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Découvrez la fonction protectrice du barrage du Seujet, robinet du Léman

Découvrez la fonction protectrice du barrage du Seujet, robinet du Léman

24 Heuresa day ago
L'ouvrage est stratégique pour réguler l'eau du lac depuis le XIXe siècle. Il permet d'éviter que la variation brutale du niveau n'inonde ses rives. Publié aujourd'hui à 10h01
Le barrage du Seujet, un barrage en plein centre-ville. Inauguré en 1995, la fonction première du barrage est de régler le niveau du lac Léman.
LAURENT GUIRAUD/TAMEDIA
En bref:
Genève, ville du bout du lac, un surnom qui prend tout son sens avec le barrage du Seujet. Cet ouvrage, placé sur le Rhône, juste à la sortie du Léman, permet de réguler le niveau du lac depuis près d'un siècle et demi. L'ouvrage est impressionnant et traverse le fleuve de part en part. Sur la droite, d'énormes passes en béton où bouillonne l'eau et sur la gauche, des pyramides de verre où se cachent trois turbines.
«Il existe deux types de barrages, détaille Guillaume Gros, directeur de production électrique aux Services industriels de Genève (SIG), ceux qui ne peuvent pas stocker l'eau – dits au fil de l'eau – et ceux qui disposent d'un lac d'accumulation. Le Seujet est à cheval entre ces deux catégories: il fait des éclusées, c'est-à-dire qu'il dispose d'un lac d'accumulation, le Léman, et turbine de l'eau en continu, selon un débit que l'on peut faire varier, sachant qu'on ne peut mettre le Rhône à sec.»
De par son lieu de situation, à l'embouchure du Léman, le canton de Genève est responsable vis-à-vis de la Confédération, des cantons de Vaud et du Valais, du respect du niveau du lac. En 1884, il signe la Convention intercantonale pour la régularisation des eaux du Léman, qui concerne le premier barrage, celui qui se trouve sur le pont de la Machine, un peu plus en amont sur le lac.
Un siècle plus tard, en 1984, un nouvel accord est signé. «L'installation était devenue vétuste, décrit Guillaume Gros. Le débit était réglé manuellement et il fallait la moderniser.» Construit en aval, après le Bâtiment des Forces Motrices, le chantier du barrage du Seujet s'avère titanesque. Débuté en 1987, il nécessite huit ans de travaux. «Pour construire un barrage, on isole un premier plan d'eau, comme une sorte de bulle dans la rivière, puis on se déplace en canalisant l'eau», explicite le professionnel. L'inauguration du nouvel ouvrage a lieu en 1995. Éviter les inondations à Genève
Le Seujet fonctionne ainsi comme un robinet. Sa production d'électricité est presque accessoire. «Avant 1880, les variations du lac étaient importantes et pouvaient atteindre jusqu'à deux mètres de différence, précise Guillaume Gros. Ces changements brutaux étaient susceptibles de provoquer des inondations. Aujourd'hui, le marnage, soit la différence entre le minimum et le maximum, est de 20 à 30 cm.»
Grâce à ce système, Genève contraint et maîtrise le Léman. En été, son niveau varie entre 372,15 m au minimum et 372,30 au maximum. À cette période, en fin de fonte des neiges, le débit est faible. Il est actuellement de 100 m3 par seconde (ndlr: l'équivalent de 570 baignoires chaque seconde) . Les deux passes en béton sont ouvertes et fermées en conséquence durant la journée.
Une des pannes du barrage du Seujet. Actuellement, le débit est de 100 m³ par seconde.
LAURENT GUIRAUD/TAMEDIA
Il faut veiller cependant à ne pas assécher le Rhône puisque le Seujet régule également l'aval du fleuve. En contrebas, l'eau est turbinée par les deux barrages genevois de Verbois et de Chancy-Pougny. «Ce sont les deux plus gros producteurs d'électricité du canton, souligne le directeur aux SIG. L'importance du Seujet est surtout stratégique.» Et le spécialiste d'expliquer que l'énergie potentielle hydroélectrique dépend du débit d'eau et de la hauteur de la chute. «Au Seujet, entre l'amont et l'aval, la hauteur est de 3 mètres, alors qu'à Verbois, elle est de 20 mètres. En comparaison, sa production atteint 20 millions de kWh par an, alors qu'à Verbois, elle est de 550 millions de kWh!» Dans le ventre du barrage du Seujet
Descendre dans le ventre du barrage est impressionnant. Sept étages séparent l'entrée, située dans le Bâtiment des Forces Motrices, des trois turbines. Pour les protéger, une grille descend jusqu'au fond du fleuve et retient les saletés. Le dégrilleur, sorte de grosse griffe, permet d'ôter les déchets accumulés sur l'eau.
La visite nous conduit au pied de l'une des turbines, 20 mètres sous l'eau. D'un diamètre imposant de 5 m, elle est prise dans son manteau, sorte de tuyau dans lequel passe l'eau. La turbine se doit d'être solide, le barrage doit traiter l'important volume d'eau (135 m3 par seconde) qui traverse la machine.
L'intérieur du barrage du Seujet, lors de la traversée sous le Rhône. À droite, les câbles électriques qui transportent l'électricité produite.
LAURENT GUIRAUD/TAMEDIA
En turbinant, l'énorme cylindre produit de l'électricité, comme les pales d'une éolienne, mais dans l'eau. Des ailettes, semblables à celles d'un avion, sont actionnées par un énorme vérin. «Le Seujet fixe le débit du Rhône, comme deux roues motrices avant, qui donnent la vitesse aux roues arrière, Verbois et Chancy.»
Le débit doit aussi répondre aux impératifs français, comme celui de refroidir la centrale atomique du Bugey près de Lyon. Un accord franco-suisse de 1963 prévoit qu'à la demande des autorités françaises, de l'eau doit être mise à disposition par notre pays.
Un réservoir d'huile graisse en permanence la turbine. Sa durée de vie est de cinquante ans environ. Elle s'use à cause du sable et des sédiments qui abîment le métal.
«Heureusement le lac Léman sert de décanteur à l'eau, elle arrive purifiée, relève Guillaume Gros. D'autres barrages, situés au pied d'un glacier, n'ont pas cette chance. À Chamonix, la turbine de la centrale, située à la sortie de la Mer de Glace, est changée très régulièrement, à cause de microfissures créées par l'abrasion de sédiments relâchés par le glacier.»
La turbine numéro deux du barrage qui produit, avec les deux autres turbines, 20 millions de kWh par an.
LAURENT GUIRAUD/TAMEDIA
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Judith Monfrini est journaliste à la rubrique locale. De formation juridique, elle a obtenu son diplôme au Centre de formation au Journalisme et aux Médias (CFJM) en 2015. Elle a travaillé plus de dix ans pour le groupe Médiaone. (Radio Lac, One fm) Plus d'infos
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