À Singapour, Léon Marchand replonge à la reconquête du monde
À peine débarque-t-on à l'aéroport que son visage sous le bonnet bleu apparaît sur un panneau publicitaire. Léon Marchand est l'unique nageur mis en valeur, alors que débutent dans la nuit de samedi à dimanche les Championnats du monde au stade national du Singapour Sports Hub. Logique quand on se souvient qu'il a vampirisé les Jeux Olympiques de Paris l'été dernier, décrochant quatre médailles d'or individuelles. Au-delà de l'exploit sportif, il est devenu l'icône du pays. Et ce n'est pas si simple à accepter quand on est aussi réservé que le Toulousain de 23 ans.
Il a dû apprendre à s'accommoder d'une notoriété débordante et presque contre-nature. Il a vite esquivé pour traverser une saison très chaotique. Une tournée en Asie à l'automne, un forfait pour les Mondiaux en petit bassin en décembre, trois mois d'exil en Australie, où il a travaillé avec le groupe du réputé Dean Boxall.
Début avril, Léon Marchand est rentré au bercail, auprès de Bob Bowman et son groupe installé à Austin. « Il ne s'est jamais arrêté de travailler, mais sa préparation n'a été efficace que sur les trois ou quatre derniers mois, plaide l'illustre coach américain, qui achève dix jours de vacances en Europe par un bref passage à Londres. Son programme est allégé, mais c'est un bon compromis. »
« C'est lui qui l'a voulu, et je suis d'accord. Même si je pensais qu'il aurait pu s'aligner et défendre son titre mondial sur le 200 pap'. »
Bob Bowman, l'entraîneur de Léon Marchand, à propos du programme allégé de son protégé aux Mondiaux
En début de semaine a effectivement filtré que son protégé allait zapper les 200m brasse et papillon, qu'il avait pourtant remportés aux JO. « C'est lui qui l'a voulu, et je suis d'accord, promet Bowman. Même si je pensais qu'il aurait pu s'aligner et défendre son titre mondial sur le 200 pap'. » D'autant plus que son meilleur adversaire, le Hongrois Kristof Milak, que le Français avait enfumé dans les derniers mètres de la finale olympique, est absent. Mais Léon Marchand a ressenti le besoin de s'économiser, de se libérer d'un enchaînement de courses qu'il n'est peut-être pas prêt à assumer. Mieux vaut concentrer ses efforts que s'éparpiller et risquer l'échec.
Marchand rejoint Nike
Trois ans après s'être révélé en remportant les titres mondiaux sur 200 et 400m 4 nages, performances réitérées la saison suivante en y ajoutant le record du monde du 400m 4 nages, le dernier qui appartenait à Michael Phelps (4'2''50 contre 4'3''84), le génie de l'eau polyvalent va donc se contenter de ces deux épreuves-là. « Jusque-là, il n'a jamais eu l'opportunité de s'exprimer sur 200m 4 nages sans avoir une autre course dans la même journée », rappelle Bob Bowman.
Vers un énorme chrono jeudi sur 200 m 4 nages ?
« Il ne l'a pas verbalisé comme ça, mais Léon a une ambition chronométrique dans un coin de la tête », ajoute Nicolas Castel, son entraîneur toulousain. Après tout, Marchand avait frôlé le record du monde de Ryan Lochte (1'54''06 contre 1'54''00 à l'Américain en 2011) dans le bassin jugé peu rapide de la Paris La Défense Arena.
En quittant Austin le 10 juillet dernier, Léon Marchand a rejoint l'équipe de France à Paris pour s'envoler avec elle à Jakarta (Indonésie), où a eu lieu la préparation terminale. Là, Castel a pu constater les progrès de celui qu'il a formé jusqu'à sa première expérience olympique à Tokyo (6e). « J'ai pu observer qu'il a encore gagné en puissance et en vitesse, dit-il. Techniquement, il s'est amélioré aussi sur chaque nage. Je trouve qu'il est beaucoup plus vers l'avant quand il nage en pap', il gagne en distance par cycle ; pareil en brasse, où il est très efficace et toujours vers l'avant ; en dos, il a réussi à fixer sa tête, il est plus rectiligne et solide ; et en crawl, il est plus rapide. » Autant d'indices qui laissent supposer qu'un énorme chrono pourrait éclater jeudi, comme les orages dans le ciel singapourien.
Marchand, l'appartement du roi
Évidemment, en tout début de saison, Léon Marchand avait avancé son désir de multiplier les terrains de jeu, en s'aventurant sur 200 et 400m par exemple. Les très rares sorties effectuées lors de meetings aux États-Unis, où il a réalisé ses minimas après avoir été dispensé de disputer les Championnats de France à Montpellier, n'ont pas toujours été probantes en termes de résultats bruts.
Le travail effectué doit lui permettre d'améliorer ses épreuves fétiches du 4 nages. Mais, pour le mesurer, il faudra être patient, et attendre ce fameux 200m 4 nages isolé dans la semaine, avant que se profile le 400m 4 nages en clôture des Mondiaux. « D'habitude, c'est sa première course, rappelle Nicolas Castel. Or, elle nécessite beaucoup d'énergie et de ressources, surtout pour aller chercher de grosses performances. Léon va devoir appréhender les choses différemment, trouver des solutions pour s'adapter. » Une répétition majeure si les organisateurs des Jeux de Los Angeles avaient l'idée saugrenue de décaler, eux aussi, cette épreuve en fin de programme.
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Lors des neuf derniers mois, elle a effectué deux stages en altitude, deux séjours sur la Côte d'Azur et le duo a communiqué en permanence. Une puce installée sous son bonnet a permis à toute l'équipe du Français d'enregistrer la fréquence cardiaque de la Canadienne et chaque donnée a été analysée dans un dossier de plusieurs dizaines de pages. Rien n'a été laissé au hasard. Quand on l'a rencontrée à deux reprises, McIntosh a toujours insisté sur la compétence de Frédéric Vergnoux. Entre les deux, la greffe a pris. Même si chacun savait dès le départ que le duo serait éphémère car elle part rejoindre Bob Bowman au Texas en septembre, « Ça a matché » comme le dit le Français, conquis par son élève. Toujours à l'heure (voire en avance), polie, concentrée sur son objectif, Mademoiselle McIntosh n'affiche aucun défaut. « Elle est très simple, naturelle, gentille, super-bien éduquée. Elle dit bonjour, au revoir, remercie après les entraînements et ça, c'est de plus en plus rare. Elle est pro jusqu'au bout des ongles, souligne Vergnoux. C'est hyper sain et direct. » Quand on la regarde à l'entraînement, on sent un souci du détail poussé à l'extrême. Hors de l'eau, c'est une gamine de 18 ans. Dans l'eau, c'est une championne hors norme. Elle pense à tout : son sommeil, sa nutrition, sa récupération, sa technique et même tous les à-côtés du professionnalisme. Elle n'a pas oublié de mettre en avant ses sponsors, d'enfiler le bonnet d'Antibes pour les remercier de l'accueillir ou de venir avec ses trois médailles d'or olympiques pour la petite réception du club. « Ce n'est pas du tout une princesse, elle est calme, elle fait les séances, elle bat tout le monde et voilà » Damien Joly, nageur français qui a côtoyé Summer McIntosh en stage À aucun moment, on a vu une star. Quand on interroge ceux qui ont partagé son quotidien, ils sont tous unanimes. 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