moment. Un contact direct n'aurait de sens que si l'on pouvait proposer quelque chose de concret. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Se connecter Philipp Loser, né en 1980, a étudié l'histoire et la philosophie à l'Université de Bâle. Il a travaillé pour la «Volksstimme» de Sissach, pour la «Basler Zeitung» pour la rubrique local et, à partir de 2009, à la «Bundeshaus». Il travaille aujourd'hui comme journaliste à la rubrique Suisse du «Tages-Anzeigers». Plus d'infos @philipploser Quentin Schlapbach est rédacteur à la rubrique Berne. Il a fait un apprentissage de commerce et a étudié à l'école suisse de journalisme MAZ à Lucerne. Plus d'infos @qscBZ Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.